12 Tamouz : un temps pour être libre
« Le corps suit la tête », énonce le Talmud. Cette phrase va plus loin que l’évidence qu’elle paraît incarner. En son sens plus profond, elle souligne comme les événements liés à un Sage et, a fortiori, à celui qui, dans sa génération, a guidé le peuple juif, concernent chacun. La Tradition n’enseigne-t-elle pas que les lettres qui, en hébreu, forment le terme « Rabbi » sont les initiales des mots constituant la phrase « Roch Bneï Israël », « tête, ou chef, du peuple juif »?
Ainsi, lorsque revient la date du 12 Tamouz, nous nous souvenons : ce jour-là, le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Yits’hak Schneersohn, fut libéré par le pouvoir stalinien qui l’avait sévèrement condamné en raison de son action incessante pour la vie du judaïsme. Ce n’est pas seulement une victoire historique sur une forme d’oppression que l’histoire a fini par reléguer au rayon « cauchemars en tous genres », que nous célébrons ici. Ce n’est même pas uniquement le salut miraculeux et personnel du précédent Rabbi que nous fêtons. Certes, tout cela est présent dans nos mémoires et mérite solennité. Cependant, l’événement en question va encore plus loin que de telles catégories.
De même que, de la fenêtre du train qui, suite à sa condamnation, allait l’emmener en exil dans une région reculée de l’URSS d’alors, le Rabbi précédent rappelait que « seul notre corps se trouve en exil », que « notre âme est toujours libre », ainsi, après sa libération, il faisait savoir : « ce n’est pas seulement moi qui ai été libéré... mais tous ceux qui chérissent la Torah » jusqu’à « tous ceux pour qui le nom d’Israël n’est qu’un surnom ». C’est en effet-là la vraie grandeur et toute la portée du 12 Tamouz. En ce sens, cette libération est aussi la nôtre et nous transmet la force de toutes les libertés.
Car, aujourd’hui, si l’oppression physique a généralement disparu, l’exil, lui, existe toujours. Spirituellement, nous en sentons toujours le poids écrasant et l’obscurité du monde paraît même parfois s’épaissir. Trop souvent, l’actualité nous le rappelle. En ce jour de libération, il appartient à chacun de trouver la voie de l’accomplissement ultime, de la liberté essentielle, celle que Machia’h nous apportera. Cela n’est pas que du domaine du rêve, de l’espoir ou du souhait convenu. C’est, très simplement, l’objet de notre attente, porteur d’une assurance d’éternité. La liberté est à notre porte ; sachons la laisser entrer.
Une œuvre parfaite
Pendant le temps de l’exil, l’offrande de sacrifices est impossible du fait de l’absence de Beth Hamikdach. Certes, les Sages ont instauré les prières en remplacement de ces cérémonies. Cependant, un tel remplacement est, semble-t-il, imparfait comme l’exprime la liturgie : « Et là, (dans le Beth Hamikdach, après la venue de Machia’h) nous ferons devant Toi…. Selon l’ordre de Ta volonté ».
C’est précisément cette idée qui pose question. L’œuvre spirituelle accomplie par la prière est supérieure à celle des sacrifices, la première s’attachant à l’âme de l’homme tandis que la seconde porte sur son aspect animal. Pourquoi, dès lors, souligner l’importance primordiale des sacrifices ?
En fait, l’impossibilité d’offrir un sacrifice en temps d’exil a également un sens spirituel : comme l’homme est attaché « en bas », il n’a pas la force d’élever « l’animal » et doit se contenter d’agir sur l’âme par la prière. En revanche, lorsque le Machia’h viendra, l’homme parviendra à la plénitude et son œuvre pourra englober tous les aspects.
(d’après Torah Or, Vaye’hi 46b)
Balak
Balak, roi de Moav, engage le prophète Bilaam pour maudire le Peuple juif. Incapable d’y parvenir, ce sont des paroles de bénédictions qui sortent de sa bouche ainsi que la prédiction de la venue de Machia’h.
Le peuple faute avec les filles de Moav qui les poussent à pratiquer l’idolâtrie. L’un des princes de tribu conduit publiquement une princesse Midianite dans sa tente. Pin’has les tue alors tous deux, ce qui met immédiatement fin à la plaie qui s’était abattue sur le peuple.
Les 12 et 13 Tamouz
Cette semaine, nous consacrerons ces lignes à évoquer Rabbi Yossef Yits’hak Schneersohn, le « Rabbi du Rabbi », dont la libération des prisons et des tortures communistes transforma le mois de Tamouz.
Description du caractère profond du Peuple juif
Cette semaine, la Paracha évoque Bilaam, engagé pour maudire le Peuple juif. Finalement, toutes ses malédictions se sont transformées en bénédictions, dont plusieurs exaltent les vertus du Peuple. Bilaam cherchait à les dénigrer afin qu'ils perdent leur identité juive. Cependant, il fut contraint par D.ieu à proclamer leurs mérites (Balak 23 : 21-22).
« Voici ! J’ai reçu l’ordre de bénir - Il a béni et je ne puis y opposer mon refus. Il n’a trouvé aucune iniquité en Yaakov, ni aucune perversité en Israël. D.ieu, son D.ieu, est avec lui et l’amitié du roi est en lui. »
Ces paroles immortelles - prononcées par la bouche infâme de Bilaam - décrivent le caractère profond du Peuple juif qui s’est manifesté maintes fois au cours de l’histoire juive. Même lorsque nous semblons éloignés des louanges que D.ieu nous a conférées, dans les moments de crise nous savons répondre présents. En particulier, certains dirigeants incarnent ces idéaux élevés que Bilaam célèbre et cherchent à cultiver et révéler ces qualités chez autrui.
Renverser la tristesse de Tamouz
Un leader exemplaire, dont l'existence fut entièrement consacrée à la réalisation du bien en chaque individu, fut le précédent Rabbi de Loubavitch, de mémoire bénie - Rabbi Yossef Yits’hak Schneersohn.
Les ‘Hassidim du monde entier célèbrent, en 2025, le quatre-vingt-dix-huitième anniversaire de la libération du précédent Rabbi de Loubavitch de l'emprisonnement soviétique et de la commutation de sa peine capitale, survenues les 12 et 13 du mois hébraïque de Tamouz.
Historiquement, le mois de Tamouz est réputé comme un temps de tristesse en raison de la brèche des murailles de Yerouchalayim par les Romains, événement qui entraîna la destruction du Saint Temple ainsi que l'exil du Peuple juif qui s’en suivit. Cependant, conformément à l’esprit selon lequel les malédictions souhaitées par Bilaam furent transformées en bénédictions par D.ieu, ce mois s’est métamorphosé en un temps de joie grâce à cette libération miraculeuse du Rabbi en 1927.
Le Rabbi fut accusé d'activités contre-révolutionnaires par les communistes en raison de sa défiance publique envers l'interdiction imposée par le régime à l'égard de l'éducation juive. Bien que le Rabbi ait mis en place un réseau d'écoles clandestines destinées aux étudiants plus âgés, ainsi que des cours pour adultes, des synagogues, des mikvés et d'autres institutions juives, il accorda une attention particulière à l'instruction des enfants. Il fonda ainsi plusieurs centaines d'écoles clandestines qui formèrent des milliers d'élèves dont la connaissance et la fidélité au Judaïsme permirent de préserver une génération de Juifs.
Le refus de se soumettre ou de céder !
La libération du Rabbi de prison représentait bien plus qu'une simple victoire personnelle pour lui et pour les dizaines de milliers de ses disciples. Elle constituait une victoire pour l'ensemble du Peuple juif. Le Rabbi était sans doute le seul individu - considéré par le régime soviétique malfaisant et meurtrier comme une menace majeure à leur système - n'ayant pas cédé devant eux, ayant triomphé et survécu pour raconter son histoire.
De plus, grâce à ses efforts, il y a aujourd’hui des centaines de milliers de Juifs qui s’identifient fièrement comme Juifs et qui perpétuent la tradition juive, tandis que le régime soviétique a été relégué aux oubliettes de l’histoire.
Le Rabbi ne s’est pas reposé sur ses lauriers. Même après avoir été libéré de l’Union soviétique, il a continué à entretenir de nombreux contacts secrets avec ses disciples en Russie, qui poursuivaient la diffusion du Judaïsme au péril de leur vie.
En plus de poursuivre ces efforts, il a établi un réseau d’écoles juives en Pologne, attirant des milliers des meilleurs et des plus brillants membres de la communauté juive polonaise. Ceux qui ont survécu à la Shoah sont devenus le noyau de nombreuses institutions éducatives juives parmi les plus importantes à travers le monde.
Cependant, l’accomplissement majeur du précédent Rabbi, après avoir miraculeusement échappé à la Pologne occupée par les nazis, fut sans doute la revitalisation de la vie juive en Amérique. Son appel retentissant au Judaïsme américain fut : « L’Amérique n’est pas différente », signifiant que l’Amérique était prête pour un Judaïsme fidèle à la Torah. Il n’y avait aucune raison pour que le Judaïsme « à l’ancienne », pur et sans compromis, ne puisse être transporté, s’enraciner et s’épanouir dans cet hémisphère.
Et bien que le Rabbi fût physiquement diminué, paralysé, confiné à un fauteuil roulant, atteint de nombreuses maladies, brisé par les horribles nouvelles de la Shoah - y compris la perte de sa fille, de sa famille, et de milliers de ses plus proches parents, amis, disciples et fidèles -, il ne se laissa pas décourager par tous ces obstacles dans sa quête de l’avenir du Judaïsme américain. Sa vie fut dédiée à transformer la négativité du mois de Tammouz en une force positive.
L’Amérique n’est pas différente !
Fidèle à son engagement passionné pour l’éducation juive des enfants, il posa ensuite les bases du mouvement des écoles juives à journée complète (Jewish Day School), fondant, dès les années 1940, des dizaines d’écoles de ce type, en plus de nombreux autres projets destinés à renforcer le moral juif et l'identité juive dans ce pays.
Grâce à son influence, ainsi que celle de son successeur - le Rabbi - des millions de Juifs à travers le monde ont été exposés à leur héritage, sous une forme ou une autre.
Et en passant, il est incroyable que le Rabbi précédent - ainsi que son successeur, le Rabbi - aient, en plus de leur rôle de leadership sur le Peuple juif dans tous les domaines, produit une quantité sans précédent de littérature savante, ainsi qu’une correspondance volumineuse avec des dizaines de milliers de Juifs. On estime que le Rabbi précédent et le Rabbi ont chacun rédigé à eux deux, environ cent mille lettres, en plus de plusieurs centaines de volumes d’écrits érudits !
Pour résumer la vie de Rabbi Yossef Yits’hak : ce fut une saga de dévouement total et d’abnégation pour le bien-être physique et spirituel du Peuple juif. Rien ne pouvait l’arrêter dans sa marche en avant pour révéler la beauté de chaque âme juive et du Judaïsme.
Le Rabbi précédent comme le Rabbi ont également compris notre rôle en tant que maillons d’une chaîne menant inexorablement à la Rédemption ultime.
Notre mission est de veiller au bien-être de nos frères et sœurs - tout en nous éduquant nous-mêmes - en leur offrant la possibilité de découvrir qui ils sont en tant que Juifs, et en leur donnant les moyens de conduire le monde vers son état de perfection : l’ère messianique ultime, où les ténèbres seront transformées en lumière, et où le mois de Tamouz sera pleinement reconnu comme un mois de joie pure et entière.
Qu’est-ce que le 17 Tamouz ?
Cette année, le jeûne du 17 Tamouz sera le dimanche 13 juillet 2025.
On ne mange ni ne boit depuis le matin à 3h 33 (en Ile-de-France) jusqu’à la tombée de la nuit 22h 41 (en Ile-de-France). On récite la prière « Avinou Malkénou » le matin et l’après-midi.
C’est en ce jour que Moché Rabbénou (Moïse notre maître) brisa les premières Tables de la Loi à la suite du péché du veau d’or. Bien plus tard, le sacrifice quotidien fut interrompu lors du siège de Jérusalem. Une première brèche apparut ce jour-là dans les murailles de la ville sainte. Enfin, Apostomos installa une idole dans le Temple et brûla un rouleau de la Torah, toujours un 17 Tamouz.
Durant les trois semaines suivantes, jusqu’au 9 Av (dimanche 3 août 2025), on augmente les dons à la Tsédaka. On évite d’acheter de nouveaux vêtements et on ne prononce pas la bénédiction « Chéhé’héyanou » (par exemple pour un fruit nouveau). On ne se coupe pas les cheveux et on ne célèbre pas de mariage. On évite de passer en jugement.
Suite à l’appel du Rabbi, à partir du 17 Tamouz, nous intensifions l’étude des lois de la construction du Temple (dans le livre d’Ezékiel, le traité Talmudique Midot et dans le Rambam - Maïmonide). Durant les neufs jours qui précèdent le 9 Av (à partir du vendredi soir 25 juillet 2025), on ne mange pas de viande et on ne boit pas de vin (sauf Chabbat). On assistera également à un Siyoum - conclusion d'un traité du Talmud (ou on l’écoutera à la radio juive), ce qui est une joie permise et requise durant cette période.
Les soldats de GUAM
Il faisait nuit noire dans l’hôpital de Boston. Les couloirs étaient déserts, les patients dormaient. Mais le médecin de garde effectuait sa ronde habituelle et remarqua qu’une des chambres était brillamment éclairée.
Effectivement, une patiente était assise bien droite sur son lit, entourée non pas de fleurs ou d’écran de télévision mais d’une machine à écrire, de divers papiers officiels et fournitures de papeterie. Ce n’était plus une chambre de malade mais un bureau improvisé.
- Je m’excuse de vous déranger, déclara le médecin en se raclant la gorge, mais puis-je vous demander ce qui se passe ici ?
- Je m’appelle ‘Hanna Lillian Cohen, répondit la dame, pas du tout intimidée. Je travaille pour les relations publiques d’une Yechiva Loubavitch. J’ai dû être hospitalisée en urgence alors que les préparatifs de notre grand gala de collecte de fonds battaient leur plein. Donc je n’avais pas d’autre choix que d’apporter mon bureau dans ma chambre d’hôpital.
Entendant le mot Loubavitch, le médecin se souvint soudain d’un épisode intéressant :
- Vous savez, puisque vous travaillez pour Loubavitch, je crois que je vous dois une histoire qui m’est arrivée avec le Rabbi. Voilà :
Je suis juif mais je n’ai pas été élevé dans la pratique du judaïsme. Je suis devenu docteur dans la marine américaine, surtout dans les bases situées dans l’océan pacifique.
Un jour, j’ai reçu un appel du Commandant de la base de Guam. De nombreux soldats tombaient mystérieusement malades de l’estomac et nul ne trouvait la raison de ces étranges maladies. « De deux choses l’une, m’avertit le commandant : soit nous découvrons la cause de ces maladies et les traitons soit nous cessons tout le programme ici et renvoyons les soldats chez eux, ce qui serait très fâcheux. Pouvez-vous nous aider ? ».
J’acceptai le défi, un défi professionnel de premier ordre, j’acceptai car personne ne trouvait le moindre indice capable de faire avancer l’enquête.
Avant de partir pour Guam, je passais à New York pour saluer ma mère. Elle dirigeait une affaire prospère et distribuait de grosses sommes à des institutions charitables et, en particulier, pour les nombreuses œuvres du Rabbi de Loubavitch. Quand je lui annonçai que je passerai par Brooklyn, elle me tendit une enveloppe à remettre personnellement au Rabbi. Rétrospectivement, je la « soupçonne » d’avoir manigancé ce stratagème pour que je rencontre moi-même le Rabbi. Elle s’occupa de me trouver un rendez-vous - à trois heures du matin !
J’entrai alors dans le bureau du Rabbi. Il m’accueillit chaleureusement, me tendit la main et je plaçai l’enveloppe de ma mère sur le bureau. Il me regarda ou, plutôt, regarda en moi et me demanda quelles étaient mes préoccupations.
Je lui racontai la mystérieuse épidémie de Guam et comment la Marine américaine comptait sur moi pour en trouver la cause et le remède.
Le Rabbi prit une expression très sérieuse. Il appuya sur un bouton sur son bureau et un de ses secrétaires entra. Le Rabbi lui demanda d’apporter une règle, une feuille de papier millimétré et une carte de l’île de Guam. Quelques minutes plus tard, tout était sur sa table.
Puis, d’une étagère remplie de toutes sortes de livres, le Rabbi tira un manuel publié par l’Armée Navale américaine - un livre de référence pour les ingénieurs travaillant dans ce corps d’armée. Il le feuilleta, s’arrêta à la section détaillant les heures de coucher et lever de soleil ainsi que les horaires des marées autour de l’île de Guam. Il étudia ces données un moment en silence puis leva la tête et me fixa de son regard intense :
- Voici un indice à propos de cette maladie. Mais vous n’avez pas besoin de dévoiler la source de vos informations. (En d’autres termes, je n’étais pas obligé de signaler que c’était lui qui m’avait donné cet indice).
En s’aidant de la règle et de la carte, en tirant des lignes sur le papier millimétré, en calculant à une vitesse éclair les longitudes et latitudes et en notant différents détails, il entoura d’un cercle au crayon un endroit précis sur la carte et me tendit le papier : « Quand vous arriverez à Guam, allez ici, près de la plage. Il faut y aller à l’aube, quand la marée est au plus bas. Recueillez des échantillons de sable et faites-les analyser dans un laboratoire. Cela pourra vous aider dans vos recherches ! ».
Quand j’arrivai à Guam, l’enquête n’avait pas du tout avancé. Tous les scientifiques réquisitionnés se cassaient la tête sur les causes de cette épidémie et, en désespoir de cause, de nombreux soldats devaient être renvoyés chez eux.
Puis, une nuit, je me suis souvenu du papier encore plié dans la poche de mon manteau : « Pourquoi ne pas essayer ? ».
Très tôt le matin, je me suis rendu au point encerclé sur la carte et j’attendis que la marée recule un maximum. Je me baissai pour ramasser des échantillons de sable que je rapportai au laboratoire.
Les tests révélèrent qu’une toxine était déposée à marée basse par les coquillages qui restaient sur le sable et ce poison parvenait jusque dans les assiettes des soldats. Nous avions déniché le coupable !
Une fois ce mystère résolu, le commandement de l’armée proposa ma nomination pour un diplôme et une promotion pour services rendus à la patrie.
Mais pour moi, la véritable révélation n’était pas scientifique. Vous comprenez ‘Hanna, continua le docteur en s’adressant à la patiente restée bouche bée devant sa machine à écrire, cette rencontre, ce conseil du Rabbi m’ont complètement transformé. Je suis devenu un croyant ! ».
Le silence retomba dans l’hôpital...
Asharon Baltazar - COLlive
traduit par Feiga Lubecki