Dans les Hil’hot Talmud Torah (1 :1), Rabbi Chnéour Zalman écrit :

« Quand le père est-il obligé d’enseigner à son fils (des versets de la Torah) ? Quand (le fils) commence à parler, il doit lui enseigner les versets « Torah Tsiva Lanou Moché » et « Chema Israël ».

Au fur et à mesure des progrès de l’enfant, après que ses parents lui aient enseigné à la maison pendant un certain temps, on l’amène au ‘Héder afin qu’il étudie avec un maître. Bien qu’aucun âge ne soit spécifié pour cette étape, il est d’usage dans de nombreuses communautés de commencer dès l’âge de trois ans, le jour de la coupe de cheveux ou un peu plus tard. Dans une de ses lettres, le Rabbi[1] écrit que si les parents éduquent l’enfant à la maison, il n’est pas nécessaire de se précipiter  pour l’envoyer au ‘Héder à l’âge de trois ans. De même si l’usage dans une communauté est de commencer le ‘Héder[2] un peu plus tard, le débit officiel de l’éducation de l’enfant peut être retardé jusqu’à cette date[3]

Comment se passe l’entrée au ‘Héder

Les coutumes relatives à l’entrée au ‘Héder sont basées sur la section Ha ‘hnassat Lebeth Hamelamed dans le Sidour de Rabbi Yaakov Emden ainsi que sur la description  de l’entrée au ‘Héder du Rabbi Tséma’h Tsédek dans le Séfer Hassi’hot 5700 (1940).

Le matin, le père amène l’enfant au ‘Héder, enveloppé dans un Talit[4] afin que celui-ci ne voie rien d’impur[5]. Cela l’habitue aussi à la vertu de la discrétion ; de plus, cela le protège du mauvais œil[6]. Une fois qu’il est entré dans le ‘Héder, l’enfant est sorti du Talit qui est alors enroulé sur ses épaules.

Le professeur assied l’enfant sur ses genoux[7] et commence à lui faire répéter le Alef Beth. Il est d’usage d’enseigner le Alef dans la première page du Tanya[8]. Le professeur désigne la lettre du doigt, dit Alef et l’enfant doit répéter Alef. A l’aide d’un cure dents[9], le professeur enduit le Alef de miel. L’enfant récite la bénédiction Chéakol puis lèche le miel[10].

Ensuite le professeur lit le Alef Beth, lettre après lettre, à l’enfant en pointant la lettre et en faisant répéter l’enfant après lui. Il lit ensuite les lettres à l’envers (Tav, Chine, Rèch…) et l’enfant répète. Puis il enseigne les Nekoudot (voyelles hébraïques), en les lisant d’abord dans l’ordre puis à l’envers.

Ensuite le professeur prend un ‘Houmach Vayikra[11] (Lévitique) et en lit les premiers versets[12]. L’enfant répète après le professeur mot à mot.

Puis le professeur récite – avec l’enfant qui répète après lui – le verset[13] : « Torah Tsiva Lanou Moché Moracha Kehilat Yaakov » (La Torah que Moché nous a ordonnée est l’héritage de la communauté de Yaakov »), ainsi que la prière : « Torah tehé Émounati Ve-El Cha-Daye Béezrati » : que la Torah soit ma foi et que le D.ieu Tout Puissant soit à mon aide.

Le parent transmet alors au professeur le gâteau au miel[14] cuit dans l’huile[15] sur lequel ont été inscrits les versets suivants[16] :

« Ado-naye Élo-Him Natane Li Lechone Limoudim Ladaat Laout eth Yaèfe Davar Yahir Babokère Babokère Yahir Li Ozène Lichmoa Kalimoudim. Ado-Naye Élo-Him Pata’h Li Ozène Vaano’hi Lo Mariti Aro’h Lo Nessougoti »

     (L’Éternel D.ieu m’a accordé une langue pour étudier afin d’apprécier les besoins des moments, pour enseigner à ceux qui sont assoiffés de la parole  (de D.ieu). Il me réveille matin après matin, Il éveille mon oreille pour écouter comme (le ferait celui qui éveille) les étudiants. L’Éternel D.ieu a ouvert mon oreille ; je ne me suis pas rebellé, je n’ai pas rué en arrière).

Le professeur lit les versets et l’enfant répète mot après mot. Ensuite le professeur efface l’inscription et donne le gâteau à l’enfant qui le mange après avoir récité la bénédiction Boré Miné Mezonot.

 

On donne alors à l’enfant l’œuf dur sur lequel est inscrit le verset suivant[17] :

« Vayomère Élaye Ben Adam Bitnera To’hel Ouméayir Temalé Eth Hameguila Hazot Achère Ani Notène Éléra Vaorla Vatehi Befi Kidvach Lematok »

 

(Il me dit : fils de l’homme ! Emplis ton estomac et ton ventre de ce rouleau que Je te donne. Je mangeai et ce fut dans ma bouche aussi doux que le miel).

Encore une fois, le professeur lit le verset et l’enfant répète après lui mot pour mot. Ensuite l’enfant mange l’œuf.

Ce jour-là, l’enfant donne généreusement de l’argent à la Tsedaka[18]. On lance des bonbons sur lui et on lui explique qu’ils sont lancés par l’ange Mi’haël[19]. L’enfant distribue aussi des sacs de bonbons aux autres enfants.

Il est de coutume, le soir, que la famille célèbre l’événement par un repas de fête[20].

* * *

 

[1] Igrot Kodèch – Volume 14 p. 39.

[2] Dans une de ses lettres, le Rabbi explique que même un jardin d’enfants dans lequel l’enfant passe le plus clair de son temps à jouer peut aussi être appelé un ‘Héder puisque les enfants y apprennent à réciter des bénédictions.

[3] Dans une telle situation, certains suivent l’habitude de procéder à l’entrée au ‘Héder le même jour – ou un peu plus tard – que la coupe de cheveux, bien que l’enfant n’entre pas encore à l’école à ce moment.

[4] Rokéa’h section 296 ; Migdal Oz p. 174 ; voir Séfer Hassi’hot 5700 (1940) p. 67.

[5] De fait, on devrait veiller à cela durant toute la journée.  Autant que possible, l’enfant ne devrait être exposé qu’à des spectacles saints. Voir aussi le Sidour de Rabbi Yaakov Emden qui explique que, pour des raisons similaires, les troupeaux du peuple juif ne furent pas laissés près du Mont Sinaï pendant le  Don de la Torah.

[6] Ma’hzor Vitri.

[7] Ceci rappelle les versets : « Comme la nourrice porte le nourrisson » (Nombres 11 : 12) qui décrit comment Moché prend soin du peuple juif ainsi que : « J’ai habitué Éfraïm  que (un chef) les prendra  dans ses bras » (Osée 11 : 3) qui décrit comment D.ieu prend soin du peuple juif.

[8] Likouté Si’hot Volume 2 p. 476.

[9] De façon à ne pas abîmer le livre.

[10] ‘Haguigua 13 a (citant le Cantique des Cantiques 4 : 11) utilise le miel comme une métaphore pour les dimensions mystiques de l’étude de la Torah. Goûter le miel permet à l’enfant de continuer jusqu’à ce qu’il maîtrise aussi cette dimension de l’étude. A un autre niveau, le miel implique que les mots de la Torah que l’enfant étudie seront doux et nourrissants.

[11] Voir Séfer Hassi’hot 5700 (1940) p. 68. Un enfant doit commencer à étudier le ‘Houmach de cette façon, suivant la directive de nos Sages (Midrach Tan’houma  Parchat Tsav – section 14) : « Que viennent ceux qui sont purs (les enfants non encore contaminés par le péché) et qu’ils s’occupent des sujets purs (le livre de Vayikra qui relate les sacrifices et les lois de pureté rituelle).

[12] Certains ont aussi l’habitude d’ajouter le verset 17 du chapitre 3.

[13] Deutéronome 33 : 4.

[14] Le blé est aussi une des  métaphores de la Torah. De plus, le mot ‘Hita (blé) a la valeur numérique de 22, le nombre de lettres de l’alphabet hébraïque. Le sens du miel a été expliqué plus haut.

[15] L’huile est aussi une métaphore pour la dimension profonde, mystique de  l’étude de la Torah.

[16] Isaïe 50 : 4 et 5. Les versets seront inscrits sur le gâteau à l’aide d’un cure dents et ne seront pas écrits avec du glaçage.

[17] Ézékiel 3 : 3.

[18] Les parents de l’enfant devront aussi donner généreusement à la Tsedaka ce jour-là.

[19] Voir Séfer Hassi’hot 5701 – 1941 p. 28. Dans Si’hot Parchat Pin’has – 5734 -1964), le Rabbi explique que les bonbons proviennent effectivement de l’ange Mi’haël car il est la source de la douceur. Les gens qui jettent les bonbons sur l’enfant agissent – peut-être inconsciemment – comme ses émissaires.

[20] Voir Séfer Hassi’hot 5700 (1940) p. 69 ; Séfer Hassi’hot 5705 – 1945 – p. 104.