Rambam 1 Chapitre

Notons que bon nombre de ces lois ne sont pas la halakha, c'est-à-dire la pratique observée dans les communautés juives. Elles ne sauraient donc en aucun cas être prises comme référence. Veuillez noter également que cette version est un premier essai qui fera l'objet de corrections ultérieures.

23 Tévet 5786 / 01.12.2026

Lois relatives au deuil : Chapitre Cinq

1. Voici les choses qui sont défendues à l’endeuillé le premier jour [de deuil] selon la Thora, et les autres jours par ordre rabbinique : il n’a pas le droit de se couper les cheveux, de laver [ses vêtements], de se laver, de se frictionner, d’avoir des relations conjugales, de porter des chaussures, d’accomplir un travail, d’étudier la Thora, de redresser son lit, de se découvrir la tête, et de saluer, ce qui fait au total onze [choses interdites].

2. D’où savons-nous que l’endeuillé n’a pas le droit de se couper les cheveux ? Car les fils d’Aaron [les cohanim] ont été mis en garde [après le décès de leurs frères] : « ils ne laisseront pas croître leur chevelure », ce qui implique que tout endeuillé a l’interdiction de se couper les cheveux ; plutôt, il doit laisser croître sa chevelure. De même qu’il n’a pas le droit de se couper les cheveux, ainsi, il n’a pas le droit de se couper les poils de la barbe, ou tout autre poil [sur son corps]. [Il lui est interdit] de couper les cheveux [à un autre], comme de se faire couper les cheveux. Si, alors qu’il coupe les cheveux [à quelqu’un] ou se fait couper les cheveux, il apprend le décès de son père, il termine la coupe des cheveux. Et de même, il lui est interdit de se couper la moustache et de se couper les ongles avec un instrument, mais [il peut se couper les ongles] avec les dents ou arracher un ongle avec l’autre.

3. D’où savons-nous que l’endeuillé a l’interdiction de laver ses vêtements, de se laver [le corps], et de se frictionner ? Car il est dit : « Prends, je te prie, les apparences du deuil : revêts un costume de deuil, ne te parfume pas d’huile ». [L’interdiction de] se laver est inclus dans [l’interdiction] de se frictionner, car c’est un préalable à la friction, ainsi qu’il est dit : « Tu auras soin de te laver, de te parfumer ». De même que l’endeuillé a l’interdiction de laver ses vêtements, ainsi, il a l’interdiction de revêtir des habits blancs neufs et fraîchement repassés.

4. Il est défendu de se frictionner une partie du corps comme tout le corps. Et si cela est pour enlever quelque souillure, cela est permis. Et de même, il est défendu de se laver une partie du corps avec de l’eau chaude. En revanche, avec de l’eau froide, on peut se laver le visage, les mains et les pieds, mais non tout le corps.

5. D’où savons-nous que l’endeuillé a l’interdiction de pratiquer l’intimité conjugale ? Car il est dit : « David réconforta sa femme Bethsabée, il cohabita de nouveau avec elle », ce qui implique qu’il n’en avait pas le droit avant. Et de même, un endeuillé ne doit pas épouser une femme, et une femme ne doit pas se marier [en deuil], même s’ils ne cohabitent pas. Il est permis [à l’endeuillé] de s’isoler avec sa femme, bien qu’il n’ait pas le droit d’avoir des relations conjugales.

6. D’où savons-nous que l’endeuillé n’a pas le droit de porter des chaussures ? Car il est dit à Ézéchiel : « mets tes chaussures à tes pieds », ce qui implique que tout le monde en a l’interdiction. S’il est en voyage [hors de la ville], il peut garder ses chaussures, et lorsqu’il arrive en ville, il les retire.

7. Une allusion à l’interdiction d’accomplir un travail se trouve dans le verset : « Je changerai vos fêtes en deuil » ; de même que durant la fête, il est défendu de faire un travail, ainsi, durant le deuil, il est défendu d’accomplir un travail. Et de même qu’il lui est défendu d’accomplir un travail, ainsi, il lui est défendu de faire du commerce, et de voyage de ville en ville pour son commerce.

8. Les trois premiers jours [de deuil], il lui est défendu d’accomplir un quelconque travail, même s’il est un pauvre qui vit de la charité. Après [ces trois jours,] s’il est un pauvre, il fait [son travail] discrètement chez lui. Une femme peut filer au fuseau chez elle.

9. Si deux frères ou deux associés [tiennent ensemble] un magasin, et que l’un d’eux est en deuil, ils ferment le magasin durant tous les sept [jours de deuil].

10. Même les activités qu’il est permis de faire durant les jours de demi-fête sont interdites à l’endeuillé durant son deuil. Cependant, d’autres personnes peuvent le faire pour lui. Quel est le cas ? S’il [l’endeuillé] a des olives à retourner, des cruches à sceller, du lin à retirer de la cuve [où il est trempé], de la laine à retirer de la chaudière [où elle est teinte], il loue les services d’une autre personne pour faire [ces tâches], afin de ne pas subir une perte. Ils peuvent lui irriguer son champ quand arrive le moment [de l’irriguer].

11. Les métayers, les fermiers et les locataires [du champ d’un endeuillé] font [leurs tâches] de manière ordinaire. En revanche, les âniers, les chameliers [qui ont loué] ses animaux [de l’endeuillé], et les armateurs [qui ont loué] son bateau ne doivent pas [travailler avec ceux-ci]. Et s’ils ont été préalablement confiés [pour partager les bénéfices] ou loués pour une période de temps déterminée, ils [les locataires] peuvent utiliser [ceux-ci] pour leur travail.

12. Un ouvrier [agricole] rémunéré à la journée, ne doit pas travailler [pour son employeur en deuil] même [s’il travaille se trouve] dans une autre ville [car le travail du champ est considéré comme fait en public].

13. Si un endeuillé est chargé d’effectuer un travail pour un autre, en tant qu’entrepreneur ou non, il ne doit pas faire [ce travail]. S’il a confié un travail à une autre personne [depuis avant son deuil], celle-ci ne doit pas travailler chez lui. [Toutefois,] dans une autre maison, elle peut faire [la tâche qui lui a été confiée auparavant par l’endeuillé].

14. S’il est en litige avec une autre personne, il ne doit pas le poursuivre en justice durant les sept jours de deuil. Et si cela lui cause une perte [par exemple, le demandeur ou les témoins quittent les lieux], il donne procuration à une autre personne. Telle est la directive que les guéonim ont donnée.

15. D’où savons-nous que l’endeuillé n’a pas le droit d’étudier la Thora ? Car il est dit à Ézéchiel : « Soupire en silence ».

16. Il n’a pas le droit de lire la Thora, les prophètes et les hagiographes, d’étudier la Michna, le Midrash, et les lois [transmises par tradition orale depuis Moïse]. Et si la communauté a besoin de lui [l’endeuillé], cela est permis, à condition qu’il ne nomme pas d’interprète ; plutôt, il murmure [son enseignement] à celui qui se trouve à côté de lui, ce dernier s’adresse à l’interprète, qui communique [ses paroles] au public.

17. D’où savons-nous qu’un endeuillé ne doit pas s’asseoir sur un lit ? Car il est dit : « Le roi se leva, déchira ses vêtements, et s’étendit par terre ».

18. Il [l’endeuillé] a l’obligation de renverser son lit [de sorte que les pieds soient en haut, et de le laisser ainsi] pendant les sept jours [de deuil]. Ce n’est pas seulement son propre lit qu’il doit renverser, mais tous les lits de sa maison. Même s’il a dix lits dans dix maisons situées dans dix villes [différentes], il a l’obligation de tous les renverser. Même s’il y a cinq frères et que l’un d’eux décède, tous doivent retourner leurs lits. Un lit réservé pour [y déposer] des ustensiles ou de l’argent n’a pas besoin d’être renversé. Un dargach , il n’est pas nécessaire de le renverser ; plutôt, il suffit de défaire les sangles, et il [le lit] s’écroule tout seul. Un lit dont les montants font saillie, de sorte qu’il est impossible de le retourner, il suffit de le redresser [sur le côté]. S’il renverse tous ses lits, mais dort sur des lits appartenant à d’autres personnes, sur un siège, sur une caisse, ou sur le sol, il n’est pas quitte ; plutôt, il doit dormir sur le lit renversé [le premier jour de deuil].

19. D’où savons-nous que l’endeuillé a l’interdiction de se découvrir le visage ? Car il est dit à Ézéchiel : « tu ne t’envelopperas pas [jusqu’]aux lèvres », ce qui implique que les autres endeuillés ont l’obligation de s’envelopper le visage [à la manière des ismaélites]. Il doit enrouler une partie du foulard qui enveloppe sa tête légèrement sur ses lèvres [à la manière des ismaélites], ainsi qu’il est dit : « il s’enveloppera jusqu’aux lèvres », [expression] qu’Onkelos traduit par : « il s’enveloppera comme un endeuillé ».

20. D’où savons-nous que l’endeuillé n’a pas le droit de saluer ? Car il est dit : « Garde le silence ». Durant les trois premiers jours, quand quelqu’un le salue, il ne répond pas, mais l’informe qu’il est en deuil. Du troisième au septième [jour de deuil], quand quelqu’un le salue, il répond. Du septième au trentième [jour de deuil], il peut saluer d’autres personnes, mais les autres ne doivent pas [d’eux-mêmes] le saluer jusqu’au terme des trente [jours]. [S’il est en deuil] de son père ou de sa mère, ils ne doivent pas le saluer jusqu’au terme des douze mois. Si les salutations sont interdites à l’endeuillé, a fortiori lui est-il défendu de parler avec excès, et de [se laisser aller à la] frivolité, ainsi qu’il est dit : « [Garde le] silence ». Il ne doit pas prendre un enfant par la main, afin qu’il n’en vienne pas à de la plaisanterie. Il ne doit pas entrer dans un lieu de réjouissances, comme dans une maison de festin ou ce qui est semblable.