Semaine 25

  • Balak
Editorial

L'éternelle victoire

Vive la liberté ! C'est cette exclamation qui peut retentir en cette nouvelle semaine qu'éclaire les 12 et 13 Tamouz, dates de la libération de Rabbi Yossef Its'hak Schneersohn, le précédent Rabbi de Loubavitch, des prisons puis de l'exil soviétiques. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, d'une liberté retrouvée qui ne concerna pas seulement son bénéficiaire, le Rabbi Précédent, mais qui fit souffler un vent nouveau dont les effets se firent encore sentir bien longtemps plus tard. A cette époque, le pouvoir stalinien avait imaginé que la violence pouvait venir à bout de l'éternel judaïsme. Il avait rêvé d'anéantir une vision par la force de l'arbitraire et le terrorisme des hommes sans morale. De fait, beaucoup crurent que la réussite de son entreprise était inévitable. Beaucoup se dirent qu'une poignée d'hommes ne peut résister durablement à un tel écrasement et que toute la grandeur du Rabbi Précédent ne pourrait rien y faire. Certes, il avait tenu tête à l'intimidation et, malgré la férocité de ses ennemis, avait réussi à maintenir un réseau clandestin d'écoles juives, de bains rituels etc. Mais pour combien de temps ? Son emprisonnement était la conséquence logique de cet entêtement irrationnel, pensa-t-on sans doute.
Le 12 Tamouz apporta sa réponse éclatante. Rien ne résiste à la justice, à la vérité, à la confiance en D.ieu et à l'assurance que tout cela donne. Pas plus que l'obscurité, aussi profonde soit-elle, ne peut espérer vaincre la lumière, la force et la violence – même totalitaires – ne peuvent espérer l'emporter sur de telles notions. Ce recul de l'immense puissance soviétique d'alors, la reconnaissance des implications de ce recul manifestèrent qu'une nouvelle époque était en train de naître. De fait, le Rabbi Précédent fut libéré de prison, relâché de son exil et autorisé à quitter le pays aux conditions que lui-même posa. Il continua son œuvre outre-atlantique et on sait aujourd'hui les résultats qu'elle produisit.
Cette histoire n'est pas seulement celle d'un héroïsme ancien ou d'une victoire du passé, qui nous intéresserait, au mieux, au titre d'une nostalgie de grandeur. Elle est d'abord, plus qu'un exemple, une leçon pour notre temps. Nous savons que bien souvent la violence, la barbarie aveugle, l'oppression sont les moyens choisis par ceux qui renient tout sentiment humain pour faire entendre leur voix, celle de la terreur. Et parfois on peut légitimement être inquiet : est-il possible de vivre ainsi, de continuer d'être des porteurs de lumière parmi les adorateurs de l'obscurité ? Aujourd'hui, c'est une conscience éclatante qui apparaît : la lumière vainc toujours et pour l'éternité.

Haim Nisenbaum

Etincelles de Machiah

Les Mitsvot du temps de Machia'h

Le Talmud (traité Sota 13b) enseigne : «La Mitsva n'est appelée que sur le nom de celui qui la termine». Cette idée s'applique également à la venue de la Délivrance. Certes, les générations passées avaient une stature spirituelle inégalée. Le Talmud (traité Chabbat 112b) ne les compare-t-il pas à des anges ? Cependant, c'est par le mérite de ces dernières générations que le Machia'h arrive concrètement. C'est donc sur leur nom que la Délivrance sera appelée.
(d'après Likoutei Si'hot, vol. XIX, p. 104)

Vivre avec la Paracha

Balak

La Sidra de cette semaine nous plonge dans les bénédictions adressées au Peuple Juif par le prophète non juif, Bilaam. Balak, roi de Moav, redoutait que le Peuple Juif ne l'attaque, lui et son peuple, sur sa route vers la Terre d'Israël. Il employa donc Bilaam, un prophète non juif, pour maudire les Juifs. Bien que Bilaam désirât accomplir la mission que lui avait confiée Balak, chaque fois qu'il se préparait à proférer des malédictions, D.ieu mettait dans sa bouche des bénédictions qu'il était obligé de prononcer. Ses bénédictions furent si puissantes qu'elles sont rappelées dans la Torah pour l'éternité et que certaines d'entre elles ont pris place dans notre rituel de prières quotidiennes.
Quand Bilaam vit que D.ieu ne lui permettrait pas de maudire le peuple, il chercha à l'atteindre par un autre biais. «Leur D.ieu, dit-il à Balak, déteste l'immoralité. Que tes femmes séduisent leurs hommes.»
Balak suivit ce conseil et en conséquence, une plaie s'abattit sur le Peuple Juif, tuant des milliers d'hommes.
Nos Sages s'interrogent : «Pourquoi D.ieu attribua-t-il une vision spirituelle et un don prophétique à un homme aussi vil que Bilaam ?»
Ils expliquent que dans le futur, les non Juifs se plaindraient à D.ieu, lui disant que des prophètes avaient été attribués aux Juifs et qu'ils pouvaient donc progresser spirituellement. D.ieu répondrait alors que ce n'était pas seulement le don de prophétie qui avait permis aux Juifs d'avancer. Car Il avait également doté les non Juifs d'un prophète, Bilaam, et qu'avait-il fait ? Au lieu d'œuvrer à faire progresser spirituellement son peuple, il avait encouragé l'immoralité.
Ce récit comporte une importante leçon éternelle.
La vision spirituelle ne peut être considérée comme séparée de la conduite individuelle. Le concept d'un sorcier clairvoyant, conscient de la réalité spirituelle et menant pourtant une vie dépravée, va à l'encontre des principes fondamentaux du judaïsme.
Le judaïsme considère la conscience spirituelle comme un outil pour embellir et intensifier notre expérience quotidienne et non simplement comme un niveau spirituel élevé. Quelles que soient notre perspective et notre expérience spirituelles, il nous faut les utiliser en rendant notre conduite plus profonde et plus significative. La spiritualité n'est pas un espace dont on tire du plaisir puis que l'on ignore. Elle doit au contraire être incorporée à la manière dont nous construisons nos relations, établissons nos familles et forgeons notre rôle dans la société en général.
La leçon a une double portée : ceux qui recherchent une expérience spirituelle doivent réaliser que cela doit les conduire à un engagement plus profond dans la vie morale qu'ils mènent dans leur activité professionnelle et dans leur vie familiale et sociale. Et d'autre part, ceux qui travaillent à promouvoir les valeurs familiales et la vérité morale doivent se concentrer sur l'aspect spirituel de ces valeurs et de ces vérités et intensifier la force de leur message, à la fois pour eux-mêmes et pour leurs élèves.
Dans les bénédictions attribuées par Bilaam on trouve les mots: «Une étoile jaillira de Yaakov et un bâton se lèvera dans Israël», ce que nos commentateurs interprètent comme étant une référence explicite de la Torah à Machia'h.
La question se soulève alors : pourquoi la venue de Machia'h est-elle associée à la prophétie de Bilaam ? Bilaam était un homme immoral qui chercha à meurtrir le peuple juif. Il aurait donc semblé beaucoup plus approprié que le message de Machia'h soit associé à Moché ou à un autre dirigeant juif.
Cependant, si cela n'est pas le cas, c'est pour nous montrer à quel point le concept de la Rédemption sera universel. Elle ne concernera pas seulement quelques hommes justes choisis ou une élite spirituelle. Ses effets ne seront pas non plus confinés au peuple juif seul. Mais «la terre sera remplie de la connaissance de D.ieu comme les eaux couvrent le lit de l'océan». Toute existence sera imprégnée de la conscience de la Divinité.
Qu'est-ce que cela signifie-t-il concrètement ?
Aujourd'hui, nous entrevoyons notre vie en termes matériels : ce que nous voyons, ce que nous entendons et touchons, et ces entités concrètes occupent donc la centralité de nos pensées. Nous comprenons qu'il existe un but spirituel à notre vie et nous pouvons même considérer que c'est l'énergie divine qui nous maintient en vie. Cependant, cela reste un facteur secondaire. Car pour la grande majorité des hommes, aller travailler le matin et pourvoir aux besoins de leur famille est une réalité bien plus urgente que la conscience spirituelle.
Mais avec la venue de Machia'h, tout cela changera. Chacun sera réellement conscient de la Divinité. Un jour, Rabbi Lévi Yits'hak de Berditchev s'exclama : «D.ieu ! Comment peux-Tu reprocher aux gens de ne pas accorder d'attention au spirituel ? Tu leur permets de voir et de goûter aux plaisirs du monde matériel alors que Tu mets la spiritualité dans des livres ! Inverse ces facteurs et vois ce qui se passera ! »
C'est précisément ce qui aura lieu à la venue de Machia'h. Le cadre matériel de l'existence que nous menons continuera, de façon ininterrompue, mais nous aurons conscience des forces divines qui la soutiennent. Chacun bénéficiera de cette conscience. Tout comme aujourd'hui nous sommes conscients des choses matérielles, avec Machia'h, nous et toute l'humanité serons conscients du spirituel. Cela constituera la manière «normale» de percevoir le monde.
Et c'est pour faire allusion à ces concepts que les prophéties concernant Machia'h furent transmises par Bilaam. Cela prouve que même celui dont le caractère n'est pas raffiné partage un lien avec les révélations messianiques, car la venue de Machia'h touchera l'humanité toute entière.

Le Coin de la Halacha

Qu'est-ce que le 17 Tamouz ?

Cette année, le jeûne du 17 Tamouz tombe le mardi 25 juin 2013.
On ne mange ni ne boit depuis le matin (à 3h 03, heure de Paris) jusqu'à la tombée de la nuit (22h 51 à Paris).
C'est en ce jour que Moché Rabbénou (Moïse notre Maître) brisa les premières Tables de la Loi à la suite du péché du veau d'or. Bien plus tard, le sacrifice quotidien fut interrompu lors du siège de Jérusalem. Une première brèche apparut ce jour-là dans les murailles de la ville sainte. Enfin, Apostomos installa une idole dans le Temple et brûla un rouleau de la Torah, toujours un 17 Tamouz.
Durant les trois semaines suivantes, jusqu'au 9 Av (mardi 16 juillet 2013), on augmente les dons à la Tsedaka. On évite d'acheter de nouveaux vêtements et on ne prononce pas la bénédiction « Chéhé'héyanou » (par exemple pour un fruit nouveau). On ne se coupe pas les cheveux et on ne célèbre pas de mariage. On évite de passer en jugement.
Suite à l'appel du Rabbi, à partir du 17 Tamouz, nous intensifions l'étude des lois de la construction du Temple (dans le livre d'Ezékiel, le traité Talmudique Midot et le Rambam – Maïmonide).
F. L.

Le Recit de la Semaine

Du Ghana au Ohel

A l'occasion de la Conférence Internationale des émissaires féminines du mouvement Loubavitch, j'ai dû prendre un taxi à New York et le chauffeur, très aimable, me raconta sa vie. Il était né au Ghana.
- Dites-moi, demanda-t-il soudain, vous êtes Loubavitch ?
- Oui, répondis-je, je viens d'Angleterre.
- Et vous allez vous rendre au tombeau du grand Rabbi ? insista-t-il, tout excité. Sans attendre ma réponse, il continua : «C'est un grand homme et il fait des miracles. Moi-même, dernièrement, il m'est arrivé un miracle grâce à lui : il y a quelques années, je suis sorti très grièvement blessé d'un accident de voiture. Pendant un an, je n'ai pas pu conduire et, comme je dépends de la voiture pour gagner ma vie, je n'ai pas pu travailler pendant un an ! De plus, comme je n'avais pas rempli correctement les papiers de l'assurance, je n'ai reçu absolument aucune aide financière ! D'une manière ou d'une autre, j'ai réussi à survivre et j'ai repris mon travail de chauffeur de taxi.
Un jour, quelqu'un de la communauté Loubavitch de Crown Heights m'a demandé de l'amener au cimetière Montefiore de Queens. Tandis que je l'attendais alors qu'il était parti prier auprès du tombeau, je me suis demandé : Et pourquoi pas moi ?
J'avais déjà amené assez de gens à cet endroit pour savoir comment agir : il faut écrire une lettre en mentionnant son nom et celui de ses parents et le motif de la demande. Dans mon for intérieur, j'ai prié ainsi : «Si vous, grand Rabbi, vous représentez les humains devant D.ieu, vous pouvez le faire depuis n'importe où !» (Je n'osai pas entrer dans la synagogue attenante au cimetière : je glissai ma lettre sous la clôture, près de la rue).
Dans la semaine – oui vous entendez bien, dans la semaine ! – la compagnie d'assurance m'envoya le paiement de mes indemnités pour toute l'année écoulée ! Une somme énorme ! Vous ne pouvez pas imaginer ce que cela représenta pour moi et ma famille ! Mais attendez ! J'ai encore une autre histoire à vous raconter, une histoire qui est arrivée à un de mes amis. C'est un ami d'enfance, originaire comme moi du Ghana mais qui habite au Canada. Il était venu me voir à New York et il avait l'air si soucieux, si malheureux ! Je ne voulais pas me montrer indiscret mais je lui suggérai d'évoquer ses problèmes dans un endroit où il pourrait recevoir des bénédictions : je l'ai amené au cimetière, auprès de la tombe du grand Rabbi.
Mais, sans y faire attention, nous y sommes allés un samedi : réalisant que ce n'était pas le bon jour, nous sommes repartis et revenus le dimanche. Mon ami a prié longuement, de tout son cœur. Le lendemain, il est retourné au Canada.
Quelques jours plus tard, je lui téléphonai pour savoir si sa situation s'était améliorée. Il était tout excité : «Tu ne le croiras pas ! Tu m'appelles alors que ma femme et moi-même nous rentrons justement à la maison après une journée passée au tribunal. Ma femme va t'expliquer.»
Le fait est qu'ils étaient menacés d'être expulsés de leur logement car ils n'avaient pas pu payer leur taxe d'habitation. Ils avaient tenté de demander des arrangements, d'établir un échelonnement de la dette mais, inflexibles, les fonctionnaires du Trésor avaient refusé. Le jour où je lui avais téléphoné était le jour du verdict final. Quand il arriva – légèrement en retard – sa femme qu'il avait déposée plus tôt devant le tribunal lui fit signe de parler à son avocat car elle était incapable de parler sous le coup de l'émotion : l'avocat lui annonça que son affaire avait été écartée, mieux : annulée complètement, sans aucune explication ! Il ne devait plus rien à l'État et pouvait conserver son logement ! Ils étaient complètement sous le choc de cette bonne nouvelle après des mois de tension et d'angoisse extrême !
Puis, cerise sur le gâteau, le fils de mon ami – qui poursuit ses études en Europe – téléphona : depuis quelques temps, il avait souffert d'un mal étrange mais, inexplicablement, il se sentait mieux, son mal avait disparu ! Comment décrire leur soulagement en entendant toutes ces bonnes nouvelles ?
Oui, c'est absolument certain : votre grand Rabbi continue de veiller sur vous mais aussi sur nous tous !»

Rachel Davidoff – N'shei Chabad Convention Journal
Traduite par Feiga Lubecki