Samedi, 10 mai 2014

  • Behar
Editorial

 Vous avez dit « austérité » ?

Parfois des mots semblent flotter dans l’air du temps. Comme en accord avec une tonalité générale des choses, ils parviennent à modeler les manières de penser, de ressentir et finalement de vivre. C’est dire que de tels mots sont, au moins dans la période qui les portent, chargés de puissance. C’est ainsi qu’aujourd’hui l’austérité est dans toutes les bouches et souvent dans tous les esprits. La conscience que les temps sont difficiles, que des efforts sont sans doute nécessaires mais encore plus douloureux en intensifie encore la présence. Tant et si bien que la référence à elle paraît souvent être devenue une figure obligée du discours collectif, un peu comme si l’on se devait de dire « le pire reste à venir » dans la crainte de ne pas être crédible. Et pourtant, est-il véritablement possible de vivre sans attente ni espérance ? Sans rêver à ces lendemains qui chantent mais arrivent bien rarement, quelle place donner aux actes de l’homme et au pouvoir immense du bonheur et de la joie ?

C’est peut-être justement en de tels moments que la vérité des choses se fait jour plus facilement. Le mot est connu dans la tradition ‘hassidique : lorsqu’une armée part au combat, elle y va avec un chant de joie et c’est précisément cette joie qui lui apporte la victoire. Cela est également vrai dans notre vie quotidienne. Celui qui veut mener un bien à projet ne peut envisager son échec ; ce serait là manière certaine de le voir se produire. Alors faut-il faire preuve d’irréalisme ? Faut-il faire semblant de croire que tout va pour le mieux ? Se mentir à soi-même n’a jamais été d’aucune utilité. Cependant savoir que nous avons en nous la capacité du changement, que nous pouvons transformer les choses, ne pas nous laisser dominer par elles, est le gage du succès.

Joie du service de D.ieu, joie dans l’existence de tous les jours, joie en nous et autour de nous, espoir éternel : ce sont les ressorts de la vie. En ce temps également plus austère rituellement qu’est la période de l’Omer, nous détenons cette expérience précieuse : la vie est toujours plus forte, par nature la lumière vainc l’obscurité. Vie et lumière, judaïté vivante : laissons-les donc entrer !

Etincelles de Machiah

 Trois choses inattendues

Le Talmud (traité Sanhédrin 97a) énonce : “Trois choses arrivent sans qu’on s’y attende: Machia’h, un objet trouvé et un scorpion”. Ce texte semble affirmer qu’il ne faut pas attendre la venue de Machia’h pourtant cette attente est un impératif posé par la Loi juive. Comment comprendre cette apparente contradiction ?

En fait, cela signifie que la venue de Machia’h doit être préparée justement pendant le temps de l’exil, cette période pendant laquelle on ne “s’attend pas” à la Délivrance, où la lumière de ce nouveau temps semble écartée.

C’est lorsqu’on illumine les lieux les plus obscurs, c’est-à-dire quand il n’y a plus d’attente, que l’obscurité est si profonde qu’elle s’oppose à la lumière de Machia’h, que celui-ci arrive.

(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch, Chabbat Parchat Matot-Massé 5713) H.N.

Vivre avec la Paracha

 Behar

L’année sabbatique : six raisons

Les fermiers, en Israël, sont requis, par la loi juive, de respecter la Chemitah laissant leurs champs reposer une année entière, une fois tous les sept ans (Vayikra 25 :1-7). Pourquoi la Torah donne-t-elle cet ordre ?

  1.       Le sol
  2.       Un macro Chabbat
  3.       Rétablir les effets de six années de Chabbat.
  4.       Une leçon de foi et d’humilité
  5.       L’unité
  6.       La libération

Les philosophes anciens voient dans la Chemitah une occasion de laisser reposer et de rafraîchir le sol. Néanmoins, cette théorie, sans rien pour la renforcer, est insuffisante dans la mesure où le sol requiert des repos plus fréquents qu’une fois tous les sept ans. (Le Talmud évoque souvent une formule où l’on travaillerait la terre deux ans pour la laisser reposer une année. Aujourd’hui pour ce faire, on utilise des fertilisants et la rotation des récoltes, mais aujourd’hui encore, le repos de la terre est considéré comme une formule adéquate)

D’autres voient la Chemitah comme un Chabbat à grande échelle. Nous nous reposons le Chabbat pour démontrer que D.ieu a créé l’univers en six jours et a interrompu Sa tâche le septième jour. De la même façon, nous laissons les champs à l’abandon la septième année pour démontrer que D.ieu S’est «reposé» le septième jour

Les commentateurs postérieurs rejettent cette théorie, arguant que si la Chemitah avait pour but d’instiller la conscience que D.ieu est le Créateur, son but se trouverait entravé par le long intervalle qui sépare les périodes de repos. Le Chabbat hebdomadaire sert déjà ce dessein et par des intervalles beaucoup plus brefs. Qu’apporte donc la Chemitah au-delà des effets du Chabbat ?

En réponse à cette question, certains avancent que la Chemitah permet aux champs de se reposer le Chabbat. Il est vrai que nous nous reposons le septième jour, mais même alors, les champs continuent à fonctionner. Nous plantons des graines le vendredi et les graines germent le Chabbat. Durant la Chemitah, nos champs rattrapent les Chabbat et les fêtes où ils ne se sont pas reposés les six années précédentes.

Il existe cinquante-deux Chabbat dans une année basée sur le calendrier solaire. Le nombre total des Chabbat pendant six ans est donc de 312. Sept fêtes par an élèvent le total à 354, ce qui est le nombre précis des jours de la Chemitah dans une année basée sur le calendrier lunaire. Observer la Chemitah pendant trois cent cinquante-quatre jours, une année lunaire entière, permet au champ d’«équilibrer ses comptes» et de rattraper son propriétaire dans l’observance d’un nombre complet de Chabbat durant six ans.

Malgré cette argumentation, une nouvelle théorie fut proposée plus tard. Les lois de la Chemitah ne furent enjointes à nos ancêtres qu’une fois qu’ils furent installés en Israël. Quand nous travaillons sur les graines que nous faisons pousser, ou sur d’autres formes de revenus, quelles qu’elles soient,  nous risquons d’être fiers de nos accomplissements et de prendre tout le crédit de nos accomplissements.

Nous avons tendance à oublier que la bénédiction divine est la seule raison de notre succès. Nous risquons d’oublier que c’est D.ieu Qui nous a donné notre terre et nos graines et que c’est Lui qui fait tomber la pluie, briller le soleil et pousser les graines. La Chemitah renforce notre foi en l’intervention de la Providence Divine dans nos affaires.

Nous travaillons la terre six années consécutives bien que la sagesse conventionnelle indique que ce n’est pas sain pour le sol. En fait, le sol garde sa force et produit une récolte plus importante la sixième année, en vue de l’année de la Chemitah. Et puis nous nous interrompons la septième année, en dépit de nos doutes et de nos soucis bien naturels sur la façon dont nous allons pourvoir aux besoins de nos familles.

Ce type de comportement pourrait apparaître comme la meilleure manière d’aller au désastre. Et pourtant, pour les Juifs en Israël, cela produit des résultats extraordinaires. Cela renforce notre foi dans le fait que la terre appartient à D.ieu, que notre succès découle directement de Sa bénédiction et que nous devons Lui être reconnaissants pour tout ce que  nous possédons.

Il est aisé de partager avec les autres quand nous pouvons nous permettre de partager, quand nous avons un revenu stable et quand nous savons comment nous paierons les dépenses du lendemain. Mais il est beaucoup plus difficile d’être charitable quand nous ne sommes pas sûrs de quoi seront faits les lendemains. Les propriétaires n’avaient aucun revenu pendant la Chemitah et pourtant ils abandonnaient les récoltes qui poussaient spontanément pendant cette année-là. C’est ainsi que se trouvaient resserrés les liens qui unissaient la communauté.

En dehors d’Israël, ce phénomène est mis en évidence par les contributions aux caisses de charité. La sagesse conventionnelle dicte que plus nous donnons, moins nous avons ! Mais de la perspective divine, il en va autrement : plus nous donnons, plus nous pouvons nous permettre de donner. La charité renforce donc notre foi et notre unité.

La croyance que le monde appartient à D.ieu et que notre succès dépend de Lui est une notion libératrice. Elle nous permet de poser le fardeau que nous traînons. Nous continuons à travailler, mais nous respirons plus facilement. Nous savons que D.ieu guide nos pas et que tout arrive pour une bonne raison. Nous apprenons à voir la main de D.ieu dans tout ce que nous faisons et Sa présence dans tout ce que nous voyons.

Cela nous conduit à l’ultime raison pour la Chemitah que nous proposent les commentateurs bibliques. Le Talmud nous indique que dans le Temple, les Lévites chantaient chaque jour des louanges à D.ieu. Le Chabbat, le septième jour, leurs chants évoquaient le jour du repos éternel, l’âge messianique.

Le Talmud nous enseigne que notre monde durera six millénaires. Les deux premiers ont été consacrés à la création, les deux suivants à la Torah et les deux derniers seront consacrés à Machia’h. En fait, nos Sages affirment qu’au cours du septième millénaire, le monde comme nous le connaissons cessera d’exister. Il deviendra un monde de liberté et de Divinité.

La Chemitah, la septième année, comme le Chabbat, le septième jour, représentent l’époque messianique. Notre foi en D.ieu est renforcée durant la Chemitah, tout comme elle le sera à l’ère messianique. Notre unité est renforcée durant la Chemitah tout comme à l’ère où Machia’h introduira un âge de paix. La sixième année est une année d’abondance tout comme l’ère qu’introduira Machia’h : une ère de prospérité.

Mais c’est par la liberté qui régnera que l’époque de Machia’h sera la plus remarquable. En fait, la Chemitah est une année d’émancipation. Les esclaves sont libérés et toutes les dettes exonérées. Que nous ayons bientôt le mérite d’accéder à la liberté de l’ère de Machia’h !

Le Coin de la Halacha

 Pourquoi lit-on Pirké Avot, les « Maximes de nos Pères », chaque samedi après-midi, entre Pessa’h et Chavouot ?

 Entre Pessa’h et Chavouot, nous nous préparons à revivre le don de la Torah au mont Sinaï. Pirké Avot est un traité talmudique qui contient des recommandations éthiques et morales. Grâce à ces paroles de nos Sages, nous pouvons raffiner notre personnalité et notre comportement, de façon à mériter de recevoir la Torah.

Dans de nombreuses communautés, on continue la lecture de ces six chapitres tout au long de l’été jusqu’au Chabbat qui précède Roch Hachana. En effet, durant l’été, certains ont tendance à se montrer moins stricts dans leur observance des Mitsvot : il convient donc de se renforcer spirituellement pour éviter tout relâchement.

Le Recit de la Semaine

 C’est ainsi que je devins professeur de Talmud au Japon

La première fois que je rencontrai le Rabbi, j’étais étudiant à la Yechiva University : ce fut un entretien fascinant de deux heures durant lesquelles nous avons évoqué le rôle des Juifs dans ce qu’on appelle Tikoun Olam, comment rendre le monde meilleur. Par la suite, je devins aumônier dans l’Armée américaine basée au Japon. A mon retour, je fus nommé rabbin de la communauté de Great Neck dans l’état de New York et je me fiançai. Encouragé par un ‘Hassid de Loubavitch qui servait de surveillant rituel chez un traiteur du quartier, j’envoyai un faire-part de mariage au Rabbi.

A ma grande surprise, une semaine plus tard, je reçus un appel téléphonique m’informant que le Rabbi souhaitait nous voir, ma fiancée et moi, pour une bénédiction avant le mariage. Flattés, nous sommes venus en pensant que l’entrevue ne durerait que quelques minutes.

Quand nous entrâmes dans son bureau, le Rabbi nous adressa un grand sourire et remarqua : «Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vus ! Vous avez disparu !»

Il était vrai que j’avais disparu mais après tout, je n’étais pas un ‘Hassid de Loubavitch donc quelle sorte de contact aurais-je dû avoir avec le Rabbi ? Mais j’étais agréablement surpris qu’il se soit souvenu de moi. Puis il me dit : «Assez de travailler avec les morts, vous devez commencer à travailler avec les vivants !». Je ne comprenais pas et je protestai : «Je n’officie pas aux enterrements !». Mais le Rabbi répéta sa phrase et je me demandai s’il s’agissait peut-être d’une énigme mystique, d’un jeu de mots talmudique… Souriant, le Rabbi continua : «J’ai lu que vous avez localisé un cimetière juif à Nagasaki. Pourquoi perdre votre temps à trouver des cimetières juifs ? Il y a des Juifs qui vivent au Japon et ils ont besoin de vous !».

Il est vrai que j’avais découvert un cimetière juif à Nagasaki - là où une bombe atomique avait explosé en 1945 – et il n’avait pas été touché. Ceci avait été rapporté dans certains médias. J’étais surpris que le Rabbi ait lu cet article et s’intéressât aux Juifs du Japon. Quand j’avais servi dans l’armée US là-bas, je n’avais eu aucun contact avec les civils sur place qui vivaient surtout à Tokyo, à des centaines de kilomètres de là où j’officiais. Mais le Rabbi continua : «Je pense que vous devriez vous installer au Japon et devenir le rabbin de la communauté là-bas !»

Ma fiancée ne comprenait pas le yiddish : elle était israélienne, d’origine yéménite. Pour elle, le Japon était le bout du monde. Quand je lui traduisis ce qu’avait demandé le Rabbi, elle répondit : «Je crois que tu devrais dire au Rabbi que nous irons plutôt sur la lune !». Je tentais de faire dévier la conversation – en évoquant par exemple notre prochain mariage - mais le Rabbi revenait avec insistance sur ce pays.

Finalement je demandais au Rabbi : « Mais pourquoi le Japon ? ».

Il expliqua qu’il existait aux États-Unis ce qu’on appelait « Peace Corps », un programme visant à envoyer de jeunes Américains dans des pays pauvres pour aider les gens sur place. De nombreux jeunes Juifs s’étaient enrôlés dans les « Peace Corps » pour un an ou deux, pour faire de ce monde un endroit meilleur. Le Rabbi ajouta que c’était une très bonne initiative mais, dit-il, «il existe des Juifs dans le monde entier et eux aussi ont besoin d’aide. Il y a des Juifs au Japon mais ils n’ont pas de rabbin. Qui va enseigner la Torah à leurs enfants ? Qui leur donnera la fierté d’être juifs ? Qui leur expliquera Chabbat, Pessa’h, ‘Hanouccah et Yom Kippour ? Vous connaissez le pays, il n’est pas étranger pour vous ! Vous devez y aller !»

Je suggérai au Rabbi d’y envoyer un de ses Chlou’him, ses émissaires dispersés dans le monde entier mais il remarqua : «Si j’avais quelqu’un de disponible, je l’aurais déjà envoyé !». Bref, il parait à tous les arguments auxquels je pouvais penser : «Ne dites pas que vous êtes marié, vous n’êtes pas encore marié ! Ne dites pas que vous avez des enfants, vous n’en avez pas encore ! Vous n’avez pas besoin d’y aller pour toujours, passez-y autant de temps que vous voulez mais soyez utile au peuple juif !». Je traduisis tout cela à ma fiancée mais elle trouvait que c’était juste Mechouga (fou) : elle ne parlait pas japonais (moi non plus) et elle ne connaissait rien de la communauté là-bas. Et nous avons donc répondu : «Merci mais non merci !». Le Rabbi se leva, nous accorda sa bénédiction et je pensais que l’affaire était close.

Mais quelque temps plus tard, je reçus un coup de téléphone du président de la communauté juive du Japon : il se trouvait à New York et souhaitait me rencontrer. De fait, il m’offrit de devenir le rabbin de sa communauté ! Un mois plus tard, il répéta son offre. Trois fois de suite ! Finalement nous avons accepté : l’idée était de partir loin de tout, juste nous deux, de façon à cimenter notre mariage et visiter l’Extrême-Orient si exotique…

Un an plus tard, nous commençâmes le déménagement. Nous avions décidé d’attendre que ma femme accouche de notre premier bébé. Mais soudain, mon père décéda, de façon tout à fait inattendue. Alors que je respectais le deuil des sept jours, je reçus une lettre du Rabbi pour me consoler. Cette lettre signifiait tellement pour moi alors que j’hésitais encore à partir : pouvais-je partir au loin en laissant ma mère toute seule dans de telles circonstances ?

Après la semaine de deuil, je téléphonai au secrétariat du Rabbi pour demander un rendez-vous. Celui-ci fut accordé sur le champ. D’abord je remerciai le Rabbi pour sa lettre de condoléances qui nous avait tant émus et aidés, ma mère et moi. Nous avions dû la lire et la relire plus de cent fois. Puis je fis remarquer au Rabbi qu’en ce qui concernait notre installation au Japon, je m’inquiétai pour ma mère et je craignais de ne pas trouver sur place un Minyane, dix Juifs devant lesquels réciter chaque jour le Kaddich pour mon père. Le Rabbi répondit : «Vous devez y aller. Si vous êtes inquiet pour votre mère, emmenez-la avec vous mais ne retardez pas votre voyage !». Puis il me donna des conseils : «Vous serez le seul rabbin dans toute la région, pas seulement de votre synagogue mais de toute la communauté, même des Juifs qui ne vont pas à la synagogue ! Vous devez être ouvert à tous et chacun doit ressentir que vous êtes son ami. Ils ont besoin de savoir qu’ils peuvent venir vers vous et que vous irez vers eux s’ils ont besoin de vous. Qu’ils fréquentent la synagogue ou non, vous devez vous intéresser à eux et vous occuper d’eux !».

Il me dit de construire une école juive et de donner un cours de Michna, en me servant du texte. «Servez-vous du texte – quel qu’il soit – parce que même s’ils n’aiment pas ce que vous dites, ils auront le texte. Si vous donnez une conférence, cela rentre dans une oreille et ressort par l’autre mais s’il y a un texte, c’est quelque chose qu’ils peuvent rapporter chez eux !»

Le Rabbi me recommanda également de prendre un conseiller, quelqu’un à qui je pourrais poser des questions de loi juive, une autorité rabbinique d’envergure. Je répondis que j’aimerais solliciter les avis de Rav Moché Feinstein (zal) : le Rabbi approuva : «C’est très bien ! Je vais mentionner votre nom auprès de lui afin qu’il accepte vos coups de téléphone en priorité puisque vous serez responsable d’une si grande région !».

Enfin il déclara : «‘Hayé Mitsvot Yom Yom», vivez les commandements de la Torah jour après jour ! Par cela, le Rabbi me donnait le but de ma mission ; je l’inscrivis sur une petite carte que je conserve constamment sur moi.

Ces années au Japon furent les meilleures de notre vie. Un nouveau monde s’était ouvert à nous. Nous sommes restés deux ans, puis trois, puis quatre… Huit ans !

C’est alors que je constatai que les Japonais s’intéressaient au judaïsme et surtout au Talmud. L’un d’entre eux me demanda un soir s’il pouvait emprunter un Talmud, le lire durant la nuit et me le rapporter le lendemain matin. En réprimant un sourire, je lui conseillai de venir avec un camion : quand il arriva, il ne put que constater le nombre impressionnant de livres qu’il s’était engagé un peu vite à lire en une nuit ! Après cela, il me suggéra d’écrire une introduction au Talmud, en traduisant quelques histoires et en donnant quelques aperçus de la pensée juive, ce que je fis. Le livre devint un best-seller au Japon et fut vendu à des millions d’exemplaires. Je crois qu’il en est actuellement à sa trentième réédition !

Rav Marvin Tokayer – JEM

Traduit par Feiga Lubecki