Semaine 3

  • Bechala’h
Editorial
Soixante ans

Et si l’on parlait, une fois n’est pas coutume, d’une «histoire ancienne» ? Cela se passait en 5711 – 1951, il y a soixante ans. Dans ce monde si proche encore des horreurs de la guerre, la communauté juive cherchait partout les chemins de sa reconstruction. Le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn, avait quitté ce monde le 10 Chevat de l’année précédente. Dès son arrivée aux Etats-Unis, dix ans plus tôt, il avait posé les principes de son action, en avait jeté les bases. Il y avait tant à faire. Son décès avait bouleversé chacun : qu’allait-il arriver ? L’œuvre pourrait-elle continuer sans son inspirateur ? Un an était donc passé et rien ni personne ne pourrait décrire cette période et cette longue incertitude. Le 10 Chevat 1951 arriva alors et tous surent que le gendre du précédent Rabbi, Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, acceptait de prendre la fonction de Rabbi de Loubavitch. Ce jour-là, un nouveau temps commença, comme une nouvelle naissance.
Ce n’est décidément pas le terme d’ancien qui convient pour qualifier cette histoire. Dès sa première prise publique de parole, celui que tous allaient bientôt connaître sous le simple nom de «Rabbi» indiquait la voie à suivre. S’adressant à chacun, il confia une «mission» qui ne devait plus s’interrompre : aller à la rencontre de l’autre, partager le judaïsme avec lui, donner accès à la tradition juive à celui que les circonstances en avaient privé, faire progresser chacun, et le monde avec lui, jusqu’à l’accomplissement ultime : la Délivrance. Cette mission est celle qui continue de conduire l’effort de tous. Elle commença il y a à présent soixante ans, cette année marque donc un anniversaire dont le chiffre relève toute l’importance.
Soixante ans, est-ce, pour une telle entreprise, l’âge du repos, le temps mérité d’une certaine sérénité ou d’un retrait quelconque de l’impétuosité de l’action ? En aucun cas. Car ce qui est vivant ne peut jamais que grandir et se développer. C’est même là sans doute le trait marquant de la vie. Alors que soixante ans se sont écoulés depuis la prise de fonction du Rabbi, que soixante ans d’initiatives ont profondément fait évoluer le judaïsme mondial, le 10 Chevat est, cette année plus peut-être que les autres, le jour privilégié où, prenant pleinement en charge la tâche qui nous incombe, nous en concrétisons tous les possibles, jusqu’au cœur : l’avènement des temps messianiques.
Etincelles de Machiah
Un amour sans raison

Le Temple a été détruit du fait d’une haine imméritée (Traité du Talmud Yoma 9b). Aussi, cela doit être réparé par un amour gratuit, c’est-à-dire un amour éprouvé pour chaque Juif sans aucune raison, même pour ceux qui n’en semblent pas être dignes.
C’est là le sens profond de l’enseignement de nos Sages (Targoum Yonatan sur Chemot 4:13) : « Pin’has est Elie (le prophète) ». Pin’has, en effet, représente la paix et l’unité comme en témoigne la promesse de D.ieu : « Je lui accorde Mon alliance de paix ». Or, c’est cette unité qui amènera le prophète Elie, l’annonciateur de la Délivrance.
(d’après Likoutei Si’hot, vol. II, p. 598) H.N.
Vivre avec la Paracha
Bechala’h

La Paracha Bechala’h comprend de nombreux événements majeurs : les premières étapes de l’Exode, l’ouverture miraculeuse de la Mer Rouge et les révélations divines qui s’y produisirent, le chant de louange que les Juifs adressèrent à D.ieu, le don de la manne et des cailles et enfin, la bataille victorieuse contre Amalek.
Et pourtant elle n’est pas nommée d’après l’un de ces événements, mais Bechala’h «quand [Pharaon] renvoya [le peuple]». Il est donc évident que le choix de ce nom se justifie par le fait qu’il englobe et transcende tous les événements de la Paracha.
Par ailleurs, le mot Bechala’h semble impliquer que les Juifs n’étaient pas désireux de quitter l’Egypte et qu’ils durent y être forcés. Il est difficile d’imaginer que cette idée puisse être le thème sous-jacent et unificateur de la Paracha. Il semble plutôt constituer un commentaire négatif et désobligeant sur l’état du Peuple Juif à ce moment.
Si nous réfléchissons, il semble très étrange que le Pharaon dût renvoyer le peuple. Pourquoi un seul Juif n’aurait-il pas voulu quitter l’Egypte ? L’Egypte était une dictature terrible qui soumettait les Juifs à un esclavage oppressif. Moché avait promis aux Juifs que leur exode les mènerait au summum de la spiritualité, qu’ils seraient choisis par D.ieu comme Sa nation et qu’ils recevraient la Torah sur le Mont Sinaï. Et cela serait les prémisses de leur entrée en Terre Promise. Qui n’aurait pas sauté sur une telle opportunité ? Il est vrai qu’un nombre significatif de Juifs avait affirmé ne pas vouloir s’en aller mais nous savons que tous ces Juifs étaient morts durant la plaie de l’obscurité. Ainsi ceux qui allaient être libérés en étaient tous désireux. Pourquoi donc Pharaon dut-il les «renvoyer» ?
La réponse est qu’il existait deux dimensions dans le désir des Juifs de quitter l’Egypte. D’une part, ils avaient hâte de fuir l’oppression et de devenir le peuple choisi au Mont Sinaï. Ce désir, aussi fort et sincère qu’il fut, était simplement la conséquence directe de leur situation et de l’opportunité qui se présentait à eux. C’était un désir rationnel, essentiellement dicté par la logique, un désir à propos duquel ils n’avaient virtuellement aucun choix.
Mais au moment même où ils furent libérés, ils ressentirent un désir différent pour partir. A la minute même où ils purent respirer l’air frais de la liberté, ils furent frappés par le contraste profond entre leur esclavage à l’idolâtrie du matérialisme égyptien et la liberté offerte par la vie divine. L’intensité de leur volonté de partir immédiatement s’éleva bien au-dessus de ce qui avait été leur désir dicté par la logique. Leur fuite d’Egypte prit soudain une dimension supra rationnelle, devint une nécessité absolue. Leur premier désir paraissait alors, en comparaison, forcé et imposé.
Ce contraste est souligné par l’utilisation du mot Bechala’h. Ce nom nous rappelle qu’aussi intensément et sincèrement que nous ayons aspiré à la liberté pour accomplir notre destinée divine durant toutes les années d’oppression, notre désir de partir est comparable au fait d’être renvoyé par rapport à l’aspiration à la liberté que nous ressentîmes une fois que les chaînes de l’esclavage furent brisées.
Dans ce contexte, tous les événements miraculeux de cette Paracha peuvent effectivement être considérés comme subordonnés à la teneur générale exprimée par le mot Bechala’h , car une fois que les Juifs entamèrent une relation avec D.ieu à un niveau qui dépasse la logique, D.ieu passait à l’étape de transcender les lois de la nature dans Sa relation avec eux. C’est précisément cette ascension à une relation supra rationnelle avec D.ieu qui donna l’élan spirituel pour tous les événements miraculeux que l’on voit se produire dans le récit de la Paracha.
La réalité de cette dynamique s’applique à nous, aujourd’hui. Il est certainement recommandé d’aider autrui à sortir de son «Egypte» personnelle, des limites qui l’empêchent d’expérimenter pleinement la vie que D.ieu recommande et de remplir sa mission divine. D.ieu récompensera tous ceux qui aident leurs prochains à aller vers leur rédemption personnelle de quelle que soit l’ «Egypte» dont il s’agit.
Mais parfois, nous rencontrons quelqu’un qui ne possède aucun désir conscient d’être libéré. Il est tellement retranché dans la matérialité de la vie qu’il n’est pas conscient qu’il existe quelque chose de meilleur. Dans un tel cas, notre travail consiste d’abord et avant tout à créer en lui le désir d’être libre. La récompense de D.ieu est alors proportionnelle à l’accomplissement : tout comme nous avons créé un désir là où il n’y en avait pas, Il transforme notre volonté en désir si intense qu’il reste sans comparaison avec ce que nous ressentions auparavant.
Le mot Bechala’h évoque également ce que les Juifs accomplirent durant ce processus. Comme nous l’avons déjà vu, chaque action que nous entreprenons a une réaction concomitante dans le monde spirituel. Ici, quand le désir d’un Juif pour la liberté Divine devient si intense que tout ce qu’il ressentait auparavant paraît forcé, cela suscite une réaction violente dans le monde en général. La transition radicale de l’obscurité de l’exil à la lumière de la rédemption eut pour effet que Pharaon lui-même changea : de la personnification du mal, il devint une force de la sainteté. Le même Pharaon qui avait auparavant grossièrement proclamé : «Qui est D.ieu pour que je tienne compte de Sa parole et renvoie les Juifs de mon pays ?» était totalement transformé : non seulement il les laissa partir mais il les aida à le faire.
La leçon s’applique également aujourd’hui. Une conception de D.ieu et une relation avec Lui entièrement basées sur la raison sont limitées dans leur intensité. Il nous faut aller au-delà des limites de la raison et atteindre une appréhension de D.ieu qui nous dépasse. Ainsi, devient-il possible de transformer même «Pharaon», nos caractéristiques les plus matérialistes et cyniques, en un être conscient de la présence de D.ieu. Quand nous observons que les forces de la nature, qui constituent les obstacles les plus insurmontables dans l’accomplissement de notre mission divine, sont transformées en forces qui nous aident, quand comme Pharaon, elles nous «renvoient» par force d’Egypte, nous savons que nous avons atteint notre but.
Quand Pharaon «renvoya le peuple», il lui permit d’entamer la première étape qui allait le conduire au Don de la Torah et à entrer en Terre d’Israël. Il en va de même pour nous : en élevant notre relation avec D.ieu à un niveau qui va au-delà de la logique et en transformant la grossièreté de la réalité matérielle en une force active pour la sainteté, nous hâtons la venue de la Rédemption Messianique et les nouvelles révélations de la Torah qui transformeront, en dernier ressort, ce monde en une véritable Demeure pour D.ieu.
Le Coin de la Halacha
Qu’est-ce qu’une Mezouza ?

Une Mezouza est un parchemin travaillé d’une certaine manière, sur lequel un Sofer, un scribe qualifié, a écrit à la plume trempée dans de l’encre spéciale deux passages de la Torah, les deux premiers paragraphes du Chema.
Ce parchemin est placé à chaque porte de chaque maison juive mais aussi de chaque magasin, bureau etc. appartenant à des Juifs. Ce parchemin est d’abord roulé et introduit dans un étui plus ou moins décoratif puis l’étui est cloué à la hauteur du tiers supérieur de la porte. Avant de fixer la Mezouza, on prononce la bénédiction : «Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidechanou Bémitsvotav Vetsivanou Likboa Mezouza».
Si on fixe le même jour plusieurs Mezouzot dans le même logement, on ne prononce qu’une seule fois la bénédiction normalement pour celle de la porte principale du logement.
La Mezouza protège le Juif quand il se trouve dans sa maison mais aussi quand il sort de son domicile.
Il convient d’examiner les Mezouzot au moins deux fois en sept ans mais il est préférable d’y procéder tous les ans car les lettres peuvent s’abimer avec l’humidité, le froid, la chaleur etc…

F. L. (d’après Rav David Zaklikowski – www.chabad.org)
De Recit de la Semaine
La Mezouza de l’athlète

Depuis l’enfance, ma fille Shirley est une athlète confirmée. Son sport préféré est la natation et ses entraîneurs lui ont prédit un brillant avenir. A l’âge de douze ans, en 1982, elle avait déjà gagné un certain nombre de compétitions locales dans notre ville, Haïfa.
Soudain, Shirley se mit à se plaindre de douleurs dans les jambes. Nous avons pensé que c’était dû à la rudesse de son entraînement et le docteur qui l’examina fut d’accord avec notre «diagnostic» : il conseilla à Shirley de stopper un certain temps tout entraînement mais elle était têtue et continua de s’entraîner pour les compétitions.
Au bout de quelques jours, les douleurs s’étaient intensifiées au point qu’elle se mit à boiter. Nous l’avons faite hospitaliser à l’hôpital Carmel de Haïfa. Les docteurs procédèrent à des examens approfondis mais sans parvenir à localiser la cause : ses jambes devinrent si faibles qu’elle devint incapable de se tenir débout. Nous avons pris conseil auprès des meilleurs médecins orthopédistes d’Israël mais aucun d’entre eux ne fut capable d’expliquer la soudaine paralysie des jambes de Shirley.
Durant six semaines, ma Shirley souffrit dans son lit. Je la soulevai pour l’aider à manger, à se laver et je ne pouvais m’empêcher de pleurer en constatant le déclin physique de ma fille.
Un jeudi soir, le téléphone sonna dans mon bureau. Ma femme m’informait que depuis une demi-heure, trois jeunes Loubavitch avaient frappé à la porte : ils attendaient mon retour pour me parler.
Quand j’arrivai à la maison, un spectacle inhabituel m’attendait. Deux des jeunes Loubavitch parlaient dans la cuisine avec ma fille aînée ; un troisième jouait du piano et faisait chanter mon plus jeune fils Danny. Ma femme qui était épuisée par ces semaines difficiles s’était couchée dans sa chambre et avait laissé les enfants avec les «invités». Ceux-ci se sentaient complètement chez eux ; ils s’appelaient Gidi Sharon, Menaché Althaus et Zohar Eisenberg. Ils avaient entendu parler du problème de notre fille et proposèrent d’écrire une lettre de ma part au Rabbi de Loubavitch pour demander sa bénédiction.
J’acceptai et il s’ensuivit une série de conversations entre eux et le secrétariat du Rabbi à New York. Une fois, Rav Groner, un des secrétaires, demanda à me parler. Il me posa plusieurs questions puis m’informa que le Rabbi avait promis de prier pour Shirley auprès du tombeau de son beau-père, le précédent Rabbi de Loubavitch.
Suivant les recommandations du Rabbi, les jeunes gens retirèrent les Mezouzot de mes portes pour les vérifier.
La première fut celle de la chambre de Shirley : ils déroulèrent soigneusement le parchemin et se mirent à la lire lettre par lettre. Quand ils arrivèrent au mot «Ouvekoumé’ha» («quand tu te lèveras»), ils s’arrêtèrent net : la lettre «Kouf» était complètement effacée, ce qui rendait toute la Mezouza non-cachère. Ils avaient emporté une Mezouza cachère «au cas où» et s’empressèrent de la clouer à la porte de Shirley.
Personnellement, je n’étais guère convaincu que le changement de Mezouza à la porte de la chambre de Shirley aurait un effet sur ses jambes. Mais les trois jeunes Loubavitch étaient certains que la guérison de Shirley était pratiquement effective. Ils demandèrent même à trinquer «Le’haïm» sur un petit verre de vodka, comme si elle s’était déjà remise à marcher : «Vous allez voir, s’écria Eisenberg, le Rabbi a donné sa bénédiction, la Mezouza a été remplacée, tout va aller bien maintenant !»
Pour leur faire plaisir et les remercier de leur amabilité, nous avons trinqué «Le’haïm» et ils sont repartis, bien plus heureux que moi.
Le lendemain, vendredi, j’arrivai tôt à l’hôpital pour voir Shirley. Quand j’arrivai dans le couloir menant à sa chambre, je me frottai les yeux : Shirley marchait à ma rencontre ! Elle boitait encore et s’appuyait sur une canne mais elle tenait sur ses deux jambes !
Après Chabbat, elle put quitter l’hôpital ; son état s’améliora rapidement. Au bout de deux semaines, elle était de retour à l’école et ne montrait plus aucun signe de douleur ou de paralysie. Les médecins admirent qu’ils n’avaient pu trouver aucune cause ni pour la maladie ni pour sa disparition…

Tsvi Zimmerman
www.chabadworld.net
traduit par Feiga Lubecki