Yom Kippour se distingue, dans le calendrier juif, par maints aspects. Le fait que ce soit un jour plus élevé encore que les autres fêtes est souligné par le service très particulier qui était conduit dans le Temple, uniquement à cette occasion. C’était le seul jour où le Cohen Gadol, le Grand Prêtre, avait la permission de pénétrer le lieu le plus saint du Temple et du monde entier: le Kodèch Hakodachim, le Saint des Saints.

Qu’y faisait-il ? Il ne priait pas, n’offrait pas de sacrifice. Le service, dans le Kodèch Hakodachim consistait en l’offrande des Ketorèt : des encens incandescents.

Cela peut paraître étonnant. En effet, il aurait semblé plus adéquat de conduire un service lié à l’offrande des sacrifices. Ceux que l’on pratiquait dans le Temple s’effectuaient avec des produits cachères, animaux ou farine, par exemple. Or, les encens étaient en partie constituées de produits non cachères et en outre, l’une des essences que l’on utilisait laissait une odeur très désagréable. En conséquence, parmi les onze épices utilisées pour les encens, l’une provenait d’un animal non cachère et l’autre avait un parfum très déplaisant.

N’aurait-il pas été plus approprié d’utiliser des ingrédients entièrement cachères et bons pour le service opéré lors du jour le plus saint, dans le lieu le plus saint et par l’un des êtres les plus saints du Peuple juif ?

Et pourtant c’est de là-même que se dégage l’une des clés les plus importantes du jour de Yom Kippour.

Yom Kippour marque la fin des Dix Jours de Techouva, que l’on a l’habitude d’appeler Dix Jours de Repentance, au cours desquels les Juifs se repentent de leurs mauvaises actions. Cependant, le véritable sens du mot Techouva, n’est pas « repentance » mais « retour », retour vers son essence véritable, vers son âme sainte.

Lorsqu’arrive Yom Kippour, celui qui a, à son acquis, un certain nombre de mauvaises actions, possède certains avantages dans son niveau de Techouva, par rapport à celui qui n’a jamais failli.

Lorsqu’il ressent qu’il s’est éloigné de D.ieu, cela suscite en lui un élan supplémentaire qui le pousse à sortir de sa situation présente et à se rapprocher davantage de Lui. Celui qui n’a jamais péché ne ressent pas cette soif puisque ses besoins spirituels ont toujours été exaucés.

Celui qui se trouve au milieu d’un désert ressent la soif et jaillit en lui un désir profond de satisfaire ses besoins.

De la même façon, celui qui se trouve dans un désert spirituel est envahi d’une urgence impérative à fuir ce lieu et se rediriger dans la voie adéquate. Quand il y parvient, il atteint une élévation que la personne dénuée de tous péchés ne peut atteindre. En effet, la pratique de la Torah et des Mitsvot qu’il adopte est supérieure à celle de celui qui n’a jamais agi de manière inappropriée.

Celui-là ne fait que continuer dans le chemin qu’il a toujours emprunté.

Mais celui qui revient, après s’être perdu dans des chemins éloignés, possède désormais un enthousiasme supplémentaire, pour se rapprocher de ce dont il a toujours manqué, et adopte une adhésion encore plus ferme à la Torah et aux Mitsvot.

Et c’est pour cette raison que nos Sages déclarent que : « le niveau qu’un Baal Techouva (celui revient au Judaïsme) atteint, un Tsaddik (Juste), même parfait, ne peut jamais l’atteindre ».

Le Baal Techouva, grâce à ses regrets, ses remords et son désir ardent, voit ses péchés se transformer en Mitsvot. Puisque ses péchés lui ont permis d’accomplir les Mitsvot qu’il n’avait pas voulu (ou pu) faire, ce sont eux qui sont à l’origine de ses Mitsvot et ils sont donc considérés eux-mêmes comme des Mitsvot, après qu’ils ont été transformés.

C’est pourquoi il est supérieur au Tsaddik qui, certes, possède toutes les Mitsvot qu’il peut accomplir, mais n’a pas eu l’opportunité de ces Mitsvot supplémentaires, nées de la transformation des péchés.

Telle est l’idée que l’on retrouve dans les encens de Yom Kippour. L’on utilisait un ingrédient à l’odeur désagréable et un ingrédient issu d’un animal non cachère.

Il est bien évident que lorsque l’on considère le domaine de l’action, il est invraisemblable de se livrer à un péché dans l’idée de se repentir plus tard et de parvenir à un niveau supérieur.

Mais la Torah fait allusion au fait que, s’il se trouve qu’une personne ait erré et par la suite se soit reprise, ce mal est transformé en bien.

C’est la raison pour laquelle dans les encens eux-mêmes se trouvaient les deux ingrédients dont on a parlé et tout particulièrement une substance non cacher. Cette substance non cachère était nécessaire pour compléter les encens et permettre ainsi qu’on puisse les offrir dans le Saint des Saints et apporter le pardon et le rachat au Peuple juif tout entier.