Samedi, 11 novembre 2023

  • Hayé Sarah
Editorial

 Plus qu’un rêve

Et si l’on se prenait à rêver ? Et si on imaginait un monde de sérénité, où le lendemain serait toujours paré de couleurs plus belles encore que celles du jour ? Et si l’on se mettait à croire, avec toute la puissance de ce mot, que tout cela est à notre portée ? Il est probable que, devant toutes les formes du malheur des hommes qui s’abattent aujourd’hui sur le monde, on serait rapidement taxé au mieux d’irréalisme ou d’angélisme ou, au pire, de folie dont il faut se garder. Mais, a-t-on tendance à se dire sans doute légitimement, qu’y peut-on ? Que sommes-nous pour agir, humbles mortels, simples membres, parmi tant d’autres, de la communauté humaine ? Quelle ambition pourrions-nous donc avoir dans ce gigantesque domaine avec quelque espoir de réussite ?

Confrontés à tous les événements qui aujourd’hui nous bouleversent et qui, chez beaucoup, remettent en cause bien des visions du monde, le danger existe, justement dans une telle situation, d’accepter sa propre impuissance et de finir par se dire que nous ne pouvons qu’assister en spectateurs à des choses qui nous dépassent. Arriver à une telle conclusion serait en soi une grave erreur. Certes, le monde est grand et le transformer par sa seule action est sans doute illusoire mais n’oublions pas qu’il n’est pas une entité globale imperméable. Il est constitué de tout ce que nous sommes, et nous avons la capacité de changer nous-mêmes et ce qui nous entoure. C’est dire qu’en agissant sur nous-mêmes et sur notre environnement immédiat, nous produisons une vague qui s’élève et déploie sa puissance bien au-delà de notre acte initial. C’est une vague de bien et de bonté qui, comme une lame de fond, est propre à abattre toute la négativité qui s’oppose à elle, où qu’elle soit.

Il faut en prendre conscience : l’âme, l’esprit et le cœur de l’homme sont des armes puissantes. Se lier à D.ieu par la prière, créer jusqu’à Lui une véritable passerelle par la pratique d’un commandement en sont la plus pure et la plus grande expression. Nous vivons certes des temps troublés, et chacun souhaite qu’enfin nous trouvions tous la paix mais, pour cela et dans cette attente, notre implication est nécessaire, là où nous sommes, dans notre vie quotidienne. Changer le monde, en faire ce lieu de toutes merveilles et de tout bonheur doit devenir individuellement notre volonté première. Afin que nous passions de la paix rétablie à la naissance de la paix éternelle que le Machia’h nous apportera dans l’avenir le plus proche.

Etincelles de Machiah

 La Techouva des Tsadikim

« Machia’h viendra pour que les Tsadikim (les Justes) fassent Techouva », affirme le Zohar (III, 153b). Quand on sait que le terme « Tsaddik » désigne précisément celui qui n’a commis aucune faute et, par conséquent, n’a pas besoin de Techouva, de repentir, cette phrase pose question. Aussi, il nous est proposé une signification plus profonde.

Lorsque Machia’h viendra, la révélation Divine sera d’une intensité incomparable. Pour D.ieu, défini comme « Tsaddik du monde » (Rachi sur Béréchit 18 :28), cette révélation constituera une forme de Techouva car Il aura retenu cette lumière pendant toute la durée de l’exil.

(d’après Or Hatorah, Vayikra p.235)

Vivre avec la Paracha

 ‘Hayé Sarah

Sarah meurt à l’âge de 127 ans et est enterrée dans la grotte de Ma’hpélah à ‘Hévron qu’Avraham a achetée à Ephron le Hittite pour quatre cents chékels d’argent.

Le serviteur d’Avraham, Eliézer, est envoyé à ‘Haran, avec des cadeaux, afin de trouver une femme pour Yits’hak. Au puits du village, Eliézer demande à D.ieu un signe : quand les jeunes filles arriveront au puits, il demandera de l’eau pour boire. Celle qui proposera d’abreuver également ses chameaux sera celle qui est destinée au fils de son maître.

Rivkah, la fille du neveu d’Avraham, Bethouël, apparaît au puits et réussit le « test ». Eliézer est invité dans sa maison où il relate à nouveau les événements du jour. Rivkah revient avec Eliézer en terre de Canaan où ils rencontrent Yits’hak, priant dans un champ. Yits’hak épouse Rivkah, l’aime et est consolé de la perte de sa mère.

Avraham prend une nouvelle épouse, Ketourah (Hagar) et engendre six autres fils mais Yits’hak est désigné comme son seul héritier. Avraham meurt à l’âge de 175 ans et est enterré, à côté de Sarah, par ses deux fils aînés, Yits’hak et Yichmaël.

La vie de Sarah ?

Très peu de Parachiot portent le nom d’individus. La première est Noa’h, nommée à juste titre sur l’homme dont descend toute l’humanité. La seconde est celle de cette semaine,’Hayé Sarah : « La vie de Sarah ».

Lorsque nous parcourons cette Paracha, nous sommes frappés par le fait qu’elle n’évoque en aucune manière sa vie mais plutôt des événements qui sont plutôt liés à sa mort, à partir de ses funérailles. Cela commence par l’achat de l’endroit de sa sépulture et les négociations entre Avraham et Efron concernant l’achat de ce lieu.

Évoquer son enterrement est bien loin de décrire la vie d’une personne !

Dans le même ordre d’idées, la suite du récit se rapporte à des événements postérieurs à sa mort, y compris le remariage d’Avraham avec Ketourah !

Et pourtant, paradoxalement, cette Paracha s’appelle ‘Hayé Sarah, « la vie de Sarah » !

En réalité, tous les faits relatés ici, bien que s’étant produits après sa mort, sont la parfaite illustration de ce que fut sa vie.

La concrétisation des valeurs d’Avraham

L’un des faits les plus marquants de la vie d’Avraham fut la promesse de D.ieu qu’il hériterait de la terre de Canaan. Cela ne se matérialisa pas durant la vie de Sarah. La première fois qu’Avraham prit réellement pleine possession d’une partie de la terre se produisit lorsqu’il acquit, à son plein tarif, la grotte de Ma’hpéla, pour en faire le lieu de sépulture de son épouse. La promesse de D.ieu selon laquelle la terre de Canaan reviendrait à Avraham et à sa progéniture ne se réalisa concrètement qu’après et en relation avec la mort de Sarah.

Voilà quel était le pouvoir de Sarah, et de toutes les femmes : concrétiser les idéaux d’Avraham.

De la même façon, le rejet d’Avraham de ses autres fils et l’héritage de ses biens uniquement légués à Yits’hak, comme on le voit ici, étaient le résultat de la vision et de la prévision de Sarah selon lesquelles tout l’héritage d’Avraham reviendrait exclusivement à Yits’hak. Sarah avait planté la graine durant sa vie et finalement elle prit racine après sa mort. Durant sa vie, il n’était pas clair qu’Avraham adopterait sa perspective selon laquelle Yits’hak et Yichmaël n’étaient pas égaux et que seul Yits’hak devait être le bénéficiaire de l’héritage d’Avraham.

Avraham n’intériorisa, qu’après sa mort, sa vision incomparable, sa sensibilité et son discernement.

En fait, quand pouvons-nous jeter un regard global sur la vie de Sarah ? Quand nous observons les événements relatifs et postérieurs à sa mort.

Les trois forces de Sarah

Si l’on jette un regard plus attentif sur la vie de Sarah, nous pouvons remarquer plusieurs caractéristiques.

Tout d’abord, Sarah était connue pour sa vision prophétique. En fait, le premier nom qui lui fut donné était Yiskah qui signifie « elle aura la vision ». Rachi explique qu’elle était visionnaire, par Inspiration Divine. Sa vision prophétique était si grande que D.ieu dit à Avraham : « Tout ce que Sarah te dira, écoute sa voix ». Rachi ajoute qu’en matière de prophétie, elle était supérieure à Avraham.

Elle était donc dotée d’une vision et d’une perspective extrêmement puissantes.

Par ailleurs, Sarah avait une maîtrise extraordinaire d’elle-même et de son environnement. Elle eut la force de combattre ceux qui voulaient la souiller dans le palais du pharaon. Le Zohar nous dit qu’Avraham ne s’inquiétait pas pour la sécurité de Sarah, quand elle fut enlevée dans le palais du pharaon, parce qu’il savait qu’elle résisterait à toutes les menaces. La Torah déclare : « D.ieu frappa Pharaon et sa maisonnée. » Rachi explique que Sarah donna l’ordre à un ange de frapper le pharaon. Elle avait le pouvoir sur les anges et sur les forces de la nature.

En outre, au début de la Paracha de cette semaine, la Torah sous-entend que toutes ses années furent également bonnes.

En réalité, elle eut une vie extrêmement difficile. Elle fit cependant preuve de tellement de résistance qu’elle put exercer le contrôle sur ses réactions et ses réponses aux vicissitudes de sa vie. Sa vie ressemblait à une route parsemée de bosses et d’ornières mais elle y voyagea comme sur un chemin plat et lisse.

L’aptitude de Sarah à aplatir la terre sur laquelle elle voyageait présageait le miracle qu’allait vivre le Peuple juif dans le désert, après la sortie d’Égypte. En effet, selon le Midrach, les Nuées de Gloire aplanissaient les collines et les montagnes.

Enfin, Sarah possédait le don de la perception et du discernement. Elle avait parfaitement perçu la différence entre Yichmaël et Yits’hak, dont Avraham ne prit conscience qu’après sa mort. Elle ne pouvait tolérer la possibilité que Yichmaël partage l’héritage avec Yits’hak.

Les trois noms de Sarah

Ces trois visages de Sarah se reflètent dans les trois noms qui lui furent attribués.

Son premier nom, comme nous l’avons dit plus haut, était Yiskah. Il soulignait sa vision et son don prophétique.

Le second nom, Saraï, qui signifie « ma princesse », indique sa maîtrise sur les forces naturelles. Elle pouvait contrôler (« être la princesse ») non seulement elle-même mais aussi son environnement.

Enfin son troisième nom, Sarah, indique son niveau suprême de royauté. La royauté ne peut tolérer ce qui ne convient pas à une reine. La royauté exige l’excellence et abhorre les compromis. Quand la force de la royauté se révèle, les forces négatives disparaissent. Avraham lui-même était associé à la royauté mais Sarah constituait la véritable force derrière le trône. Le nom d’Avraham signifie « père d’une multitude de nations ». Il ne signifie pas « roi d’une multitude de nations » parce que sa puissance de royauté restait enfouie sous la surface de son approche paternelle. Aussi grand et saint que fût Avraham, il ne pouvait faire la différence entre ses fils. Livré à sa propre approche, il aurait dispensé vainement de l’énergie envers Yichmaël qui l’aurait gaspillée ou utilisée de façon impropre.

Yits’hak n’aurait alors pas reçu son dû et l’héritage d’Avraham au Peuple juif n’aurait pu se réaliser. Outre l’échec dans la transmission de ses valeurs et de son énergie au Peuple juif, il n’aurait pu non plus accomplir la mission Divine dans la Création du monde : faire à D.ieu une résidence dans ce monde. Réaliser ce dessein reposait sur les Patriarches qui pavèrent le chemin vers le Don de la Torah au mont Sinaï. Toutefois, le succès des Patriarches dépendait des Matriarches, et tout particulièrement de Sarah, qui avait le pouvoir de protéger et d’embellir les investissements d’Avraham.

Les trois miracles de Sarah

Ces trois aspects du personnage de Sarah renvoient à leur tour aux trois miracles qui se produisaient dans son foyer. Ces miracles cessèrent à sa mort mais refirent leur apparition lorsque Yits’hak épousa Rivkah.

Le premier miracle consistait en ce que ses lumières de Chabbat brûlaient d’un Chabbat à l’autre. Tout comme le miracle des lumières de ‘Hanoukah, ses lumières de Chabbat continuaient d’elles-mêmes à répandre de la lumière durant toute la semaine.

Le second miracle tenait à la bénédiction dans sa pâte pour faire les ‘Hallot.

Enfin, le troisième miracle se manifestait par une nuée au-dessus de sa tente, exprimant la Gloire Divine.

Ces trois miracles évoquent les trois domaines de la grandeur de Sarah : la lumière, la sainteté et la pureté qui à leur tour renvoient aux trois traits de vision, maîtrise et discernement.

La lumière est intimement liée à la vision. La force prophétique de Sarah, représentée par le nom Yiskah, est liée à la lumière et à la clarté de la vision.

La bénédiction dans sa pâte, liée à la Mitsva de séparer un morceau de pâte (la ‘Halla) et de le consacrer, par une bénédiction, est à l’image de sa vie de dévouement. En menant une vie conforme à la Volonté divine, on peut acquérir la maîtrise sur le monde matériel et naturel. Le miracle ici consistait en ce que même un tout petit morceau de pâte était suffisant, tout comme la manne que l’on collectait dans le désert et qui procurait toujours le nécessaire à manger.

La nuée qui planait au-dessus de la tente de Sarah indiquait que D.ieu aimait résider auprès d’elle car les influences négatives avaient été dissipées. Tout était pur.

Sarah et le Machia’h

Le rôle de Sarah était de contrecarrer le renversement occasionné par ‘Hava quand elle avait consommé et partagé le fruit interdit. Cette transgression avait occasionné le voilement de la lumière originelle, créée le premier jour de la Création, et qui donnait la possibilité de voir d’un bout du monde à l’autre.

L’erreur de ‘Hava introduisit également la mort dans le monde, donnant à la nature le contrôle sur notre existence.

Sa consommation du fruit interdit de l’Arbre de la Connaissance initia un mélange confus de bien et de mal qui rend difficile le discernement entre les deux.

A partir de l’époque de ‘Hava, nous avons reçu le défi de renverser cette dynamique et de conduire le monde à l’Ère du Machia’h.

Les trois noms de Sarah, ses caractéristiques et ses miracles renversent les trois domaines qu’endommagea ‘Hava. Sarah fut la première à relever le déclin du monde.

Les trois forces du Machia’h

Ces trois caractéristiques de Sarah sont des avant-goûts des accomplissements du Machia’h ; elles sont la manifestation de la royauté ultime.

Le Rambam (Maïmonide), dans sa description du Machia’h, écrit qu’il est « un prophète presqu’aussi grand que Moché ».

Cela est parallèle à la vision prophétique de Sarah. Le Machia’h enseignera la Torah à tout le monde, de façon visuelle car il est doté de la vision ultime.

Le Machia’h est décrit comme « celui qui monte un âne ». Le terme hébreu pour « âne » est « ‘Hamor », qui peut également se traduire par « matérialité ». Cette expression : « qui monte un âne » est expliquée par le Maharal de Prague comme une référence à sa maîtrise sur son propre corps et sur son environnement. Le Machia’h exerce le contrôle.

Le Machia’h combat également les influences négatives. Il réparera toutes les brèches et enlèvera toutes les influences négatives dans le monde.

Il hérita cette aptitude de Sarah.

Quand les « Sarah » de notre propre génération reproduisent ces qualités de Sarah : la lumière, la sainteté et la pureté, elles préparent la route pour le Machia’h qui révélera ces traits de manière infiniment intense, en inaugurant le Rédemption Ultime.

Le Coin de la Halacha

 En quoi consiste la Mitsva du rachat des otages ?

Le rachat des prisonniers passe avant les besoins des nécessiteux (nourriture et vêtements).

Il n’existe pas de Mitsva plus importante que le rachat des otages. En effet, le prisonnier a faim, a soif, manque de vêtements et est en danger. Celui qui détourne ses yeux de cette Mitsva transgresse : 

« Tu n’endurciras pas ton cœur et tu ne retiendras pas ta main. »

« Tu ne te tiendras pas (sans rien faire) devant le sang de ton prochain. »

« Il ne le traitera pas durement devant tes yeux. » 

De plus il n’accomplit pas les Mitsvot de :

« Tu ouvriras certainement ta main en sa faveur »

« Ton frère vivra avec toi »

« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » etc.

Cependant : on ne rachète pas les prisonniers à un prix supérieur à leur valeur (on estime leur valeur en fonction du prix s’ils devaient être vendus comme esclaves…) afin que l’ennemi n’en profite pas pour kidnapper d’autres Juifs et demander d’autres rançons.

On rachète une femme en priorité avant un homme.

(d’après Rambam – Hil’hot Matanot Aniim – 8)

Le Recit de la Semaine

 « Pense bien… tout ira bien »

Le kibboutz Beeri a été fondé en 1946, sur des terres achetées à prix fort par des Juifs, certains rescapés de la Shoah. Les habitants en célébrèrent le 77ème anniversaire vendredi soir 6 octobre, en présence de ses 1100 membres. Il a toujours été un endroit laïc (la synagogue n’a été fondée qu’en 2006).

Le 7 octobre au matin, plus d’un millier de terroristes l’ont envahi et ont tué plus de 110 personnes innocentes, que D.ieu venge leur sang et console les survivants.

Une des résidentes, Pera’h Pilo (75 ans) – elle-même fille de rescapés ayant fui la Hongrie et arrivés en Israël en 1957. Bien que ses parents aient été issus de familles pratiquantes, ils abandonnèrent tout leur judaïsme et Pera’h ne reçut jamais d’éducation juive. Cependant, sa propre fille se rapprocha du judaïsme au point que, maintenant, le petit-fils de Pera’h est Chalia’h, émissaire du Rabbi de Loubavitch à Berlin.

A 6h30 ce terrible Chabat matin, assise sur son canapé, Pera’h entendit la sirène annonçant le danger. Elle se leva d’un bond, attrapa une bouteille d’eau à moitié pleine ainsi qu’une épaisse couverture et courut se réfugier dans la pièce forte de sa maison.

Très inquiète, elle entendait le bruit des roquettes lancées au-dessus du kiboutz et elle apprit par son téléphone que des terroristes avaient pulvérisé toutes les barrières : elle les entendait déjà parler en arabe tout près de sa maison !

Elle décida alors de mettre en pratique les quelques enseignements de ‘Hassidout que son petit-fils lui avait appris (celui qui lui avait aussi appris à tenir le Loulav et l’Etrog en prononçant la bénédiction durant la fête de Souccot la semaine précédente). Elle se répéta mentalement, encore et encore : Merci mon D.ieu car je suis vivante, merci mon D.ieu car Tu me protégeras. Merci Rabbi et merci à tous ceux qui, certainement, prient pour moi maintenant !

Elle se souvint alors qu’elle avait déposé un livre de ‘Hitat (Houmach, Tehilim et Tanya) que son petit-fils lui avait donné spécifiquement pour sa protection, avec une photo du Rabbi. Elle les posa sur son cœur : « Rabbi ! Vous êtes maintenant responsable de mon cœur, je sais que tout ira bien ! ».

Dans l’obscurité (en effet, la lumière aurait attiré l’attention des terroristes), elle chercha à tâtons et trouva aussi des biscuits. Réalisant qu’elle risquait d’être confinée dans cette pièce durant de longues heures, elle s’imposa un régime strict : une gorgée d’eau avec un biscuit le matin, le midi et le soir.

Entretemps, elle réussit à contacter son fils Oren qui habitait non loin de là et qui la rassura : « Maman, j’arrive ! ». Il lui demanda d’indiquer sa location sur Whatsapp. Pourquoi ? Parce qu’il arrivait avec son unité d’élite Douvdevan – avec trois tanks !

Le temps passait. Elle continua de se répéter les mêmes phrases mais, bien vite, son téléphone se déchargea et elle resta dans le noir, seule. Puis elle entendit les terroristes qui entraient dans sa maison. Heureusement, dix ans plus tôt, à la suite déjà d’une tentative d’infiltration terroriste, elle avait fait installer une bonne serrure à cette pièce sécurisée. Elle les entendait essayer de faire sauter le verrou, avec des coups de fusils et même des explosifs mais sans y parvenir. Ils essayèrent de casser la fenêtre mais en vain. Recroquevillée dans un coin, Pera’h se répétait les mêmes phrases, des milliers de fois, assez lucide pour se rassurer constamment.

Puis elle s’inquiéta : pourquoi Oren n’était-il pas encore venu la secourir ? Que lui était-il arrivé ? Encore une fois, elle s’obligea à rester optimiste, répétant intérieurement que tout irait pour le mieux.

Or la situation empirait. Tsahal se battait contre les terroristes stationnés dans sa propre maison ! Elle apprit par la suite qu’il y en avait 12 et que l’armée, ne sachant comment les déloger, décida de détruire la maison au bulldozer ! Elle entendit comment le toit fut touché en premier, la pression forma une fente dans la porte de sa pièce étanche, la poussière s’engouffra et elle commença à respirer de plus en plus mal – surtout qu’elle souffrait de diabète et de difficultés bronchiques. Par chance, les terroristes ne remarquèrent pas la fente.

Elle était depuis deux jours dans cette chambre. Le lundi matin, le calme revenait et elle essaya d’ouvrir la fenêtre pour respirer un peu d’air frais. Elle grimpa sur un objet quelconque mais trébucha et tomba, inconsciente. Quand elle se réveilla, elle se sentit plus forte et décida de sauter par la fenêtre. Elle n’avait pas de chaussures, juste sa chemise de nuit et elle jeta sa couverture dehors. Elle grimpa sur une machine à coudre et se jeta, pensant atterrir sur de l’herbe mais, de fait, la pelouse avait été jonchée de débris tombés du toit. Elle se blessa mais parvint à s’éloigner, en boitant, pour ne pas être enterrée sous sa maison qui tremblait sous les coups du bulldozer. Dehors il n’y avait pas un bruit, le kiboutz d’ordinaire animé était étrangement silencieux. Elle trouva une bouteille d’eau pour étancher sa soif, puis une voiture avec les clés à l’intérieur ! Encore des miracles pour lesquels elle ne cessa de remercier D.ieu. Quelques minutes plus tard, elle atteignit l’entrée du kiboutz et y retrouva Oren qui n’avait pas reçu la permission d’entrer dans cette zone maintenant militaire.

Ce qui la sauva de fait, ce fut sa confiance absolue en D.ieu. Normalement, elle n’avait aucune chance de survivre : les terroristes (au nombre de douze !) étaient entrés dans sa maison, ils étaient lourdement armés, les soldats ne parvenaient pas à les déloger, sa maison allait être détruite avec elle à l’intérieur qui n’avait aucun moyen de signaler sa présence… Elle-même ignorait qu’elle possédait une telle confiance en D.ieu mais, au moment le plus dramatique de sa vie, son âme avait brillé et elle avait mis en pratique : « Pense bien et tout ira effectivement bien ! »

Rav Yossef Yits’hak Jacobson – shluchimsermons.org

Traduit par Feiga Lubecki