Il ne fait aucun doute que le moment le plus marquant de Roch Hachana, indiqué par nos Sages comme étant « la Mitsva du jour », est celui de la sonnerie du Choffar.

Le Baal Chem Tov offre une parabole dans laquelle il compare la sonnerie du Choffar à la situation où un enfant se trouve en péril et s’écrie : « Père ! Mon Père ! Sauve-moi ! »

Le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Its’hak, rapporta un jour, que l’un des Rabbis qui l’avaient précédé fit savoir que le cri lui-même est encore plus important que les mots : « Mon Père ! Mon Père ! sauve-moi ! »

Ce qui est le plus crucial, du cri ou de son contenu, n’est pas la substance ou le contenu du cri mais le cri en soi.

La substance ou le contenu diffèrent d’un Juif à l’autre. En revanche, tout un chacun est capable d’implorer son Père. En fait, chaque Juif supplie réellement D.ieu. Il se peut que cela se produise de façon si intérieure qu’il devient impossible de le percevoir mais chacun le fait du plus profond de son âme.

C’est cela même qui réside au cœur de la sonnerie du Choffar à Roch Hachana : l’appel à D.ieu émane de la quintessence de notre âme. Et il est sûr qu’une telle supplication ne peut qu’être agréée En Haut.

Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev propose une autre parabole qui peut nous aider à mieux comprendre notre certitude que D.ieu accepte catégoriquement et inconditionnellement notre cri du Choffar.

Un enfant désirait absolument une pomme que son père refusait de lui donner. L’enfant se dépêcha de faire la bénédiction appropriée sur le fruit si bien que le père fut obligé de lui céder, ne voulant pas que son enfant ait récité une bénédiction en vain.

Nous observons également dans cette analogie que même lorsque le Père ne tient pas à agir avec bonté et bienveillance, vu le mauvais comportement de Son enfant, Il n’en accomplit pas moins le désir de Son fils, celui-ci ayant prononcé la bénédiction adéquate (le cri et les gestes corrects).

Combien cela est-il encore plus pertinent lorsque la réticence du Père à acquiescer à la volonté du fils n’émane que de Son désir de tester son intelligence ! Le cas échéant, l’enfant faisant preuve de perspicacité en récitant la bénédiction correcte, il est sûr que le Père accédera à sa demande.

Il va sans dire que D.ieu déversera sur nous toutes sortes de biens. En fait, le désir de D.ieu de nous déverser du bien est encore plus grand que notre désir de le recevoir. Cela va dans le sens des paroles de nos Sages, de Sainte Mémoire, qui affirment : « Plus encore que le veau désire téter [et recevoir le lait], la vache désire allaiter [et donner du lait]. (Pessa’him 112a)

D.ieu ne désire pas seulement accéder à tous nos besoins mais également que nous Le servions, comme l’exprime le verset : « Tu languis les actions de Tes créations » (Job 14 :15). Cela signifie que D.ieu désire notre service spirituel.

Ainsi, lorsque le Peuple juif récite la bénédiction : « Il entend avec miséricorde les sons du Choffar de Sa nation Israël », il est assuré que D.ieu reçoit ses supplications avec grande bienveillance.

Cela est d’autant plus vrai que, selon la loi juive, l’on ne prononce pas de bénédiction quand on a un doute quant à la nécessité de le faire.

Le fait même que les Hommes de la Grande Assemblée aient statué que nous devons réciter cette bénédiction sur le Choffar apporte l’indication la plus évidente et la preuve la plus absolue que notre cri du Choffar est entendu par D.ieu de façon miséricordieuse.

En conséquence, D.ieu attribue à chaque Juif tout ce qu’Il considère nécessaire pour lui, à la fois matériellement et spirituellement, et ce, dans tous les domaines : les enfants, la vie et la subsistance. Puisque D.ieu nous accorde Sa générosité d’ « une main pleine, ouverte et généreuse », il est évident qu’Il nous offre tout cela de façon abondante et opulente.

Toutes les bénédictions précédentes sont incluses dans celles que nous nous souhaitons réciproquement pour la nouvelle année, à savoir que nous soit accordée « une bonne et douce année ». Plus encore, ces bénédictions trouvent leur expression dans le fait que nous les recevrons de façon très réelle et très concrète, de manière tangible et dans un bien révélé.

Nous comprenons des deux paraboles qui précèdent que Roch Hachana renferme deux aspects distincts qui se fondent en un seul : Roch Hachana dans la perspective du Peuple juif, ce qui correspond à la parabole du Baal Chem Tov où l’enfant se tourne en pleurs vers son père et l’essence de Roch Hachana dans la perspective de D.ieu, correspondant à la parabole de Rabbi Lévi Its’hak de Berdichtev où l’on voit le père accéder à la requête de l’enfant, une fois qu’il a fait la bénédiction appropriée.

Du point de vue du Peuple juif, Roch Hachana est le moment où un Juif se lie totalement à D.ieu, L’acceptant comme son souverain, son Père et Roi et L’implore des profondeurs de son cœur.

De Son côté, D.ieu fait, pour ainsi dire, plaisir au Peuple juif, s’engageant à le pourvoir de toutes Ses abondantes bénédictions : « Je te donnerai tes pluies en leurs saisons » (Devarim 31 :26), et toutes les autres bénédictions mentionnées dans ce passage, afin que nous puissions réellement jouir d’une « bonne et douce année ».