Quand j’entrai dans la somptueuse demeure de cette famille d’origine iranienne, à Beverley Hill, je remarquai qu’elle ne possédait aucune Mezouza. J’expliquai à la mère, aux cinq fils et à la fille l’importance de ce parchemin qui, placé à chaque entrée, constitue une protection plus efficace que tous les systèmes de sécurité. Tous reconnurent que c’était l’occasion de pallier ce manque et je revins plus tard avec le nombre de Mezouzot nécessaires.
Un an plus tard, ils me téléphonèrent pour connaître la date d’anniversaire de décès du père. Ils avaient l’habitude de marquer la date civile mais, cette année, ils avaient compris qu’il valait mieux respecter la date hébraïque. Celle-ci était malheureusement déjà dépassée mais je leur suggérai de venir néanmoins à la synagogue un matin, de mettre les Téfiline et de prier, ce qui procurerait certainement une intense satisfaction à l’âme du défunt. Effectivement, quelques jours plus tard, ils se présentèrent à la synagogue Ohr Elchonon Chabad de Los Angeles : après avoir mis les Téfiline, ils prièrent, récitèrent le Kaddich, étudièrent des Michnayot et donnèrent la Tsédaka.
A la fin de la prière, l’aîné des frères demanda à me parler en privé : les larmes aux yeux, il me fit remarquer que le plus jeune frère n’était pas là. Agé de 26 ans, il était atteint d’une maladie grave, pratiquement en phase terminale. Les médecins ne lui donnaient plus que quelques mois à vivre. Il me supplia de le bénir afin qu’il lui arrive un miracle.
«Au lieu de me demander cela à moi, demandez plutôt au Rabbi !» répondis-je en lui expliquant qui était le Rabbi.
Le même jour, il envoya un fax au Rabbi. Quelques semaines passèrent mais il n’y eut pas de réponse.
Ils me demandèrent de rendre visite au malade, ce que je fis. J’eus du mal à cacher combien je fus bouleversé par son aspect effrayant : sans être médecin, j’avais compris que la situation était extrêmement grave. Je l’encourageai cependant à écrire lui-même au Rabbi pour demander sa bénédiction.
Une fois de plus, il n’y eut pas de réponse. Au fur et à mesure que le temps passait, les frères se mirent à me reprocher amèrement ce silence du Rabbi. Je leur expliquai que, parfois, pour recevoir une bénédiction, il fallait devenir un «récipient», c’est-à-dire accomplir davantage de Mitsvot comme par exemple venir plus régulièrement à la synagogue, mettre les Téfiline etc.
«Après tout, nous sommes juifs, répondit le porte-parole de la famille, et cela ne nous dérange pas du tout de nous conduire comme vous l’indiquez !»
Effectivement, les frères tinrent parole, ils amenèrent même le malade en chaise roulante : «Si nous nous conduisons mieux pour améliorer sa santé, pourquoi ne le ferait-il pas lui aussi ?». Bien entendu, je conseillai au responsable de la synagogue de l’appeler à la Torah et ce qu’il lut justement à ce moment me bouleversa : «L’Eternel ton D.ieu établira pour toi un prophète, de ton peuple, parmi tes frères, comme moi (Moïse)…». Et la lecture se terminait par ces mots : «Et ce sera bien pour toi !». Oui, il fallait faire confiance au prophète de la génération, au Rabbi, et tout irait mieux ! «Vous devez vous rendre immédiatement chez le Rabbi !». Le soir même, les frères prenaient l’avion avec mon gendre, Rav Zalman Chanowitz, qui les accompagna le dimanche matin pour recevoir un dollar de la main du Rabbi et sa bénédiction. Cette fois, ils étaient persuadés que le frère guérirait.
Mais les analyses ne montrèrent aucune rémission de la terrible maladie.
Je suggérai alors que toute la famille m’accompagne lorsque j’irai demander, comme des milliers d’autres juifs, du gâteau au miel à Hochaana Rabba et du «vin de bénédiction» à la sortie de la fête de Sim’hat Torah. Cette fois, le frère malade décida de demander lui-même sa bénédiction. Mais quand il arriva devant le Rabbi, il ne put que balbutier : «Je demande au Rabbi une bénédiction pour que mon sang soit cachère !»
«Vous devez manger et boire selon le «Choul’hane Arou’h (code de lois juives)» c’est-à-dire que le Rabbi lui faisait comprendre que pour que le sang soit «cachère», il devait manger cachère. Et le Rabbi conclut : «Vous m’annoncerez de bonnes nouvelles !». Ce n’était plus un souhait, c’était vraiment une promesse !
Dès leur retour à Los Angeles, on procéda à la cachérisation de leur cuisine ; on acheta deux nouvelles vaisselles et on expliqua à tous les membres de la famille comment cuisiner à présent et quels produits acheter.
Très peu de temps plus tard, la santé du frère s’améliora de façon significative : il reprit du poids et la couleur revint sur son visage. Il se remit à travailler et ses affaires, comme celles de ses frères, prospérèrent. Le Rabbi avait promis «de bonnes nouvelles… !»
Trois mois plus tard, l’ancien malade me confia qu’il souffrait encore de légers malaises. Pourtant le Rabbi avait promis «une guérison complète…». Je réalisai alors qu’il restait un problème : pour que la nourriture soit vraiment cachère, il ne fallait ni cuisiner (ni travailler) le Chabbat. Quand j’expliquai cela, le frère réalisa : «Cela signifie que nous devons vivre comme dans une prison pendant plus de vingt-quatre heures ?». Mais la mère accepta immédiatement mes recommandations et - sans doute grâce aux aliments préparés par une personne qui respectait le Chabbat - tous les effets secondaires des médicaments disparurent !
Trois ans plus tard, le frère aîné me rappelait, affolé : le jeune frère ne faisait plus autant attention à la cacheroute et se permettait de consommer du lait non surveillé ! Je me rendis immédiatement chez lui : «Tu sais que tu n’as recouvré la santé que grâce à la bénédiction du Rabbi. Il t’a expliqué que la cacheroute de ton sang dépend de la cacheroute de ton alimentation. Ne joue pas avec cette bénédiction !»
Malgré tous mes arguments, il ne prêta aucune attention à mes paroles et, très peu de temps après, il me téléphona, affolé : la maladie s’était à nouveau déclarée !
Cette fois-ci, c’est Rav Naftali Estulin qui l’accompagna à New York. En arrivant devant le Rabbi, le jeune homme éclata en sanglots, raconta tout ce qui lui était arrivé et promit de ne plus recommencer.
Avec un sourire, le Rabbi lui accorda encore une fois sa bénédiction et le jeune homme retrouva ses forces – physiques et spirituelles…

Rav Shneur Zalman Szmukler – Californie
Kfar Chabad
Traduit par Feiga Lubecki