Mercredi, 9 octobre 2019

  • Yom Kippour
Editorial

 Une simple affaire de conscience

Le temps en est venu : arrivons à l’essentiel. C’est, à l’évidence de Yom Kippour qu’il s’agit. De fait, voici le jour où l’essence des choses apparaît et où, en particulier, celle de l’homme devient presque tangible tant elle affleure à la surface des dissimulations de la matière, si coutumières. C’est là un cadeau précieux : une journée différente, autre, consacrée à ce qui, d’habitude, constitue une sorte d’au-delà de la conscience. C’est alors comme un dialogue d’essence à essence qui se construit, de celle de l’homme à celle de D.ieu.

Tout cela n’est pas que la description de ce qu’on pourrait appeler « la mystique de Yom Kippour ». C’est une réalité que chacun peut vivre concrètement. Dans la synagogue quelle qu’elle soit, officielle ou improvisée, où nous nous trouvons en ce jour, regardons un instant autour de nous. Bien sûr, elle est pleine mais, en allant plus loin que cette constatation élémentaire, nous portons le regard sur tous ceux qui nous entourent. Nous les connaissons parfois mais, bien souvent, ce sont des visages nouveaux, que l’on n’avait pas l’habitude de voir dans un tel cadre. Nous sommes pourtant là, assis tous ensemble, tendus dans un même effort spirituel, ressentant la puissance du jour avec la même intensité. Comment dire davantage que Yom Kippour nous unit ?

Certes, chacun des présents garde ses différences, ce qui en fait, comme de tout homme, un être exceptionnel, mais l’union est palpable. Ce jour fait disparaître les limites apparentes. Physiquement séparés, nous ne sommes qu’un par l’âme. Forts de cette conscience, les visages qui nous entourent ne paraissent plus véritablement étrangers. Les autres, tous les autres, ne sont pas plus loin de nous qu’une autre partie de nous-mêmes. Un tel jour laisse des marques ineffaçables. Nous ne voyons plus le monde de la même manière. Avoir entrevu l’essence des choses et des hommes ne peut laisser inchangé. Avec le pardon et la réparation des fautes commises pendant l’année écoulée, c’est cette force que nous emportons avec nous quand le jour s’achève. Celle-ci s’attache à nous et nous entraîne dans un au-delà de nous-mêmes, là où la vérité est le seul guide. Puisse le soleil qui se couche à la fin du jour être le signe avant-coureur de celui qui, puissant, se lève dans nos consciences.

Etincelles de Machiah

 Connaître D.ieu

Bien qu’il y ait des différences entre le grand et le petit, cependant quand il s’agira, après la venue de Machia’h, de « Me connaître » - c’est-à-dire de percevoir l’Essence de D.ieu – tous seront égaux. Le texte de la prière le proclame en ces termes : « Il est immuable et met au même niveau le petit et le grand ».

 (d’après Séfer Hasi’hot 5748, vol. I, p.220)

Vivre avec la Paracha

 Yom Kippour

Pourquoi disons-nous : « Baroukh Chèm Kevod Malkhouto Leolam Vaèd » ?

Dans la liturgie de Yom Kippour, l’une des prières se démarque, résonnant à nos oreilles : celle où l’on prononce : « Baroukh Chèm Kevod Malkhouto Leolam Vaèd », ce qui signifie : « que soit béni le nom de Son glorieux royaume, à tout jamais. »

Tout au long de l’année, ces mots sont prononcés pour le moins trois ou quatre fois par jour : à la suite de la récitation du verset « Chema Israël… » Néanmoins, cela se fait à voix basse, contrairement à Yom Kippour, où on les dit à voix haute.

De plus, à la fin de Yom Kippour, on les répète à trois reprises consécutives, juste avant que l’on ne souffle dans le Chofar.

Plusieurs questions viennent à l’esprit.

Pourquoi récitons-nous « Baroukh Chèm… » juste après Chema Israël et à voix basse (tout au long de l’année) ?

Pourquoi le disons-nous à voix haute à Yom Kippour

Et pourquoi trois fois de suite, à la conclusion de ce jour ?

Yaakov

Trois raisons historiques sont à l’origine de cette récitation.

Tout d’abord, comme cela est mentionné dans le Choul’hane Aroukh, « le code des lois juives », notre patriarche Yaakov rassembla devant lui tous ses enfants, juste avant de quitter ce monde. Il désirait leur révéler la date de la venue du Machia’h. Cependant, quelque chose d’étrange se produisit. La Che’hina, « la présence Divine » le quitta. Cela suffit à Yaakov pour demander : « Peut-être l’un d’entre vous est-il un non croyant ? » Ils répondirent tous, à l’unisson : Chema Israël, « écoute Israël », c’est-à-dire : « écoute, notre père, Israël (Yaakov était également appelé Israël), « l’Éternel est notre D.ieu, l’Éternel est un ».

En d’autres termes, ils signifiaient ainsi que tout comme il n’y avait qu’un D.ieu unique dans le cœur de Yaakov, ainsi en allait-il pour eux. Et Yaakov confirma cette unité par les mots « Baroukh Chèm… »

Mais étant donné que l’expression « Baroukh Chèm… » ne figure pas dans la Torah Écrite, nous ne la prononçons pas à haute voix mais à voix basse.

Pourquoi alors, à Yom Kippour, devons-nous dire fort ces mots ?

Les anges

La seconde raison avancée est que, lorsque Moché monta au ciel, il entendit les anges louer D.ieu par les mots « Baroukh Chèm… » Il rapporta cette prière aux Juifs et leur ordonna de la réciter doucement. Cela peut se comprendre à travers la parabole suivante : un homme vola un précieux joyau dans le palais royal. Il dit à son épouse qu’elle pourrait le porter quand elle voudrait mais à une seule condition : qu’elle ne le porte qu’à la maison, en secret.

C’est ainsi que toute l’année, nous récitons « Baroukh Chèm… » à voix basse, sauf à Yom Kippour. En effet, en ce jour, nous sommes tous comparés à des anges, en ne mangeant ni ne buvant et en portant des vêtements blancs. Nous avons donc le droit de le proclamer haut et fort.

Mais cela paraît un peu facile. Le seul fait de jeûner et de porter des habits blancs nous donne-t-il le droit de chanter les louanges qui appartiennent aux anges ?

Cela ne requiert-il pas plus d’efforts et de préparation ?

Moché

Il y a également une troisième raison. Lorsque Moché se tenait au mont Sinaï, D.ieu appela les Juifs : « Chema Israël… » (« Écoutez, enfants d’Israël !) En entendant cet appel, les Juifs répondirent : « L’Éternel est notre D.ieu, l’Éternel est Un. »

Moché, à la vue de ses disciples, le peuple tout entier, répondant de façon unanime, fut ému au point de s’écrier : « Baroukh Chèm… »

Un principe général de la Torah indique que toutes les interprétations d’un même verset non seulement ne peuvent se contredire mais, de surcroît, se complètent. Nous allons dès lors observer comment toutes ces significations se tissent en un fil unique, en développant la question soulevée ci-dessus.

A Yom Kippour, il nous est donc enjoint de dire fort « Baroukh Chèm… » puisque nous sommes comparés à des anges. Pourtant, nous savons que nous ne sommes pas des anges mais des êtres faits de chair et de sang. Pourquoi avons-nous donc ce droit ?

Pour y accéder, il faut remplir deux conditions préalables.

Tout d’abord, nous devons imiter Yaakov. Nous devons enseigner à nos enfants l’unité de D.ieu, comment D.ieu existe et comment Il se trouve partout, comment Il fait sortir chacun de nous de son Égypte et de son exil personnel et qu’Il nous fera sortir également, en tant que peuple, de l’Égypte et de l’exil présents. Nos enfants doivent pouvoir prononcer, à n’importe quel moment : « Chema Israël... »

Par ailleurs, nous devons imiter Moché et ne pas nous contenter d’enseigner à nos propres enfants (comme le fit Yaakov). Nous devons également nous adresser à nos amis et à nos voisins. Eux-aussi doivent connaître le « Chema Israël » et savoir que D.ieu aime chacun d’entre nous, qu’Il ressent nos peines et nos joies et qu’Il peut apporter la Délivrance en un clin d’œil.

Trois fois

Quand nos enfants et nos voisins connaissent le « Chema Israël », alors, et seulement alors, pouvons-nous nous écrier comme les anges : « Baroukh Chèm Kevod Malkhouto Leolam Vaèd ».

C’est peut-être la raison pour laquelle l’on récite trois fois ces mots, à la fin de Yom Kippour. C’est une confirmation que l’on va adhérer aux trois sens de ces paroles : nous aspirons à être des anges (en ne mangeant ni ne buvant et en portant du blanc), nous enseignons à nos enfants le sens du « Chema Israël » et enfin nous le faisons également avec ceux qui nous entourent.

A Yom Kippour, les enfants de D.ieu, des Juifs de tous horizons, avec des opinions politiques, des préférences culturelles différentes, s’unissent en harmonie, prient, chantent ensemble, en écoutant les enseignements de la Torah de leur Père Céleste. Il ne fait aucun doute que D.ieu verse des larmes de joie devant cette union et nous envoie des torrents de bénédictions pour une année douce et bénie.

Le Coin de la Halacha

 Que fait-on à Yom Kippour (cette année mercredi 9 octobre 2019) ?

Dans la semaine qui précède Yom Kippour, on procède aux « Kapparot » : on fait tourner autour de sa tête trois fois un poulet vivant (ou un poisson, ou une somme d’argent multiple de 18) en récitant les versets traditionnels ; puis on donne le poulet (ou le poisson ou la valeur monétaire) à une institution charitable.

La veille de Yom Kippour (cette année mardi 8 octobre 2019), on a coutume de demander au responsable de la synagogue du gâteau au miel, symbole d’une bonne et douce année. Jusqu’à la fin du mois de Tichri, on ne récite plus de Ta’hanoun (supplications).

Il est d’usage que les hommes se trempent au Mikvé (bain rituel), si possible avant la prière de Min’ha. On met les vêtements de Chabbat. Après la prière de Min’ha, on prend un repas de fête, sans poisson ni viande, mais avec du poulet. Après le repas, les parents bénissent les enfants et leur souhaitent d’aller toujours dans le droit chemin. Le jeûne de Yom Kippour commence à 18h 57 (en Ile-de-France).

Après avoir mis des pièces à la Tsedaka, les femmes mariées allument au moins deux bougies avant 18h 57 (en Ile-de-France) - les jeunes filles et petites filles allument une bougie - et récitent les deux bénédictions suivantes :

1) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Achère Kidéchanou Bémitsvotav Vetsivanou Lehadlik Nèr Chel Yom Hakipourim » - « Béni sois-Tu, Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a sanctifié par Ses Commandements et nous a ordonné d’allumer la lumière de Yom Kippour ».

2) « Barou’h Ata Ado-naï Elo-hénou Mélè’h Haolam Chéhé’héyanou Vekiyemanou Vehigianou Lizmane Hazé » - « Béni sois-Tu, Eternel, notre D.ieu, Roi du monde, qui nous a fait vivre, qui nous a maintenus et nous a fait parvenir à cet instant ».

Il est d’usage d’allumer également une bougie qui dure au moins vingt-cinq heures et sur laquelle on récitera la bénédiction de la « Havdala » à la fin de la fête. On allume aussi des bougies de vingt-cinq heures à la mémoire des parents disparus.

On enlève les chaussures en cuir et on met des chaussures en toile ou en plastique. Les hommes mariés mettent le grand Talit et le « Kittel » (vêtement rituel blanc).

Pendant tout Yom Kippour, on récite la deuxième phrase du Chema Israël (« Barou’h Chem Kevod Malkhouto Leolam Vaèd ») à voix haute. Il est interdit de manger, de boire, de s’enduire de crèmes ou de pommades, de mettre des chaussures en cuir, d’avoir des relations conjugales et de se laver (sauf si on s’est sali ; de même, on se lavera les mains uniquement pour des raisons d’hygiène). On passe la journée à la synagogue. Toutes les interdictions de Chabbat s’appliquent à Yom Kippour.

Ce mercredi matin, on ne récite pas la bénédiction : « Cheassa Li Kol Tsorki » (« Qui veille pour moi à tous mes besoins ») car on ne porte pas de vraies chaussures.

Les malades demanderont au médecin et au Rabbin s’ils doivent jeûner ou non.

A la fin du jeûne (20h 01 en Ile-deFrance), on écoute la sonnerie du Chofar.

Après Yom Kippour, on se souhaite mutuellement « Hag Saméa’h ». Si possible, on prononce la bénédiction de la lune. On récite la prière de la Havdala, on se lave les mains rituellement et on se rince la bouche. Durant le repas qui suit le jeûne, il est d’usage de parler de la construction de la Souccah et, si possible, on construit effectivement la Souccah tout de suite après le repas.

Le Recit de la Semaine

 Le Yom Kippour de Reb Mendel

La dictature de Staline avait atteint les degrés ultimes de l’horreur. Adoré et craint par toute la population russe, il avait fait jeter dans les prisons du Goulag des millions d’innocents qui, de plus, étaient supposés lui être reconnaissants de bien vouloir les « rééduquer »…

Quand Rav Mendel Futerfass fut arrêté, ce fut peu après Roch Hachana.

C’était un ‘Hassid de Loubavitch, dévoué corps et âme à son Rabbi. Et Rabbi Yossef Its’hak Schneersohn avait affirmé que chacun devait être prêt à sacrifier jusqu’à sa vie pour que chaque Juif reçoive une éducation juive.

Rav Mendel avait été accusé d’activités « contre-révolutionnaires ». Il était évident qu’il serait condamné à passer le reste de sa vie en Sibérie, ce qui signifiait qu’il ne lui restait probablement plus beaucoup de temps à vivre.

Alors qu’il partageait une cellule humide avec des centaines d’autres détenus - tous des criminels endurcis - il réalisa soudain que plusieurs jours étaient passés et que ce soir, c’était Yom Kippour !

D’une part, il était triste : il devait passer le jour le plus saint du calendrier juif dans cet environnement terrifiant. Mais d’autre part… il était vivant ! Et il était un ‘Hassid du Rabbi de Loubavitch ! Que lui apporterait la tristesse ? Il devait se hisser au-delà de cette situation !

Cette nuit-là, il se prépara une petite synagogue : son lit ou plutôt la planche qui lui servait de lit. Assis sur son lit, il réciterait autant de prières de Yom Kippour dont il se souviendrait et D.ieu écouterait.

Ce n’était pas facile : on ne récite ces prières qu’une fois par an et il y en avait tellement… Mais une prière lui vint spontanément à l’esprit, arrangée comme tant d’autres selon l’ordre alphabétique : « Ve’hol Maaminim », « Et tous ont foi en Toi… »

Dans le calme de la nuit, Rav Mendel se balançait, d’avant en arrière, reproduisant inconsciemment la gestuelle du Juif en prière. Soudain il réfléchit : « Tous ont foi en Toi ? Ah bon, vraiment ? Mais ceux qui m’ont espionné puis capturé et enfin jeté dans cette terrible prison, sont des Juifs qui rêvent de créer l’homme nouveau… »

En soupirant, Rav Mendel classa cette question au fond de son esprit, avec tant d’autres semblables et continua de penser au Temple de Jérusalem, aux dix martyrs, à Jonas dans le ventre du poisson…

Quelques jours plus tard, alors que tous ses « compagnons » d’infortune ronflaient, Rav Mendel récitait le « Chema » du soir quand Ivan s’approcha de lui, oui celui qu’on avait surnommé « Ivan le terrible », cette masse humaine qui terrorisait les plus endurcis des criminels, qui avait sans doute décidé ce soir de se moquer du Juif et de le faire souffrir.

Mais Ivan se glissa près de lui et murmura :

- Tu es Juif n’est-ce pas ?

Rav Mendel ne s’en était jamais caché : mieux valait mourir comme un Juif plutôt que vivre dans le mensonge. Il regarda Ivan droit dans les yeux et répondit : « Oui ! »

- Moi aussi ! rétorqua Ivan devant un Rav Mendel interloqué. D’ailleurs j’ai même jeûné ce Yom Kippour. Oui, moi, Ivan le terrible, le meurtrier, j’ai jeûné Yom Kippour.

Il y a quelques jours, j’ai entendu un détenu juif annoncer à un autre : « Demain c’est Yom Kippour ! » Et soudain j’ai décidé que moi aussi j’allais jeûner, je ne sais pas pourquoi !

Le lendemain, j’ai déclaré aux gardiens que j’étais malade et on m’a envoyé à « l’hôpital », une cabane avec une planche en bois en guise de lit. Assis là, tout seul, je commençai à regretter ma décision. Puis je réalisai qu’il ne suffisait pas de jeûner, il fallait aussi prier. Je me souvins de mon grand-père qui m’emmenait à la synagogue et il priait, soupirait, pleurait avec tous les autres Juifs. Tandis que moi, j’ai passé ma vie à voler, à tuer même, à nuire aux autres par tous les moyens possibles. Et je ne savais même pas prier…

Puis je me suis soudain souvenu d’une prière, quelque chose que ma grand-mère me chantait chaque matin quand je me réveillais. Je me suis souvenu de son visage doux et de ses yeux tristes. Et j’ai éclaté en sanglots. Tu entends ? Moi j’ai pleuré ce Yom Kippour exactement comme mon grand-père ! Comme tous les autres Juifs du monde ! Et quand j’ai fini de pleurer, je n’ai même pas essuyé mes yeux, j’ai répété des dizaines, des centaines de fois : « Modé Ani Lefane’ha Mélè’h Haï Vekayam Chéhé-’hézarta Bi Nichmati Bé’hemla Rabba Emounate’ha ».

(Je reconnais devant Toi, Roi vivant éternellement, que Tu m’as rendu mon âme avec miséricorde, grande est Ta confiance !)

Je ne sais même pas ce que ces mots signifient. Mais depuis le matin jusqu’à la nuit tombée, je les ai répétés encore et encore.

Mais attention ! (Il était redevenu Ivan le Terrible). Il pointa Rav Mendel du doigt et le menaça : ne t’avise pas de répéter cela à quiconque ! Compris ?»

Et il se leva et s’éloigna au plus vite.

Rav Mendel était stupéfait. Il suivit des yeux Ivan qui était retourné sur sa planche et s’était endormi instantanément.

Soudain, il réalisa ! Le bon D.ieu lui avait envoyé la réponse à sa question : « Oui, tous ont foi en Toi ! Si même ce meurtrier est capable de jeûner Yom Kippour en répétant inlassablement ‘Modé Ani’, c’est bien la preuve que tous les Juifs, d’une manière ou d’une autre, ont confiance en D.ieu ! »

Rav Tuvia Bolton

traduit par Feiga Lubecki