Semaine 40

  • Souccot
Editorial

La joie est à nous !

Place à la joie ! De tous côtés fusent les souhaits de «Bonne fête!» et, après la solennité de Roch Hachana et de Yom Kippour, il y a là quelque chose de profondément réconfortant. Car voici que les «jours redoutables» sont passés et que, si le cycle des célébrations du mois de Tichri continue, c’est avec l’assurance que le jugement rendu par D.ieu a été positif pour chacun. C’est dans cet état d’esprit, pleins de cette intime conviction, que nous vivons la fête qui suit: Souccot.
Etrange fête que celle-ci ! La voici revenu, inséparable de l’empressement de tous à édifier une Souccah, la cabane au toit de feuillage, à se procurer ce qui formera le bouquet de quatre plantes, le Loulav. Etranges rites aussi que ces derniers ! Nous passons une semaine dans une cabane, sortant volontairement de l’abri confortable de notre maison. Nous y prenons ainsi nos repas, en faisons notre véritable «lieu de résidence» au moment même où les intempéries pourraient bien en menacer la quiétude… Mais c’est justement cela qui est en jeu car la fête de Souccot exprime d’abord notre confiance en D.ieu renouvelée en ce début d’année. Certes, les murs de nos maisons paraissent plus fermes et plus solides que les minces parois de ces fragiles cabanes. Cependant, nous savons profondément que la protection Divine nous accompagne et que c’est elle qui nous donne vie. Et cette conviction est si précieuse et ses effets si réels qu’elle doit devenir la trame même de notre existence, au point que nous contentons, pour une semaine, d’une simple cabane comme abri ; afin que nous emportions ensuite cette expérience pour toute l’année.
Quant au bouquet de plantes, au Loulav? Nous le brandissons comme un trophée de victoire! C’est, bien sûr, de la victoire spirituelle dans le jugement Divin qu’il s’agit d’abord. Mais il y a aussi cette victoire-là, non moins importante, qui nous voit réaliser une unité absolue entre toutes les composantes de notre peuple. Et le Loulav en est le symbole, dont chaque élément rappelle une de ses catégories constitutives, des plus sages aux plus oublieux du judaïsme. Les voici ainsi réunis et chacun ressent que le bouquet ne serait pas complet si l’autre y manquait.
Les deux idées sont-elles vraiment éloignées l’une de l’autre? Mais peut-il exister un bonheur durable autrement qu’avec la confiance en D.ieu et l’unité de tous? Souccot est parmi nous. Décidément, sa joie, une fois de plus, brise toutes les barrières.

Etincelles de Machiah

Place à la joie !

La ‘Hassidout explique, de façon très détaillée, que « la joie brise les barrières ». Ce principe a une portée plus grande encore car il peut également s’appliquer à la venue de Machia’h. Ainsi, la joie a le pouvoir de briser toutes les « barrières » de l’exil et de hâter la Délivrance. C’est ainsi qu’à propos de Machia’h, il est dit (Michée 2:13, Béréchit Rabba): « Le briseur (de barrières) montera devant nous ».
(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch, Chabbat Parchat Toledot 5471)

Vivre avec la Paracha

Soukkot : Se réjouir ensemble

Nos invités de Soukkot

Nous appelons nos fêtes: “les fêtes de réjouissance, les saints jours et moments de joie”. Une personne heureuse veut naturellement partager sa joie avec les autres. On peut, seul, ressentir une satisfaction intérieure, mais une célébration exubérante ne peut être vécue qu’en compagnie. Comme expression de notre bonheur, nos Sages mettent l’accent sur l’importance de partager la joie des fêtes en conviant des invités à nos repas festifs. La Mitsvah est particulièrement importante à Soukkot, “le moment de notre réjouissance”.
Le Zohar nous enseigne que nos invités de Soukkot incluent non seulement ceux qui partagent nos repas de fête mais également des invités venus des royaumes spirituels. A Soukkot, nous sommes rejoints par sept Ouchpizin (“invités honorés”): Avraham, Yits’hak, Yaakov, Moché, Aaron, Yossef et le Roi David.
De plus, le Rabbi précédent nous a enseigné que nos Soukkot sont également visitées par des Ouchpizin ‘hassidiques. En fait, il avait l’habitude de pointer des endroits particuliers dans sa Soukkah et de dire: “ici est assis le Baal Chem Tov, là le Maggid de Mézértich, là Rabbi Chnéour Zalman, là Rabbi Dov Ber, là le Tséma’h Tsédèk, là le Rabbi Maharach et là le Rabbi Rachab”.
Bien que ces visiteurs viennent ensemble dans nos Soukkot, chaque jour de la fête, l’influence de l’un d’entre eux est particulièrement dominante l’un des jours et ses qualités nous enseignent des leçons à appliquer dans notre service de D.ieu.

Les invités du premier jour:
Avraham Avinou et le Baal Chem Tov

Les Ouchpizin du premier jour, le Patriarche Avraham et le Baal Chem Tov partagent certaines caractéristiques. Chacun d’entre eux a initié une nouvelle étape dans la relation entre l’homme et D.ieu. Avraham fut le fondateur de la foi juive et le Baal Chem Tov du mouvement ‘hassidique. Bien plus, à la fois Avraham et le Baal Chem Tov voyagèrent de lieu en lieu pour révéler au monde la présence de D.ieu.
A propos du verset “ et il appela (vayikra) le nom de D.ieu, le D.ieu Eternel ”, nos Sages commentent: “ne lis pas vayikra (“et il appela”) mais vayakri (“et il fit en sorte que les autres appellent”), car Avraham faisait en sorte que tous les voyageurs (qu’il rencontrait) invoquent le nom de D.ieu”.
Comme notre patriarche Avraham, le Baal Chem Tov allait vers les gens simples. Il les interrogeait sur leur santé, leur travail et d’autres préoccupations matérielles de leur vie pour obtenir d’eux une réponse reconnaissante: “Barou’h Hachem (que D.ieu soit béni!)”. Ainsi démontrait-il que la Divinité fait partie des dimensions les plus profanes de notre existence.

Les invités du second jour :
Yits’hak Avinou et le Maggid de Mézéritch.

La caractéristique partagée par ces deux Ouchpizin est évoquée dans le verset: “n’abandonne pas ton lieu”. Contrairement aux autres Patriarches, Yits’hak ne quitta jamais Erets Israël. De même, à l’opposé des autres Rabbis qui voyagèrent de lieu en lieu, le Maggid, une fois qu’il prit la tête du mouvement ‘hassidique, ne quitta jamais Mézéritch.
L’essence de chaque individu est son étincelle divine. C’est là et en aucun autre lieu géographique que se situe la vraie place de chacun et c’est ce qui définit son être. Le Patriarche Yits’hak et le Maggid de Mézéritch nous enseignèrent que l’on doit concentrer ses efforts pour pénétrer cette essence et la faire jaillir à la surface au lieu de chercher à grandir des influences extérieures. C’est pourquoi la Torah nous décrit-elle Yits’hak en train de creuser des puits, cherchant les sources d’eaux vives et les faisant jaillir à l’extérieur.
Se préoccuper de sa propre place ne diminue pas la signification de celle des autres. La pensée ‘hassidique explique que la révélation d’une lumière puissante illumine des lieux même plongés dans la plus profonde obscurité. Ainsi la lumière du Beth Hamikdach se diffusait de par le monde et avait de telles répercussions que des gens vivant dans des contrées très éloignées, comme la reine de Sabba, furent attirés vers Jérusalem.


Les invités du troisième jour :
Yaakov Avinou et Rabbi Chnéour Zalman

Les Ouchpizin du troisième jour sont particulièrement associés à l’étude de la Torah. La Torah décrit Yaakov comme “un homme simple, résidant dans les tentes” ce que nos Sages comprennent comme une référence aux “tentes de Chem et Ever”, les maisons d’étude de l’époque.

Le lien de Rabbi Chnéour Zalman à l’étude de la Torah est sous entendu dans son nom, Chnéour, qui peut se lire comme chné or (deux lumières), en allusion à la lumière du niglé (dimension révélée de la Torah) et du pnmiout haTorah (dimension cachée, mystique de la Torah). Ces deux modes d’illumination spirituelle jaillissent des deux œuvres classiques du Rabbi Chnéour Zalman : le Choul’han Harou’h et le Tanya.
Chacun a sa part dans la Torah et ce lien doit s’exprimer dans notre conduite quotidienne. C’est pourquoi nos Sages nous enseignent: “l’exemple d’Hillel oblige le pauvre et (l’exemple de) Rabbi Elazar ben ‘Harsom oblige le riche (à étudier la Torah)”. Bien qu’Hillel fût un homme pauvre qui travaillait dur pour sa subsistance, il étudiait la Torah avec diligence, alors que Rabbi Elazar ben ‘Harsom, qui était extrêmement riche, ne laissa pas ses préoccupations professionnelles le divertir de son étude de la Torah. Quel que soit son statut financier, chacun a à la fois le potentiel et la responsabilité de se dévouer à l’étude de la Torah.

Les invités du quatrième jour :
Moché Rabbénou et l’Admour Haémtsaï

Les Ouchpizin du quatrième jour sont également associés à l’étude de la Torah.
Moché “reçut la Torah du Sinaï et la transmit” à tout le Peuple Juif. En fait, la Torah est associée à son nom au point que les prophètes s’y réfèrent comme à “ la Torah de Moché, Mon serviteur ”.
La relation entre Moché et la Torah était de deux ordres: tout d’abord, il servait comme intermédiaire qui communiquait la Torah au Peuple Juif; de plus, il interprétait la Torah, développant l’approche d’argumentation abstraite dans la loi de la Torah, pilpoula deorayta. Il est significatif qu’il chercha également à transmettre cette dimension de la Torah.
Tout comme Moché Rabbénou, l’Admour Haémtsaï servit à la fois de transmetteur et d’interprète car il était réputé pour ses explications détaillées des concepts philosophiques de la ‘Hassidout.
Rabbi Chnéour Zalman jeta les fondements de la compréhension de la pensée ‘hassidique, il révéla ses idées comme des points essentiels, des idées à l’état pur. L’Admour Haémtsaï les développa, les illustrant d’exemples et d’analogies et développant un cadre conceptuel qui leur permit d’être saisies intellectuellement.
Bien que les Ouchpizin du troisième jour soient également liés à l’étude de la Torah, ceux du quatrième jour montrent comment développer l’étude de la Torah. Leur service divin démontre que chacun a un lien non seulement avec les fondements de l’étude de la Torah mais aussi avec une compréhension dans sa profondeur et son étendue. Et en ce qui concerne ces dimensions également, ni la pauvreté ni la richesse ne peuvent exempter de s’adonner à cette tâche.

Les invités du cinquième jour :
Aharon HaCohen et le Tséma’h Tsédek

Ils nous enseignent une leçon d’amour et d’harmonie entre les hommes. Aharon est le prototype de cette approche parce que “il aimait la paix, cherchait la paix, aimait les créatures et les rapprochait de la Torah”.
L’utilisation du terme “créatures” au lieu de “hommes” implique qu’Aharon allait vers les individus dont la seule vertu était qu’ils fussent des créatures de D.ieu. Son souci pour son prochain était d’autant plus impressionnant qu’il occupait la position prestigieuse de Grand Prêtre. Quittant le Sanctuaire où la Présence Divine lui était ouvertement révélée, il allait vers le peuple qui n’avait d’autre qualité que d’être une créature de D.ieu.

Le Tséma’h Tsédèk représente le développement de l’harmonie parmi les érudits et les chefs de la communauté juive. Sous sa direction fut instaurée l’unité entre les ‘hassidim et les autres membres de la communauté juive. Il rencontra les chefs des différentes communautés et développa un front uni qui soulignait le rôle précis de chacun.

Les invités du sixième jour :
Yossef Hatsadik et le Rabbi Maharach

Les qualités partagées par les invités de ce jour s’expriment dans les mots bien connus du Rabbi Maharach: “le’hat’hila ariber ”: les gens disent: “si tu ne peux pas aller sous l’obstacle, alors essaie d’aller par-dessus, et moi je dis: a priori saute par-dessus!” Les difficultés apparentes attendent qu’on les affronte en toute confiance et qu’on les surmonte.
Ce n’est pas un concept théorique mais une vérité qu’on peut appliquer pratiquement comme en témoigne la vie de Yossef, esclave emprisonné qui devint le vice-roi de l’Egypte.
Chacun peut aller puiser des leçons dans la vie de Yossef. Bien que nous soyons en exil, personne ne doit se sentir emprisonné ou handicapé. Nous avons le potentiel de parvenir aux plus hauts niveaux d’accomplissement dans le domaine spirituel et ce succès spirituel peut même se refléter par un avancement dans nos préoccupations matérielles.

Les invités du septième jour:
le roi David et le Rabbi Rachab

L’attribut que partagent les Ouchpizin du septième jour est la royauté dont l’expression ultime sera révélée à l’ère de la Rédemption.
Le roi David est tout particulièrement identifié à la royauté parce que “ une fois oint, il acquit la couronne de la royauté qui (à partir de là) lui appartient, à lui et à ses descendants à tout jamais ”.
De la même façon, le roi David est identifié au monarque ultime, le Machi’ah qui sera l’un de ses descendants. Bien plus, comme le souligne le Rambam, les prophéties de la Torah qui évoquent la venue de Machi’ah parlent de deux rois oints, David et le Machia’h.
Le Rabbi Rachab partage aussi un lien avec Machia’h comme cela est souligné par sa conception des étudiants de la Yechivat Tom’hé Tmimim, la Yéchivah qu’il établit à Loubavitch en 1897: “les soldats de la maison de David” dont le but primordial est de précipiter la venue de Machia’h.

Chemini Atséret:
le roi Chlomo et le Rabbi Rayats

Ces guides associés à Chemini Atséret suivent les Ouchpizin du jour précédent car ils continuent et prolongent les contributions apportées par leurs pères respectifs, le roi David et le Rabbi Rachab.
Bien que le roi David ait établi la monarchie héréditaire, son propre règne fut déchiré par des dissensions et des guerres; selon les mots du prophète: “Tu as répandu du sang”. Toutefois en ce qui concerne le règne de son fils et successeur, le roi Chlomo, D.ieu promit: “J’accorderai la paix et la tranquillité à Israël durant sa vie”. Et de fait, tout au long de son règne, “Israël vécut en sécurité, chaque homme sous sa vigne et sous son figuier”.
Dans cette atmosphère de paix, le Roi Chlomo construisit le Beth Hamikdach, une demeure permanente pour D.ieu dans notre monde matériel. Cela permit le raffinement du monde entier puisque la lumière produite par le Beth Hamikdach motiva le monde entier à rechercher la sainteté.
De la même façon, le Rabbi précédent renforça les accomplissements de son père, disséminant les enseignements de la ‘Hassidout de par le monde, le préparant ainsi à la venue de la Rédemption. Aucun lieu quelque éloigné qu’il fût, aucun individu ne furent oubliés par le Rabbi Rayats qui s’unit à eux par les enseignements qui préparent la venue de Machia’h.
Voilà l’héritage laissé à notre génération et le but vers lequel doivent converger tous nos efforts : faire de la Rédemption une réalité tangible. Il ne s’agit pas de l’envisager dans un lointain futur mais que cette promesse se réalise très prochainement et que nous puissions nous unir dans une célébration avec tous les Ouchpizin, en Erets Israël, à Jérusalem, dans le Beth Hamikdach.

Le Coin de la Halacha

Que fait-on à Souccot ?

«Dans des Souccot, vous habiterez durant sept jours... afin que vos générations sachent que c'est dans des Souccot que J'ai fait habiter les enfants d'Israël lorsque Je les ai fait sortir du pays d'Egypte».
Chaque Juif prend ses repas dans une Souccah, une cabane recouverte de branchages, depuis vendredi soir 6 octobre 2006 jusqu'à Chémini Atséret inclus, c'est-à-dire samedi après-midi 14 octobre. On essaiera d'habituer les petits garçons à prendre aussi leurs repas dans la Souccah. Les femmes ne sont pas astreintes à ce commandement. Il est recommandé d'avoir des invités dans la Souccah.
Avant d'y manger du pain ou du gâteau, ou d'y boire du vin, on dira la bénédiction adéquate suivie de celle-ci : «Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Léchève BasSouccah». «Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de résider dans la Souccah».
Vendredi soir 6 octobre, après avoir mis quelques pièces à la Tsedaka (charité), à Paris avant 19h 01, les femmes mariées allument au moins deux bougies (les jeunes filles et les petites filles allument une bougie) avec les bénédictions suivantes :
1) Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Lehadlik Ner Chèl Chabbat Vechel Yom Tov. «Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné d’allumer les lumières du Chabbat et de la fête».
2) Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Chéhé'héyanou Vékiyemanou Vehigianou Lizmane Hazé. «Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a fait vivre et exister et parvenir à cette époque».
Samedi soir 7 octobre (à Paris après 20h 05) elles allument les bougies avec les bénédictions : à partir d’une bougie de 48 heures allumée avant la fête.
1) Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Lehadlik Ner Chèl Yom Tov. «Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné d’allumer les lumières de la fête».
2) Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Chéhé'héyanou Vékiyemanou Vehigianou Lizmane Hazé. «Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a fait vivre et exister et parvenir à cette époque».
A partir de dimanche matin 8 octobre et jusqu'au vendredi 13 octobre inclus, on récite chaque jour la bénédiction sur les «quatre espèces» (cédrat, branche de palmier, feuilles de myrte et feuilles de saule) :
1) Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Al Netilat Loulav. «Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné de prendre le Loulav».
La première fois, on ajoute : 2) Barou'h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè'h Haolam Chéhé'héyanou Vékiyemanou Vehigianou Lizmane Hazé. «Béni sois-Tu Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a fait vivre et exister et parvenir à cette époque».
Tous les soirs de Souccot, on organise, si possible dans la rue, une fête joyeuse, Sim'hat Beth Hachoéva.

F. L.

De Recit de la Semaine

Souccot en Alaska

Souccot est généralement une fête aisée à respecter de nos jours. On trouve des Souccot en kit et des Souccot – parapluies qui se montent en un clin d’œil, là où vous le désirez ; grâce aux techniques modernes, le touriste ou l’homme d’affaires juif peuvent manger et boire à Souccot à peu près partout dans le monde.
À condition que la météo le permette…
Nous habitons dans un endroit où vous ne pourrez pas monter une Souccah en kit et encore moins une Souccah portable : c’est notre Alaska ensoleillé (oui, il y a du soleil en Alaska !). Parce qu’en octobre, même si le soleil brille, la température tombe bien en dessous de zéro. Le blizzard souffle comme s’il était chez lui, ce qui est le cas. Et à moins que vous n’appréciez de déambuler dans un énorme congélateur, vous ne passerez pas beaucoup de temps à l’extérieur. Oui, Souccot en Alaska est une expérience très spéciale.
Seul le Rabbi de Loubavitch pouvait envisager d’envoyer un Rav (mon mari !), né à Bnei Brak en Israël, à Anchorage depuis 1991.
Chaque année, après les deux premiers jours de fête, mon mari tombe malade parce qu’il fait si froid. Dès que l’été se termine, c’est l’hiver. Ce n’est que lorsque Souccot tombe en septembre que c’est encore une fête facile. Mais en octobre, il neige déjà. Et parfois il ne neige même pas, tellement il fait froid.
Ce n’est pas que la température ; il y a aussi des problèmes techniques : il faut construire une Souccah aussi solide qu’une maison afin qu’elle résiste à des tempêtes de neige et des blizzards tellement forts qu’ils vous abattent une Souccah ordinaire d’un seul souffle.
D.ieu merci, nous avons parmi nous Ythro ben Avraham. Né en Alaska il y a quarante ans, ce «Guer Tsédek», converti sincère – qui s’est récemment installé à Monsey – est un maître du bricolage. C’est lui qui nous a construit une Souccah en bois qui résiste au rude climat de notre pays voisin de la Sibérie.
D’accord pour des murs solides. Mais – vous l’avez deviné – le problème essentiel est le «Skha’h», le toit de feuillages. Les premières années, nous étions très surpris par les piles de neige qui le recouvraient. Il a donc fallu recourir à des ruses. Parfois nous demandons à nos sympathiques voisins non-juifs – toujours prêts à nous aider, avec le sourire en plus – de dégager ces mètres cubes de neige. Parfois nous pensons à le recouvrir d’une bâche en plastique la veille mais celle-ci - quand elle est recouverte de neige - est bien trop lourde : nous sommes donc obligés encore une fois de recourir à l’aide de nos voisins non-juifs.
La porte est aussi une œuvre d’art qui doit résister au vent ; elle est équipée d’un impressionnant verrou qui la maintient fermée même quand le vent souffle très fort. La dernière personne qui sort de la Souccah ferme la porte hermétiquement pour empêcher la neige et le vent de s’y engouffrer. Mais notre bricoleur de service n’avait pas pensé à un mécanisme qui permettrait de l’ouvrir de l’intérieur. C’est ainsi qu’une fois, quarante personne se sont retrouvées coincées à l’intérieur car le verrou s’était fermé tout seul : quelqu’un se dévoua alors pour grimper jusqu’au Skha’h, se glisser en bas et ouvrir le cadenas ; il s’est acquis le mérite de «Pidyione Chevouyim», délivrer les prisonniers…
Bon, vous avez une Souccah solide : mais comment y manger quand le froid gèle votre ‘Halla en quelques minutes ? Très simple : vous mettez vos vêtements de ski. Les fondateurs de la communauté juive sont d’ailleurs des fourreurs et nombre de nos fidèles sont leurs bons clients. Chaque année, nous essayons un autre type de chauffage. Mais aussi sophistiqué soit-il, le chauffage n’aide que les trois personnes qui sont assises juste à côté. Et même si notre Souccah n’a aucune fenêtre, le froid reste insoutenable. Nous gardons toute la nourriture (vin, ‘Halla, poisson, salade, soupe etc…) à l’intérieur jusqu’au moment de son utilisation : alors, on apporte chaque assiette à toute vitesse et on mange précipitamment, sans attendre que tous les convives soient servis comme l’exige la politesse. Bien sûr, certains citent la Hala’ha comme quoi on n’est pas obligé de manger dans la Souccah si cela cause de la peine mais les ‘Hassidim ont l’habitude de dire : un ‘Hassid a de la peine s’il ne mange pas dans la Souccah !
Nous avons choisi d’ériger notre Souccah non pas dans la cour, derrière la maison mais dans le jardin, devant la maison, de sorte que tous peuvent la voir afin de montrer notre fierté d’être juifs. Un jour, nous avons invité le sénateur de notre état à assister à notre fête de ‘Hanouccah. J’ai téléphoné à son bureau, à Washington et j’ai expliqué ma demande à sa secrétaire en me présentant : elle m’a interrompue et m’a demandé : «Vous êtes les gens avec la cabane dans leur jardin, n’est-ce pas ?». De fait, elle habitait en Alaska, à quelques mètres de chez nous. Bien sûr, grâce à elle - et à notre Souccah - le sénateur a accepté avec joie notre invitation pour ‘Hanouccah… !
La première nuit de Souccot, de nombreux membres de la communauté viennent assister au Kiddouch dans notre Souccah. Les gens ressentent la chaleur de la Mitsva même s’ils restent emmitouflés dans leurs manteaux. Mon mari leur dit : «Moi je reste dans la Souccah pour tout le repas. Vous n’avez besoin de rester que pour le Kiddouch et le Motsi (le vin et le pain). Mais quiconque veut rester est le bienvenu !». La moitié des gens restent sur place. C’est alors que commence la compétition traditionnelle : qui parviendra à rester dans la Souccah aussi longtemps que le rabbin ?
Brr, brr…
Mais nous sommes des Juifs bien plus chaleureux grâce à cela !

Esty Greenberg
The Jewish Press
Traduite par Feiga Lubecki