ROCH HACHANA
Rabbi Lévi Yits’hak de Berditchev (1740-1809), l’un des plus grands maîtres ‘hassidiques, surnommé « l’avocat du Peuple juif », avait pour habitude à Roch Hachana de trouver des mérites pour Israël devant le Bon D.ieu.
Un Roch Hachana, après la prière du matin, il se promena dans les rues de Berditchev. Il aperçut un Juif assis à l’entrée de sa boutique, en train de graisser ses bottes, avec une pomme dans la bouche. Cela se passait avant même la fin des offices à la synagogue, alors que la coutume est de rester longtemps dans ce lieu saint.
Ses élèves furent choqués : « Rabbi, regarde ! Même en ce saint jour, au lieu d’être à la synagogue, il s’occupe de son commerce et de ses bottes ! »
Mais Rabbi Lévi Yits’hak répondit avec chaleur :
« Voyez comme les Juifs sont saints ! Même quand ils sont absorbés par leurs affaires les plus matérielles, ils n’oublient pas Roch Hachana. Il mange la pomme en pensant à la coutume sacrée de ce jour, où l’on trempe une pomme dans le miel pour demander une année douce ! »
Et il leva les yeux au ciel en s’écriant :
« Maître du monde, regarde Ton peuple bien-aimé ! Même lorsqu’ils sont plongés dans leurs besoins matériels, ils gardent Ta mémoire dans leur bouche. Peut-il exister un peuple plus fidèle que le Tien ? »
Selon la tradition, cette plaidoirie toucha le Ciel et adoucit les décrets du jugement de cette année-là.
Cette histoire illustre l’approche de Rabbi Lévi Yits’hak, qui voyait toujours le bien caché chez chaque Juif, même dans une action qui semblait superficielle. Le message est particulièrement puissant à Roch Hachana : ce jour où chaque acte est pesé, l’avocat du peuple enseigne qu’il faut chercher la bonne intention derrière chaque geste.
La pomme de Roch Hachana, trempée dans le miel, est devenue un symbole universel du souhait d’une « année douce ». Pour Rabbi Lévi Yits’hak, même le Juif qui ne respecte pas parfaitement les usages garde au fond de lui ce lien avec D.ieu et Ses Mitsvot. Son mérite est immense, car il révèle la fidélité essentielle du Peuple juif.
L’essence de l’âme est toujours reliée à D.ieu, même quand l’extérieur semble éloigné. A Roch Hachana, ce lien se manifeste : chaque Juif, de l’érudit au plus simple, exprime à sa manière le désir d’une nouvelle année de bénédiction.
Joie et jour du jugement
Comment célébrer avec joie un jour - Roch Hachana - qui est aussi appelé le « jour du Jugement » - où l’homme est évalué devant le Trône divin ?
Cette joie n’est pas une marque d’insouciance, mais la réaction spirituelle correcte à la réalité que ce jour révèle : la souveraineté de D.ieu et la possibilité concrète de renaissance et de renouveau pour chaque Juif.
Roch Hachana : couronnement et renaissance
Roch Hachana est avant tout le couronnement de D.ieu comme Roi : un acte d’acceptation libre et volontaire de notre servitude devant la Royauté divine. Cette acceptation ne se limite pas à la crainte : elle inclut la joie de reconnaître notre lien vital avec le Créateur. Ces deux concepts, l’acceptation et la joie, transforment la relation entre l’homme et D.ieu.
La joie : une force spirituelle
Cette forme de joie n’est ni superficielle ni festive pour elle-même : c’est une puissance intérieure qui donne de l’élan à la Téchouvah (retour), à la prière et aux actes de bonté. La joie est un moteur qui « libère » les capacités de l’âme : elle dissout l’apathie, rend la vie religieuse active et permet des changements réels.
Pourquoi la joie est-elle cohérente avec le jugement ?
Le jugement révèle des réalités : des fautes, des manques, mais aussi des potentialités. Savoir que l’on est jugé pourrait inciter à l’angoisse ; or, la joie est ce qui permet d’accepter l’évaluation et d’en faire une impulsion vers l’amélioration. En d’autres termes : la crainte peut pousser à l’immobilisme, la joie pousse à l’action constructive. Ainsi Roch Hachana, jour de jugement, est simultanément une occasion joyeuse car il inaugure un cycle de réparation et d’élévation.
L’unité du peuple et la dimension communautaire
La dimension communautaire est essentielle : la joie du jour n’est pas simplement individuelle mais collective. L’unité et la joie communautaires renforcent la prière et la décision ferme (Kavana) acceptée ce jour-là.
La joie comme antidote à la peur paralysante
Il est important d’évoquer ici une idée essentielle : si l’on aborde Roch Hachana dans la seule optique de la peur, cela peut conduire à la paralysie spirituelle. La joie, en revanche, est active et permet de transformer le jugement en un catalyseur d’amélioration. La joie n’est pas un simple état d’humeur mais une stratégie hala’hique [elle nous est enjointe par la Loi] et spirituelle.
Comment manifester cette joie ?
Ce que l’on vient d’exposer ne consiste pas en un exposé théorique. Bien au contraire, des manifestations tangibles de cette joie - chanter, se réunir lors d’un Farbrenguen (réunion ‘hassidique), renforcer l’étude de la Torah, intensifier la prière et les actes de charité doivent l’exprimer et permettent de le faire. Ces expressions concrètes servent à ancrer et à prolonger les décisions prises le jour.
En outre, la joie doit être associée à une résolution ferme d’amélioration, autrement dit la joie sans engagement réel reste incomplète.
Perspective messianique et espoir collectif
Enfin, la joie de Roch Hachana peut se percevoir dans une perspective messianique : le renouvellement individuel se joint au but collectif : hâter la rédemption par l’accroissement de la foi, de la pratique et de la joie dans l’accomplissement de la Mitsva. La joie devient ainsi un vecteur d’espérance, orienté vers un idéal collectif et pas seulement personnel.
Appel à la joie active
En résumé, Roch Hachana demande et mérite la joie, parce que ce jour inaugure la Souveraineté divine, offre la possibilité d’un nouveau départ et fournit l’énergie indispensable pour transformer l’examen divin en progrès réel. Cette joie est sérieuse, ancrée dans la tradition ‘hassidique, et doit se traduire en actes : prière intensifiée, étude, charité, unité communautaire et résolution concrète de changement. Ainsi, la joie n’est pas l’ennemie du sérieux religieux, mais son meilleur allié.
Chana Tova ouMetouka.
Rabbi Lévi Yits’hak de Berditchev (1740-1809), l’un des plus grands maîtres ‘hassidiques, surnommé « l’avocat du Peuple juif », avait pour habitude à Roch Hachana de trouver des mérites pour Israël devant le Bon D.ieu.
Un Roch Hachana, après la prière du matin, il se promena dans les rues de Berditchev. Il aperçut un Juif assis à l’entrée de sa boutique, en train de graisser ses bottes, avec une pomme dans la bouche. Cela se passait avant même la fin des offices à la synagogue, alors que la coutume est de rester longtemps dans ce lieu saint.
Ses élèves furent choqués : « Rabbi, regarde ! Même en ce saint jour, au lieu d’être à la synagogue, il s’occupe de son commerce et de ses bottes ! »
Mais Rabbi Lévi Yits’hak répondit avec chaleur :
« Voyez comme les Juifs sont saints ! Même quand ils sont absorbés par leurs affaires les plus matérielles, ils n’oublient pas Roch Hachana. Il mange la pomme en pensant à la coutume sacrée de ce jour, où l’on trempe une pomme dans le miel pour demander une année douce ! »
Et il leva les yeux au ciel en s’écriant :
« Maître du monde, regarde Ton peuple bien-aimé ! Même lorsqu’ils sont plongés dans leurs besoins matériels, ils gardent Ta mémoire dans leur bouche. Peut-il exister un peuple plus fidèle que le Tien ? »
Selon la tradition, cette plaidoirie toucha le Ciel et adoucit les décrets du jugement de cette année-là.
Cette histoire illustre l’approche de Rabbi Lévi Yits’hak, qui voyait toujours le bien caché chez chaque Juif, même dans une action qui semblait superficielle. Le message est particulièrement puissant à Roch Hachana : ce jour où chaque acte est pesé, l’avocat du peuple enseigne qu’il faut chercher la bonne intention derrière chaque geste.
La pomme de Roch Hachana, trempée dans le miel, est devenue un symbole universel du souhait d’une « année douce ». Pour Rabbi Lévi Yits’hak, même le Juif qui ne respecte pas parfaitement les usages garde au fond de lui ce lien avec D.ieu et Ses Mitsvot. Son mérite est immense, car il révèle la fidélité essentielle du Peuple juif.
L’essence de l’âme est toujours reliée à D.ieu, même quand l’extérieur semble éloigné. A Roch Hachana, ce lien se manifeste : chaque Juif, de l’érudit au plus simple, exprime à sa manière le désir d’une nouvelle année de bénédiction.
Joie et jour du jugement
Comment célébrer avec joie un jour - Roch Hachana - qui est aussi appelé le « jour du Jugement » - où l’homme est évalué devant le Trône divin ?
Cette joie n’est pas une marque d’insouciance, mais la réaction spirituelle correcte à la réalité que ce jour révèle : la souveraineté de D.ieu et la possibilité concrète de renaissance et de renouveau pour chaque Juif.
Roch Hachana : couronnement et renaissance
Roch Hachana est avant tout le couronnement de D.ieu comme Roi : un acte d’acceptation libre et volontaire de notre servitude devant la Royauté divine. Cette acceptation ne se limite pas à la crainte : elle inclut la joie de reconnaître notre lien vital avec le Créateur. Ces deux concepts, l’acceptation et la joie, transforment la relation entre l’homme et D.ieu.
La joie : une force spirituelle
Cette forme de joie n’est ni superficielle ni festive pour elle-même : c’est une puissance intérieure qui donne de l’élan à la Téchouvah (retour), à la prière et aux actes de bonté. La joie est un moteur qui « libère » les capacités de l’âme : elle dissout l’apathie, rend la vie religieuse active et permet des changements réels.
Pourquoi la joie est-elle cohérente avec le jugement ?
Le jugement révèle des réalités : des fautes, des manques, mais aussi des potentialités. Savoir que l’on est jugé pourrait inciter à l’angoisse ; or, la joie est ce qui permet d’accepter l’évaluation et d’en faire une impulsion vers l’amélioration. En d’autres termes : la crainte peut pousser à l’immobilisme, la joie pousse à l’action constructive. Ainsi Roch Hachana, jour de jugement, est simultanément une occasion joyeuse car il inaugure un cycle de réparation et d’élévation.
L’unité du peuple et la dimension communautaire
La dimension communautaire est essentielle : la joie du jour n’est pas simplement individuelle mais collective. L’unité et la joie communautaires renforcent la prière et la décision ferme (Kavana) acceptée ce jour-là.
La joie comme antidote à la peur paralysante
Il est important d’évoquer ici une idée essentielle : si l’on aborde Roch Hachana dans la seule optique de la peur, cela peut conduire à la paralysie spirituelle. La joie, en revanche, est active et permet de transformer le jugement en un catalyseur d’amélioration. La joie n’est pas un simple état d’humeur mais une stratégie hala’hique [elle nous est enjointe par la Loi] et spirituelle.
Comment manifester cette joie ?
Ce que l’on vient d’exposer ne consiste pas en un exposé théorique. Bien au contraire, des manifestations tangibles de cette joie - chanter, se réunir lors d’un Farbrenguen (réunion ‘hassidique), renforcer l’étude de la Torah, intensifier la prière et les actes de charité doivent l’exprimer et permettent de le faire. Ces expressions concrètes servent à ancrer et à prolonger les décisions prises le jour.
En outre, la joie doit être associée à une résolution ferme d’amélioration, autrement dit la joie sans engagement réel reste incomplète.
Perspective messianique et espoir collectif
Enfin, la joie de Roch Hachana peut se percevoir dans une perspective messianique : le renouvellement individuel se joint au but collectif : hâter la rédemption par l’accroissement de la foi, de la pratique et de la joie dans l’accomplissement de la Mitsva. La joie devient ainsi un vecteur d’espérance, orienté vers un idéal collectif et pas seulement personnel.
Appel à la joie active
En résumé, Roch Hachana demande et mérite la joie, parce que ce jour inaugure la Souveraineté divine, offre la possibilité d’un nouveau départ et fournit l’énergie indispensable pour transformer l’examen divin en progrès réel. Cette joie est sérieuse, ancrée dans la tradition ‘hassidique, et doit se traduire en actes : prière intensifiée, étude, charité, unité communautaire et résolution concrète de changement. Ainsi, la joie n’est pas l’ennemie du sérieux religieux, mais son meilleur allié.
Chana Tova ouMetouka.
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- Publication : 16 septembre 2025