Dans la Paracha de cette semaine, nous découvrons donc la mitsva de Eglah Aroufah, un acte rituel lors duquel on brisait le cou d’une génisse pour expier le meurtre d’une personne qui avait été abattue par un assaillant inconnu.

La vie du Juif se caractérise, par excellence, par son lien avec D.ieu, comme il est écrit : «Vous qui vous raccrochez à l’Eternel, votre D.ieu, êtes tous vivants aujourd’hui». C’est sur cette base que nous pouvons comprendre la cause de la mort de cette personne qui a été assassinée. Son lien avec la Divinité a été coupé. Pourquoi cela ? Parce qu’on l’a retrouvée dans un champ. Le champ se réfère à un endroit qui se trouve en dehors du royaume de la sainteté. Ce n’est pas un endroit intrinsèquement négatif. Bien au contraire, c’est là que pousse la nourriture qui sustente l’homme. Néanmoins, dans un champ, l’on peut rencontrer «Essav… l’homme des champs» et en subir l’influence. En termes simples, une fois que l’on est en dehors du royaume de la sainteté, il est très facile de tomber dans l’erreur de rechercher les accomplissements et les plaisirs matériels sans qu’il n’y ait de perspective Divine. Cela constitue la mort spirituelle, la fin du lien de la personne avec D.ieu.

La Eglah Aroufah était apportée pour absoudre les gens de la ville avoisinante de leur responsabilité dans la mort de cette victime.

Pourtant, il semblerait que celui qui est mort est le seul responsable de sa propre mort. Après tout, il a quitté la ville, un lieu de Torah, et s’est rendu dans un champ ! Pourquoi donc les autres, les anciens de la ville, ni plus ni moins, seraient-ils responsables d’expier sa mort ?

La mitsva de Eglah Aroufah met en lumière les erreurs que comporte un tel type de raisonnement. Il ne faut pas utiliser un tel argument pour s’extraire de toute responsabilité. Il existe un lien profond qui lie tous les Juifs ensemble et nous connecte à tous nos frères, même à ceux qui ont opéré les mauvais choix et se sont retrouvés «dans le champ».

Les anciens de la ville donnent l’exemple de l’obligation qui s’applique à nous tous, en accomplissant ce rituel et en déclarant : «Nos mains n’ont pas versé ce sang». Nos Sages expliquent qu’ils déclarent ainsi qu’ils n’ont pas laissé partir de la ville l’homme abattu, sans lui avoir donné de la nourriture et une escorte. La «nourriture» se réfère à l’étude de la Torah. Avant qu’un Juif ne se mette en route vers le champ, la communauté doit l’approvisionner en «nourriture» spirituelle et doit également veiller à ce que d’autres l’accompagnent, pour qu’il ne soit pas confronté seul à tous les challenges du champ.

La Paracha Choftim est toujours lue au cours du mois d’Elloul, le mois où, comme l’explique la célèbre métaphore de Rabbi Chnéor Zalman de Lyadi, «le roi est dans le champ». Chaque Juif doit «suivre Ses voies» et quitter la sécurité de la «ville», la communauté juive établie, et sortir pour atteindre ces Juifs dans «le champ», les aider à trouver le chemin du retour vers leur héritage juif. Plus encore, il doit le faire avec joie, à l’instar du Roi qui «accepte tous avec un maintien gracieux et rayonne dans son attitude, à l’égard de tous».