«Six jours le travail sera fait. Mais le septième jour est un Chabbat de repos solennel, un appel à la sainteté, tu ne travailleras pas : c’est un Chabbat pour D.ieu dans toutes tes résidences…» (Vayikra 23 :3)

La Kabbale explique que la création vit le jour par l’intermédiaire de sefirot variées, une progression de canaux divins affectant la création. Chaque sefira se définit par une caractéristique unique dont elle imprègne la création. La sefira de ‘Ho’hmah, la sagesse, contient l’attribut de l’intelligence. La sefira de ‘Hessed contient la bonté, apporte la miséricorde et la faculté du don à toute la création. A l’opposé, la sefira de Guevoura, la puissance, introduit la notion de restriction. Il en va ainsi pour toutes les huit autres sefirot.
Les six sefirot émotionnelles (‘Hessed, Guevoura, Tiféret, Nétsa’h, Hod et Yessod) représentent les six directions fondamentales de la dimension physique en trois axes de l’univers : le nord, le sud, l’est, l’ouest, le haut et le bas. Elles sont représentatives des modes essentiels pour atteindre les six directions de la création.
L’on se réfère à ces sefirot comme aux sefirot masculines parce qu’elles sont dirigées vers l’extérieur.
Mais ces six dimensions tournées vers l’extérieur ne pourraient exister sans un axe central. Mal’hout, la royauté, l’ultime sefira, est l’axe ou le pôle au centre des six directions. Il reflète un regard tourné vers l’intérieur et représente la manière dont nous faisons pénétrer en nous-mêmes l’illumination spirituelle.
L’on se réfère à Mal’hout, comme à la sefira féminine.
Les six jours de la semaine, du dimanche au vendredi, représentent ces six axes dirigés vers l’extérieur et qui sont masculins. Le Chabbat, à l’opposé, qui est féminin, est le point central vers lequel convergent les six directions.
Durant toute la semaine, alors que nous luttons pour gagner de la spiritualité, nous fonctionnons dans un mode masculin.
Ces six jours, nous dominons et exerçons de l’influence sur notre environnement. Nous sommes dans un perpétuel état de conflit, devons opter entre ces éléments du monde dont nous allons nous saisir pour les développer et ceux que nous devons rejeter et vaincre.
La Torah nous aide à distinguer entre ce qui peut être positivement maîtrisé et ce qu’il faut abandonner. Elle nous guide pour choisir les aliments, les matériaux, les objets et les relations qui pourront donner de l’énergie notre être et sanctifier notre vie et à écarter ceux qui détruiront notre sensibilité spirituelle et rendront pour lourds ou aviliront notre cœur et notre esprit.
Durant ces six jours, nous agissons dans un mode de conquête et d’assaut masculin, dans une agitation incessante.
Puis vient le Chabbat. Nous repartons alors dans une spirale d’harmonie, de sérénité et de paix. Après nous être affirmés et avoir accompli nos desseins durant les jours de la semaine, c’est le temps du repos.
Le Chabbat, nous nous refreinons du processus de choix et de rejet qui marquait la semaine et pénétrons, en nous-mêmes et en la création, dans un mode féminin, un état d’harmonie, de tranquillité, de repos et de réceptivité. C’est pour cette raison que l’on se réfère toujours à Chabbat au féminin, comme dans l’expression Chabbat Hamalka, «la reine Chabbat» ou kalla, «la mariée».
Les femmes, modèles de la sefira unificatrice de Mal’hout et du jour harmonieux du Chabbat, ressentent un besoin plus impérieux de chercher et d’apporter cette force unificatrice et cet équilibre dans leur vie.
Le Chabbat est la source des bénédictions de la semaine qui précède et de la semaine qui suit.
Par le même biais, la femme est la source de bénédictions pour son époux et pour son foyer. Comme le déclarent nos Sages : «Un homme reçoit des bénédictions par le seul mérite de son épouse» et «la joie, la bonté, la Torah et la protection viennent de la femme.»
Cela provient du fait que bien que l’on puisse avoir une abondance de bénédictions dans notre vie, elles ne nous appartiennent que lorsque nous sommes capables de faire une pause et apprécier et absorber leurs bienfaits.
C’est le Chabbat que nous pouvons enfin absorber tout à la fois la bénédiction des efforts accomplis la semaine précédente et nous renforcer pour continuer dans le nouveau voyage qui nous attend dans le cycle hebdomadaire suivant. Nous donnons un sens au passé et renouvelons nos énergies pour le travail de la semaine qui vient.
Parce que le Chabbat représente l’expérience et le mode féminins, c’est à la femme qu’a été confié le soin d’allumer les bougies qui font pénétrer en ce saint jour. Même «si le mari veut allumer les bougies lui-même, sa femme en a la priorité». Car l’essence de l’être de la femme est en harmonie avec le message essentiel du Chabbat.
C’est pour la même raison qu’il est préférable que ce soit l’homme qui récite la prière de la Havdala, à la conclusion du Chabbat, et qui fait entrer la semaine de travail. L’homme qui personnifie la lutte et la bataille du cycle de la semaine met un terme à l’expérience du Chabbat lorsqu’il le sépare, Havdala signifie «séparation», du travail de la semaine.
L’homme fait ses adieux au Chabbat en faisant pénétrer le jour de la semaine masculin, par l’intermédiaire de sa récitation de la Havdala et c’est la femme qui fait pénétrer le Chabbat féminin en allumant et bénissant les bougies.
Et par ce geste, la femme apporte les bénédictions, l’harmonie et l’équilibre du Chabbat dans sa propre vie et dans celle de ceux qui l’entourent.