Semaine 28

Editorial
3 Tamouz - Une lumière qui monte
C’est à la montée de la lumière que l’on sait mesurer
le temps. Plus elle apparaît, plus elle s’élève,
sereine et puissante, écartant sur son passage
ce qu’il reste d’obscurité, surmontant tous les obstacles,
plus on prend conscience que les jours, les mois
et les années ont véritablement un sens: celui d’un
aboutissement que chacun entrevoit déjà.
Alors que le 3 Tamouz - la date à laquelle, il y a onze ans,
Rabbi Menahem Mendel Schneerson, le Rabbi, quitta
physiquement ce monde - rev ient, c’est da ns cette
perspecti ve qu’il nous appa rtient de l’env i s ager.
Beaucoup a sans doute déjà été dit et écrit sur la grandeur
de l’oeuvre du Rabbi et les changements profonds
qu’elle a entraînés dans le monde entier, révélant partout
un authentique bonheur d’être juif. A ce titre, le 3
Tamouz aurait pu n’être qu’un jour, certes important, de
commémoration. Il est cependant bien plus. Il est ce
temps précieux qui, les années passant, ne disparaît
pas de la conscience mais, au contraire, y pénètre
davantage, faisant apparaître des profondeurs insoupçonnés.
Et ce qu’il découvre est riche de tous les possibles
car il porte en lui une puissance indépassable.
C’est pourquoi la date du 3 Tamouz est d’abord celle
d’un grand rendez-vous: avec une certaine sagesse
bien sûr mais aussi avec soi-même. C’est ce moment de
l’année où le tumulte extérieur doit faire silence, où
seul l’essentiel des choses a sa place. C’est cet instant
où, malgré l’apparente immobilité de ce qui nous entoure,
tous les changements sont à portée de notre décision
et de notre action.
Une telle description est bien plus que la figure obligée
d’un jour important. Elle est l’expression d’une réalité
dont chacun mesure constamment les effets: “Les bergers
d’Is raël n’ aba ndon nent ja mais leur troupeau”.
Jusqu’à la venue de Machia’h, temps de toute lumière.
Etincelles de Machiah
Le parachèvement

Le Talmud (Traité Sota 13b) enseigne: “L’observance d’un commandement
n’est appelée que du nom de celui qui le parachève”. En d’autres
termes, c’est celui qui conclut une Mitsva qui en acquiert le bénéfice.
Cette notion s’applique également à la venue de Machia’h. Bien que l’oeuvre
accomplie par les générations précédentes, dont il est dit (traité du Talmud
Chabbat 112b) “les premiers étaient comme des anges”, soit infiniment supérieure
à la nôtre, cependant “la Délivrance est appelée du nom de celui qui la
parachève”.Or, elle viendra par le mérite de notre génération car c’est elle qui,
par son effort, porte à son point culminant l’oeuvre des générations passées.
(d’après Likouteï Si’hot, vol.XX, p. 104) H.N.
Vivre avec la Paracha
Le décret

Et D.ieu parla à Moché et Aharon en ces termes: “Voici le décret (‘hok) de la Torah... Si une personne vient à mourir dans une tente, tout ce qui pénètre dans la tente et tout ce qui est dans la tente deviendra tamé (rituellement impur) pendant sept jours... Et qua nt aux pers o n n es contaminées, elles prendront des cendres (de la Vache Rousse)...” (Bamidbar 19 :1,14-17) La loi de la “Vache Rousse”, qui nous enseigne sur la façon de purifier un homme de l’impureté rituelle suscitée par le contact avec un corps sans vie, est souvent citée comme le décret divin supr ê me. Le Roi Chlomo, le “plus sage de tous les hom mes” disa it de ce tte mits v a: “Tout (des commandements de la Torah) j’ai compris. Mais le chapitre de la Vache Rousse, bien que je l’aie examiné, creusé et approfondi en pensa nt réussir à le ma î tr i ser, il m’est resté distant.” La loi de la Vache Rousse présente, en fa it, de mu lti ples aspects qui d é f ient tou te rationa l i sation. Tou t d’abord, le concept même d’impureté rituelle est une notion mystique et supra - ration nel le. Le pro cessus de pu r i f ication qui se dérou le en aspergeant la personne contaminée avec les cendres de la Vache Rousse ne su it aucu ne log ique décelable pour nous. Et les détails de la loi ellemême pou r ra ient nous sem bler incohérents comme le fait que l’aspersion de ces cend r es purifie la personne contaminée et en même temps rend impur celui qui procède à l’aspersion. Mais da ns la Torah d’au tr es loi s échappent également à la compréhension humaine. En fait, il existe même une cat é gor ie entière de mitsvot qu’on appelle les ‘houkim et que l’esprit humain ne peut appréhender. Que présente donc de si particulier la loi de la Vache Rousse pour qu ’on en fasse l’arch é ty pe des décrets, la mitsvah dont D.ieu dit: “C’est là le ‘hok de la Torah”? Moché pâlit Le Midrach nous relate que Moché fut le seul être humain qui put parvenir à comprendre la loi de la Vache Rousse. “A toi, dit D.ieu à Moché, Je révélerai le sens de la Vache; pour toute autre personne il demeurera un ‘Hok”. Et pou rta nt, Mo ché lui aussi éprouva de grandes difficultés à accepter ce tte loi, com me nous pouvons le voir dans le récit midrachique: Dans tout ce que D.ieu enseignait à Moché, Il lui montrait à la fois la manière de se rendre impur et la manière de se purifier. Quand D.ieu arriva aux lois concernant celui qui entre en contact avec un corps sans vie, Moché s’écria: “Maître de l’univers! Si quelqu’un est ainsi contaminé, comment peut-il se purifier?” D.ieu ne lui répondit pas. A ce moment, le visage de Moché pâlit. Quand D.ieu en arriva à la section de la “Vache Rousse”, Il dit à Moché: “Voilà la manière de se purifier”. Et Moché de répondre: “Maître de l’univers! Est-ce là une purification?” D.ieu lui répondit: “Moché, c’est un ‘Hok, un décret que J’ai rendu, et aucune créature ne peut comprendre pleinement Mes décrets”. Le mystère de la mort Le fait qu’une âme quitte un corps nous est i n compr é hensible. Aucu ne rationa l i sation ne donne un sens à la mort. Nous comprenons la fragilité de la vie, le caractère éphémère de tout ce qui est matériel. Mais, nous refusons de l’accepter. Contre toute évidence, nous persistons à voir la vie comme éternelle. Quelles que soient les explications que nous donne l’esprit, nous rejetons le concept même de la mort. Il est encore plus difficile d’accepter qu’il puisse y avoir un processus, une formule qui calme voire guérit le vide terrible laissé par la vie qui a cessé. Quel antidote possible peut-on trouver face à l’angoisse, le vide, le sentiment de futilité absolue que la mort apporte au coeur humain? C’est la raison pour laquelle Moché pâlit quand il entendit les lois rituelles accompagnant la mort. Ce n’était pas parce qu’il ne saisissait pas comment on pouvait se purifier de l’impureté spirituelle. Et pourtant, Moché fut le seul être humain auquel fut révélé “le sens de la Vache”. Mais il ne put s’empêcher de crier: “Maître de l’univers! Estce là une purification?” Tu m’as expliqué comment fon ction nent les cend r es de la Vache Rousse. Mon esprit est satisfait mais cela n’apporte pas gra nd- chose au tou r ment de mon coeur. Mon coeur ne peut comprendre comment le mal de la mort peut être atténué. Et D. ieu répond it: “Mo ché, c’est un ‘ Hok, un décret que J’ai rendu”. Certaines choses dans Ma création vous dépassent tellement qu’elles ne peuvent être surmontées qu’en se soumettant à un com ma ndement absolu émanant d’une autorité absolue. C’est pourquoi J’ai émis des lois pour vous enseigner ce qu’il faut faire qua nd votre vie est touchée par la mort. Ce sont des lois supra - rationnelles voire irration nel les, car seu les de telles lois peuvent faci l iter votre apa i sement. Ce n’est que par un tel décret divin, i n compr é hens i ble, que vous pou r r ez vous remettre de la mort. Les lois de deuil Aujourd’hui, nous ne possédons pas les cendres de la Vache Rousse. Mais nous avons des lois et des rituels qui nous guident dans une situation de deuil. La Torah nous commande de prendre le deuil pour la mort d’un être aimé et puis elle régule notre deuil. Le concept même de “lois de deuil” est incompréhensible. Comment ordonner celaà un être humain de s’endeuiller? Peut-il par le même biais être enjoint de réduire ou de cesser son deuil? Et c’est précisément ce que fait la Torah. Des lois spécifiques gouvernent l’intensité du deuil dans les heures qui séparent la mort de l’enterrement (une période appelée onanout), des lois régulent le comportement des trois jours qui suivent l’enterrement, les sept premiers jours (chivah), les trente premiers jours (chlochim) et la première année qui suit. A chacune de ces étapes, il nous est demandé de passer à une nouvelle phase du deu i l, une phase dans laquel le l’intens ité de notre angoisse et le sentiment de la perte se trouvent de plus en plus tempérés et sublimés. Nous résistons à ces étapes avec chaque fibre de notre être. L’esprit comprend la différence entre la chivah et les chlochim et entre se désespérer de ce tte résistance int é r ieure: la Tora h nous dit que Moché lui-même ne pouvait dominer son coeur et le forcer à accepter ce que son esprit avait compris. Même après que D.ieu lui eut expliqué comment la Vache Rousse sublimait cette rencontre avec la mort, cela restait un ‘ Hok, distant du plus grand des esprits et totalement incompréhensible à son coeur même. Et pourtant, D.ieu commande de faire ces transitions et nous don ne la force d’accomplir Sa volonté. C’est la puissance des décrets divins qui nous permet de continuer, à la fois dans notre vie et dans notre travail pour les autres (car il est sûr qu’on ne peut faire attendre ceux qui dépendent de nous jusqu’à ce que nos coeurs et nos esprits a ient plei nement intégré ce que l’on attend d’eux). Et la force du décret divin est telle que finalement nous pouvons l’emporter sur nousmêmes et sublimer tous les aspects dévastateurs de la mort.
Le Coin de la Halacha
Coutumes liées au jour de la Hilloula du Rabbi
3 Tamouz (cette année dimanche 10 juillet 2005)
Le Rabbi avait fixé un certain nombre de coutumes à respecter à l’occasion
de la Hilloula du Rabbi précédent.Ce sont ces mêmes coutumes
qui ont été reprises pour le 3 Tamouz.En voici quelques-unes :
• On allumera une bougie de 24 heures depuis samedi soir 9 juillet
(après Chabbat).
• Pendant chacune des trois prières du jour, on allumera cinq bougies
devant l’officiant.
• Le matin, on donnera de la Tsédaka (charité), au nom de chacun des
membres de sa famille, pour une institution du Rabbi.
• On consacrera un moment dans la journée pour parler du Rabbi et de
sa grande Ahavat Israël (amour du prochain) à sa famille et son entourage.
• On étudiera les chapitres de Michnayot correspondant aux lettres qui
constituent le nom du Rabbi.
• On étudiera les enseignements du Rabbi.
• On rédigera un "Pan", "Pidyon Néfech", une lettre de demande de
bénédictions, en y précisant son prénom et le prénom de sa mère, qui
sera lue sur le Ohel du Rabbi.
N° de fax du Ohel: (00 1718) 723 44 44
N° de fax du Beth Loubavitch: 01 45 26 24 37
Adresse du Ohel: 226-20 Francis Lewis Blvd – Cambria Heights, New
York 11411
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De Recit de la Semaine
Le Rabbi répond même en Indonésie

220 millions d’habitants, cet archipel est le plus grand
pays musulman du monde. Il existe aussi une minorité
chrétienne et quelques familles juives.
C’est à Surabaya, la seconde ville d’Indonésie que M.
David Skurder, un homme d’affaires juif de Manchester
s’est rendu plusieurs fois. Malgré tous ses efforts, il ne
put trouver l’adresse d’une éventuelle synagogue qu’à
l’aide d’une de ses relations, un chrétien qui se proposa
même de l’accompagner. Le portail en fer était
fermé et aucune pancarte n’attestait qu’il s’agissait
d’une synagogue, si ce n’est des versets en hébreu
gravés en lettres d’or.
Une femme d’une quarantaine d’années, Hanna sortit
alors d’u ne porte lat é ra le et leur dema nda en
anglais ce qu’ils rechercha ient. Com me M. Sku rder
r é pond it qu’il désira it pr ier, el le s’empr essa de lui
ouvrir la porte de ce qui semblait être la galerie des
femmes. La pièce attenante, pour les hommes, comptait
environ 80 sièges. Il y avait encore une autre
pi è ce, sans doute une salle de classe qui pouvait
même servir pour de petites réceptions. Mais l’endroit
ne semblait vraiment pas très fréquenté...
Hanna expliqua alors que, depuis quelques années,
la police avait “recommandé” de ne pas attiser la haine
de la population locale avec des affiches, ce qui avait
contribué à rendre ce lieu encore plus désert. Le dernier
office s’y était tenu, il y a plus de vingt ans! Le
“Séfer Torah” qui s’y trouvait appartenait à des particuliers
qui l’avaient récupéré quand ils avaient quitté le
pays. Da ns l’arche sainte, M. Sku rder trouva une
Meguila d’Esther (rouleau d’Esther qu’on lit à Pourim)
et quelques vieux livres de prière.
Curieusement, dans la salle de classe, se trouvaient
deux photos accrochées au mur: celle du Rabbi de
Loubav itch et cel le de sa sy nagog ue, 770 Eastern
Parkway à New York. Il s’avéra que deux jeunes gens de
Yech i v a, envoyés quelques années pl us tôt par le
Merkaz Chli’hout étaient passés pas là et, ne trouvant
sa ns dou te per son ne, s’ é taient contentés de suspendre
ces deux photos. De fait, les quelques Juifs de
Surabaya étaient tous mariés à des non-Juives; leurs
enfants n’étaient donc pas juifs. Hanna et sa mère
étaient les seules Juives dans cette ville du bout du
monde.
Hanna raconta alors l’histoire de ces quatre-vingts
familles, pour la plupart originaires d’Irak: en effet, au
moment de la Première Guerre mondiale, le gouvernement
irakien avait voulu enrôler tous les hommes; les
Juifs avaient préféré s’enfuir vers l’Inde, Singapour, la
Malaisie et l’Indonésie qui était alors une colonie hollandaise.
Le grand-père d’Esther, né à Surabaya, était
parti jusqu’en Palestine comme on disait alors pour
chercher une épouse juive. Il trouva une jeune fille originaire
d’Inde, Rivka, et après quelques années passées
dans le jeune état d’Israël, le couple retourna en
Indonésie.
Hanna ne partit pas si loin pour se marier: elle épousa
un Musulman de sa ville dont elle avait un fils David
de douze ans et une fille de quatorze ans.
Quand M. Sku rder aper çut David, cel u i - ci s’ é cria:
“Vous êtes venus pour ma Bar Mitsva!” De fait l’enfant
savait que bientôt, il devrait célébrer sa Bar Mitsva
mais n’avait pas la moindre idée de ce que cela signifiait.
Il parlait un peu l’anglais et M. Skurder l’encouragea
à apprendre l’hébreu avec sa grand-mère. Mais
David possédait un appareil vidéo. M. Skurder commença
par lui faire regarder une cassette vidéo sur le
Rabbi: ainsi David verrait pour la première fois de sa vie
d’autres Juifs, une synagogue remplie, des Téfilines
etc... Le père de David – qui n’était pas juif – regarda
également et remarqua: “Mais c’est le 770, j’y étais!” Il
s’avéra qu’il avait un jour été employé par une entreprise
basée en Malaisie, dont le propriétaire – juif –
avait emmené ses ouvriers à New York et – entre
autres curiosités touristiques – leur avait montré la
synagogue du Rabbi. C’était d’ailleurs ce Juif qui avait
fa it venir les deux ga r ç ons Loubavitch quelques
années auparavant et c’était à la demande du père de
David qu’ils avaient laissé les deux photos dans la
synagogue...
M. Skurder garda le contact avec David par l’intermédiaire
d’Interne t. Dav id su rfa aussi sur les sites
Loubavitch et apprit ainsi, entre autres, ce que sont les
Téfilines et comment on les met. Quand il demanda
combien coûtent les Téfilines, M. Skurder qui avait
depuis longtemps décidé de les lui offrir, ne cacha pas
la somme: connaissant la valeur du cadeau, David saurait
l’apprécier. Quand M. Skurder revint en Indonésie,
David avait préparé une enveloppe avec la somme
nécessaire qu’il avait récoltée auprès de son père, de
son grand-père et de ses amis! Quant à M. Skurder, il
lui avait préparé une cassette vidéo avec tous les
détails sur la mise des Téfilines, la prière du Chema, les
bénédictions etc...
“Nous avons organisé la Bar Mitsva dans la communauté
juive “la plus proche”, c’est-à-dire à Bangkok
(quatre heures d’avion!). Ce fut l’ancien patron du père
de David qui paya les billets d’avion pour toute la famille.
Le vendredi avant sa Bar Mitsva, David subit une
pe tite op é ration pour compléter la circonci s ion qu i
avait été effectuée selon la loi musulmane.
Ce vendredi où David atteignit l’âge de treize ans, il
m it les Téfilines da ns le Be th ‘Habad de Ba ng kok
comme s’il l’avait déjà fait des dizaines de fois! Puis il
s’empressa de mettre les Téfilines à son grand-père,
au patron de son père et aux touristes présents qui
n’en croyaient pas leurs yeux.
Le vendredi soir, environ quatre-vingts personnes
(touristes, hommes d’affaires...) étaient invités par
Rav Kantor pour le repas de Chabbat. Chacun, selon la
trad ition de cet end roit si pa rticu l ier, prononç a
quelques mots. Le jeune Bar Mitsva récita un petit discours
et le grand-père de David se leva. “Dans mes
rêves les plus fous, je n’aurais pu imaginer que mon
petit-fils fêterait sa Bar Mitsva, et de plus, avec une si
belle fête!...” Puis Hanna, la mère de David raconta:
“Depuis que David a eu douze ans, j’entrai chaque jour
dans la synagogue et je demandai à D.ieu de m’aider à
fêter la Bar Mitsva, alors que j’ignorais complètement
ce dont il s’agissait. Un jour où j’étais encore plus soucieuse
que d’habitude, je me suis rendue dans l’autre
salle et là, devant la photo du Rabbi, j’ai dit de façon
spontanée: “Rabbi! Personne ne m’entend! Est-ce que
D.ieu m’entend? Aidez-moi! Rabbi, pour D.ieu, rien n’est
impossible, certainement Il pourra aider mon fils à faire
sa Bar Mitsva, en Indonésie ou ailleurs!”
“Je suis sortie, soulagée et un peu honteuse: peutêtre
cela ne se faisait-il pas... Mais je n’ai pas eu le
temps de regretter mes paroles puisqu’à ce moment
précis, je rencontrai M. Skurder!...”
Non seulement David continue de mettre les Téfilines
chaque jour mais, de plus, il fréquente maintenant la
Yechiva Loubavitch de Manchester dans laquelle il étud
ie très ass id û ment. Et, le vendredi apr è s- m id i, il
passe d’un magasin à l’autre pour aider d’autres Juifs
à mettre les Téfilines...
Ch. Schneider
Magazine Kfar Chabad
traduit par Feiga Lubecki


————————————————Spécial
3 Tamouz————————————————




Discours prononcé par le Rav Adin Even Israël (Steinsaltz) le 17 Juin 2004 lors d'une conférence à la bibliothèque JFK de Boston à l'occasion du dixième yahrtzeit du Rabbi de Loubavitch. Traduction et adaptation de l'anglais par Michel Allouche, Jérusalem. Le Talmud (Eroubin 13b) rapporte un surprenant débat, vieux de quelque 2000 ans, entre les deux écoles de pensée et de hala’ha, Beth Chammaï et Beth Hillel . Que vaut-il mieux pour l'homme: d'avoir ou non été créé? Pendant deux ans et demi, les deux écoles s'opposèrent jusqu'à ce qu'elles conclussent par la négative: une fois que l'homme est né, qu’il fasse donc du mieux qu’il puisse! On connaît des centaines de débats entre Beth Chammaï et Beth Hillel; la plupart porte sur les lois de la Torah ou sur le rituel. Quelle est donc l’origine de leur désaccord?

Beth Chammaï représente le camp des idéalistes, Beth Hillel celui des réalistes. Beth Chammaï raisonne en termes de tableau parfait, d'existence idéale. Beth Hillel considère, quant à lui, cette dernière existence telle qu'elle est, pour ainsi dire, "les choses étant ce qu'elles sont".

C’est que Chammaï et tous ses élèves planaient dans les hauteurs célestes. Hillel et ses disciples s’obligeaient en revanche à regarder en face les problèmes et les situations, telles qu’elles se présentent au sein de notre monde. Cette différence d’approche explique sans doute bien de leurs désaccords.

De nos jours, c’est l’opinion de Beth Hillel qui gouverne; cependant, lors de l’avènement des temps messianiques, l’avis de Beth Chammaï prévaudra et aura force de loi.

Tout dépend donc du regard que l’on porte sur le monde et sur l’existence que nous concevons pour nous-mêmes. “Qu’est-ce que l’être humain?” Selon Hillel, dans un monde où règne l’imperfection, il faut savoir s’adapter à un tel environnement; dès lors, la vraie question porte plutôt sur notre manière d’être.

Chammaï, quant à lui, refuse d’ignorer la grande fresque, fût-elle théorique. Pour lui, il ne suffit pas d’accomplir son devoir, encore faut-il que cela ajoute quelque chose au grand tableau.

À bien des égards, l’homme ne justifie tous les efforts portés à sa création. La vie de tous les jours n'est-elle pas imprégnée de méfaits commis par les gens sans qu'ils n'y accordent pour autant la moindre importance? Malgré cela, Hillel préfère conserver un regard positif sur le genre humain: après tout, si nous sommes déjà là sur terre, autant essayer d’accomplir quelque chose. Chammaï, lui, insiste pour mesurer l’homme au regard de son potentiel. Dès lors, les imperfections humaines ne peuvent qu’apparaître sans nombre. Le psalmiste ne se fait-il pas l'écho de l'interrogation des anges: « Qu’est-ce que l’homme pour que Tu penses à lui?” ».

Le plus remarquable chez le Rabbi de Loubavitch, dans tout ce qu’il a accompli, dans les fragments de ses conversations avec les gens que l'on a pu discerner, pratiquement dans chacune de ses phrases écrites ou parlées, c’était sa formidable énergie. Comme s’il fallait se surpasser à chaque instant, en faire toujours et encore plus.

J’en ai moi-même fait l’expérience dans ma propre relation avec le Rabbi. Il y a plus de douze ans, j’ai adressé une lettre au Rabbi où je lui décrivais mes nombreuses activités. Je lui écrivis qu’un de mes projets représentait suffisamment de travail pour m’occuper, quotidiennement, toute la journée. Un deuxième projet était lui aussi en mesure de m’accaparer vingt-quatre heures sur vingtquatre. Et de même pour une troisième entreprise. J’indiquais donc au Rabbi qu’il me paraissait difficile de tout faire à la fois : chaque jour était encore plus ardu que le précédent, en bref, trop, c’était trop. Et pour conclure je lui demandais conseil : "Quelles devraient être mes priorités? Quel projet devrais-je abandonner?" La réponse du Rabbi – c’est d’ailleurs là la dernière lettre que je devais recevoir - fut des plus claires: “Poursuivez toutes vos activités présentes et multipliez- les!”

Le Rabbi de Loubav itch av a it ce tte même ex igen ce pour tout le monde. Comment l’expliquer? Peut-être au travers de cette vieille et fameuse anecdote. Un fermier vint un jour se plaindre auprès de son rabbi à propos de l'exiguïté de sa maison pleine d’enfants à craquer. La situation lui était devenue insupportable. Le rabbi lui proposa alors d’amener chez lui une chèvre, ce genre de chèvre bruyante, sale et nauséabonde. Sans tarder, le fermier revint chez son rabbi en se plaignant à nouveau: “Tout va de mal en pis”. Le rabbi lui conseilla alors de renvoyer la chèvre. Très peu de temps après, notre paysan rendit à nouveau visite à son rabbi, mais cette fois pour le remercier: quelle maison magnifique était la sienne à présent!

L’approche du Rabbi de Loubavitch était à la fois similaire et cependant très différente. Lorsque les gens se plaignaient de leur dur labeur, il leur donnait encore plus de travail. Et s’ils venaient à se lamenter de ce surcroît, il leur ajoutait encore d’autres besognes! Non seulement leur demandait-il d’amener une chèvre à la maison, mais il leur envoyait en plus des chameaux à y faire pénétrer! Telle était là sa manière de travailler, et lorsque quelqu’un affichait son incapacité à affronter la charge de travail ou les difficultés rencontrées, le Rabbi suggérait invariablement d’accumuler encore d’autres tâches.

De toute évidence, une telle approche défie les lois de la nature. Tout espace est restreint par sa taille et chacun de nous se trouve confiné au sein des limites de notre propre condition humaine. Que faisait donc le Rabbi? Comment pouvait-il à ce point surcharger les gens? Qu’on me permette d’apporter une réponse puisée dans le domaine de la physique. En physique, lorsqu’on applique une pression grandissante sur un objet, à partir d’un certain niveau, ce dernier devient incapable de résister à une telle pression. Et lorsqu’on continue à appliquer dix ou cent fois cette même pression, un phénomène se produit: les molécules croulent ou s’effondrent et la nature même de l’objet se métamorphose. En astronomie, il existe un autre phénomène, celui des “naines blanches”. Il s’agit là de petites étoiles, de la taille de notre globe terrestre, parfois même encore plus petites. La masse qu’elles contiennent correspond néanmoins à plusieurs fois celle du soleil. Chaque centimètre cube pèse plusieurs tonnes. Pour quelle raison? Parce que la matière s’est effondrée pour se transformer en une entité différente, alors que les lois elles-mêmes qui la régissent ont changé. D’une certaine façon, c’est ce que le Rabbi voulait accomplir: changer la nature même de la matière humaine, du comportement de l’homme et de sa manière d’opérer. Chacune de ses rencontres avec les gens était une occasion d’essayer de transformer la nature de ses interlocuteurs en quelque chose de tout à fait différent. Comme s’ils devaient cesser d’être des êtres humains pour se métamorphoser en quelque chose de tout autre.

La première personne sur laquelle le Rabbi tenta une telle expérience fut... luimême. On en trouve trace dans des lettres qu’il écrivit en 1950 aux ‘hassidim qui le poussaient à devenir leur nouveau Rabbi . Des lettres tout à fait inhabituelles pour le Rabbi, emplies d’émotions: “Comment puis-je accepter un tel fardeau? Je ne le mérite pas. Je ne le veux point. Cela n’est pas moi.” Il devait aussi écrire: «Je ne peux ni ne veux» accepter un tel poste. À certains, il dit : “ces ‘hassidim arrachent la chair de mes os lorsqu’ils me demandent d’être le Rabbi”. Si on lui avait posé la question d’”être ou ne pas être”, sa réponse aurait été celle de Beth Chammaï: “Ne pas être”. Mais il finit par le faire. Il entreprit de devenir quelque chose qu’il avait insisté ne pas être, en d’autres termes, de dépasser les dimensions d’un être humain. Ce qui nous ramène à la question du Talmud évoquée auparavant. Après deux ans et demi d’intenses débats, tous les Sages, sans exception, les optimistes comme les pessimistes, furent dans l’obligation d’admettre que l’être humain constituait une expérience ratée. Leur seule concession fut d’admettre: “Une fois que l’homme est né, qu’il fasse de son mieux!”. Mais il est une autre manière de répondre à la question, «être ou ne pas être». En dehors de “oui” ou par “non”, il existe une troisième réponse. Une troisième réponse que le Rabbi tenta de mettre en place. Au lieu de s’occuper du problème de savoir si l’homme mérite ou non d’exister dans cet univers, il proposa d’inventer un nouvel être humain, au travers d'une nouvelle catégorie d’existence qui permettrait de répondre positivement à la question.

Au fil des ans, le Rabbi devait intensifier son message à propos du Machia'h. À chacune de ses interventions, il revenait sur ce thème. En vérité, son tout premier discours en tant que Rabbi démontre que là devait porter son intérêt. Il exprima la même notion des milliers de fois, en répétant chaque fois la même idée: le Machia'h est sur le point d'arriver.

Or la venue de Machia'h n’a rien à voir avec un événement mineur qui surviendrait de temps à autre. Il s’agit en fait de la fin réelle de l’Histoire, alors que, non seulement les choses se seront améliorées mais que, tout simplement, elles occuperont leur véritable place. Tout ce que nous avons pu essayer au fil des générations trouvera son accomplissement. La venue du Machia’h se confond avec la résolution de tous les problèmes, avec le temps où le verbe échouer disparaîtra du vocabulaire humain : la fin des temps, ou, selon la terminologie biblique, la “fin des jours” . Une fin des hauts et des bas de l’histoire de l’humanité alors que quelque chose d’entièrement nouveau et différent sera créé. Faire venir le Machia’h est cependant bien plus difficile que de créer l’Etat d’Israël ou les États-Unis d’Amérique. Cela revient à mener un changement totalement irréversible dans le monde. Face aux mouvements erratiques de l’existence, où chaque ascension se trouve suivie d’une chute, le Rabbi préférait viser plus haut en demandant aux gens d’accomplir ce qui dépassait leur possibilité. Bé’hol méodé’ha, c’est là l’expression qu’utilise la 'Hassidout pour désigner une telle attitude. Ce Bé’hol méodé’ha figure en fait dans le premier paragraphe du Chéma Israël et se traduit d’habitude par “tout ton pouvoir”. Il faudrait en vérité traduire par “tout ton surplus”. En d’autres termes, donner sa vie et tout ce que l’on possède, et puis ensuite, donner encore plus. Quel peut bien être ce surplus? Tout ce que nous ne pouvons pas faire.

Telle était donc là l’approche du Rabbi: imposer tant de travail sur une personne au point qu’elle se transforme en quelque chose d’autre. Le Rabbi n’était pas intéressé à créer une foison de professionnels de l'"outreach", à la recherche des juifs éloignés. Ce qu’il désirait, c’était littéralement changer les gens, jusqu’à leur propre essence. Il ne cessait d’ajouter de nouvelles exigences, sans jamais montrer satisfaction, car le but final - parvenir à ce nouveau degré d’existence, celuilà même où la matière, la structure de l’existence devaient s’effondrer pour laisser la place à la construction d’un nouveau cadre de la réalité - n’était pas encore atteint. Une nouvelle réalité qui serait plus compacte, moins creuse, meilleure. Il ne s’agissait pas de changer simplement quelques personnes çà et là. Cette nouvelle réalité émergerait à partir de ce que chacun d’entre nous, sans exception, devait accomplir. Pendant ces dernières années, lorsque le Rabbi criait que nous devions amener le “Machia’h maintenant”, il ne faisait que pousser de plus en plus fort, sans arrêt.

C’est que le Rabbi parlait de ce que nous ne pouvons pas faire, de ce qui dépasse nos capacités, de ce que nous ne pouvons pas opérer en l’espace d’une vie. Selon les dires de nos Sages, la venue du Machia’h correspond à notre entrée dans le monde de toutes les impossibilités, alors que nous serons en mesure d’accomplir non seulement ce que nous pouvons mais aussi ce que nous ne pouvons pas... Le Rabbi voulait ainsi faire bien plus qu’atteindre quelque révolution. Son but était de parvenir à un changement irréversible de la nature humaine, à une modification du cours de l’histoire humaine dont il voulait qu’elle devienne complètement différente.

Le Rabbi comprenait les gens, il les saisissait si bien parce que beaucoup d’entre eux se révélaient à lui en faisant bien plus que se dénuder en sa présence. Les gens lui racontaient absolument tout, tous leurs échecs et toutes leur faiblesses. Et son message envers nous tous était, invariablement: “Courez! Si vous ne pouvez courir, marchez! Et si vous ne pouvez marcher, rampez! Mais en tout état de cause, avancez, avancez, avancez!”.