Semaine 44

  • Vayéra
Editorial
Au seuil d’un nouveau cycle

A la veille de Souccot, nous avons terminé le 22ème cycle annuel de l’étude de Maïmonide.
Souvenons-nous : il y a 22 ans, le Rabbi de Loubavitch appelait chacun à prendre part à cette étude. Il soulignait que l’ouvrage étudié, le Michné Torah, a pour caractéristique unique de rassembler la totalité des commandements de D.ieu, d’en exposer chaque aspect. Ainsi, celui qui se livrerait à cette étude acquérrait une vue d’ensemble de notre patrimoine, de l’expression de la Volonté divine. Cette étude pouvait sembler exigeante, ambitieuse : le Michné Torah n’est pas un texte abordable par tous, pouvait-on sembler. Le Rabbi proposa donc différents rythmes d’étude : trois chapitres du Michné Torah par jour, dans ce cas l’ouvrage est terminé chaque année, un chapitre par jour, ce qui permet de terminer le texte en trois ans, ou le Séfer Hamitsvot, la nomenclature des commandements établie par Maïmonide, ce qui, par nature, est un texte ou aucune connaissance préalable n’est véritablement nécessaire.
Tous ceux qui, depuis lors, ont participé à cette étude menée dans tous les pays du monde ont ressenti une profonde impression de satisfaction intellectuelle et spirituelle. Ils ont aussi ressenti à quel point l’unité du peuple juif se manifeste avec force dans ce cadre : tous étudient en même temps, un texte qui forme l’épine dorsale de notre histoire et de notre vie aujourd’hui.
Les années sont passées et, partout, par milliers, les Juifs ont entrepris cette étude. En France, afin de la rendre accessible au plus grand nombre, des efforts particuliers ont été faits. Le Michné Torah peut être trouvé en traduction française, pour l’étude au rythme d’un chapitre par jour, en fascicules édités par le Beth Loubavitch ainsi que sur son site internet. Quant au Séfer Hamitsvot, on le trouve également dans “la Sidra de la Semaine” ainsi que dans l’hebdomadaire “Actualité Juive”.
Pourquoi le rappeler ici ? C’est que le nouveau cycle d’étude, le 23ème , vient de commencer et que chacun peut s’y joindre. C’est qu’il s’agit là d’une occasion nouvelle de vivre l’unité de la connaissance et que tout cela constitue une clé : celle du temps où, comme Maïmonide conclut son œuvre, “le monde sera plein de la connaissance de D.ieu comme l’eau recouvre le fond des mers”, le temps de Machia’h.
Etincelles de Machiah
Le "regret" de D.ieu

Nos Sages enseignent dans le Talmud (traité Souccah 52b) que D.ieu regrette d'avoir créé quatre choses. L'une d'entre elles est l'exil du peuple juif.
Cela renvoie à une notion essentielle : il faut se souvenir constamment de l'existence de ce "regret" de D.ieu. Cela signifie que l'exil n'est pas la situation authentique que D.ieu désire pour le peuple juif. C'est cette idée que les Sages veulent nous faire connaître car :
1) il importe que l'on n'en vienne pas à être heureux de la situation présente mais que l'on se souvienne, au contraire, qu'il s'agit là d'une conséquence des fautes commises,
2) il convient que nous ne nous laissions pas impressionner par l'obscurité de l'exil et que nous n'en ressentions aucun désespoir car il est, par nature, appelé à disparaître.

(d'après Likouteï Si'hot, vol. XXIV, p. 175) H.N.
Vivre avec la Paracha
Le sacrifice d’Its’hak

Il y a trois mille sept cents ans, l'un des sommets des collines de Jérusalem fut le témoin d'un des moments des plus intenses de l'histoire humaine. Là, Avraham cons-truisit un autel, ligota son fils Its'hak et se prépara à l'offrir en sacrifice à D.ieu. Trois jours plus tôt, D.ieu s'était adressé à Avraham et lui avait ordonné: "Prends ton fils, ton fils unique que tu aimes, va vers la terre de Moriah; et élève-le en offrande sur le sommet de la montagne que Je te désignerai".

D.ieu éprouvait Avraham, établissant la profondeur de l'engagement sur lequel la nation juive allait être créée. A peine Avraham eut-il arrangé le feu de bois sur l'autel, pris le couteau et tendu la main pour égorger son fils qu'un ange l'appela: "...Ne touche pas le garçon, ne lui fais rien; car maintenant Je sais que tu crains D.ieu et que tu ne M'as pas soustrait ton fils unique. Aussi vais-Je te bénir et multiplier ta descendance comme les étoiles dans le ciel et le sable sur le bord de la mer..."
Maimonide explique que la Akédah (le "sacrifice" d'Its'hak) servit à établir deux axiomes fondamentaux dans la foi juive: l'étendue de la capacité de l'homme pour aimer, craindre et servir D.ieu et le principe de la "prophétie", le fait que D.ieu communique Sa volonté à l'homme.
En liant Its'hak sur l'autel, Avraham démontra que l'homme est capable d'un amour et d'une crainte de D.ieu qui surpassent tous ses autres sentiments ou engagements. Car quel amour est-il plus grand que celui d'un parent pour son enfant ? Quelle crainte est-elle plus immense que la crainte d'un parent pour son enfant? Avec la Akédah, Avraham plaça son engagement à D.ieu au-dessus des vérités de la nature humaine les plus essentielles, l'établissant comme la préoccupation la plus importante de la vie de l'homme.

Au-dessus du doute
le plus déraisonnable
La seconde vérité établie par la Akédah est le principe de la prophétie. Il existe de nombreux niveaux et degrés de communion humaine avec le Divin, depuis la contemplation du scientifique devant la création de D.ieu au Sage de la Torah dont l'interprétation et l'explication de la Torah sont modelées et guidées par inspiration divine (Roua'h Hakodech). Toutefois, la prophétie constitue l'ultime communication divine, une révélation qui transcende totalement l'ambiguïté et la subjectivité de son récepteur humain, de telle sorte que sa vérité est absolue, incontestable et immuable. Un principe fondamental de la foi juive veut que D.ieu communique ainsi avec l'homme.
Quand Avraham reçut l'injonction d'offrir Ist'hak en sacrifice à D.ieu, cet ordre était contraire à tout ce que Avraham était, à quoi il aspirait, contraire à tout ce qu'il savait et croyait de D.ieu, et contraire à ce que D.ieu Lui-même lui avait affirmé. Avraham représentait le prototype de la bonté. Il connaissait et était lié à D.ieu comme avec "Le Bienveillant et Miséricordieux, lent à se mettre en colère et immense dans Sa Bonté".
L'interdiction de prendre une vie humaine fait partie des sept lois fondatrices de la civilisation, communiquées par D.ieu à Adam et à Noa'h et qu'Avraham, pendant de nombreuses décades, avait instillées en déployant toutes ses forces, dans un monde où le meurtre était la marque d'une adoration religieuse. Et D.ieu avait promis à Avraham que Its'hak (qui n'était pas marié et sans enfant à l'époque de la Akédah) serait le père d'une grande nation qui continuerait le travail d'Avraham pour propager la vérité du D.ieu unique au monde.
Ainsi, quand Avraham entendit les mots "Prends ton fils... et offre-le en sacrifice", il avait de nombreuses raisons de douter de leur divinité, de supposer que ce n'était pas D.ieu mais des voix malveillantes qui s'étaient adressées à lui. Et si sa certitude qu'elles émanaient de D.ieu avaient été ébranlée d'un iota, il n'aurait en aucune façon pu leur obéir. Aussi, conclut Maimonide, la Akédah constitue-t-elle l'exemple parfait du principe de la prophétie selon lequel D.ieu communique Sa volonté à l'homme d'une manière qui ne laisse aucun doute quant à son origine, sa signification ou son mode de transmission.
La Akédah constituait donc un double ancrage dans l'histoire de la relation entre l'homme et D.ieu. Elle établit un nouveau degré dans la priorité de l'amour et de la crainte de D.ieu que peut atteindre l'homme dans sa vie et elle éleva à des hauteurs inaccessibles jusqu'alors la qualité absolue de la communication de D.ieu et de Sa révélation à l'homme.

L'autel et l'arche
Pendant de nombreux siècles, l'événement prit toute la place et le sol du Mont Moriah. Et puis, en l'an 2928 de la Création, le roi Salomon donna une substance et une forme matérielles à la Akédah, en érigeant le Beth Hamikdach (le Saint Temple) à l'endroit même où Avraham avait construit son autel et lier son fils pour le sacrifier à D.ieu. Le Temple de Salomon représente les deux principes implicites dans le sacrifice d'Its'hak: l'engagement suprême de l'homme à D.ieu et la Révélation absolue de D.ieu à l'homme.
Le Beth Hamikdach représentait le centre de l'univers dans tout ce qui concernait le service de l'homme pour D.ieu. C'était notamment là que se trouvait l'autel sur lequel on apportait les sacrifices quotidiens ou saisonniers auxquels participait chacun. Le Beth Hamikdach était aussi le centre de l'univers dans tout ce qui concernait la révélation de la Divinité dans notre monde. C'était "la résidence" de D.ieu, le lieu qu'Il avait choisi pour s'y révéler, souligné par la présence de l'Arche Sainte.

L'objet et l'acteur
Dans sa discussion à propos des lois régissant la construction du Beth Hamikdach, Maimonide répète à deux reprises le fait que le Beth Hamikdach se tenait sur le lieu exact de la Akédah.
Dans son Michné Torah (Lois du Saint Temple: 2 ;1) il écrit: "Le lieu de l'autel est très exactement précisé et ne doit jamais être changé... Its'hak fut lié sur (le site) du Saint Temple ". La loi qui suit statue : "L'on tient par tradition que le lieu où David et Chlomo construisirent l'autel (du Saint Temple) est l'endroit même où Avraham construisit (son autel) et y lia Its'hak...".
La codification des lois de la Torah par Maïmonide est connue pour son langage concis et exact, ce qui pose la question de savoir pourquoi il se répète et ce, dans deux lois consécutives. Mais un examen plus attentif met en lumière des différences entre les deux citations. Dans la première loi, la Akédah est décrite dans des termes qui soulignent le fait que "Its'hak était lié" ; dans la seconde loi, l'accent est placé sur l'acte d'Avraham: la particularité que "c'est le lieu exact où Avraham construisit (son) autel et y lia Its'hak". Une autre différence montre qu'en dépit du fait que la première loi commence en évoquant l'emplacement de l'autel, elle se conclut par la déclaration générale que "Its'hak fut lié dans le Saint Temple"; seule la seconde loi précise spécifiquement que la Akédah eut lieu là où se situait l'autel.
Ces différences reflètent les deux éléments distincts dans la Akédah et le Beth Hamikdach : leurs rôles comme véhicules de la Révélation Divine et comme monuments de l'engagement de l'homme pour D.ieu. La première loi est reliée à l'élément de la "Révélation Divine" qui est un produit de l'événement de la Akédah, le fait que Its'hak y fut lié comme offrande pour D.ieu; la seconde loi fait allusion à l'amour et la crainte de D.ieu extraordinaires, implicites dans l'acte d'Avraham. C'est pourquoi la Révélation Divine découle essentiellement de l'objet de la Akédah (Its'hak), alors que le service de D.ieu qu'elle illustre vient de l'acteur de la Akédah (Avraham).
De la même façon, la première loi n'est pas reliée à l'autel en tant que tel, centre du "service divin" dans le Temple mais à l'autel comme composante de l' "autre" Beth Hamikdach: le Temple comme révélateur du Divin, centré sur l'Arche et le Saint des Saints. Dans la seconde loi, il est significatif qu'Avraham lia son fils sur le site du futur autel destiné à personnifier l'engagement humain dans la relation entre l'homme et D.ieu.
Le Coin de la Halacha
Comment se prépare-t-on à la Bar Mitsva?

Lorsqu'un garçon arrive à l'âge de 13 ans, il devient soumis à toutes les obligations de la Torah comme un homme. A partir de cet âge-là, il est compté pour faire partie d'un Minyane (le compte de 10 hommes nécessaire pour la prière en commun), il peut être "l'envoyé de la communauté", l'officiant, pour diriger la prière et ainsi rendre quitte les adultes de certaines prières.
Auparavant, il aura étudié l'éthique et les valeurs juives et tous les commandements relatifs à la vie quotidienne dans leurs détails.
En général deux mois avant la Bar Mitsva, il apprend à mettre et il met effectivement les Téfilines du bras et de la tête. On aura eu soin de les acheter auprès d'un scribe qualifié et reconnu par le rabbinat.
Le père a l'obligation d'inviter la famille et les amis à un repas de fête quand son fils atteint l'âge de 13 ans pour remercier D.ieu de lui avoir fait vivre cette époque. Il est d'usage que le jeune homme prononce à cette occasion un discours avec remerciements, paroles de Torah et engagement public à continuer dans le droit chemin.
Le jeune homme est appelé à la Torah le Chabbat précédent, ou plutôt suivant l'anniversaire. Le Rabbi de Loubavitch demandait que l'on n'investisse pas trop de temps dans l'apprentissage de la lecture avec cantilation de la Torah et de la Haftara et que le Bar Mitsva se concentre sur l'étude plus approfondie. Ceci est d'autant plus vrai pour des garçons qui n'ont pas bénéficié de beaucoup d'éducation juive: il est alors vital de leur enseigner plutôt à comprendre et à apprécier l'étude de la Torah afin qu'ils puissent s'y identifier totalement et non à la réduire à du par-cœur auquel ils ne comprennent pas grand-chose.
Le but de la fête est surtout d'encourager le jeune homme dans le chemin de la Torah qu'il suivra avec joie et enthousiasme. Il est donc important, lors de cette fête, de respecter les lois de la cacheroute, du bon goût et de la décence et d'inviter des personnalités qui influenceront favorablement le comportement du jeune Bar Mitsva.

F. L. (d'après Rav Yossef Guinzbourg)
De Recit de la Semaine
A qui pensait Its'hak, notre Père?

A Vitebsk habitait un Juif du nom de 'Haïm Moché, fils de Rabbi Zalman qui était le frère de la Rabbanit Rivkah, l'épouse de mon grand-père, le Rabbi Maharach (Rabbi Chmouel de Loubavitch).
Il avait une famille nombreuse et gagnait péniblement sa vie en faisant du commerce de lin et des produits de la forêt. Pour cela, il se rendait souvent à la banque et en connaissait tous les employés.
C'était un homme simple; il n'avait que des connaissances limitées dans la Torah et ne savait pas grand chose du monde qui l’entourait. Cependant, il était un grand "Baal Tsédaka", bien qu'il fût très pauvre, que sa femme fût souvent malade et que ses dettes fussent plus nombreuses que les cheveux de sa tête. Il ne pouvait pas donner lui-même beaucoup d'argent mais il faisait donner, allant de maison en maison pour ramasser de l'argent pour des Juifs plus pauvres que lui.
Son logis n'était qu'une ruine dans un des faubourgs éloignés de la ville, près du fleuve Dvina. C'était un proche de notre famille et j'ai eu plusieurs fois l'occasion de me rendre chez lui: la pauvreté y était grande.
Ainsi s'écoula la vie de 'Haïm Moché durant douze ans. Il travaillait beaucoup pour nourrir sa famille et passait beaucoup de temps pour trouver de l'argent pour les pauvres. Au bout de quelques années, sa situation s'améliora, il devint employé de deux banques; il était en contact avec des hommes d'affaires qui travaillaient pour les grands commerçants Guinzbourg et Solovaï.
Un soir... 'Haïm Moché rentra avec un de ses amis, un bon Juif du nom de Mendel Yossef. Celui-ci raconta qu'un de ses voisins - lui-même habitait au bout de la ville - était un forgeron juif, un homme simple et craignant D.ieu. Il venait tous les matins tôt à la synagogue pour réciter les Psaumes; entre les prières de Min'ha et Maariv, le soir, il écoutait un cours de "Ein Yaakov". Comprenait-il ce qui s'y disait ou non? Cela, Mendel Yossef ne le savait pas, mais il était là et écoutait. Il gagnait bien sa vie mais il avait une famille nombreuse et avait à peine de quoi vivre.
Un jour arriva un événement terrible: sa fille, une gentille fille juive de dix-huit ans, simple et pieuse, plaisanta avec les non-Juifs qui entraient dans la forge et prétendit qu'elle voulait se convertir. Certains la prirent au sérieux et se dépêchèrent d'avertir le prêtre de la ville de Sloboda, une ville chrétienne près de Vitebsk: ils lui expliquèrent qu'une jeune fille polonaise souhaitait se convertir mais qu'il était évident que ses parents ne seraient pas d'accord. Comme elle était majeure, il fallait donc la sortir de là avec la police.
Et c'est ce qui se passa: soudain la police arriva dans la maison du forgeron et saisit la jeune fille. Pendant quelques jours, nul ne sut où elle se trouvait, jusqu'à ce que finalement on apprit qu'elle avait été placée sous l'autorité du prêtre de Sloboda, qu'elle n'arrêtait pas de pleurer et de supplier qu'on la sauve de là.
"Voici la situation, dirent-ils: nous avons besoin de cinq cents roubles pour la faire sortir de là. Son père, le forgeron, a vendu tout ce qu'il pouvait et a réuni 215 roubles. Toute la journée, je me suis démené et j'ai réussi à ramasser encore 235 roubles. Il nous manque encore cinquante roubles et nous devons remettre la somme ce soir même à des proches du prêtre, à la police et à l'intermédiaire dans cette négociation pour faire sortir la jeune fille de chez le prêtre. Après cela, nous l'amènerons dans la maison d'un de ses proches qui habite dans la ville d'Orcha où elle pourra rester un certain temps pour que les non-Juifs de la ville oublient toute cette affaire.
"Nous venons donc demander un don important, cinquante roubles qui nous manquent; vous pouvez les prêter jusqu'à ce que nous réussissions à vous le rembourser".
L'histoire nous laissa bouleversés. Nous réussîmes à collecter trente roubles et 'Haïm Moché établit un chèque au nom de sa banque pour les vingt roubles qui restaient. C'est ainsi qu'on put sauver cette jeune fille juive.
Peu de temps plus tard, arriva chez mon père un commerçant juif de Smolensk qui lui demanda conseil à propos d'une forêt qu'il possédait et que la banque Tolé-Pasemelné proposait de lui racheter. Mon père, Rabbi Chalom Dov Ber lui dit de traiter plutôt avec la maison mère de la banque, située à Pétersbourg, par l'intermédiaire de Reb 'Haïm Moché. Le commerçant accepta. Reb 'Haïm Moché remplit sa mission avec succès et, pour la première fois de sa vie, gagna en une seule fois deux mille cinq cents roubles!
Durant son séjour à Pétersbourg, Reb 'Haïm Moché fit une forte impression sur son interlocuteur, le patron de la banque; celui-ci lui proposa d'en devenir l'administrateur principal. Il lui trouverait par ailleurs un logement confortable à Pétersbourg. Reb Haïm Moché accepta et signa le contrat qui l'engageait pour dix ans.
Avec sa famille, il s'installa dans une maison somptueuse; il reçut 5.000 roubles de sa banque pour acheter des meubles et tout ce dont il avait besoin. A partir de ce moment, il devint très riche et put donner la Tsédaka avec largesse.
'Haïm Moché, celui qui avait été si misérable, était devenu le vice-président de la banque!
Dans sa grande maison, située au 45 rue Zagarodna de Pétersbourg, se tenaient souvent des réunions philanthropiques. C'était toujours Reb 'Haïm Moché qui donnait le premier sa contribution tout en disant: "J'ai été pauvre, j'ai vu ma femme ne pouvoir se soigner correctement et mes enfants souffrir de froid et de faim. C'est pourquoi je compatis avec ceux qui souffrent de froid et de faim".
Chaque année, à la date anniversaire du jour où il avait signé le contrat qui le liait à la banque, Reb 'Haïm Moché rassemblait ses proches - auxquels il avait confié des postes de responsabilité dans ses différentes entreprises - et ses bons amis et leur faisait un discours sur le thème: "J'ai été pauvre"; il racontait alors tout ce qu'il avait enduré et il distribuait beaucoup d'argent publiquement et en cachette.
De cet ancien pauvre, on peut apprendre beaucoup de détails intéressants, aussi bien du temps de sa pauvreté que - et surtout - du temps de sa richesse. C'est à un bienfaiteur riche de cette trempe que notre Père, Its'hak, faisait allusion quand il disait: "Voici, je l'ai placé comme un seigneur sur ses frères..." (Genèse 27. 37)!

Rabbi Yossef Its'hak de Loubavitch
traduit par Feiga Lubecki