Samedi, 21 novembre 2020

  • Toledot
Editorial

 Quand jaillit la vie

Sans doute l’attendions-nous cette année avec une impatience plus grande qu’à l’accoutumée. Le mois de Kislev commence cette semaine. Il serait bien facile de n’y voir qu’un non-événement : après tout, il ne s’agit apparemment que d’un mois dans le cycle annuel, parmi d’autres. Pourtant, il faut percevoir l’ampleur du changement qu’il introduit : il est un mois d’une joie intense et profonde. Il est clair que cela est bien précieux en un temps où l’horizon peut paraître assombri par des dérèglements de tous ordres, sanitaires, politiques ou sociaux. A l’orée du nouveau mois, osons donc cet acte littéralement révolutionnaire : donnons-nous le temps de réfléchir à ce que cela implique. Prenons la respiration de la réflexion pour entrer avec force dans la période qui s’ouvre.

Bien sûr, le nom de Kislev évoque immédiatement les images traditionnelles de ‘Hanoucca et les idées que cette fête porte : la lumière qui chasse l’obscurité, le chandelier de la fête allumé, la victoire de la liberté sur l’oppression etc. Cela fait penser à ces beaux livres où sont rassemblées toutes les choses qui rendent la vie plus belle. Cette joie-là nous accompagne dès le début du mois et, même si elle est limitée dans le temps, dès son apparition, elle ne nous abandonne pas.

Mais Kislev, c’est aussi un autre point phare : le 19 du mois. Le temps viendra de s’y attarder plus particulièrement mais souvenons-nous de ce qu’il incarne : le jaillissement de la partie profonde de la Torah par l’œuvre de Rabbi Chnéor Zalman, l’auteur du Tanya, comme une éruption de sagesse dans un monde en attente de renaissance. Cette joie est différente de celle décrite plus haut même si, chronologiquement, elle intervient en premier. Sans doute est-elle plus délicate à appréhender. On parle de profondeur de la Torah, de connaissance, en substance de concepts présentés habituellement comme éloignés de ce sentiment de joie simple qui réchauffe le cœur. Pourtant, ce qui se révèle ici, c’est bien une dimension supérieure. On reconnaît essentiellement la joie au fait qu’elle est capable de briser toute limite, de conduire au-delà de soi ; c’est bien d’une sorte de transcendance qu’il est question. Cette allégresse ultime, rien ne peut jamais la remettre en question. Et c’est à cela que nous ouvre cette sagesse nouvelle.

Aussi, entre la joie bondissante de ‘Hanoucca et celle sereine et définitive du 19 Kislev, tout est en place pour que nous soyons pénétrés de vitalité et, par conséquent, porteurs de vie. Une telle puissance qu’elle fait reculer les ombres vaines et fait régner la lumière sur l’avenir des hommes. Kislev est là, tout a changé.

Etincelles de Machiah

 Après l’épreuve, la Délivrance

Avant que le jour commence à poindre, l’obscurité est la plus profonde ; c’est là le signe que la lumière va naître. Il en est de même pour la grande obscurité de cet exil avec ses immenses épreuves. C’est une préparation à la grande lumière de Machia’h, une lumière supérieure encore à celle qui apparut au moment du Don de la Torah.

Car le processus se décrit ainsi : après la maladie, la guérison, après l’épreuve, le salut et la consolation.

(D’après Imrei Bina 5, 2)

Vivre avec la Paracha

 Toledot

Au bout de vingt ans, les prières d’Its’hak et de Rivkah pour avoir un enfant sont exaucées. Devant les difficultés de Rivkah, D.ieu lui annonce : « Deux nations sont en ton giron » et la plus jeune prévaudra.

Essav naît le premier, suivi de Yaakov qui le tient par le talon.

Essav devient un « chasseur rusé, un homme des champs » alors que Yaakov est celui qui réside « dans les tentes de l’étude ».

Yaakov préfère Essav et Rivkah est plus proche de Yaakov.

Essav, épuisé et affamé après une partie de chasse, vend son droit d’aînesse à Yaakov en échange d’un plat de lentilles rouges.

A Grar, terre des Philistins, Its’hak présente Rivkah comme sa sœur de peur d’être tué par quelqu’un qui convoiterait sa beauté. Il cultive la terre et creuse une série de puits. Les deux premiers suscitent des affrontements avec les Philistins mais l’on finit par jouir tranquillement des eaux du troisième.

Essav épouse deux femmes ‘Hitites.

Its’hak vieillit et devient aveugle. Il désire alors bénir Essav, avant de mourir. Profitant de l’absence d’Essav, parti chasser, Rivkah revêt Yaakov des habits de son frère, prépare le plat qu’Essav destinait à Its’hak et envoie Yaakov le lui offrir. Yaakov reçoit alors les bénédictions de son père pour « la rosée du Ciel et le gras de la terre » ainsi que celle de la domination sur son frère. A son retour, Essav découvre la supercherie et Its’hak le bénit alors pour pouvoir survivre par son glaive et prendre la suprématie lorsque son jeune frère faiblira.

Yaakov s’enfuit de ‘Haran pour échapper à la colère d’Essav et trouver une épouse dans la famille du frère de sa mère, Laban.

Essav épouse une troisième femme, Ma’halat, la fille d’Ichmaël.

La double « tromperie » de Yaakov

Essav revient des champs, épuisé et affamé. Il demande à Yaakov de lui apporter des lentilles. Yaakov lui demande alors, en échange, de lui vendre son droit d’aînesse. Essav accepte avec joie, comme le relate la Torah.

Les années passent. Essav commence à regretter sa vente. Its’hak, sentant sa fin approcher le convoque et lui propose de le bénir. Rivkah les entend et dit à Yaakov de se « déguiser » en Essav afin d’obtenir, à sa place, la bénédiction. Quand Essav prend conscience qu’il a perdu les bénédictions au profit de Yaakov, il s’écrie : « Est-ce pour cela qu’il est appelé Yaakov ? Il m’a trompé à deux reprises ! Il a pris mon droit d’aînesse et voici que maintenant il a pris ma bénédiction ! »

Pourquoi Essav évoque-t-il le droit d’aînesse ?

S’il l’avait cédé avec joie, comme ce fut le cas, cela justifiait le fait que Yaakov reçoive les bénédictions d’Its’hak, destinées à l’aîné. C’est avec la complicité d’Essav que Yaakov possédait le droit d’aînesse. Essav n’avait donc aucun argument à soulever contre lui. Dès lors, pourquoi avança-t-il cette raison défavorable pour lui et propice pour Yaakov ?

Essav, peu connu pour être honnête ou intègre, aurait dû éluder cet épisode. Il aurait dû se plaindre, en tant que premier-né légitime (et donc logiquement détenteur du droit d’aînesse).

Une autre question a été soulevée par nos Sages. Pourquoi Essav dit-il : « et voici que maintenant il a pris ma bénédiction » ? Que vient indiquer ce : « maintenant » ?

Le désir profond d’Essav

L’on peut proposer une réponse en s’appuyant sur la signification que donne la ‘Hassidout sur le Yétsèr Hara, « penchant vers le mal », ou le Satan, chargés par D.ieu de nous inciter à pécher.

Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi déclare dans le Tanya, citant le Zohar, que le Satan lui-même désire que nous repoussions ses flatteries et que nous résistions à la tentation du péché. Le Zohar compare le Satan à une femme de mauvaise réputation payée par le roi pour tester la moralité du prince. En réalité, le roi veut, plus que tout au monde, que le prince résiste. Le cas échéant, la femme en sera encore mieux récompensée.

Le Satan veut lui-aussi que nous résistions à ses efforts pour nous pousser à la tentation mais il ne peut montrer ce désir car cela minerait l’épreuve et saboterait la mission pour laquelle il a été choisi.

Essav est le symbole du Satan. C’est celui qui n’a de cesse de se battre pour détruire Yaakov. Plus tard, dans la Paracha, Yaakov devra combattre un ange que nos Sages identifient comme l’ange d’Essav, le Satan.

Mais son intention profonde est qu’on réussisse à lui résister.

Cependant, cela ne peut se révéler. D.ieu lui a donné la mission peu enviable d’être l’incitateur, le séducteur et le semeur de troubles par excellence. C’est le rôle que lui a réservé D.ieu et jusqu’à Machia’h, il ne peut le compromettre.

La force de la Techouvah pour annihiler les malédictions

Cependant, l’on peut suggérer qu’il y a une exception à la règle qui veut que le Satan ne puisse se soustraire à son propre rôle. Quand une personne cherche à faire Techouvah, à revenir vers D.ieu, D.ieu l’aide pour que cela puisse arriver. Cette assistance vient sous la forme d’une permission donnée au Satan/Yetser Hara de « dévier » dans ses efforts pour donner à la personne les moyens de garder les bénédictions.

Le Midrach déclare que dans les mots « Maintenant Israël, ton D.ieu, que demande-t-Il de toi ? », le terme « maintenant » se réfère exclusivement à la Techouvah.

C’est ainsi que Essav, le Satan, ajoute le mot « maintenant », comme pour nous dire à nous, la progéniture de Yaakov : « si tu fais Techouvah Je Me porterai garant de tes bénédictions et justifierai ton droit sur elles, sur la base que tu as reçu le droit d’aînesse. »

Yaakov l’homme du futur

A un niveau plus simple, l’on peut aussi expliquer pourquoi Essav ajouta que Yaakov lui avait pris le droit d’aînesse.

S’il le lui avait cédé si facilement c’est parce qu’il pensait que c’était un don spirituel qui impliquait des responsabilités dont les dividendes ne seraient acquis que dans le monde futur. Tout d’abord, il ne tenait pas aux responsabilités et d’autre part, il ne voulait pas attendre sa récompense dans le monde futur.

Il pensait donc que ce droit appartenait bel et bien à Yaakov qui avait toujours manifesté son intérêt pour le futur.

Cela était d’ailleurs confirmé par leurs noms eux-mêmes. En effet, le nom de Yaakov comporte la lettre youd qui, en hébreu, indique le futur et la seconde partie de son nom : ékèv signifie « talon » ou « à la fin ».

En revanche, le nom d’Essav est lié au mot qui implique l’action et donc se réfère à ce monde matériel.

Mais quand Yaakov s’appropria des bénédictions de son père, Essav pâlit. Si les bénédictions ne devaient survenir que dans le monde futur, comment Yaakov, en toute bonne conscience, pouvait-il recevoir des bénédictions pour ici et maintenant ?

C’est pour cela qu’il cria à son père que son frère était appelé Yaakov non parce qu’il était centré sur le futur mais parce qu’il était sournois. Il voulait le droit d’aînesse pour le futur mais aussi les bénédictions pour le présent.

Et pourtant, nous savons que Yaakov avait été envoyé par sa mère Rivkah. Elle avait un don de prophétie supérieur à celui de son époux, comme cela est rapporté à propos de toutes les Matriarches. Yaakov n’était donc pas coupable d’avoir volé les bénédictions. La preuve en est qu’après avoir découvert la ruse, Its’hak les lui confirma.

Comment tout cela est-il possible ? Comment répondre à l’argumentaire d’Essav ? De plus, si Yaakov savait que le droit d’aînesse était également valable pour le présent mais qu’Essav l’ignorait, cela aurait dû rendre la vente caduque !

Le futur est maintenant

La réponse réside dans la force mystérieuse de Yaakov pour introduire le futur dans le présent. Yaakov, tout en étant complètement absorbé par la quête de matérialité dans ce monde, était concentré sur le futur.

Il est dit des Patriarches que D.ieu leur donna, dans ce monde, un avant-goût du futur. C’est particulièrement le cas de Yaakov dont il est dit qu’il reçut un héritage éternel et qu’il correspond, de façon métaphorique, au Troisième Temple qui sera éternel.

Le Coin de la Halacha

 Peut-on jouer à la poupée ?

La Torah interdit de sculpter une forme humaine, comme il est écrit : « Vous ne ferez pas avec Moi d’idoles » (Chemot - Exode 20 : 20).

Il est interdit de fabriquer des formes ou des statues sculptées pour leur côté esthétique et qui peuvent subsister pendant de longues périodes. Cependant, les formes qui ne durent pas longtemps ou qui sont conçues pour l’apprentissage ou pour le jeu sont permises.

Les poupées sont conçues pour les enfants, donc pour un usage limité. De plus, souvent les enfants les laissent traîner dans des endroits qui ne sont pas honorables et il n’y a donc même pas l’ombre d’un doute qu’il est permis de laisser les enfants jouer à la poupée.

A ce propos : il est aussi écrit : « Vous ne ferez pas de forme de Mes serviteurs qui Me servent dans les hauteurs ». On n’a donc pas le droit de représenter les astres (soleil, lune et étoiles), même si ce ne sont pas des objets en relief (à moins qu’on en ait besoin pour ses études).

On ne fera donc pas figurer ces astres dans les logos des entreprises ou institutions, les publicités, les dessins d’enfants etc. On peut à la rigueur permettre de les représenter à moitié donc pas en entier, sur le coin d’une page par exemple.

(d’après Rav Yossef Ginsburgh – Si’hat Hachavoua N° 1677)

Le Recit de la Semaine

 Hommage au Grand-Rabbin Sacks

(décédé le Chabbat 7 novembre 2020)

On m’a demandé d’évoquer un sujet bien particulier : la fierté d’être juif. Parfois nous sommes fiers d’être juifs et parfois nous ressentons une certaine ambivalence quant à qui nous sommes. Je voudrais vous raconter différentes anecdotes à ce sujet. Mon père, de mémoire bénie, était un aristocrate de l’élite juive : il vendait des vêtements sur le marché. Il était arrivé en Angleterre comme un immigrant, d’une famille pauvre, il dut quitter l’école à quinze ans et se lança dans les affaires mais ne réussit jamais. Cependant, il marchait fièrement comme un Juif.

Quand j’étais petit, personne en Angleterre ne pouvait même penser marcher dans la rue avec une Kippa. Je me souviens qu’une fois alors que je sortais de la synagogue avec mon père et que je portais la Kippa, un homme très sympathique sortit de la synagogue avec nous et remarqua devant mon père : « M. Sacks, je crois que votre fils a oublié d’enlever sa Kippa ! ». Mon père se tourna vers lui et déclara d’un ton qui ne souffrait pas de réplique : « Aucun de mes fils ne sera jamais honteux d’être juif ! ».

* * *

En novembre 1994, je revenais d’Israël, pourune occasion tragique, l’enterrement du Premier Ministre Its’hak Rabin et j’avais été invité à partager l’avion du Prince Charles et Tony Blair, juste nous trois : un avion royal, d’accord mais un tout petit avion : si vous êtes invité à le prendre, vous réfléchirez à deux fois car c’est vraiment un tout petit avion, il prend deux fois plus de temps car il doit faire une escale - pour reprendre des forces sans doute. Un voyage qui normalement prend quatre heures en prenait huit. J’étais donc dans cet avion, coincé entre le prince Charles et le premier Ministre et je me demandai : que vais-je faire tout ce temps ?

Je me suis demandé ce que mon père de mémoire bénie aurait fait dans ces conditions. J’ai sorti mon ‘Houmach, vous savez la Bible hébraïque avec tous les commentaires en hébreu et je me suis mis à étudier la Sidra de la semaine. Je ne sais pas si vous avez déjà vu un ‘Houmach hébraïque mais il n’existe aucun livre en anglais qui ressemble à cela, même Shakespeare avec tous ses commentaires ne ressemble pas à cela. Et Tony Blair regarde et me demande ce que c’est. Alors je lui explique : cela, c’est le texte de la Torah, cela c’est le commentaire de Rachi, un fameux commentateur de France au 11ème siècle et là, c’est le Rachbam, son petit-fils qui n’est jamais d’accord avec lui ce qui est une façon juive d’agir et je lui raconte Ibn Ezra… Tony Blair est fasciné et me demande de lui enseigner ce passage. Alors je commence à enseigner à Tony Blair la Sidra de la semaine. Et le Prince Charles qui est assis à côté s’intéresse et écoute attentivement pendant que je donne un Chiour, un cours sur la Paracha pendant une heure ! Au futur roi et à l’actuel Premier Ministre d’Angleterre ! A partir de cet instant s’est développée entre nous une profonde amitié, une amitié personnelle même.

A la fin, je repensai pour moi-même au verset des Tehilim (Psaumes) : « Je parlerai de Tes Lois devant des princes et je n’aurai pas honte ! »

A la suite de cela, je constatai une règle générale (qui n’est peut-être valable qu’en Angleterre, je ne sais pas si cela s’applique aussi aux États-Unis) : que les non-Juifs respectent les Juifs qui respectent leur judaïsme ; et ils sont embarrassés par les Juifs qui sont embarrassés par leur judaïsme ou qui critiquent Israël.

Éprouver de la fierté d’être juif peut être très puissant, même si nous ne sommes qu’un tout petit peuple.

* * *

Avez-vous entendu parler d’un extraordinaire philosophe français du nom de Voltaire ? Quelqu’un qui aimait tout le monde sauf les Juifs. Il publia un pamphlet dans lequel il prétendait, en 1756, que les Juifs n’ont en rien contribué à la civilisation. Depuis, il y a eu Einstein, Durkheim, Lévi-Strauss, Freud et tant d’autres psy au point que si, comme Carl Jung le non-Juif de service, vous n’êtes pas juif, vous devez passer une psychanalyse ! Nous avons le plus grand pourcentage de Prix Nobel, de médailles Field, de Maîtres d’échecs ! Nous avons même des hérétiques : Spinoza, Marx et Freud. Sauf peut-être Charles Darwin qui n’était pas juif et j’ignore pourquoi : c’était certainement dû à une erreur dans la mutation génétique !

* * *

J’ai été invité par la reine d’Angleterre pour être anobli au rang de knight, chevalier. On a construit spécialement pour moi une sorte de rampe sur laquelle je pouvais m’appuyer car, de fait, un Knight doit se prosterner devant la reine. Or, un Juif ne se prosterne pas, n’est-ce pas ? J’ai donc fait une sorte de petite révérence – c’est une histoire vraie que je vous raconte et j’ai vu la reine se pencher vers le prince Philippe et lui demander :

« Pourquoi ce knight est-il différent de tous les autres knigths ? » (Ce qui peut aussi s’entendre comme : Pourquoi cette nuit est-elle différente de toutes les autres nuits, question traditionnelle du Ma Nichtana récité au Séder de Pessa’h). C’est une histoire vraie ! Qu’y pouvons-nous ? Notre premier souvenir du judaïsme, c’est le Ma Nichtana, poser des questions, la première chose qu’on apprend à un enfant juif, c’est poser des questions !

Un non-juif, vous devez le payer pour poser des questions, un Juif vous devez le payer pour qu’il ne pose pas de questions !

Rav Jonathan Sacks

Grand-Rabbin d’Angleterre

(dans un discours sur COLlive)

Traduit par Feiga Lubecki