Samedi, 31 décembre 2016

  • Mikets
Editorial

 Pour que chacun déclare sa flamme !

Une fête se prépare toujours avec une impatience d’autant plus naturelle que la célébration porte en elle sa propre joie. Quand elle arrive enfin, son ouverture n’est pas qu’un début, elle est un couronnement. Et quand il s’agit de ‘Hanouccah, les flammes qui dansent au sommet des chandeliers dans chaque maison sont, à la fois, comme des signaux d’éternité, des figures d’avenir et des chants de pure joie. Car c’est autour d’elles que la fête est construite.

Ces flammes sont décidément porteuses d’idées essentielles à notre vie. Il faut d’abord relever qu’elles ne se contentent pas d’être ce qu’elles sont : brillantes, éclairant ce qui les entoure. Elles se donnent à qui veut les prendre. Et, quand le feu se partage, par cette belle action, il ne retire rien à lui-même. C’est un grand altruiste et c’est justement cet altruisme qui lui donne encore davantage à vivre. Son don fait le progrès de la lumière. Mieux, alors qu’il existe dans ce monde, il aspire toujours à s’élever, il vit comme dans une tension constante pour parvenir, en quelque sorte, à un au-delà de lui-même.

Ces flammes, pures par nature, affirment également haut et fort que rien ne peut vaincre la volonté de liberté et la recherche du bonheur. Elles disent à qui veut entendre que l’oppression ne peut durer qu’un temps et que les pires tyrans finissent par être emportés par les torrents qu’ils ont eux-mêmes créés. L’histoire de ‘Hanouccah incarne la véracité de l’idée : puissance, avidité, cruauté n’y changent rien, l’homme porteur d’idéal est celui qui brille ; à l’instar des flammes de la fête, rien ne peut l’étouffer. Nos sages l’ont ainsi exprimé : « Les lumières de ‘Hanouccah disparaissent jamais. »

Décrites de cette façon, chacun peut percevoir leur puissance. Cependant, il faut ajouter un point supplémentaire. Ces flammes ne sont pas qu’extérieures à l’homme. Elles vivent en lui. Car chacun est un dispensateur de lumière. Chaque homme, du fait de son âme, éclaire tout ce qui l’entoure. A ‘Hanouccah, d’une certaine manière, allumant les lumières de la fête, nous ne faisons qu’exprimer ce que nous détenons profondément : la flamme qui bouscule la nuit des cœurs et des esprits comme la grisaille des habitudes acquises. Avec la célébration et ses rites, il nous appartient de le manifester, mieux de le proclamer pour qu’enfin s’embrasent les derniers restes des murailles qui nous enserrent encore afin que nous entrions bien vite dans le temps de Lumière. 

Etincelles de Machiah

 L’attendre sans cesse

Maïmonide souligne, dans son Michné Torah (Hil’hot Mela’him, chap. 11), la nécessité de « croire en Machia’h et d’attendre sa venue ». Apparaissent donc ici deux obligations parallèles. Elles sont certes complémentaires mais elles ne peuvent pas se confondre. En fait, leur juxtaposition a une raison d’être : elle nous enseigne que, de même que l’obligation de croire en Machia’h est constante, ainsi celle d’attendre sa venue imminente est d’application continue.

(d’après Likoutei Si’hot, vol. XXVIII, p. 131)

Vivre avec la Paracha

 Mikets

L’emprisonnement de Yossef prend fin lorsque le pharaon rêve de sept vaches grasses avalées par sept vaches chétives puis de sept épis de blé pleins avalés par sept épis maigres. Yossef interprète ces rêves comme signifiant que sept années de richesse seront suivies de sept années de famine et il conseille au pharaon d’engranger des provisions durant les années de plénitude. Le pharaon nomme Yossef gouverneur de l’Egypte. Yossef épouse Asnath, la fille de Potiphar et ils ont deux fils, Menaché et Ephraïm.

La famine se répand dans la région et seule l’Egypte possède de la nourriture. Dix des frères de Yossef viennent s’approvisionner en grains en Egypte. Le plus jeune frère, Binyamine reste à la maison, Yaakov craignant pour sa sécurité.

Yossef reconnaît ses frères mais ce n’est pas réciproque. Il les accuse d’être des espions et exige qu’ils reviennent accompagnés de Binyamine, pour prouver la véracité de leurs dires. Il garde Chimone en otage. Plus tard, les frères découvrent que l’argent payé pour leurs provisions leur a été mystérieusement restitué.

Yaakov accepte d’envoyer Binyamine à la condition que Yehouda en prenne la responsabilité personnelle et éternelle. Cette fois-ci, Yossef les accueille chaleureusement, libère Chimone et les invite à un festin chez lui. Mais alors, il cache son gobelet en argent, censé avoir des pouvoirs magiques, dans le sac de Binyamine. Quand les frères se mettent en route pour repartir, le matin suivant, ils sont poursuivis, fouillés et arrêtés quand le gobelet est découvert. Yossef leur offre la liberté en échange de Binyamine qu’il gardera comme esclave.

La foi absolue

La Paracha de cette semaine relate qu’une famine se déclara en terre de Canaan et que Yaakov apprit qu’en Egypte, on pouvait obtenir de la nourriture. Il donna donc à ses fils l’instruction de s’y rendre pour s’approvisionner. Mais avant de leur adresser cette demande, Yaakov les réprimanda : « Pourquoi avez-vous une attitude ostentatoire ? »

Les commentateurs expliquent que les fils de Yaakov feignaient de montrer qu’ils étaient rassasiés alors qu’ils avaient à peine de quoi suffire à leurs besoins immédiats. Ils n’avaient pas faim. Mais, apparemment rien ne justifiait qu’ils exhibent une telle assurance alors qu’il ne leur restait que de maigres provisions d’aliments.

Pourquoi donc cette assurance ? Parce qu’ils avaient une foi fervente et étaient sûrs que D.ieu n’abandonnerait ni leur père ni eux-mêmes. Ils avaient la forte conviction que D.ieu continuerait à pourvoir à leurs besoins. Ils se comportaient donc comme s’ils disposaient d’amples réserves d’aliments. Leur foi en D.ieu les faisait agir comme si la nourriture dont ils auraient besoin dans l’avenir était déjà entre leurs mains.

Nos Rabbis avaient l’habitude de dire : « Pense bien et tout ira bien ». Penser de manière positive est, en soi, une force puissante qui conduit à une issue positive, poussant D.ieu à bénir la personne par du bien révélé et manifeste.

Quand quelqu’un met véritablement confiance en D.ieu seul, des profondeurs de son âme, cette ferveur elle-même engage D.ieu à prendre soin d’elle. Cela ne dépend aucunement de son mérite ou non. La manifestation de sa foi élève la nature de sa relation avec D.ieu. Quand un enfant regarde ses parents avec une confiance et une assurance absolues, ne vont-ils pas faire tout ce qu’ils peuvent pour lui ? Le puniront-ils ?

De la même façon, notre foi et notre confiance en D.ieu L’incitent à nous répondre avec bienveillance et miséricorde. Quand Il nous voit attendre Sa bienveillance et Sa miséricorde, Il fait rayonner une telle bonté.

C’est la raison pour laquelle les fils de Yaakov manifestaient cette confiance.

Dès lors, on peut se demander pourquoi Yaakov leur adressa des remontrances.

Les commentateurs expliquent : « Leur foi était bienvenue mais les nations avoisinantes, les descendants d’Ichmaël et d’Essav, auraient pu ne pas comprendre leur motivation. C’est pourquoi Yaakov désirait que leur confiance soit intériorisée et non exposée aux regards de tous.

Une attitude étonnante

Comment expliquer l’attitude de Yossef, à l’arrivée de ses frères ?

Il prétend ne pas les connaître, les accuse d’être des espions. Il emprisonne l’un d’entre eux, Chimone, leur demande de revenir avec Binyamine. Puis il accuse ce dernier pour un forfait qu’il n’a pas commis et veut en faire son esclave.

Tout cela était-il bien nécessaire ? Pourquoi ne pas avoir immédiatement révélé son identité ?

Yossef avait compris les ramifications spirituelles de sa vente comme esclave par ses frères et il voulait qu’ils soient absouts de ce méfait. Comment était-ce possible ? En récréant la même situation et en obtenant d’eux une réaction altruiste et non égoïste.

Il donna à Binyamine une attention toute particulière tout comme son père l’avait lui aussi distingué.

Mais cette fois-ci, les frères ne furent pas jaloux. Bien au contraire, ils allaient montrer qu’ils étaient prêts à risquer leur vie pour le bien de Binyamine. Quand Yossef verrait cette attitude, il comprendrait qu’ils avaient d’ores et déjà corrigé leur défaut. Quand il verrait qu’ils avaient achevé leur tâche de raffinement personnel, il leur révélerait son identité.

Le Coin de la Halacha

 Comment allume-t-on les 7 lumières de ‘Hanouccah le vendredi après-midi 30 décembre 2016 ?

Il convient, avant l’allumage, de procéder à la prière de Min’ha. On ne peut allumer qu’à partir de 16h 10 (horaire de Paris).

Le maître de maison, et éventuellement tous les garçons de la maison, prononceront d’abord les deux bénédictions :

(1) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Lehadlik Ner ‘Hanouccah ».

Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers qui nous a sanctifiés par Ses Commandements et nous a ordonné d’allumer les lumières de ‘Hanouccah.

(2) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéassa Nissim Laavoténou Bayamine Hahème, Bizmane Hazé ».

Béni sois-Tu, Eternel notre D.ieu, Roi de l’univers qui a fait des miracles pour nos pères en ces jours-là, en ce temps-ci.

On allumera d’abord la mèche ou la bougie située le plus à gauche puis celle qui la précède, etc… à l’aide de la bougie appelée « Chamach ».

On aura pris soin de mettre assez d’huile dans les 7 godets (ou d’avoir prévu 7 bougies assez grandes) pour durer jusqu’à une demi-heure après la nuit, c’est-à-dire jusqu’à environ 18h 30 (heure de Paris). Après l’allumage, on récite « Hanérot Halalou ».

Ensuite, les jeunes filles et les petites filles allumeront leurs bougies de Chabbat (après avoir mis quelques pièces dans la boîte de Tsédaka (charité) ; les femmes mariées allumeront au moins deux bougies.

Tout ceci devra être terminé avant 16h 44 (heure de Paris) le vendredi 30 décembre.

Une jeune fille (ou une femme) qui habite seule devra elle aussi procéder d’abord à l’allumage des lumières de ‘Hanouccah puis des bougies de Chabbat, avec les bénédictions appropriées.

Le Recit de la Semaine

 Une lumière pour les nations

Comme on peut le deviner, Rav Kanelsky n’est pas homme à se contenter de ses acquis. Constamment, il aspire à ajouter et améliorer car la tâche est infinie.

Après avoir obtenu que les lumières de ‘Hanouccah illuminent les principaux ponts de la région de New York, il profita de ses nouvelles relations pour demander la permission d’installer une Menorah géante devant l’aéroport de Newark. Et encore une autre devant l’entrée de la plus grande gare ferroviaire du New Jersey, celle qui assure la liaison avec New York.

Une Mitsva entraîne une autre Mitsva. L’aéroport de Newark abrite un terminal de la compagnie israélienne El Al et, à la vue de cette grande Menorah fixée tout près d’eux, les responsables de la compagnie demandèrent à Rav Kanelsky (dont ils avaient pu apprécier l’amabilité et l’efficacité) d’installer un stand ‘Habad à proximité. Bien entendu, Rav Kanelsky ne se le fit pas dire deux fois et ce sont maintenant ses fils qui animent et gèrent ce stand, très actif lors des nombreux vols en provenance et à destination d’Israël. Que ce soit pour prier ou pour étudier en attendant un avion, pour se renseigner sur les horaires de Chabbat ou sur les prochaines fêtes, pour feuilleter les prospectus ou mettre les Téfilines (après tout, autant occuper son temps de façon intelligente quand on attend parfois des heures…) ou tout simplement pour bavarder et se trouver des amis communs, un stand Loubavitch est toujours le bienvenu !

Tout ceci est sponsorisé par de généreux donateurs à qui Rav Kanelsky offre le grand mérite d’allumer la Menorah devant les milliers de personnes qui viennent parfois de loin pour assister à l’événement, toujours émouvant et joyeux.

Il y a quelques années, un de ces donateurs arriva, accompagné de sa femme, de ses enfants, de ses parents et beaux-parents afin de leur montrer ce que signifie la fierté d’être juif. Hissé sur la grue, à quelques mètres du sol, c’est avec beaucoup d’émotion qu’il récita les bénédictions et procéda à l’allumage alors que des équipes de télévision en transmettaient toutes les étapes. Bien entendu, tout ceci impressionna beaucoup l’assistance et surtout sa famille.

Puis il pleura.

- Pourquoi pleurez-vous ? s’alarma Rav Kanelsky.

- En tant que Juif élevé dans l’ex-Union Soviétique, je n’avais jamais rêvé qu’un jour viendrait où j’allumerais une immense Menorah face à des centaines, des milliers de passagers !

Après s’être un peu remis, le donateur déclara qu’il s’était beaucoup rapproché de la pratique religieuse. Ainsi, il avait l’habitude de mettre les Téfilines tous les jours. D’ailleurs il s’était acheté deux paires de Téfilines, afin d’en avoir une chez lui et une dans son bureau – pour les jours où il ne pouvait pas les mettre chez lui à la maison ou à la synagogue. Il avait toujours pris soin de fermer la porte de son bureau pour que personne ne l’aperçoive en train de prier. Oui, cela le gênait. Mais maintenant qu’il avait allumé la Menorah devant toute cette foule à l’aéroport de Newark, il réalisait qu’il n’y avait vraiment pas de quoi être embarrassé de pratiquer le judaïsme. Quand un Juif venait le voir pour traiter affaires, il lui proposait d’abord de mettre les Téfilines ! Et les affaires se passaient alors dans une ambiance plus détendue et de bien meilleure façon - pour les deux partenaires.

Certains de ses visiteurs se montraient sceptiques : « Vraiment ? Vous mettez les Téfilines chaque jour ? Incroyable ! ». Il rétorquait alors : « Non seulement je mets moi-même les Téfilines chaque jour mais je sais aussi aider les autres à les mettre ! Mes amis Loubavitch m’ont appris à aider les autres de la même façon qu’ils m’ont aidé et continuent de le faire ! ».

Plus d’une cinquantaine d’allumages publics ont lieu maintenant dans tout le New Jersey grâce aux efforts de l’organisation Brit Avraham. Ainsi pas un seul Juif n’a pas été exposé au moins une fois à la lumière de ‘Hanouccah. Et cela ne laisse personne indifférent.

Cette lumière impacte aussi les nations du monde : les membres du Sénat et de l’Assemblée de New Jersey ont décerné à l’organisation Brit Avraham un prix spécial pour ces lumières qui illuminent tout cet état pour la paix et la concorde entre les communautés.

Avremele Rainitz

Traduit par Feiga Lubecki