Samedi, 10 mai 2025

  • A’hareï Mot - Kedochim
Editorial

 L’avenir entre nos mains

Notre rapport au temps est sans doute très révélateur de ce que nous sommes. Ainsi, on peut voir des hommes qui perçoivent le passé et les événements qu’il contient – positifs ou négatifs – comme des éléments à jamais gravés dans la pierre la plus dure, comme des choses que l’on peut oublier mais qui resteront, malgré tout, présentes au plus profond de la conscience et, par conséquent, au cœur des jours à venir. D’autres hommes font un choix différent : celui de considérer que le passé se limite à lui-même, qu’il est, par nature, enfoui bien loin en arrière et que, par conséquent, il ne peut avoir la moindre influence sur nos décisions futures ou notre vie présente. Faut-il donc vivre avec le passé chevillé à nous ou avec le seul souci de l’éphémère ? C’est une manière de se demander ce qui fait l’homme : sa capacité à assumer sa propre histoire ou son aptitude à l’oublier ?

Lorsque le jour de Pessa’h Cheni – le deuxième Pessa’h – revient, il nous apporte aussi une réponse. Souvenons-nous : D.ieu avait ordonné de célébrer la fête de Pessa’h, d’offrir le sacrifice voulu, un événement spirituel essentiel. Et certains n’avaient pas pu le faire pour diverses raisons, dont ils étaient eux-mêmes souvent responsables. Puis ils vinrent voir Moïse. « Pourquoi cela nous serait-il retiré ? » supplièrent-ils. Leur demande était d’une sincérité absolue, elle s’éleva avec force jusqu’au Trône céleste et la réponse retentit : « Ils auront une deuxième chance. » Le deuxième Pessa’h – un mois après le premier – était né. Ce jour, qui tombe en début de semaine prochaine, nous livre ainsi une clé. Le passé existe bien et nous n’avons d’autre choix que de l’assumer mais ses conséquences ne sont jamais inébranlables. Il est entre nos mains et nous avons le pouvoir de lui donner un autre sens. Les défaillances ne sont pas irréversibles. Elles peuvent être un nouveau point de départ, comme une base pour une nécessaire reconstruction, plus grande, plus belle, plus solide.

Tout cela est vrai pour chacun. L’insatisfaction est bien souvent le lot de celui qui choisit la conscience de préférence à l’illusion. Le deuxième Pessa’h relève que ce sentiment peut et doit être positif. Car il détient une puissance immense. Recommencer, refaire, rectifier, pour un avenir meilleur. A présent, tout est possible.

Etincelles de Machiah

 Une attente juive

Un jour, à l’époque où le Tséma’h Tsédek, le troisième Rabbi de Loubavitch, était encore un jeune homme, il se trouvait avec un groupe de Hassidim. La discussion s’engagea entre les présents sur le thème : « Qui sait quand Machia’h viendra ? »

Le Tséma’h Tsédek commenta : « Ce type de conversation rappelle le style du prophète non-juif, Bilaam. Celui-ci dit, à propos de la venue de Machia’h (Bamidbar 24: 17) : « Je le vois mais pas maintenant : je le contemple mais il n’est pas proche ». Il décrit la Rédemption comme lointaine. En revanche, un Juif doit espérer ardemment et attendre chaque jour que Machia’h vienne ce jour-là ».

Vivre avec la Paracha

 A’hareï

Après la mort de Nadav et Avihou, D.ieu donne un avertissement interdisant l’entrée non autorisée « dans le Saint des Saints ». Une seule personne, le Cohen Gadol (« le Grand Prêtre ») peut, une seule fois dans l’année, à Yom Kippour, pénétrer dans la pièce la plus intérieure du Sanctuaire pour y offrir à D.ieu le sacrifice des Ketorèt (« encens »).

Une des autres caractéristiques du service du Jour du Pardon est le « tirage au sort » exercé sur deux boucs, pour déterminer lequel sera offert à D.ieu et lequel sera envoyé dans le désert, chargé des péchés du Peuple d’Israël.

La Paracha A’haré avertit également contre le fait de n’apporter des Korbanot (offrandes animales ou alimentaires) nulle part ailleurs que dans le Saint Temple, interdit la consommation du sang et détaille les lois prohibant l’inceste et d’autres relations déviantes.

Kedochim

La Paracha Kedochim commence par le statut : « Vous serez saints car Moi, l’Éternel votre D.ieu, Je suis saint ». S’ensuivent des douzaines de Mitsvot (commandements divins) par l’intermédiaire desquels le Juif se sanctifie et se lie à la Sainteté de D.ieu.

Elles comprennent : l’interdiction de pratiquer l’idolâtrie, la Mitsva de la charité, le principe d’égalité devant la loi, le Chabbat, la moralité, l’honnêteté dans les affaires, l’honneur et la crainte de ses parents et le respect de la valeur sacrée de la vie.

On peut également lire dans Kedochim la célèbre sentence, qualifiée par le grand Sage, Rabbi Akiva, de principe cardinal de la Torah, et dont Hillel disait : « Voilà toute la Torah, tout le reste n’est que commentaire » : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

Produits Cacher ?

Lorsqu’il est question des lois alimentaires juives, communément désignées sous le terme de Cacherout, on pense rarement aux produits agricoles. Pourtant, la Torah énonce des prescriptions s’appliquant non seulement aux produits carnés mais également aux produits issus de l’agriculture. Par exemple, dans la Paracha de cette semaine, la Torah nous ordonne de ne pas consommer les fruits d’un arbre durant ses trois premières années, une interdiction connue sous le terme de Orla

La raison fondamentale de cette Mitsva (au-delà du fait qu’il s’agit d’un commandement divin ne nécessitant aucune justification rationnelle) rejoint celle qui motive l’ensemble des lois alimentaires et se résume dans le concept exprimé par le nom de la Paracha « Kedochim » - sainteté. 

L’introduction d’une dimension divine dans notre existence, et plus précisément dans l’expérience alimentaire, s’opère par l’observance scrupuleuse des prescriptions divines régissant ce que nous devons consommer, à quel moment et selon quelles modalités.

Renoncer à nos accomplissements les plus précieux

Cependant, ce commandement relatif à la Orla transmet de manière plus spécifique un message particulier concernant la manière dont nous accédons à la sainteté en tant que peuple. 

Il est naturel de ressentir une affection profonde et un attachement protecteur envers ce que nous produisons et créons. Parmi toutes nos créations, ce sont nos enfants qui suscitent le soin le plus attentif et l’attention la plus rigoureuse. Néanmoins, cet attachement peut également se prolonger aux œuvres de nos mains. Ainsi, il est légitime qu’un individu se montre extrêmement possessif envers les fruits des arbres qu’il a patiemment plantés et cultivés. Les enfants, en particulier, expriment une forte tendance à la possessivité et éprouvent une résistance à céder ce qu’ils considèrent comme leur propriété exclusive. 

Dans le cadre de l’éducation de nos enfants, l’une des premières étapes consiste à leur apprendre à partager leurs biens avec autrui. Dans un premier temps, cette démarche rencontre souvent une opposition ; néanmoins, par le biais d’une incitation progressive et accompagnée du renforcement des comportements positifs, l’enfant finit par mûrir jusqu’à éprouver de la satisfaction à partager avec les autres. Initialement, il peut s’avérer nécessaire de recourir à des encouragements extrêmes pour faire comprendre à l’enfant les avantages du partage, mais avec le temps, cette pratique devient motivée par des raisons authentiques.

A l’âge adulte, la possessivité immature que nous manifestons ne disparaît pas ; au contraire, ce qui peut apparaître comme une attitude attendrissante ou puérile chez l’enfant se transforme en un comportement impitoyable et exploiteur. Pour contrer cette attitude et encourager le développement de la capacité à partager nos ressources avec autrui, la Torah prescrit l’interdiction de consommer ou de tirer profit des fruits produits par un arbre durant ses trois premières années. En privant ainsi l’individu d’un bien précieux, la Torah cherche à instaurer en nous - ou à renforcer notre tendance innée, d’origine divine - à partager nos bénédictions avec autrui

L’ajout de la quatrième année

À ce stade, on pourrait supposer que l’interdiction de tirer profit des fruits durant les trois premières années constituerait une leçon suffisamment puissante. Cette mesure aurait pour effet de nous détourner de nos intérêts égoïstes. 

Cependant, la Torah ne se contente pas de cette disposition. Elle prescrit en outre que les produits fruitiers de la quatrième année soient récoltés, transportés à Yerouchalayim et consommés sur place. 

Une question évidente peut alors être soulevée : si le fait de s’abstenir d’utiliser les premiers fruits pendant trois années ne suffit pas à inculquer la notion de renoncement à ses possessions afin d’atténuer notre égoïsme, pourquoi ne pas étendre cette interdiction à une année supplémentaire ? Et si les trois années sont effectivement suffisantes, quelle justification peut-on avancer quant à l’obligation particulière relative à la quatrième année consistant à apporter la récolte à Yerouchalayim ?

L'objectif ultime

Suite à une analyse approfondie, la richesse de la perspective singulière offerte par la Torah se révèle avec clarté. La privation des biens matériels d’un individu peut constituer un moyen nécessaire pour forger une personne responsable et mûre, attentive aux autres et non exclusivement centrée sur ses propres besoins. Toutefois, cette privation ne saurait être considérée comme une finalité en soi. 

La sainteté, thème central de la Paracha de cette semaine, ne s’obtient pas simplement par le renoncement aux fruits du travail personnel. Il s’agit d’un concept positif qui ne découle pas d’un retrait ou d’une négation des plaisirs terrestres, mais plutôt d’une implication active dans le monde et d’une jouissance réfléchie de ses bienfaits, empreinte de l’esprit et de l’aura propres à Yerouchalayim.

En termes simples, être saint consiste à conjuguer une discipline rigoureuse avec un engagement dans le monde orienté vers une fin noble et divine.

Trois et quatre

En termes cabbalistiques, la distinction entre le chiffre 3 et le chiffre 4 réside dans la différence entre une force dynamique initiée et transmise mais non encore reçue, et cette même force qui a été pleinement intériorisée par le récepteur. Le processus de la transmission du savoir ou de l’acte de charité peut être décomposé en trois étapes. La première consiste élaborer l’idée dans notre esprit. S’il s’agit d’un concept intellectuel, on commence par l’idée fondamentale ; s’il s’agit d’un acte charitable, il convient alors de se détacher de ses propres préoccupations pour considérer la situation de l’autre. La seconde étape vise à approfondir cette idée ou cet acte afin de déterminer la manière dont ils peuvent être transmis à autrui sur un plan différent. La troisième correspond au moment où l’idée est effectivement communiquée ou la charité offerte au bénéficiaire. Toutefois, l’aspect le plus crucial de ce processus est constitué par une quatrième étape : toutes les phases antérieures sont vaines si le récepteur ne reçoit pas véritablement le savoir ou la charité.

Cette distinction illustre également les trois années de la Orla durant lesquelles nous renonçons aux biens les plus précieux ; néanmoins, le véritable enjeu quant à la signification durable de ce renoncement réside dans sa réalisation intérieure et son influence concrète sur le monde réel.

Les derniers jours

En abordant la notion de « fin », la conception juive des « derniers jours » se distingue nettement des perspectives d’autres philosophies qui envisagent une cessation du monde matériel. Na’hmanide, éminent Sage du XIIIe siècle, affirme que la vision ultime de l’avenir suprême implique un monde matériel enrichi de tous les bienfaits physiques. 

La singularité de ce monde futur réside dans le fait qu’à l’heure actuelle subsiste une dichotomie entre le domaine physique et celui du spirituel, exigeant ainsi une période préparatoire de renoncement en vue d’accéder à l’ère ultime de sainteté.

Cette idée est illustrée par l’interdiction de consommer les fruits d’un arbre durant ses trois premières années, étape préparatoire menant à un niveau supérieur où leur consommation devient permise dans l’environnement sacré de Yerouchalayim.

Dans le monde messianique futur, notre état d’esprit sera perpétuellement celui de « Yerouchalayim », où aucune dualité ne fera obstacle à la jouissance d’une existence physique sublimée. 

On peut avancer que parmi les quatre exils traversés par le Peuple Juif, seul le quatrième et dernier engendrera l’Ère messianique caractérisée par une paix éternelle, la prospérité, la bonté et la sainteté. Les trois exils antérieurs ont eu pour fonction de nous purifier et nous affiner à travers les souffrances endurées. 

Ce n’est qu’après ce quatrième exil que nous pourrons pleinement récolter les fruits de nos efforts en exil, avec l’avènement imminent du Machia’h et la Rédemption véritable et complète.

Le Coin de la Halacha

 A qui revient l’héritage ?

Les règles d’héritage sont fixées dans la Torah : les biens du défunt reviennent naturellement à ses enfants. En l’absence d’enfants, ils reviennent à la famille du père du défunt. Il est déconseillé de déshériter complètement ses enfants, même au bénéfice d’œuvres charitables.

(Il appartient aux enfants d’entretenir leur mère ou l’épouse du père et de lui laisser son logement ; de même les fils ont l’obligation d’entretenir leurs sœurs non-mariées).

De façon générale, le Juif est tenu de s’occuper d’abord des besoins de sa propre famille selon le principe : « Les pauvres de ta famille ont préséance sur les pauvres de ta ville (et ceux-ci ont préséance sur ceux d’une autre ville…) ». On voit qu’Avraham, avant la naissance de ses fils, se désolait à l’idée qu’après sa mort, sa fortune reviendrait sans doute à son serviteur.

Le Séfer Ha’hinou’h explique que c’est la bénédiction de D.ieu qui accorde la fortune à l’homme et celui-ci la transmet à ses enfants qui sont sa continuité. S’il n’y a pas d’enfants, l’héritage revient au père du défunt (ou à ses enfants) car la bénédiction dépend aussi des mérites de la famille.

Rappelons que ces règles sont parfois complexes et demandent à être explicitées par une autorité rabbinique compétente.

 (d’après Rambam - Hilhot Ne’halot – Si’hat Hachavoua N° 1986)

Le Recit de la Semaine

 Une seule bonne action vaut mieux que mille discours

Mon père, Rav ‘Haïm Gutnick a survécu à la Shoah et s’est installé en Australie où il s’est occupé d’une grande communauté. Dans ce contexte, il a mérité de recevoir de nombreuses directives de la part du Rabbi de Loubavitch. En 1965, il a confié au Rabbi qu’il était déçu de lui-même : bien qu’il soit souvent sollicité pour parler en public car il était un orateur accompli, capable de susciter aussi bien rires que larmes chez les gens qui se rassemblaient pour l’écouter, il ne parvenait pas - estimait-il - à faire bouger sa communauté, à influencer ses auditeurs à avancer dans le chemin du judaïsme. Le Rabbi lui conseilla alors : « Il est écrit dans le Talmud que si les paroles sortent du cœur, elles pénètrent dans le cœur. Si vraiment vous parlez avec enthousiasme de sujets qui vous tiennent à cœur, vous parviendrez à influencer les gens. Même sans vous en rendre compte. Mais si vous voulez vraiment en avoir le cœur net, alors vous devez proposer des actions concrètes et pas seulement des concepts élevés, aussi sublimes soient-ils : ne parlez pas vaguement de respect de la cacherout et du Chabbat mais donnez des exemples simples et faciles à mettre en œuvre. Vous constaterez alors les résultats ! ».

Dès son retour, mon père appliqua ce conseil et, dans son discours à la synagogue, il parla de l’importance du Chabbat en soulignant qu’il fallait au moins s’abstenir d’allumer du feu en ce jour saint et donc de s’abstenir de fumer. « Vos docteurs affirment que c’est un pas en avant pour la santé de votre corps et moi, en tant que rabbin, je vous confirme que c’est aussi bénéfique pour votre âme ! ».

Peu de temps après, mon père remarqua parmi les fidèles un nouveau venu : c’était un rescapé de la Shoah qui n’était pas spécialement scrupuleux sur le respect du Chabbat. La troisième fois qu’il assista aux offices, mon père s’approcha de lui et lui demanda délicatement ce qui l’amenait à la synagogue. L’homme raconta : « Je vous ai entendu demander qu’on s’abstienne au moins d’allumer du feu le Chabbat ; alors quand je me suis rendu au travail Chabbat, j’ai décidé de vous faire plaisir et j’ai remis le briquet et la cigarette dans ma poche. Puis j’ai réfléchi : si déjà je ne fume pas, pourquoi alors me rendre au travail - ce qui est tout aussi interdit, n’est-ce pas ? Et donc je me suis levé et je suis allé à la synagogue. Je m’y suis senti bien accueilli, j’ai aimé les chants et les prières et je me demande même si je ne vais pas me mettre à réciter le Kiddouch vendredi soir ! ».

Mon père était stupéfait de constater combien le conseil du Rabbi avait été efficace : une « petite » Mitsva en avait entraîné une autre, un petit effort avait bousculé des mondes… Bien entendu j’ai moi-même adopté cette approche et, dans chacun de mes discours, quelle que soit l’assistance, je m’efforce de glisser une proposition concrète à la portée de l’auditoire afin de faire évoluer non seulement celui qui agira mieux mais aussi sa famille, son entourage et, qui sait, le monde entier.

Mon père m’a encore raconté une autre anecdote troublante ; une jeune fille de seize ans souhaitait ardemment se convertir au judaïsme mais le rabbinat local de Balaklava refusait sa démarche, arguant de son jeune âge et de son manque de maturité : on lui conseilla de revenir quand elle aurait dix-huit ans et serait majeure. Cette jeune fille en conçut un immense chagrin au point de tomber malade : elle ne mangeait plus, ne parvenait pas à dormir et ses parents étaient très inquiets.

Mon père avait été ému par sa demande exprimée si sincèrement et sérieusement ; il conseilla à cette jeune fille d’écrire au Rabbi, ce qu’elle fit. Elle écrivit une très longue lettre en expliquant pourquoi elle tenait tellement à devenir juive. Elle ne reçut aucune réponse. Par contre, quand le Rabbi écrivit à mon père sur un autre sujet, il ajouta une note à la fin de sa lettre : « Que se passe-t-il avec la jeune fille juive de Balaklava qui m’a écrit une si longue lettre ? ». Inutile de préciser que mon père fut stupéfait de ces mots : « jeune fille juive » ! Il comprit qu’il y avait là un mystère à éclaircir et, accompagné d’un autre rabbin, il se rendit à Balaklava pour discuter avec les parents. Au bout d’une longue conversation, la mère finit par reconnaître qu’en fait, elle était née juive mais, traumatisée par ce qu’elle avait vécu durant la Shoah, avait décidé de dissimuler à tout son entourage et même à sa fille son identité juive.

Donc si la mère était juive, la jeune fille l’était aussi automatiquement ! Et aucune conversion n’était nécessaire !

Finalement cette jeune fille intégra tout naturellement la communauté locale puis se maria et fonda une famille orthodoxe exemplaire. Bien entendu, cette histoire attira l’attention de tous mais il y eut une suite.

Quelques temps plus tard, mon père voyagea à nouveau à New York et s’enhardit en demandant au Rabbi lors d’une entrevue privée comment le Rabbi avait « deviné » la situation. Il précisa : « Parmi les ‘Hassidim, il est accepté que seul le Rabbi peut connaître de telles vérités. Mais sans vouloir me montrer trop curieux et faire preuve de manque de courtoisie, D.ieu préserve, j’aimerais tout de même comprendre avec un minimum de logique ce qui a poussé le Rabbi à deviner la vérité ? ».

En souriant, le Rabbi n’invoqua aucune qualité particulière de sa part mais en profita pour ainsi dire pour augmenter encore le mérite de cette jeune fille et répondit : « Seule une personne dotée d’une âme juive est capable d’écrire une lettre pareille ! ».

A chaque fois que mon père nous répétait cet épisode, il était très ému et concluait : « Le Rabbi se soucie de chacun d’entre nous - pas simplement de loin, pour les progrès spirituels - mais de façon très pragmatique et logique. J’en suis absolument certain ! Il s’occupe de chaque âme juive et il nous appartient d’accomplir avec joie et détermination les missions qu’il nous a confiées ».

Rav Mordechai Gutnick – Melbourne (Australie) - JEM

Traduit par Feiga Lubecki