Le verset Tetsavé 28, 4 dit : «Voici les vêtements que l'on fera, le pectoral et l'Ephod», deux des huit vêtements du Grand Prêtre, qui avaient un rôle important pour obtenir la prophétie. En effet, lorsque les enfants d'Israël voulaient interroger D.ieu, le Grand Prêtre consultait son pectoral et c'est, de cette façon, qu'il obtenait des réponses claires(1).

Certains Grands Prêtres n'étaient pas au niveau d'interroger D.ieu par l'intermédiaire du pectoral(2). Ils étaient alors considérés comme des Grands Prêtres à part entière, dans tous les domaines, à l'exception de celui-là(3). C'est ainsi que la Guemara dit(4) : «si un Grand Prêtre n'est pas inspiré par D.ieu, même si la Présence divine se révèle à lui, on ne pose pas de questions par son intermédiaire».

Comment le Grand Prêtre obtenait-il une réponse par l'intermédiaire du pectoral ? Les Sages d'Israël ont, à ce propos, des avis divergents. Rabbi Yo'hanan dit : «les lettres apparaissent en saillie», ce qui veut dire que certaines lettres gravées sur le pectoral en dépassaient. C'est ainsi que le grand Prêtre pouvait lire la réponse(5).

Reïch Lakish, en revanche, avait un autre avis. D'après lui, «les lettre s'associaient», ce qui veut dire que le grand Prêtre observait une association des lettres(6), sur le pectoral, qui composait la réponse.

Y avait-il là une apparition physique(7) ou morale(8) ? Là encore, les avis divergent. Rachi considère que cette apparition était effectivement matérielle, que le Grand Prêtre la voyait de ses propres yeux.

Le Rambam, à l'inverse, affirme(9) que la saillie ou l'association des lettres étaient uniquement : «une vision prophétique». En ce sens, le pectoral était uniquement un instrument, suscitant chez le Grand Prêtre un esprit de prophéties(10)

Le pectoral et l'Ephod étaient portés uniquement par le Grand Prêtre. En revanche, d'autres personnes portaient également un vêtement attestant de leur aptitude à la prophétie. Ainsi, le Rambam enseigne(11) :

«Tu trouves, dans les propos des prophètes, que les Cohanim portaient un pectoral de lin. Ceux-là n'étaient pas nécessairement des Grands Prêtres. En effet, les fils des prophètes portaient également ce pectoral, ceux qui étaient aptes à recevoir l'inspiration divine(12). Il était ainsi établi que ces hommes étaient parvenus au niveau de Grand Prêtre, recevant l'inspiration divine par l'Ephod et le pectoral».

En d'autres termes, celui qui portait le pectoral était identifié comme un prophète, comme serviteur de D.ieu et, de ce fait, il était comparable au Grand Prêtre qui, lui-même, assume Son service dans le Temple.

Même si le Rambam affirme que : «ces hommes étaient parvenus au niveau de Grand Prêtre», en réalité, le prophète est plus haut que le Grand Prêtre. On peut le vérifier en rappelant les conditions que l'on doit remplir, pour être prophète, dont on ne trouve pas l'équivalent chez le Grand Prêtre. Il faut en déduire la grande valeur du prophète(13).

On peut trouver une allusion à cela dans le fait que la prophétie du Grand Prêtre est liée à la présence d'un Ephod et d'un pectoral, c'est-à-dire des vêtements en fil d'or, alors que les prophètes portent un pectoral en lin. Or, un vêtement en lin est plus haut qu'un vêtement en orne(14)».

De même, chez le Grand Prêtre lui-même, les vêtements de lin qu'il porte à Yom Kippour représentent la plus haute élévation et c'est en les portants qu’il entre dans le Saint des saints(15). Il en résulte que l'inspiration divine des prophètes, portant le pectoral de lin dépasse le niveau du Grand Prêtre, vêtu d'or.

Puisse D.ieu faire que s'accomplisse prochainement la promesse selon laquelle : «Je déverserai Mon esprit sur toute chair, vos fils et vos filles prophétiseront(16). Tout le peuple d'Israël sera alors constitué de prophètes, lors de la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia'h, très bientôt et de nos jours.

(Discours du Rabbi, Likouteï Sithot, tome 31, page 156)

Notes :
(1) Par une révélation céleste.
(2) Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, précisent que c'était le cas, notamment, dans le second Temple. Les Grands Prêtres avaient alors une stature morale plus réduite.
(3) Pour lequel ils étaient déclarés incompétents.
(4) Dans le traité Yoma 73b.
(5) Selon les mots qui étaient ainsi constitués.
(6) Sans qu'elles soient nécessairement en saillie.
 (7) Perceptible à la vision de l’œil.
(8) Une vue de l'esprit.
(9) Dans ses Lois des instruments du Temple et de ceux qui y effectuaient le service, chapitre 10, au paragraphe 11.
(10) La réponse à la question posée dépendait, au final, de la prophétie du Grand Prêtre, non pas de l'instrument qu'il possédait.
(11) A la même référence, au paragraphe 13.
(12) Même s'ils ne la recevaient pas toujours. Ce sont eux qui sont appelés les fils des prophètes.
(13) Auquel Dieu peut se révéler à tout moment !
(14) C'est précisément pour cette raison qu'il a une apparence plus simple.
(15) Il écarte alors les vêtements en or, pour ne pas prendre le risque de rappeler la faute du veau d’or.
(16) Yoël 3, 1.