Ce professeur juif était un conférencier réputé mais surtout dévoué corps et âme au Rabbi de Loubavitch. Il avait mérité d’entrer plusieurs fois en audience privée chez le Rabbi puis avait pris l’habitude de se rendre souvent auprès de son tombeau au Ohel, dans le cimetière Montefiore de Queens.
Il y a deux ans, il se rendit à New York pour une conférence. On lui envoya un taxi pour le chercher à l’aéroport puis pour l’y ramener. Il s’arrangea avec le chauffeur pour faire un détour par le cimetière, juste pour quelques minutes afin de pouvoir se recueillir au Ohel. Le chauffeur posa quelques questions : de fait, lui aussi était juif, sa femme également – de cela il était certain - même s’ils n’avaient jamais reçu la moindre éducation religieuse. Il se montra intéressé par l’idée d’aller prier près du Ohel, demanda au professeur de lui prendre un ticket pour réserver son tour ; en entendant qu’on pouvait s’y rendre sans rendez-vous, 24 heures sur 24, et gratuitement ! il décida d’accompagner le professeur. Celui-ci lui prêta une Kippa et tous deux entrèrent au cimetière.
A peine étaient-ils entrés que le chauffeur de taxi éclata en sanglots. Il pleurait comme un enfant, sans pouvoir se contrôler. Étonné, le professeur se concentra néanmoins sur sa prière et ses Psaumes et, quand il eut fini, tous deux se dirigèrent vers la voiture.
- Que se passe-t-il ? demanda doucement le professeur.
- Mon chien !… répliqua le chauffeur entre deux sanglots. Mon chien Freddy va subir une opération demain !
Il essuyait ses yeux et se remit à pleurer de façon incontrôlable.
- Votre… Votre chien ? s’étonna le professeur qui se retenait de sourire. Vous priez avec tant de ferveur pour votre chien ?
- Oui, je sais, vous ne pouvez pas comprendre, dit l’homme tout en engageant son véhicule sur l’autoroute menant à l’aéroport. Voyez-vous, ma femme et moi, nous ne pouvons pas avoir d’enfants. C’est pourquoi nous avons adopté un chien. Un chien si magnifique, si gentil ! Mais cette semaine, il a subi une attaque cérébrale et le vétérinaire affirme qu’il n’a qu’une chance sur mille de s’en remettre – et ceci seulement grâce à une opération compliquée et dangereuse. Ma femme et moi, nous sommes fous à l’idée de cette maladie et c’est pourquoi j’ai prié votre Rabbi, pour le succès de l’opération.
Le professeur tenta de se montrer compréhensif et de partager la peine du chauffeur. Cependant il commit un impair en suggérant d’acheter un nouveau chien si jamais… Le chauffeur sanglota encore davantage en entendant cela, au point qu’il dut arrêter le véhicule quelques minutes avant de reprendre la route.
Quand ils arrivèrent à l’aéroport, le professeur s’excusa encore une fois pour n’avoir pas su trouver les mots nécessaires : «Je vous en prie, faites-moi connaître le résultat de l’opération ! Voici mon numéro de téléphone, vous pouvez m’appeler en PCV !» C’est ainsi qu’ils se séparèrent.
Le temps passa et tout semblait oublié mais…
Un an plus tard, le professeur reçut un appel en PCV de New York. Comme il n’attendait pas d’appel particulier, il refusa la communication, mais la personne insista tant et si bien qu’à la cinquième tentative, le professeur accepta de payer la communication.
C’était le chauffeur de taxi.
- Hello, Professeur, comment allez-vous ?
- D.ieu merci, mon ami ! Cela fait si longtemps ! Dites-moi, comment s’est passé l’opération de votre chien ?
- D.ieu merci ! Un vrai miracle ! Les vétérinaires qui se sont occupés de lui n’en croyaient pas leurs yeux : de fait, notre Freddy se porte maintenant le mieux possible, sans aucune séquelle ! Vous ne pouvez pas vous imaginer combien je vous suis reconnaissant, à vous et au Rabbi !
- Eh bien ! En voilà une bonne nouvelle ! Je suis très heureux pour vous ! Mais pourquoi avez-vous attendu un an pour m’appeler ?
- De fait… J’avais remarqué que vous ne pouviez pas comprendre grand chose à notre chagrin pour notre chien et je ne voulais pas vous faire perdre de l’argent avec cette histoire.
- Pas du tout ! Je suis d’ailleurs très content de vous savoir soulagé. Mais, dites-moi, si vous ne m’avez pas appelé alors, pourquoi m’appelez-vous maintenant ?
- Ah ! Justement ! Voilà ! Quand Freddy s’est rétabli, ma femme et moi avons été si heureux que nous nous sommes rendus ensemble au Ohel pour remercier le Rabbi. Là-bas, nous avons demandé aux ‘Hassidim présents ce que nous pouvions faire pour montrer notre gratitude au Rabbi. Ils nous ont gentiment expliqué que, de son vivant, le Rabbi demandait à chacun d’accomplir les Mitsvot et ils nous ont donc suggéré de nous engager l’un et l’autre à prendre sur nous une Mitsva. J’ai donc promis de mettre les Téfilines chaque jour et mon épouse a décidé d’apprendre et de pratiquer les lois de la pureté familiale. La femme d’un ‘Hassid s’est même déplacée chez nous pour tout lui expliquer.
Et, après tout cela, ma femme est tombée enceinte et c’est pour cela que je vous appelle, Professeur ! Aujourd’hui, nous célébrons la Brit Mila, la circoncision de notre fils ! Merci à vous ! Merci au Rabbi !

Rav Tuvia Bolton
www.ohrtmimim.org
traduit par Feiga Lubecki