Semaine 19

Editorial
Parce que Lag Baomer…

Et si on prenait le temps – et la peine – de regarder encore Lag Baomer… Trente-troisième des jours qui s’étendent entre Pessa’h et Chavouot, étape de l’attente impatiente depuis la sortie d’Egypte jusqu’au Don de la Torah, fin d’une tragique – quoique antique – épidémie, temps de cette joie liée à celle de Rabbi Chimon Bar Yo’haï : les thèmes sont si nombreux qu’il pourrait sembler presque inutile, ou très ambitieux, d’y revenir… Et pourtant, comment ne pas penser, une fois de plus et jamais une fois de trop, à ces centaines, ces milliers d’enfants réunis partout dans le monde – et, en particulier, à Paris ? Comment ne pas penser à eux qui, en ce jour, savent clamer haut et fort leur bonheur d’être Juif ? Le jour de Lag Baomer, ils défilent, mieux encore, ils paradent, comme en une manifestation de grandeur. Et les messages qu’ils donnent sont ceux, éternels, de la connaissance, de la fidélité et du courage. Ce sont les messages de l’éducation juive.
C’est peut-être ainsi que Lag Baomer livre son grand secret. Car il serait facile de n’en faire qu’une commémoration parmi toutes les autres ou une fête en l’honneur d’un de nos grands Sages qui, au fil des siècles, serait devenue une sorte de folklore émouvant, chaleureux… et sans conséquence. Mais ce n’est pas de cela que les hommes peuvent vivre. Leur vie, ils la tirent justement de la conscience qu’ils s’inscrivent dans un projet qu’ils portent et qui les emportent à la fois. Ils la tirent de cette justesse de comportement qui fait qu’un enfant juif est capable de ressentir pleinement que la joie de Rabbi Chimon le concerne, et pas seulement au titre de l’histoire. Ils la tirent du fait qu’un tel événement est aussi un facteur d’avenir. Comme un bel arbre qui grandit d’autant mieux que ses racines sont plus profondes.
Il faut nous souvenir : Rabbi Chimon vécut en une époque très dure. L’empire romain occupait Israël, l’oppression grandissait et nul ne savait de quoi le lendemain serait fait. Il maintint le judaïsme, consacra sa vie à l’étude de la Torah et donna au monde tout ce dont il avait besoin. Lorsque les enfants fêtent Lag Baomer, c’est cela qu’ils célèbrent : le don de soi, l’amour de l’autre, le souci de tous, l’impératif de la connaissance, la recherche de la paix. C’est cette volonté multiple qu’ils déclarent solennellement mettre en œuvre lorsqu’ils chantent et qu’ils jouent. C’est cette volonté qu’ils concrétisent lorsque, au lendemain de Lag Baomer, le monde n’est décidément plus tout à fait le même, grâce à eux. A présent que la route, par leur passage, s’est éclaircie, à nous de les accompagner. Le chemin n’est plus très long. Déjà la lumière se lève.
Etincelles de Machiah
Pourquoi désirer le nouveau temps ?

« Les Sages et les prophètes n’ont pas désiré le temps de Machia’h (pour quelque raison autre que) être libre (pour se consacrer) à la Torah et sa sagesse » (Maïmonide, Michné Torah, Hil’hot Mela’him, chap.12, Hala’ha 4).
Maïmonide relève ici une idée importante. Les Sages et les prophètes authentiques ne sont pas satisfaits de leur étude et de leur connaissance dans le temps de l’exil. Bien au contraire, ils désirent et attendent avec impatience la venue de Machia’h.
Ils l’espèrent de tout leur cœur car c’est seulement alors qu’ils pourront plonger au plus profond de la Torah.
(d’après un commentaire du Rabbi de Loubavitch, Chabbat Parachat Vayéra 5743)
Vivre avec la Paracha
Behar : l’orgueil qui plonge plus loin encore que le moi

Le message profond du débat de nos Sages
Le Talmud rapporte le débat suivant :
Rav ‘Hiya bar Achi statue au nom de Rav : «Un érudit en Torah devrait posséder 1/64è part d’orgueil, [de sorte que ceux qui sont frivoles ne se comportent pas mal à son égard et n’agissent pas envers lui avec arrogance et de sorte que ses enseignements soient acceptés par eux (Rachi).]
Rav Houna le fils de Rav Yehochoua dit : [Cette petite quantité d’orgueil] l’orne tout comme le poil orne l’épi de blé.»
Rava déclare : «Celui qui possède [de l’orgueil] mérite d’être placé dans un ban d’ostracisme. [Par contre] celui qui manque [de cette qualité] mérite d’être placé complètement sous une interdiction. [S’il ne possède pas d’orgueil, même en petite quantité, ses concitoyens ne le craindront pas et il n’aura pas la puissance de les admonester (Rachi).]
Rav Na’hman bar Yits’hak dit : «Ni [de l’orgueil], ni une petite part [d’orgueil].Ce qui est écrit est une bagatelle : «tous ceux qui sont orgueilleux sont une abomination pour D.ieu.»

Quelle est la raison de la présence de cette référence qu’apporte Rav Na’man bar Yits’hak ? L’orgueil vient parfois d’un jugement réaliste et n’est parfois pas issu de nos propres actes et potentiels. Quand une personne est fière de ses accomplissements, même si sa fierté est justifiée, elle nie, quelque part, la providence de D.ieu. Car en s’enorgueillissant, l’individu attribue son succès à ses propres efforts. S’il réalisait qu’en réalité tout ce qu’il réussit vient d’un don de D.ieu, il en viendrait à reconnaître avec gratitude la main de D.ieu.
Cela n’a pas pour but de minimiser l’importance des entreprises humaines. Il est écrit : «Et D.ieu te bénira dans tout ce que tu accomplis», ce qui implique que les efforts humains sont nécessaires. Sans en fournir, il ne dispose pas du moyen par lequel lui seront acheminées les bénédictions de D.ieu. Et quand le succès vient des bénédictions de D.ieu, il n’y a aucune place en l’homme pour un orgueil personnel.

Exploiter un potentiel plus profond
Néanmoins, comme l’indiquent les autres Sages que nous avons précédemment cités, avoir une petite quantité de fierté présente un avantage. Car à moins qu’une personne ne s’affirme avec assurance, ses paroles n’atteindront pas leur but. Et sans une bonne part de confiance en soi, cet homme lui-même ne sera pas capable de persévérer devant un challenge. Plus encore, ressentir de la satisfaction et de la fierté incite la joie, ce qui est une composante essentielle du service de D.ieu.
On peut toutefois récolter les avantages de la fierté sans ses aspects négatifs. Car il existe une source plus profonde de fierté que celle que l’on tire de soi-même, de ses aptitudes ou de ses accomplissements. D.ieu «nous a rendus saints par [Ses] commandements, et nous rapproche de [Son] service», nous accordant par là-même un lien avec Lui et la mission d’élever et de raffiner le monde en général. La prise de conscience de cette relation et l’identification avec cette mission génère une fierté intérieure, de la satisfaction et un sentiment d’accomplissement.

Une synthèse et non un conflit
Cette approche permet à l’humilité et à la fierté d’être considérées comme des qualités complémentaires. Développer une humilité désintéressée encourage l’homme à resserrer son lien avec D.ieu et Son service. Cela, à son tour, le nourrit de ressources plus profondes pour qu’il se sente fier et sûr de lui.
En fait, ce type d’orgueil est encore plus puissant que celui que génère l’appréciation de ses propres qualités. L’orgueil qui se concentre autour de soi est limité et peut être affecté devant un défi que l’on ne peut surmonter. Mais la force personnelle qui naît de l’engagement à accomplir la volonté divine reflète la nature infinie de son objectif. Aucun obstacle ne lui résiste.
Nos Sages font allusion à ce concept quand ils déclarent : «Le serviteur d’un roi est comme le roi lui-même.» Un serviteur n’est pas considéré comme une entité séparée de son maître. C’est comme s’il était lui-même une extension de la personne de son maître. C’est la raison pour laquelle la confiance en lui qu’exprime le serviteur n’est pas la sienne propre mais celle du maître et elle exprime la force de sa position.
Celui qui est totalement engagé dans le service divin dévoile donc des ressources bien plus puissantes de force intérieure que celles qu’il possède par lui-même. Du dynamisme et de l’énergie irradient de sa personne et il peut faire preuve du contrôle nécessaire pour transformer ses propres énergies en entreprises productives.

Des principes personnifiés
Ce type de confiance en soi est incarné par Moché notre Maître. Lui-même dit au Peuple Juif : «C’est moi qui me tiens entre D.ieu et vous», et c’est lui qui écrivit le verset : «et il ne se leva jamais en Israël un prophète comme Moché». Toutefois, il était «plus humble que tous les hommes sur la surface de la terre.»
Moché ne considérait pas la fierté et l’humilité comme des tendances contradictoires. Bien qu’il sût la grandeur de la mission qui lui avait été attribuée et qu’il réalisât qu’il avait reçu des qualités personnelles exceptionnelles pour lui permettre d’accomplir sa mission, cette conscience ne le conduisait pas à un orgueil démesuré concernant sa propre personne. Bien au contraire, il réalisait que ces potentiels lui avaient été attribués par D.ieu et qu’ils n’étaient pas le fruit de ses propres efforts. Bien plus, il considérait que si ces talents avaient été donnés à un autre, cette personne aurait accompli bien plus que lui.

La symbolique de Sinaï
Les idées que l’on vient de développer se reflètent dans le nom de la Paracha de cette semaine : Behar. Behar signifie «sur la montagne». Et plus particulièrement, comme le poursuit le verset, cela se réfère au Mont Sinaï sur lequel fut donnée la Torah.
Le Mont Sinaï représente la synthèse de ces deux potentiels que l’on vient d’évoquer. D’une part, c’est «la plus basse de toutes les montagnes», symbole d’humilité mais en même temps, c’est une montagne, ce qui représente la fierté et la puissance. C’est la fusion de ces deux contraires qui fait de Sinaï la montagne de D.ieu, l’endroit que D.ieu choisit pour manifester Sa Présence et donner Ses enseignements.
Cependant, une légère difficulté se soulève : la Paracha n’est pas appelée Behar Sinaï : «Sur le Mont Sinaï». Elle est appelée Behar : «sur la montagne». Les qualités de fierté et de courage sont accentuées mais non celle de l’humilité modératrice de Sinaï, «la plus basse de toutes les montagnes».
Pour la résoudre, l’on peut expliquer que l’expression Behar Sinaï, «sur le Mont Sinaï», évoque la personne qui se rappelle qu’elle a besoin de rabaisser son sentiment d’importance. Le fait même que ces efforts soient nécessaires indique que son humilité ne domine pas complètement son être.
Quand, par contre, l’individu a totalement assujetti son identité à la mission que D.ieu lui a confiée, nul ne lui est besoin de se rabaisser, il ne se soucie pas de lui-même. C’est là le sens du nom de la Paracha, Behar : le serviteur de D.ieu se tient fier, fermement enraciné dans la puissance que lui donne la force de son objectif.
La force de son objectif permettra à notre Peuple de surmonter tous les défis que lui lancent ces derniers moments de l’exil et d’aller à la rencontre de Machia’h. Que cela ait lieu dans le futur immédiat !
Le Coin de la Halacha
Qu’est-ce que « le Chema avant de se coucher » ?

La dernière Mitsva (commandement) de la journée est de réciter le «Chema avant de se coucher». Dans de nombreux livres, cette prière est précédée d’une supplication émouvante dans laquelle le Juif déclare pardonner à toute personne qui aurait pu le mettre en colère ou lui nuire physiquement, financièrement ou de tout autre manière. Il demande aussi à D.ieu de l’aider à ne pas retomber dans les fautes qu’il aurait pu commettre tout au long de la journée qui s’achève.
C’est ainsi que le roi David a écrit (Psaumes 4. 9) : «En paix, uni avec tous, je me coucherai et m’endormirai car c’est Toi seul, oh D.ieu, qui me fait résider en sécurité». Quand nous sommes véritablement en paix même avec ceux qui nous ont «causé des soucis», quand nous avons vraiment abandonné toute considération de vengeance ou simplement de ressentiment, nous pouvons dormir sereinement.
Le «Chema» doit être récité avec une intense concentration, surtout les deux premiers versets «Chema Israël Ado-naï Elo-hénou Ado-naï E’had» (puis à voix basse :) Barou’h Chem Kevod Mal’houto Leolam Vaèd» (Ecoute Israël, D.ieu qui est notre D.ieu, est le D.ieu Un. Que soit béni le Nom de la Gloire de Sa royauté à jamais»).
En récitant le Chema le soir, le Juif accomplit la Mitsva de croire en D.ieu et de rappeler le souvenir de la sortie d’Egypte.
Il est recommandé d’étudier la Torah, le jour et la nuit, pour mieux dormir, comme il est écrit à propos des bénéfices engendrés par l’étude de la Torah dans les Proverbes (3. 24) : «Quand tu te coucheras, tu n’auras pas peur; tu t’étendras et ton sommeil sera agréable».
Quand nous prenons à cœur ces enseignements, nous méritons de nous réveiller reposés et prêts à entamer une nouvelle journée avec enthousiasme.
L’étude de la Torah et l’accomplissement des Mitsvot hâteront la venue du Machia’h, le Messie descendant du roi David, quand tous ceux qui sont endormis - y compris ceux qui «reposent dans la poussière» - se relèveront et revivront, puisse ceci arriver maintenant !

F. L. (d’après L’Chaim n°1111)
De Recit de la Semaine
Même au fin fond du Colorado…

Durant l’hiver 1971, la Maison-Blanche organisa un Congrès consacré à l’enfance et à la jeunesse, un Congrès qui se réunit tous les dix ans : de nombreux émissaires du Rabbi y furent invités, parmi lesquels Rav Avraham Shemtov de Philadelphie et Rav Moshe Feller du Minnesota. De nombreux discours furent prononcés et de nombreuses décisions importantes furent prises, certaines directement à la suite des paroles transmises par ces prestigieux émissaires du Rabbi.
La première partie de ce congrès était consacrée aux enfants, elle se tint en hiver à Washington. La seconde partie – consacrée aux adolescents – se tenait six mois plus tard dans une petite ville du Colorado, East Park. On était officiellement au printemps mais nous avons été surpris de nous retrouver en pleine tempête de neige. Les organisateurs nous apportèrent – par avion ! – des vêtements chauds de l’armée américaine puisque cette conférence organisée par la Maison-Blanche était placée sous la responsabilité de l’armée.
Alors que le congrès se terminait après trois jours de travail intense, nous avons reçu un appel téléphonique de Rav Hodakov, le secrétaire personnel du Rabbi. Il nous transmit trois demandes du Rabbi :
- après la fin de la conférence qui avait reçu une large couverture médiatique, nous devions rendre visite à la communauté juive de la ville de East Park.
- nous devions agir afin que les journaux locaux évoquent également la tenue de la conférence.
- nous devions organiser un cours de Torah pour tous les participants de la conférence et coller partout des affiches afin que tous soient mis au courant de la tenue de ce cours.
Ce même jour, la neige s’était amoncelée dans les rues et il était très difficile de circuler, même à pied. Et là, il nous fallait marcher quelques kilomètres, depuis la colline jusqu’au village voisin : mais quand on reçoit une directive du Rabbi, on obéit quelles que soient les circonstances, comme un soldat ! D’ailleurs nous portions de véritables uniformes de l’armée américaine qui nous rappelaient que nous étions effectivement des soldats…
Quand nous sommes enfin arrivés au village – après une marche interminable dans la neige – nous avons constaté que – évidemment – tous les bureaux et magasins étaient fermés. Après bien des efforts, nous avons enfin trouvé un magasin ouvert : c’était un magasin de chaussures et nous avons demandé aux propriétaires s’il se trouvait sur place une communauté juive. On nous répondit qu’effectivement près de 70.000 Juifs possédaient ici des résidences secondaires mais qu’ils ne venaient que pour les vacances d’été : «Revenez dans un mois, quand il fera beau car pour le moment, aucun vacancier n’est arrivé !»
Inutile de préciser combien nous étions déçus car nous ne pouvions apparemment pas remplir la première mission que le Rabbi nous avait confiée. Nous sommes donc passés à la seconde directive : faire parler de nous dans les médias. Quand nous avons demandé à l’homme s’il existait un journal local, il demanda si nous désirions le lire ou plutôt nous faire interviewer. Nous avons répondu qu’il nous fallait l’interview. Il se mit à rire : «J’ai lu des reportages à votre propos cette semaine dans le «Times Magazine» et d’autres grands journaux nationaux. Pourquoi souhaitez-vous être interviewés dans une feuille de chou d’une aussi petite ville ? De toute manière, aucun journal ne parait ici !»
Nous avons insisté : «Etes-vous sûr qu’il n’existe aucun journal local ?»
- Ah si ! Si on peut appeler cela un journal, ce ne sont que deux feuilles dactylographiées qui paraissent une fois par semaine. Mais allez trouver «l’éditeur» dans cette tempête de neige !
Notre interlocuteur n’était pas juif mais il nous prit en pitié et tenta de nous consoler. Et soudain il se rappela : «Ah oui ! Il y a ici un Juif, peut-être pas trop loin d’ailleurs ! Il y a un garage et quelqu’un vient d’arriver de Brooklyn pour y travailler. Je crois qu’il est juif !
Je vais lui téléphoner !
Effectivement, deux minutes plus tard, l’homme en question entra dans le magasin. Ses mains étaient noires de cambouis et il se demandait pourquoi on l’avait obligé à venir de toute urgence alors qu’il réparait une voiture. Mais dès qu’il nous aperçut – deux parfaits étrangers à l’apparence ‘hassidique, malgré les uniformes militaires – il pâlit et s’écria : « Il m’a retrouvé ! Même ici ! »
Maintenant nous étions tous stupéfaits. Nous l’avons bien regardé et alors nous l’avons reconnu : c’était un Juif du quartier religieux de Williamsburg à Brooklyn ; quelques années auparavant, il nous avait aidé en amenant des enfants de son quartier à notre nouvelle colonie de vacances Gan Israël et nous avions alors eu l’occasion de bavarder avec lui.
De fait, depuis six mois, il avait décidé d’abandonner le judaïsme, de quitter sa famille, de quitter toute communauté pratiquante et de s’installer dans le lointain Colorado. Dans cette ville perdue de East Park, il serait enfin seul, à l’abri de tout regard. On comprend alors qu’il s’était écrié : «Le Rabbi m’a retrouvé ! Même ici !»
Dès qu’il me reconnut, il m’enlaça avec ses deux mains graisseuses mais qui se souciait à ce moment-là du cambouis ?
Puis il se passa encore autre chose d’inattendu : il s’avéra que le patron du garage connaissait l’homme qui «éditait» le journal local. Quand celui-ci entendit notre étrange histoire, il arriva presque immédiatement, avec un appareil-photo ; il nous photographia et fit paraître la même semaine un reportage sur notre visite à East Park.
Nous savions déjà – même si nous n’arrivions pas à trouver d’explication plausible – que le Rabbi était assis à New York et pouvait savoir ce qui se passait à l’autre bout du monde, même dans un village perdu du Colorado. Mais ce qui m’a le plus frappé dans cette histoire – et qui reflète plus que tout la vision du monde du Rabbi – était le fait que le Rabbi mettait exactement en pratique tout ce qui était discuté dans ce congrès consacré à l’éducation par la Maison-Blanche et nous envoyait aider un Juif isolé qui avait décidé d’abandonner tout son judaïsme derrière lui.
Alors que ce Juif originaire de Williamsburg pensait que plus personne ne se préoccupait de son sort, il s’avéra que le Rabbi envoya deux émissaires à un Congrès afin qu’au milieu d’une tempête de neige, ils localisent cette âme errante et la ramènent au sein de la communauté.
Et quand nous avons pu accomplir la troisième mission fixée par le Rabbi, quand nous avons organisé un cours de Torah pour les participants à cette conférence, le Juif originaire de Williamsburg fut le premier présent sur place pour y assister.
Et c’est ainsi que débuta son voyage de retour vers un judaïsme vivant et intense.

Rav Avraham Shemtov
Kfar Chabad n°1367
traduit par Feiga Lubecki