L'âpre servitude des enfants d'Israël, en Egypte, commença par la confection de briques. Il est dit, en effet, que : « ils rendirent leur vie amère par un dur labeur, avec du mortier, des briques et tous les travaux du champ » (Chemot 1, 14). La Guemara explique : « tout d'abord, avec du mortier et des briques, puis, à la fin, avec tous les travaux du champ ».

Le Midrash décrit longuement le début de la servitude. A ce propos, il établit un lien entre la servitude de l'Egypte et la confection des briques. Tout d'abord, le Pharaon parvint à convaincre les enfants d'Israël de faire le travail de leur plein gré. Pour cela, il prit « un panier et une pioche », puis il confectionna lui-même des briques, en leur disant : « Faites-moi la bonté de travailler avec moi, aujourd'hui ».

Les enfants d'Israël, voyant le roi fabriquer lui-même des briques, se joignirent à lui et ils travaillèrent de toutes leurs forces. Puis, à la fin de la journée, le Pharaon leur dit : « Vous produirez cette quantité chaque jour ».

Chaque détail spécifique de la Torah a une signification profonde. Que veut dire, en l'occurrence, que le début de la servitude fut la confection de briques ? Pourquoi est-ce cette action qui fut choisie, plutôt que toute autre ?

La mission qui incombe à un Juif, au sein de ce monde matériel, consiste à bâtir la Résidence de D.ieu, dans ce monde matériel, « parmi les créatures inférieures ». Or, une résidence peut être construite avec des pierres, comme ce fut le cas pour le Temple, ou bien avec des briques.

La différence fondamentale entre les pierres et les briques est la suivante. Les pierres ont été créées par D.ieu, alors que les briques sont façonnées par les hommes. Les pierres sont l’œuvre de D.ieu et l'intervention de l'homme consiste uniquement à les tailler et à les polir. En revanche, ils n'ont pas les moyens de les créer.

Il n'en est pas de même, en revanche, pour les briques. Un homme prend du mortier, le mélange à de la paille, place le tout dans un four. Il crée ainsi un matériau nouveau, qui n'existait pas au préalable, une brique.

De la même façon, le service de D.ieu de l'homme, dans sa dimension morale, compte deux domaines. Quand un homme se sert de ce que D.ieu a créé, dans le monde, pour Le servir, il bâtit alors pour Lui une Résidence de pierres. Il se sert des « pierres », des objets du monde, tels qu'ils ont été créés par le Saint béni soit-il pour édifier Sa maison, Son Sanctuaire.

Mais, il y a, en outre, un stade plus haut du service de D.ieu, en lequel l'homme ne se contente pas d'utiliser la création elle-même pour les domaines de la sainteté. Il introduit lui-même une existence nouvelle au sein de cette création. Il transforme le mal en bien, l'obscurité en lumière. Il façonne des « briques », une existence nouvelle dans le monde qui y prend forme grâce à son effort pour servir D.ieu.

Telle est la signification morale de ces briques, qui furent le début de l'exil d'Egypte. La Torah indique ainsi, d'une manière allusive, que la phase essentielle du service de D.ieu, pendant la période de l'exil, qui commença avec l'exil d'Egypte, consiste à confectionner des briques, à transformer le mal en bien et l'obscurité en lumière.

C'est précisément de cette façon que l'on se prépare à la délivrance, qui transformera l'existence de ce monde. A l'heure actuelle, celui-ci est encore le lieu de l’obscurité et des forces du mal. Dans le monde futur, en revanche, l'Essence de D.ieu résidera ici-bas. Dès lors, « la nuit éclairera comme le jour ».

Tout ceci sera le résultat de ce qui est accompli « avec du mortier et des briques », pendant la période actuelle, afin de se préparer à la venue de notre juste Machia'h, lors de la délivrance véritable et complète, très bientôt et de nos jours.

(Discours du Rabbi, Likouteï Si’hot, tome 6, page 13)