Dans la Paracha, le mot Naara(h), « jeune-fille », apparaît pas moins de quatorze fois. Dans toutes ces récurrences, à l’exception d’une, le mot est épelé sans la lettre . Pourquoi est-elle omise et pourquoi treize fois ?

Le Baal Hatourim dit que la valeur numérique du mot Naar est de 320 tout comme le mot Chotéh qui signifie « fou ». Quelle leçon peut-on en tirer et comment tout ceci a-t-il un lien avec le mois présent : Elloul ?

La jeunesse

Le Talmud déclare que lorsque le mot Naarah s’épelle avec un , il se réfère à une jeune-fille âgée de douze ans à douze ans et demi. C’est l’âge de la Bat Mitsva, l’âge où, selon la loi juive, une jeune-fille devient une femme. Cependant, le Talmud poursuit en ajoutant que lorsque ce mot ne possède pas de Hé (Naara), la définition peut également inclure une jeune-fille en-dessous de l’âge de douze ans, une mineure.

Par ailleurs, le Zohar établit que lorsque Naara ne possède pas de , il représente une fille qui n’a jamais été mariée. Quand il a un , il évoque une fille qui a été mariée.

La ‘Hassidout développe ce concept : le Peuple juif est comme une jeune-fille. Quand les Juifs acceptent D.ieu dans leur cœur, lorsqu’ils l’épousent, ils sont complets et possèdent le Hé.

Dans le cas contraire, le cœur se ferme. Cela va encore plus loin : même si les Juifs acceptent D.ieu dans leur cœur, mais superficiellement, ils sont toujours considérés comme incomplets.

Treize Naara

Rabbi Chnéor Zalman nous dit qu’au mois d’Eloul, les Treize Attributs de la Miséricorde Divine rayonnent sur le Peuple juif. C’est la raison pour laquelle tous ceux qui ont une requête à adresser à D.ieu devraient alors demander qu’elle soit exaucée. Le Roi est dans le champ.

Les treize Naara sans le  font allusion aux Treize Attributs car manquant de la lettre , les Juifs sont incomplets et ont besoin de la Miséricorde Divine. Les Treize Attributs sont les forces divines qui peuvent réparer toute erreur ou tout péché.

Réintégrer le 

Eloul est également le mois de la Techouvah, le retour à D.ieu, comme il en est fait allusion au début de la Paracha : « Elle (l’âme) pleurera son père et sa mère pendant trente jours ». Il est facile et propice de faire Techouvah au cours de ce mois.

Le mot Techouvah peut également se lire : Tachouv Hé, ce qui signifie : « réintégrer le  ». C’est ainsi que par la repentance et l’acceptation de D.ieu dans notre cœur, nous pouvons restaurer la lettre Hé au mot Naara et le compléter.

Une politique de porte ouverte

Comment un Juif, un enfant de D.ieu, peut-il commettre un péché ? Comme l’affirme le Talmud, « une personne ne peut commettre de méfait que si un esprit de folie s’empare d’elle ».

En d’autres termes, si notre acceptation ou notre amour de D.ieu sont superficiels, et que donc nous n’avons pas intériorisé Sa présence, un vide se crée et permet à un esprit de folie de prendre le dessus chez l’individu. Il ne voit pas le  de la Divinité dans le monde, pas plus que les conséquences de son comportement immature. Il agit donc avec l’innocente « folie » d’un mineur.

Et puis vient le mois d’Eloul et cette personne réalise qu’elle se doit de s’essayer à la Techouvah. Mais avec son état d’esprit encore immature, elle commence à proférer des accusations infondées contre sa propre âme : « Je suis allé trop loin ! D.ieu ne m’acceptera jamais ! »

D.ieu est un roi aimant. Tout comme un parent inconditionnellement patient, D.ieu dit : « Ma porte t’est toujours ouverte. Je veux que tu saches que ce péché n’a pas été accompli par ta faute, tu es simplement un mineur, tu ne savais pas comment faire mieux. C’était juste un acte fou. Je t’en prie, reviens à moi. Je t’aime. »

Une réunion remplie d’émotion

D.ieu veille sur chacune de nos âmes comme sur une Naara sans , une fille trop jeune pour être tenue responsable de ses actions. Il est bien évident que par rapport à « l’âge » infini de D.ieu, nous sommes des mineurs. Mais, en plus, la Kabbale suggère qu’un Juif ne peut pécher qu’avec les niveaux inférieurs de son âme. Les niveaux supérieurs ne pourront jamais être ternis et resteront toujours intacts et purs. L’essence de notre âme reste toujours « mariée » à D.ieu.

C’est la raison pour laquelle la tâche d’Elloul est empreinte de joie. Il s’agit d’ouvrir notre cœur pour intérioriser le  du nom Divin et faire dissoudre toute naïveté dans notre relation avec D.ieu. Les larmes que nous versons au cours de ces trente jours doivent être des larmes de joie, comme les larmes d’une jeune-fille réconciliée avec son Bien-Aimé.