Le calendrier juif réserve parfois des surprises. Il sait, à l’improviste, retenir notre attention et, tout à coup, nous propulser dans un monde différent. Voici que notre semaine comporte un jour spécial, le 14 du mois de Adar I (cette année le vendredi 13 février 2014), qui porte un bien beau nom: Pourim Katan ou le “petit Pourim”. Par ces simples mots, c’est toute une perspective nouvelle qui nous est offerte. Il existe donc un “grand Pourim” que l’on célébrera en son temps, dans un mois environ, le 14 Adar II, avec son cortège de rites, de lois et de coutumes indispensables, et un “petit Pourim” qui en donne à voir une sorte de préfiguration. 
Pourtant, chacun sait qu’aucune cérémonie particulière n’a marqué ce jour, que les rites eux-mêmes sont restés bien silencieux et que la joie sans borne, si caractéristique de la période, n’a pas été au-delà de toutes les limites de façon manifeste. Tout porterait à penser que ce Pourim d’avant l’heure est si “petit” qu’il devient presque inexistant. La célébration, pour être réelle, ne doit-elle pas plutôt s’accompagner d’une indispensable grandeur ? Certes, mais le simple fait qu’un nom à part entière, Pourim Katan, désigne le 14 Adar I, indique qu’une idée doit être ici recherchée.
Tout se passe comme si le caractère de “petit” jouait le rôle d’une clé essentielle . De fait, cette notion est au cœur de la réflexion. Le peuple juif est également qualifié de “petit”: n’est-il pas une infinie minorité parmi les nations du monde ? Dans le même sens, certains hommes se considèrent comme “petits” tandis que d’autres prétendent être “grands”. Il n’est pas certains que ces “grands”- là laissent autre chose que des traces infimes à la surface de la terre, vite balayées par l’histoire.
C’est que la notion de “petit” porte en elle une immense richesse. Donnant à l’homme la grande “petite” place qui lui revient, elle sait le lier à D.ieu et ainsi donner un sens à chacun de ses actes. En fait, cette petitesse est bien plus que grande, elle conduit à l’infini. Loin d’être la marque d’un renoncement ou d’un effacement, elle est celle d’une présence, celle de D.ieu. Dans nos sociétés orgueilleuses, c’est sans doute une idée nouvelle. Cela valait bien un Pourim de plus.