Samedi, 16 aout 2025

  • Ekev
Vivre avec la Paracha

 ÉKÈV

Moché poursuit son discours d’adieu en promettant aux Enfants d’Israël la prospérité en Terre d’Israël, s’ils suivent la voie de D.ieu.

Il leur fait également des reproches pour leurs erreurs passées. Mais il leur adresse des paroles soulignant le pardon de D.ieu.

Il leur rappelle la Manne qui leur enseigna que l’on vit exclusivement grâce à D.ieu.

Il décrit l’abondance de la Terre d’Israël et insiste sur la Providence Divine.

Il leur ordonne de détruire les idoles.

On lit également ici le second paragraphe du Chema. C’est également la source du précepte de la prière et on y trouve une référence à l’Ère messianique.

Multiples Traductions

Le talon représente la partie la plus basse du corps et constitue le nom de la Paracha de cette semaine. Elle débute par les mots suivants : 

« Et il arrivera que, parce que (Ekèv) tu écouteras ces jugements et les garderas, alors l’Éternel, ton D.ieu, gardera Son alliance et Sa bonté qu’il a jurée à tes pères. » 

Le mot « Ekèv» est ici traduit par « parce que ». Cependant, de nombreux autres termes courants auraient pu être employés pour exprimer cette idée causale. Pourquoi donc la Torah choisit-elle précisément le mot « Ekèv », qui signifie aussi « talon » ? 

Rachi, anticipant cette interrogation, propose une explication selon laquelle la Torah fait référence spécifiquement aux commandements sur lesquels les hommes marchent avec leurs talons ; c’est-à-dire ceux considérés comme insignifiants ou négligeables.

Une question légitime se pose dès lors : pourquoi la promesse divine de maintenir Son alliance avec nous dépend-elle de l’observance de ces commandements dits du « talon » ?

Deux approches des Mitsvot

Il existe deux approches fondamentales concernant l’observance des Mitsvot, lesquelles reflètent les deux composantes inhérentes à chaque Mitsva. La première réside dans le fait qu’une Mitsva constitue un commandement divin adressé à l’homme. 

La seconde composante de la Mitsva réside dans sa capacité à engendrer une transformation au sein de notre existence. Sous cet angle, chacune des Mitsvot revêt un caractère unique, puisque chaque commandement exerce un effet spécifique sur notre âme ainsi que sur le monde qui nous entoure. 

Cependant, la première composante, l’aspect du commandement, transcende les caractéristiques particulières et les fonctions propres à chaque Mitsva. Du point de vue du Commandant Divin, il est attendu que nous accomplissions la Mitsva simplement parce qu’elle correspond à la Volonté de D.ieu. Dès lors, aucune distinction ne peut être établie entre une Mitsva « lourde », c’est-à-dire qui contribue fortement au bien-être individuel et collectif, et une Mitsva « légère » ou « insignifiante », dont l’effet perçu serait marginal voire nul.

La métaphore du mariage

Afin de mieux appréhender cet aspect souvent méconnu du Judaïsme - à savoir la dévotion aux commandements divins d’une manière qui dépasse notre simple appréciation et compréhension de la Mitsva - les sources juives recourent fréquemment à la métaphore du mariage. 

Dans le cadre matrimonial, certaines dimensions de la relation remplissent une fonction utilitaire. Nous accomplissons certains actes l’un pour l’autre en raison d’objectifs clairement définis. Nous consacrons temps, argent et autres ressources à notre conjoint afin de répondre à des besoins spécifiques. 

Cependant, cette dimension utilitaire ne constitue pas la raison principale pour laquelle nous répondons aux « exigences » de l’autre conjoint. Dans toute relation, particulièrement au sein du mariage, il est impératif de transcender l’aspect purement fonctionnel et utilitaire afin de révéler l’essence profonde, l’âme même de cette relation. 

Nous agissons mutuellement dans le mariage non pas parce qu’un avantage particulier en découle pour l’un des partenaires, mais parce que ces actions permettent d’établir un lien avec l’essence et l’âme de l’autre.

Une relation réciproque

Dans la relation que nous entretenons avec D.ieu, souvent comparée à une alliance conjugale par nos Sages, il est primordial de se concentrer avant tout sur la nature même de cette relation. Par exemple, lorsque notre Partenaire Divin nous demande de manger casher, nous le faisons essentiellement parce que cela constitue Sa demande explicite. En respectant la Volonté divine, nous établissons un lien direct avec Lui. 

En effet, l’un des sens du terme « Mitsva » (au-delà de sa traduction littérale par « commandement ») est celui de « connexion ». Bien que les bénéfices concrets découlant de l’accomplissement d’une Mitsva puissent parfois nous échapper, ils demeurent insignifiants en comparaison avec la prise de conscience que cet acte nous relie à l’Essence même de D.ieu. 

Par ailleurs, en observant même ces Mitsvot que certains piétinent avec indifférence en raison de leur apparente absence d’utilité pragmatique, nous attestons que notre engagement n’est ni transactionnel ni conditionnel mais bien fondé sur une alliance sacrée. Notre dévouement ne repose pas sur ce que cela « peut m’apporter personnellement », mais sur la manière dont il renforce notre « mariage » spirituel avec D.ieu. 

Ainsi, la Torah enseigne qu’en respectant ces commandements dits « du talon », D.ieu maintiendra Son alliance et manifestera comment Sa relation envers nous est également fondée sur un pacte solennel.

Lien avec les « Jours de la fin (talons) »

Le terme Ekèv signifie également « la fin » et est interprété par nos Sages comme une référence aux « jours de la fin », c’est-à-dire à l’Ère messianique. Il existe une corrélation manifeste entre les Mitsvot désignées comme les « talons » et l’avènement du Machia’h. Nos Sages ont comparé le don de la Torah au Mont Sinaï aux fiançailles du Peuple juif avec D.ieu, tandis que la venue du Machia’h correspondrait au mariage effectif. 

L’une des manières de démontrer notre préparation au mariage consiste à manifester notre disposition à observer, voire plus encore, ces Mitsvot spécifiquement qualifiées de « talons ». Cela traduit notre volonté prioritaire de répondre aux besoins de notre Époux.

Lorsque nous pénétrons l’essence même du « talon », nous accédons à la quintessence du Judaïsme ainsi qu’à l’âme profonde de notre alliance conjugale et de notre pacte avec D.ieu.