Semaine 42

  • Le’h Le’ha
Editorial
Le nouveau chemin

«Il faut vivre avec son temps» : le mot est connu. Dis par Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi, l’auteur du Tanya, il signifie qu’il faut vivre avec la Paracha de la semaine, ce qui, justement, scande le temps qui passe. L’ensemble de cette publication est l’illustration même de cette nécessité. Parfois, cependant, l’idée prend une force d’évidence à laquelle rien ne peut se comparer. N’en est-il pas ainsi à présent ? Si on avait pu la comprendre comme une formule symbolique, certes belle et puissante, mais limitée à elle-même et sans portée concrète, voici que la réalité en proclame l’urgence quotidienne. «Lé’h Lé’ha – Va vers toi» ordonne-t-elle. Vieux message adressé par D.ieu à Abraham mais aussi message vivant pour tous les temps, et surtout message pour notre temps d’incertitude. Partir, aller vers soi : c’est un véritable programme qui nous est ainsi donné. Il ne reste plus qu’à le mettre en œuvre.
Souvenons-nous : les fêtes nous ont emplis de bonheur. Puis elles se sont terminées et nous sommes revenus aux soucis de la vie, un instant délaissés, mais en sentant vibrer en nous une force renouvelée. C’est ainsi que nous avons tenu sans peine devant les assauts du monde et que, fidèles à ce que nous sommes vraiment, nous nous sommes liés à D.ieu par l’étude et la pratique des commandements. Puis, peu à peu, l’habitude a pu commencer à s’installer de nouveau. Peu à peu, le chemin du service Divin a pu retrouver sa place ancienne, celle des années passées, comme un long fleuve tranquille retrouvant son ancien lit un moment asséché. Et si une autre voie était possible ? Et si les habitudes n’étaient pas les maîtres de la vie ? Si celle-ci pouvait être le lieu d’un choix permanent entre tous les potentiels que l’homme, en tant que créature Divine, possède ?
«Pars» nous dit la Paracha. «Va vers toi» souligne-t-elle. «Laisse derrière toi la routine et toutes ces choses ressassées qui font la vie des êtres humains ; il est temps de passer à un service de D.ieu plus profond, moteur de la vie, âme du quotidien !» veut-elle nous donner à comprendre. Car, en cet encore début d’année, c’est bien là l’enjeu. Sortir de ses limites auto imposées pour aller à la découverte de soi. En un mot «aller vers soi» comme on va vers une terre inconnue dont on sait qu’elle est pleine de trésors qui n’attendent que leur découvreur. Même si tous les actes, les paroles, les pensées ont été jusqu’ici merveilleux, le meilleur est là, à notre portée, juste derrière l’horizon. Le temps du chemin qui s’ouvre est venu.
Etincelles de Machiah
L’occupation du monde

Décrivant le temps de Machia’h, Maïmonide souligne (Michné Torah, Hil’hot Mela’him 12:5): “L’occupation du monde entier ne sera que de connaître D.ieu”. Le terme “occupation” a, en hébreu, des connotations très fortes, permanentes. Une illustration permet d’en comprendre la portée.
Un homme d’affaire se préoccupe de son entreprise toute la journée. Même ses moments de repos ou de loisir sont consacrés à récupérer l’énergie nécessaire à la poursuite de son activité. Même quand il rêve, il pense à ses affaires.
C’est à ce degré d’occupation que l’étude de la Torah accèdera lorsque le Machia’h viendra.
(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch – Veille de Sim’hat Torah 5745)
Vivre avec la Paracha
Lé’h le’ha : Qu’y a-t-il dans un nom ?

Dans la Torah, les noms ne sont pas donnés par hasard. En de nombreuses occurrences, nous observons que le nom d’une personne ou d’un objet nous indique sa qualité profonde. Et il en va de même avec les Sidrot. Les noms qu’elles portent offrent une clé pour comprendre leur contenu bien qu’apparemment ils ne paraissent qu’être tirés de leurs premiers mots et semblent donc bien être, quelque peu, les objets du hasard. Rien n’est moins vrai : puisque tout arrive par la Providence Divine, a fortiori pour ce qui concerne la Torah.
Nous pourrions penser que les noms des Sidrot sont issus de conventions relativement tardives, puisque nous ne sommes pas sûrs qu’ils aient été mentionnés dans le Talmud alors que les noms des Livres de la Torah et des divisions de la Michnah y sont détaillés. Mais il existe une loi concernant les documents légaux qui veut qu’un nom qui y a été mentionné devient un nom reconnu par la Torah s’il est resté incontesté pendant trente jours. Il est donc sûr que les noms des Sidrot qui sont restés incontestés pendant plus de mille ans et sont mentionnés par nos Sages (Rachi, par exemple) sont reconnus comme tels par la Torah.

Lé’h le’ha : va vers toi-même
L’on traduit généralement ces mots par «pars (de ton pays, de ta terre natale, et de la maison de ton père)». Mais ces mots signifient littéralement : «va vers toi-même». Dans la Torah, le verbe «aller» connote un mouvement vers le but ultime, le service du Créateur. Et cela est très fortement sous entendu par la phrase : «va vers toi-même» signifiant : en direction de l’essence de ton âme et de ton but ultime, celui pour lequel tu as été créé.
C’est là le commandement qui fut donné à Avraham et ce qu’évoque la première partie du récit de la Paracha. Car il lui avait été enjoint de quitter son environnement idolâtre et de se rendre en Israël. Et à l’intérieur même d’Israël, il allait «se diriger et voyager vers le sud» c'est-à-dire en direction de Jérusalem. Il progressait sans cesse vers un niveau de spiritualité toujours plus élevé. Et puis, tout à coup, nous lisons: «et il y eut une famine dans le pays et Avram descendit en Egypte». Pourquoi ce soudain retournement dans son voyage spirituel ? Question rendue d’autant plus aiguë par le fait que toute la Paracha est sensée ne raconter que les progrès d’Avraham vers son accomplissement intérieur et spirituel !

Montée ou descente ?
Qu’il y eut un retournement semble indéniable. Aller en Egypte constituait en soi une descente spirituelle, comme le dit explicitement le verset : «Et Avram descendit en Egypte». Et la cause de son voyage : «et il y eut une famine dans le pays» semble également impliquer une dissimulation de la bénédiction divine. D’autant plus que D.ieu avait promis à Avraham : «Et Je ferai de toi une grande nation et Je te bénirai et te ferai un grand nom». Ne paraît-il pas étrange que lorsqu’enfin il atteignit la terre que D.ieu lui avait donnée, une famine le força à la quitter ?
Une réponse possible serait de dire que c’était là une des épreuves qu’Avraham devait surmonter pour prouver qu’il méritait sa mission (et le Midrach nous dit que lorsqu’il fut confronté à cette difficulté inexplicable, Avraham «ne fut pas en colère et ne se plaignit pas»).
Mais cela ne suffit pas. Car la mission d’Avraham n’était pas simplement personnelle. Sa tâche consistait à disséminer le nom de D.ieu et à rassembler des adeptes à Sa Foi. Le Midrach compare ses nombreux voyages à la façon dont une boîte à épices doit être secouée pour qu’en émane son arôme aux quatre coins d’une pièce. Ainsi donc une explication de sa descente en termes de pèlerinage personnel ne saurait éclaircir cette difficulté. Et tout particulièrement si l’on s’attarde sur le fait que son effet immédiat fut de mettre en danger la mission d’Avraham. Le fait de l’arrivée d’un homme de D.ieu, suivi d’une famine dans le pays, ne pouvait aider au travail de dissémination du Nom de D.ieu et être d’un bon présage.
Et le pire était à venir puisque lorsqu’ Avraham pénétra en Egypte, Sarah, sa femme, fut enlevée par le pharaon. Et bien qu’il ne la touchât pas, c’était une descente évidente dans la course spirituelle qui semblait leur être tracée.
Comment donc, face à tant d’indications contraires, peut-on affirmer que toute l’histoire de Lé’h le’ha est, comme son nom devrait l’impliquer, celle de l’ascension spirituelle incessante d’Avraham vers sa destinée ?

Un présage de l’Histoire
Nous pouvons progresser vers la résolution de ces difficultés en comprenant le sens profond du fameux adage : «les actes des Pères sont un signe pour les enfants». Cela ne signifie pas simplement le fait que le destin des Pères est reflété dans celui de leurs enfants, mais, de façon plus forte, que ce que les Pères font permet ce qui arrive aux enfants. Leurs mérites donnent aux enfants la force de suivre leur exemple. Et dans les tribulations d’Avraham, l’histoire des Enfants d’Israël qui allait suivre était déjà annoncée et rendue possible.
Le voyage d’Avraham en Egypte annonce le futur exil égyptien. «Et Avram sortit d’Egypte» présage l’Exode des Israélites. Et tout comme Avraham s’en alla «chargé de bétail, d’argent et d’or» ainsi les Juifs quittèrent-ils l’Egypte «avec de grandes richesses».
Et le mérite par lequel les Juifs furent sauvés d’Egypte, ils le doivent à Sarah : car si leurs femmes se préservèrent de tout péché avec les Egyptiens, c’est parce que Sarah s’était protégée des avances du pharaon.

La fin est implicite dans le commencement
A cette lumière, nous pouvons voir que la fin du voyage d’Avraham en Egypte était présente dans son commencement. Car le but en était son départ futur : «chargé de bétail, d’argent et d’or», exprimant la façon dont il allait transformer les choses les plus matérielles, voire idolâtres, pour le service de D.ieu. Et c’était bien là également le but de l’exil du Peuple Juif en Egypte : pour que la Présence Divine soit ressentie dans le lieu qui en était le plus éloigné.
Dans l’enseignement juif, une image incarne cette démarche oblique. Le Talmud de Babylone, contrairement au Talmud de Jérusalem, n’atteint jamais directement ses décisions mais y parvient à travers des digressions et des dialectiques qui apportent, dans leur parcours apparemment sinueux, plus de lumière que ne l’aurait fait un raisonnement direct. En fait, quand les deux livres sont en désaccord, l’on suit toujours la décision du Talmud de Babylone.
Ainsi, ces apparentes digressions de l’histoire juive ne représentent pas un détour du chemin de la destinée mais un chemin qui apporte la lumière de D.ieu dans des coins du monde non encore pénétrés et les préparent à leur rédemption.
Le passage d’Avraham en Egypte n’était donc pas une interruption mais une partie intégrante du commandement Lé’h le’ha, de voyager vers un accomplissement qui constitue le service de D.ieu.
Et puisque la destinée d’Avraham devait être celle des enfants d’Israël, elle est aussi la nôtre. Notre exil, tout comme le sien, est une préparation pour la Rédemption (et fait donc partie de son processus). Et la Rédemption qui suit nous conduit toujours à un niveau plus élevé que celui que nous aurions pu atteindre sans cet exil.
L’exil est donc une partie intégrante du progrès spirituel, il nous permet de sanctifier le monde entier par nos actions.
L’on pourrait peut-être rétorquer : « Où apparaît ce progrès ? Le monde ne semble pas devenir plus saint, il semble même en être tout le contraire ! »
Mais ce n’est qu’un jugement superficiel. Le monde n’évolue pas de son propre chef. Il est façonné par la Providence Divine.
Ce qui apparaît superficiellement comme un déclin est en fait une part cachée d’un continuel processus de transformation où nous travaillons sur le monde chaque fois que nous dévouons nos actions à la Torah et à la volonté divine. En d’autres termes, le monde s’élève et se raffine constamment. Rien ne peut l’illustrer plus clairement que l’histoire des périples d’Avraham, vus d’abord extérieurement, puis dans leur véritable perspective. Quelle que soit la situation d’un Juif, quand il se tourne vers son réel accomplissement, suivant l’injonction de Lé’h le’ha, il place sa vie et ses actions dans la perspective de la Torah et joue son propre rôle dans l’avènement de la Rédemption future.
Le Coin de la Halacha
Comment peut-on juger quelqu’un «Le’haf Ze’hout» (en lui accordant des circonstances atténuantes) tout en sachant qu’on ne peut pas accorder sa confiance à tout le monde ?

Il est écrit (Vayikra – Lévitique 19.15) : «C’est avec justice que tu jugeras ton prochain». De là, les Sages ont déduit qu’il faut juger chacun favorablement en considérant qu’il a sans doute des circonstances précises pour agir ainsi. Ce verset ne s’adresse pas qu’au juge mais à quiconque veut évaluer la personne face à lui : on ne doit considérer que le bien en lui et ne pas le soupçonner de mauvaises intentions. Les Sages concluent : «Celui qui soupçonne l’autre d’intentions négatives qu’il n’a pas – doit lui présenter ses excuses, demander son pardon et, de plus, le bénir».
On fait signe à un ami en voiture qu’on a besoin qu’il nous prenne en stop et celui-ci continue sa route sans s’arrêter : la première réaction pourrait être de se mettre en colère mais : 1) peut-être ne nous a-t-il pas aperçu. 2) peut-être doit-il se rendre à un rendez-vous important et il ne veut pas être en retard. 3) peut-être est-il plongé dans une conversation téléphonique personnelle. 4) peut-être doit-il se dépêcher pour une urgence médicale…
Tant qu’on peut trouver une explication positive à son attitude, on doit le juger favorablement. Une personne connue pour être généralement droite doit être jugée favorablement même si c’est parfois un peu tangent.
Même si l’action est mauvaise à l’évidence, on doit estimer qu’il s’agit sans doute d’une inadvertance et supposer que la personne a déjà regretté et réparé ce qui devait l’être.
Celui qui juge son prochain favorablement, D.ieu lui accorde également des circonstances atténuantes. De plus, cette façon d’envisager les choses amène au «Chalom» et évite les tensions entre les gens.
Par contre, il est absolument indispensable de se méfier de celui qu’on ne connaît pas. Il n’y a pas là de contradiction : «Honore-le et soupçonne-le», conseillent nos Sages. Ou, en d’autres mots : «Que chacun soit à tes yeux comme un brigand mais honore-le comme tu le ferais pour le grand Rabban Gamliel».

F. L. d’après Rav Yossef Ginsburgh
Sichat Hachavoua n°1233
De Recit de la Semaine
Juste une heure…

J’enseigne dans une Yechiva (école talmudique) dans le village de Kfar ‘Habad. Comme il est prescrit dans le Choul’hane Arou’h (code de lois juives), je m’efforce de toujours commencer mes cours à l’heure car, outre la nécessité de préserver la bonne marche de l’établissement, je réalise que chaque instant d’étude de la Torah est vital pour le monde entier.
Mais parfois il arrive des imprévus, je dirais même des défis…
Par exemple, un jour d’été particulièrement chaud, il y a trois ans, j’ai été convoqué pour témoigner à un procès dans la ville voisine de Ramlé.
Le procès était supposé commencer à 9 heures et ne prendre que 15 minutes. Comme il ne faut que 15 minutes pour arriver à Kfar ‘Habad et que mon cours ne commençait qu’à 11h 30, j’avais largement le temps.
Mais le prévenu tardait (finalement il ne se présenta pas du tout) et le juge décida de traiter les autres affaires : j’étais obligé d’attendre.
Le temps passait et j’étais sur les charbons ardents.
A 10h 30, je téléphonai à la Yechiva pour repousser le cours à 12h. A 11h, je rappelai pour le repousser à 12h 30. Peut-être allais-je être obligé de l’annuler complètement.
Finalement à 12h 30, le juge déclara la séance annulée et je me précipitai à l’extérieur pour prendre un taxi. Mais il n’y en avait pas. Je téléphonai à mes élèves pour annoncer que j’arriverais dans une demi-heure.
Dans mon angoisse, je remarquai un bus qui prenait ma direction : «Encore une place» ! annonçait le conducteur. Je courus et montai dans le bus qui démarra en trombe, comme tous les bus israéliens.
Eblouis par la lumière de la rue, mes yeux mirent quelques secondes à s’habituer à la relative pénombre du bus mais je le regrettais presque : dans le bus étaient assises une quinzaine de jeunes filles habillées… très légèrement. Heureusement, une des jeunes filles comprit ma gène et me proposa un siège à l’écart, ce qui convenait mieux à mes convictions et à mon «look».
Je collai mon visage contre la fenêtre pour admirer le paysage mais, en entendant bien malgré moi les bavardages des adolescentes, je me repris : «Bolton ! disait une petite voix à l’intérieur de moi. Tu es un ‘Hassid de Loubavitch oui ou non ? Tu dois répandre le judaïsme et non regarder le paysage!»
Je me tournai vers une des jeunes filles et lui tendis une Sidra de la semaine et un guide pour les fêtes qui approchaient. Soit elle les accepterait, soit elle les refuserait, soit elle les jetterait. Mais dès qu’elle les prit et aperçut la photo du Rabbi, elle s’exclama : «Ah, super! Très bien! C’est à propos des fêtes? Juste ce dont j’avais besoin!»
Du coup, les autres filles s’intéressèrent et je leur distribuai toutes les brochures dont je disposais. Elles se mirent à les lire puis les rangèrent dans leurs sacs.
L’une d’entre elles s’exclama alors : «Cela, c’est vraiment un grand cadeau pour notre réussite à l’examen !»
Je ne pus retenir ma curiosité : «Quel examen?»
- Oui ! Ce matin! Nous avons réussi le brevet!
- Et qu’allez-vous faire de vos deux mois de vacances ?
- Rien ! D’ailleurs, qu’y a-t-il à faire ? Nous irons à la plage, nous allons sortir…
- Et pourquoi ne vous rendriez-vous pas utiles dans votre quartier ? Vous pourriez rendre visite à des personnes âgées, lire des histoires à des enfants ou même juste bavarder avec des gens qui souffrent de la solitude… Un rien peut changer leur vie ! Je suis sûr que vous savez que de nombreux enfants ne reçoivent aucune attention de leurs parents et que de nombreuses personnes n’ont pas avec qui bavarder. Vous pourriez leur donner tellement de bonheur!
Mais elle hocha la tête comme pour dire non :
- Comment? Moi? Nous? Que pouvons-nous faire? Cela, c’est au Ministère de l’Education de s’en charger mais les fonctionnaires sont aussi en vacances.
- Exactement ! remarquai-je sous le coup d’une inspiration soudaine. Vous, les filles, vous êtes les seules à pouvoir le faire. D’abord parce que vous voyez que personne ne le fait. De plus, vous êtes encore jeunes, le monde ne vous a pas encore déçues. Quand les gens remarqueront la simplicité et la sincérité dans vos yeux, cela les rendra heureux! Le Rabbi de Loubavitch affirme qu’une seule personne, même un enfant, peut changer le monde entier!
Les autres filles se mêlèrent alors à la conversation :
- De quoi parle-t-il?
- Il prétend que nous pouvons agir dans notre quartier, en nous occupant d’enfants désœuvrées ou de personnes âgées qui ont besoin d’aide !
- C’est vrai! renchérit l’une d’entre elles. Plutôt se rendre utile que ne rien faire! Au fait, d’où venez-vous?
- De Kfar ‘Habad, répondis-je (dans une minute nous allions y arriver).
- Kfar ‘Habad? Super! J’y étais avec ma classe il y a cinq ans, avant Pessa’h. Quelle merveilleuse après-midi nous y avons passé! Je me souviens de tout : la fabrication des Matsot, la pièce de théâtre sur la sortie d’Egypte, le tablier en plastique et les mains dans la farine ! Vous savez, nous sommes toutes ici un peu pratiquantes, je veux dire : nous mangeons cachère et allumons une bougie avant Chabbat, n’est-ce pas ?
Toutes firent un signe de tête affirmatif.
- Vous voyez ? repris-je triomphalement. Vous avez été à Kfar ‘Habad seulement une heure, il y a déjà cinq ans et vous vous en souvenez comme d’une expérience merveilleuse ! Pensez à tous les gens que vous allez aider pendant vos vacances, combien ils seront heureux si vous les aidez un peu chaque jour !
- Oh, vous avez raison ! Nous avons eu de la chance de vous rencontrer ! C’est vraiment une très bonne idée !
Nous étions arrivés à Kfar ‘Habad, je pris congé des jeunes filles en leur souhaitant beaucoup de succès. Elles avaient maintenant un but dans la vie et moi j’avais constaté, une fois de plus, que même ces filles qui semblaient si peu intéressées par le judaïsme et sa façon de se conduire (et de s’habiller) étaient au fond convaincues de l’existence du bien sur terre.
Au fait… j’arrivai juste à l’heure pour le cours !

Rav Tuvia Bolton
www.ohrtmimim.org
traduit par Feiga Lubecki