Samedi, 24 juin 2023

  • Kora’h
Editorial

 La route du 3 Tamouz

Une date donne à cette semaine un relief particulier : le 3 Tamouz, date du départ de ce monde de Rabbi Mena’hem Mendel Schneerson, le Rabbi de Loubavitch, en 1994. Cela fait à présent tant d’années que cette commémoration a lieu qu’on peut finir par s’interroger sur son sens. En existe-t-il un autre que celui de la fidélité et du souvenir ? En d’autres termes, si de telles dates sont utiles, peut-on y voir autre chose qu’un événement appartenant au passé ?

C’est précisément là tout l’enjeu. Lorsqu’un Juste, un Rabbi, quitte matériellement ce monde, il y laisse tout qu’il y a spirituellement accompli et, d’une certaine manière, sa présence y est encore plus réelle et manifeste car affranchie des limites corporelles. Plus encore, ce jour est celui où toute son œuvre parvient au plus haut des degrés et c’est à un tel niveau qu’elle est donnée pour que chacun y puise toutes les forces nécessaires. Pour cela, la date du 3 Tamouz revêt une importance majeure pour chacun. Nous amenant à des degrés d’une élévation que les mots sont incapables de décrire, elle est comme un passage vers des acquis spirituels autrement hors de portée, au sein même de ce monde matériel.

Il est habituel d’entendre dire que les grandes dates, qui portent à conséquence, du type de celle-ci, doivent être préparées pour être vécues pleinement. Et la préparation est, bien sûr, celle de l’étude de la Torah et de la pratique de ses commandements. Beaucoup, venus du monde entier, vont, en ce jour, se recueillir sur le tombeau du Rabbi. Ils échangent sans doute leurs expériences et leurs sentiments. Ils partagent aussi ces moments précieux, priant et étudiant ensemble. Et, par-dessus tout cela, il y a la présence du Rabbi qui montre la direction à suivre.

Car toute vie est un chemin et il nous appartient de poursuivre le nôtre. Nous en connaissons par avance l’aboutissement : l’avènement de ce temps attendu depuis toujours, la venue de Machia’h, la Délivrance. Une nouvelle époque, comme le début d’une nouvelle histoire, dont le Rabbi a souligné l’imminence tout en donnant les moyens de l’atteindre et la route qui y mène. En cette semaine du 3 Tamouz, il faut garder en tête que tout cela dépend de chacun. A nous d’agir, pour, enfin, atteindre une joie universelle et éternelle.

Etincelles de Machiah

 La voix et les mains

Le texte de la Torah (Genèse 27 : 22) enseigne : « La voix est celle de Yaacov et les mains sont celles d’Essav ». Sachant que Yaacov représente le Peuple juif et que Essav est l’ancêtre de l’empire romain, les Sages donnent à cette phrase un sens plus profond. Quand on entend la « voix de Yaacov », celle de la Torah, disent-ils, alors les « mains d’Essav », sa force matérielle, n’ont aucun pouvoir. Mais, quand la voix de la Torah s’affaiblit, les mains d’Essav peuvent l’emporter.

Cette idée se concrétisa à l’époque de la destruction du Temple. C’est ce que dit le prophète Jérémie : « Pourquoi la Terre a-t-elle été perdue ? Car ils ont abandonné Ma Torah ». En notre temps, par l’étude renforcée de la Torah, nous pouvons donc annuler la cause de l’exil et ainsi amener la Délivrance.

(D’après Likoutei Si’hot, vol. III – Parachat Toledot)

Vivre avec la Paracha

 Kora’h

Kora’h, briguant pour lui-même la Prêtrise et le poste de dirigeant, confiés par D.ieu respectivement à Aharon et à Moché, est l’instigateur d’une révolte. D.ieu donne la preuve visible aux yeux de tous de la justesse de Son choix en faveur de Moché et d’Aharon.

D.ieu ordonne qu’une « Teroumah » (prélèvement) de chaque récolte de blé, de vin et d’huile ainsi que chaque premier-né ovin ou bovin et d’autres présents spécifiques (24), soient remis aux Cohanim (les Prêtres).

Les fils de la compréhension

Dans cette Paracha, on observe un homme d’action, intelligent et riche, appartenant à la tribu de Lévi, jalouser la Grande Prêtrise. Son arrogance le pousse à défier l’autorité de Moché. Finalement, à cause de son entêtement, le Tout Puissant ouvrira miraculeusement la terre qui l’engloutira vivant, avec toute sa famille.

Pourquoi cette partie de la Torah porte-t-elle le nom d’une personne si impie ? Le Talmud nous enseigne de ne pas utiliser le nom d’une telle personne pour nommer quelque chose (Yoma 38b). Le Livre des Proverbes va jusqu’à affirmer : « Le nom d’une mauvaise personne pourrira ». (Proverbes 10 :7)

Il est vrai que la Paracha Balak est également nommée sur le nom d’un homme vil. Cependant, Balak n’était pas juif et un non Juif mauvais n’est pas aussi mauvais qu’un Juif mauvais. Pour illustrer ce point, citons un exemple : un rouleau de la Torah écrit par un idolâtre doit être simplement caché alors qu’un rouleau de la Torah écrit par un Juif hérétique doit être brûlé.

Dès lors, la question se renforce : comment une partie de la Torah de D.ieu peut-elle avoir le nom de quelqu’un qui rejette l’autorité de D.ieu ?

Des fils attachés

Le Midrach nous dit que Kora’h tenta de ridiculiser Moché. Il s’approcha de lui, accompagné de 250 hommes revêtus de Talitim, châles à quatre coins, entièrement teints en bleu. Il demanda, très sûr de lui, : « Moché, ce Talit entièrement bleu doit-il porter les quatre fils bleus attachés à ses coins ? » Kora’h ne s’attendait pas à la réponse de Moché : « Oui, bien sûr, il a besoin de Tsitsit ! » Il argumenta : « Oh ! mais dis-moi, si un habit à quatre coins, entièrement bleu, n’est pas cacher en lui-même, comment est-il possible que quatre fils le rendent cacher ? »

Puis Kora’h demanda : « Rabbi, une maison remplie de saints livres juifs requiert-elle une Mezouza ? Moché répondit : « Oui, bien sûr, elle requiert une Mezouza. » Kora’h argua : « Oh ! Comment est-ce possible ? Si un rouleau de la Torah, qui contient au moins 275 chapitres, ne peut rendre une maison cacher, comment une simple Mezouza qui n’a que deux paragraphes, peut-elle le faire ? »

Et finalement les intentions perverses de Kora’h éclatèrent au grand jour : « Regarde Moché, pourquoi toi et Aharon vous élevez-vous au-dessus de la congrégation ? Nous sommes tous saints, tu le sais. Nous avons tous entendu les Dix Commandements de D.ieu ! »

La Torah de Kora’h

Les trois lettres qui forment le nom de Kora’h permettent une nouvelle approche pour comprendre cet épisode problématique.

Ces trois lettres : le Kouf, le Rèch et le ‘Hèt sont graphiquement reliées à la lettre

Le Kouf lui est très semblable en dehors du fait qu’il a un « pied » gauche plus long. Au Rèch manque le « pied » gauche. Enfin le « pied » gauche du ‘Hèt est rattaché au « toit » de la lettre.

Le Hé

Le Talmud nous enseigne que D.ieu créa le monde avec la lettre . C’est la raison pour laquelle tout sur terre doit être en accord avec le dessin de cette lettre. Elle a trois lignes : un toit, un pied droit et un pied gauche. La ‘Hassidout enseigne que le toit du symbolise « la pensée », le pied droit est « la parole » et le pied gauche, « l’action ».

Servir D.ieu par la pensée fait allusion à l’étude de la Torah. Servir D.ieu par la parole suggère la prière et la transmission de la sagesse de la Torah. Servir D.ieu par l’action évoque l’accomplissement des Mitsvot et les actes de bonté et de générosité.

Le Kouf

Le pied gauche du Kouf s’étire plus bas que le pied gauche du . Cela montre un problème dans la relation de Kora’h avec les Mitsvot : elles s’étendent sous la ligne qui marque la base de la connaissance de la Torah.

Cela explique le premier argument de Kora’h concernant le vêtement bleu. Le Talit est un habit qui représente les Mitsvot, les actions prescrites par la Torah. Tout comme le Talit enveloppe l’extérieur du corps, la plupart des Mitsvot sont en dehors de notre compréhension, « entourant » notre conscience, pour ainsi dire. Nous accomplissons les Mitsvot tout simplement parce que nous acceptons de nous soumettre à la Volonté de D.ieu et non parce que nous les comprenons.

Les fils des Tsitsit sont « les fils de la compréhension ». Mettre des Tsitsit dans des trous aux coins du Talit symbolise le fait de mettre la connaissance de la Torah dans notre esprit. Quand nous intériorisons la connaissance de la Torah, nous faisons descendre la lumière « entourante » des Mitsvot dans notre conscience et dans nos actions.

Kora’h exprimait l’argument que si l’on accomplit les Mitsvot sans avoir besoin de les comprendre, quel intérêt revêt l’étude de la Torah ? La réponse de Moché expliqua : « Bien sûr, il est nécessaire d’étudier ! Sinon, les Mitsvot ne seront accomplies qu’en fonction de la volonté de chacun et de sa compréhension. » Les Mitsvot s’étireront alors en dessous du seuil de la base de la Torah, comme le pied gauche du Kouf.

Le Rèch

Le Rèch manque du pied gauche de « l’action ». Il ne possède que la « pensée » et « la parole ».

Cela apporte la lumière sur le second argument de Kora’h, concernant la Mezouza pour une maison remplie de livres saints. Mettre une Mezouza au linteau d’une porte est une autre Mitsva, une « action » concrète commandée par la Torah.

Kora’h prétendait par ignorance : « tu ne fais que mettre l’accent sur la priorité des Tsitsit, c’est-à-dire de « la pensée » ou de la compréhension de la Torah, sur le Talit, « l’action ». Si la compréhension est le principal, une personne entièrement immergée dans l’étude de la Torah ne devrait aucunement avoir à pratiquer les Mitsvot ! Moché répondit : « Bien sûr qu’une Mezouza est nécessaire. Même une personne qui étudie toute la journée, comparable à une maison remplie de livres saints, doit accomplir les Mitsvot. En fait, l’action est primordiale.

Le ‘Hèt

Le pied gauche du ‘Hèt touche le toit et ne laisse pas d’espace, contrairement au . Cet espace représente la distance entre « l’action » et « la pensée ». Il représente l’aspiration à accéder à une plus grande sagesse.

Une personne qui travaille, qui accomplit les Mitsvot concrètes de la Torah, est ancrée solidement dans le monde de l’action. Mais elle peut se ressentir à une certaine distance de l’étude de la Torah. Elle se doit d’entretenir une soif et un désir d’étude et se rapprocher humblement d’érudits en Torah.

Finalement, Kora’h lança sèchement : « Si, comme tu le dis, le principal est l’action, pourquoi agis-tu comme si tu étais supérieur à nous ? Nous sommes tous égaux ! Nous sommes tous saints ». Il n’avait aucune aspiration pour une connaissance en Torah supérieure, pas plus qu’il n’avait l’humilité nécessaire pour recevoir une compréhension plus étendue. En réalité, D.ieu demande un équilibre sain et une harmonie dans l’action physique et la contemplation spirituelle. Cela inclut de respecter les érudits en Torah.

Le mérite de Kora’h

Pourquoi la Paracha est-elle donc appelée Kora’h ? Il est évident que la Torah nous prévient de nous tenir éloignés des pensées confuses de Kora’h sur la Torah, de son insolence éhontée et de ses actes de rébellion. Pourtant, elle n’utiliserait pas son nom comme titre s’il n’y avait pas un enseignement positif à tirer. La réponse est que « nous devons apprendre de Kora’h ce désir insatiable de devenir un Grand Prêtre. Moché lui-même désirait le devenir. Selon Rachi, il dit : « Moi-même je voudrais être un Cohen Gadol ». C’est essentiellement le désir de se rapprocher de D.ieu et d’être continuellement immergé dans la lumière de Son Saint Temple.

Maïmonide explique qu’aujourd’hui celui qui dévoue sa vie à D.ieu, se donne par la parole et l’action au service du Créateur peut véritablement atteindre le niveau du Cohen Gadol.

Le Coin de la Halacha

 Il est interdit de faire appel à toutes sortes d’astrologues

Certaines personnes prétendent posséder le pouvoir de prédire l’avenir : astrologues, diseurs ou diseuses de bonne aventure, marabouts etc.

Premièrement, rien n’assure qu’ils puissent effectivement fournir des réponses sérieuses. La plupart du temps, ces gens utilisent des tactiques connues pour faire tomber des gens déboussolés dans leurs pièges, leur faire croire en leurs capacités surnaturelles et leur faire débourser des honoraires faramineux pour leurs « services ».

Deuxièmement : même s’il y avait du sérieux dans leurs prétentions, la Torah avertit de ne pas agir à l’image des peuplades anciennes qui observaient les ossements, les phénomènes naturels, les horoscopes et différentes méthodes impures de sorcellerie. En effet, nos Sages affirment que les Juifs ne sont pas soumis aux étoiles et constellations célestes, au destin et à la chance. Chacun peut changer le cours de son Mazal grâce à l’étude de la Torah, la prière et la bienfaisance. « Tu seras intègre avec l’Éternel ton D.ieu » (Devarim – Deutéronome 18 : 13). Le Ramban explique que nous devons nous attacher à D.ieu seul et ne pas nous intéresser à ceux qui prétendent connaître l’avenir en fonction des mouvements célestes puisque D.ieu peut, à tout instant, changer les lois de la nature.

Le Rabbi de Loubavitch insistait souvent sur le fait qu’il convient de se renforcer dans la confiance en D.ieu, d’ajouter dans la prière, l’étude de la Torah et la pratique des commandements ; aux personnes troublées par des interventions de sorciers en tous genres, il conseillait dans ses lettres de vérifier la cacherout des Téfilines et Mezouzot et permettre ainsi le flux de bénédictions.

(d’après Rav Yossef Yits’hak Wolosow – Si’hat Hachavoua N° 1900)

Le Recit de la Semaine

 C’est arrivé le 3 Tamouz

Quand nous nous sommes installés en 1992 à Salt Lake City (Utah, États-Unis), nous avons été stupéfaits devant l’ampleur de la tâche : construire une communauté à partir de rien ! Bien qu’il existait un temple « réformé-conservateur », il n’y avait ni école juive, ni magasin cachère, ni Mikvé (bain rituel), ni Mohel (pour procéder à la circoncision de bébés juifs).

Une femme israélienne sur place m’informa qu’elle attendait un bébé, qu’elle savait que ce serait un garçon et me demanda comment agir. Je n’avais jamais réfléchi à cela mais je réalisai que c’était une question à résoudre au plus vite. Je demandai à un Mohel de Los Angeles de s’engager à procéder à des Brit Milot chaque fois que nécessaire dans notre ville. Nous nous engageâmes de notre côté à lui rembourser ses frais de voyage. D.ieu merci, cet arrangement a très bien fonctionné : il a d’ailleurs dernièrement procédé à la Brit Mila de notre petit-fils à Salt Lake City.

Ma femme s’était liée d’amitié avec Lynda qui est mariée à un non-Juif. Leur premier fils avait été circoncis par un pédiatre mais, cette fois, Lynda attendait un second fils et, suite à ses longues conversations avec mon épouse Sharonne, elle nous demanda de l’aider à organiser une vraie Brit Mila et même à en profiter pour transformer la circoncision de son aîné en véritable Brit Mila. Lynda était populaire dans la communauté, elle participait à de nombreux comités et tous attendaient avec impatience cette occasion de se réunir pour deux si grandes Mitsvot.

Le bébé naquit en bonne santé et nous avons entamé les préparatifs. Mais le dimanche 3 Tamouz 1994, juste deux jours avant la petite cérémonie, nous avons appris la nouvelle tant redoutée du départ de ce monde du Rabbi de Loubavitch. Le choc était énorme et le temps sembla s’arrêter.

Je téléphonai au Mohel à Los Angeles.

- Il est dans le taxi pour l’aéroport, il se rend à New York pour les funérailles, répondit son épouse. Il m’a demandé de vous prévenir de ne pas compter sur lui !

- Mais il était supposé procéder à deux Brit Milot dans deux jours ! protestai-je, nous avions convenu de cela depuis quelques jours et même depuis quelques mois !

- Mais il veut assister à l’enterrement aujourd’hui. Je suis désolée pour vous. Trouvez quelqu’un d’autre !

J’ai immédiatement téléphoné à la compagnie Delta pour attraper moi aussi un vol pour New York. Le dernier avion de la soirée était déjà parti mais il y en avait un disponible pour le lendemain matin. Je profitai de ce délai pour trouver un autre Mohel. Depuis une cabine téléphonique de l’aéroport (il n’y avait pas encore de portable à l’époque), je parvins à contacter un autre Mohel, non Loubavitch, qui accepta de venir à Salt Lake City le lendemain. J’appelai ma femme pour qu’elle informe Lynda de ce petit changement de programme :

- Je suis justement en ligne avec Lynda. Attend une minute.

Mais Sharonne revint vers moi ou plutôt vers mon appel et, tristement, m’annonça que Lynda ne voulait pas entendre parler d’un changement. Si le Mohel initialement prévu et moi-même ne pouvions pas accorder à la Brit Mila de ses deux fils l’attention qu’elle méritait, elle annulerait tout !

Je n’avais pas le choix. Malgré la triste nouvelle que nous avions juste reçue, malgré le bouleversement ressenti dans tout le mouvement ‘Habad international, malgré le fait que je n’arrivai pas (comme d’ailleurs tous mes amis de Yechiva) à mettre de l’ordre dans ma tête devant l’énormité du choc, je pensais à ces deux Nechamot (âmes juives) qui dépendaient de nous pour entrer dans l’alliance d’Avraham notre patriarche.

Avec le décalage horaire, j’atterris à New York dimanche soir 3 Tamouz tard et me précipitai au 770 Eastern Parkway, la synagogue du Rabbi où des milliers de gens s’apprêtaient à assister à l’enterrement. Assis sur de petites chaises comme le veut la tradition, ces ‘Hassidim en deuil pleuraient tout en récitant des Tehilim. Le silence était impressionnant et je scrutais les gens alentour. Après l’enterrement, je continuai à chercher des yeux mon ami le Mohel de Los Angeles, on m’informa qu’on l’avait aperçu sur Montgomery Street et je frappai à sa porte à une heure du matin…

- Benny ! Je n’arrive pas à en croire mes yeux…

- Voyons ! Dans quelques heures, tu es supposé pratiquer deux Brit Milot à Salt Lake City !

- Benny ! Le monde entier est sous le choc ! Il n’y a plus rien de normal ! N’as-tu pas reçu le message de ma femme ? Débrouille-toi pour trouver quelqu’un d’autre !

- Oui j’ai reçu le message et j’ai trouvé quelqu’un d’autre. Mais la maman estime que si ce n’est pas important pour nous deux, elle ne procédera à aucune des deux Brit Milot ! Tu comprends ce que cela signifie ? Il y a un vol à JFK à 7 heures du matin et nous devons tous deux nous trouver dans cet avion. Je te promets qu’après cette cérémonie, je te paierai un billet pour que tu puisses continuer les sept jours de deuil à New York !

- Benny ! Te rends-tu compte de ce que tu proposes ?

- Tout-à-fait !

J’entrai dans sa chambre, je fourrai toutes ses affaires n’importe comment dans sa valise et le poussai dehors. Il capitula. J’hélai un taxi et je payai un prix exorbitant pour deux billets d’avion de dernière minute pour Salt Lake City. Epuisés et toujours sous le choc, nous y sommes arrivés à 10 heures du matin.

A 10h30, le Mohel arrangea le problème du fils aîné. Puis nous sommes allés dans la salle où se déroula la Brit Mila du second fils, j’étais Sandak (je tenais le bébé sur mes genoux). Non seulement le bébé pleura mais même le Mohel et le Sandak…

Nous sommes retournés chez moi puis j’ai annoncé à mon ami :

- Je t’avais promis que tu pourrais continuer le deuil à New York. Nous allons reprendre des billets de retour.

- Et payer encore une fois une fortune ? Il n’en est pas question, nous allons nous asseoir ici même tous les deux pour continuer le deuil.

C’est ainsi que nous nous sommes assis tous les deux, en deuil et en pleurs, à Salt Lake City, pour cette terrible perte que nous avions tant redoutée.

Nous ne sommes pas retournés à New York.

Rav Benny Zippel – Utah - COLlive

Traduit par Feiga Lubecki