En 1977, alors que j’avais toujours joui d’une excellente santé, j’ai commencé à ressentir de vives douleurs dans le dos. Les médecins que j’ai consultés dans mon pays, au Brésil, ont diagnostiqué un problème avec un certain os du dos qu’ils n’étaient pas capables de traiter. Ils m’ont conseillé de me rendre aux Etats-Unis.
Sachant que le traitement, là-bas, prendrait sûrement des semaines, je repoussais l’échéance car je ne pouvais me permettre de laisser mon affaire à l’abandon si longtemps. De plus, je ne parlais pas l’anglais. Mais les douleurs se firent si intenses que je fus bien obligé de prendre contact avec une clinique à New York. En même temps, j’ai téléphoné à un de mes neveux, Victor Dana qui, habitant Montréal, savait bien sûr parler anglais. Il accepta de s’occuper de nous à New York.
Dans la clinique, mon épouse et moi-même fûmes très bien accueillis. On nous expliqua la situation et l’opération qu’il fallait effectuer, sans cacher le fait qu’elle ne connaissait alors que 50% de réussite, ce qui signifiait que la moitié des patients ne s’en relevait jamais !
Ma femme décida sur le champ qu’il n’était pas question de procéder à l’opération dans ces conditions. Mais que faire d’autre ? Mon neveu Victor qui était pratiquant, mais pas Loubavitch, nous suggéra timidement de prendre conseil auprès du Rabbi. Cette proposition me semblait saugrenue car si les meilleurs médecins n’avaient pas de solution pour nous, que pouvait ajouter un rabbin ? Encore une fois, ce fut ma femme qui me pressa d’accepter et nous avons obtenu un rendez-vous avec le Rabbi à une heure avancée de la nuit.
Nous avons attendu longtemps devant la porte du bureau avec des centaines d’autres personnes : ma douleur était si forte qu’un des secrétaires me proposa une chaise pour m’asseoir. Quand est arrivé notre tour de pénétrer chez le Rabbi, je ne réussis qu’avec peine à me traîner dans le bureau. Ma femme dit : «Chalom Rabbi !». Mais avant qu’elle puisse ajouter quelque chose, le Rabbi me regarda et dit : «Chalom et bénédiction. Votre médecin ne se trouve pas aux Etats-Unis mais au Brésil et vous devez y retourner !». Peut-être le secrétaire avait-il informé le Rabbi que nous venions du Brésil, mais il n’avait sûrement pas connaissance des détails de ma santé...
(Le Rabbi nous avait parlé en hébreu, une langue que je connais bien puisque j’avais participé à la Guerre d’Indépendance en 1948 ; j’avais même été fait prisonnier durant de longues années au Liban).
Quoi qu’il en soit, nous étions stupéfaits de l’assurance avec laquelle le Rabbi nous avait parlé. Il est évident que nous ne nous attendions pas à pareille directive. Ma femme bredouilla que si nous étions venus demander conseil au Rabbi, c’était parce qu’on nous avait affirmé que personne au Brésil ne pouvait nous aider ! Mais le Rabbi insista : «Comme je l’ai déjà dit, votre médecin se trouve au Brésil et D.ieu vous guérira très bientôt !».
Mon neveu m’attendait fidèlement à l’extérieur de la synagogue. Dès que je l’aperçus, je lui dis sans ambages ce que je pensais : «Où m’as-tu amené à deux heures du matin ? Ton Rabbi ne m’a même pas demandé quel était mon problème, il ne m’a même pas examiné ! Comment peut-il se permettre de déclarer où se trouve le meilleur médecin pour mon cas ?». Interloqué, mon neveu ne savait que répondre mais ce fut justement ma femme qui fit preuve d’une surprenante confiance dans les paroles du Rabbi : «Nous rentrons dès demain au Brésil. J’ai confiance dans le Rabbi ! De toute manière, je n’accepterai pas que tu subisses une opération dont il n’y a que 50% de chances de se relever !». Je n’avais pas la force de l’arrêter et moi aussi, je n’avais aucune envie de subir cette opération.
Quand nous avons atterri au Brésil, ma douleur s’est réveillée et j’ai vraiment dû me traîner jusqu’au tapis pour récupérer nos bagages. Alors que nous attendions nos valises, un homme qui nous était complètement étranger s’est approché de moi : il avait remarqué que je souffrais du dos et il connaissait un médecin qui pourrait m’aider, à Campins. Nous étions suffoqués ! Il inscrivit sur un papier les cordonnées de ce médecin et s’en alla !
La ville de Campins se trouve à sept heures de vol de Rio de Janerio où nous venions d’arriver. Malgré ma fatigue et mes doutes, ma femme s’était déjà décidée : certainement cet étranger avait été sans le savoir l’envoyé du Rabbi ! Pour m’éviter la fatigue d’un vol régulier, ma femme loua un avion privé qui nous amena le lendemain à Campins.
Après une heure d’examens approfondis et douloureux, le médecin déclara : «Vous n’avez absolument rien !». J’ai éclaté de rire. C’était bien la première fois que je riais depuis longtemps ! Mais le médecin ne s’offusqua pas. Durant une longue heure, il expliqua exactement à mon épouse les difficiles exercices de physiothérapie que je devais suivre matin et soir ; d’ailleurs il effectua lui-même une manœuvre sur mon pauvre dos qui m’arracha un cri de douleur : heureusement pour lui que je n’avais pas la force de lui rendre la pareille… !
Epuisé, je rentrai le même jour dans le jet privé à Rio de Janeiro. Pendant 24 heures, je fus incapable de bouger. Mais au bout de quelques jours, grâce aux exercices, je ressentis une amélioration notable. Bientôt, toutes les douleurs avaient disparu !
J’étais bien conscient que je devais ma guérison au Rabbi. Nous sommes retournés, ma femme et moi à New York pour le remercier. Cette fois-ci, je n’eus pas besoin de chaise et je me tenais bien droit. Quand j’entrai dans le bureau et remerciai le Rabbi, il sourit et dit qu’il fallait remercier le bon D.ieu qui est le Guérisseur de toute souffrance. Puis il ajouta : «Si on veut remercier le Tout Puissant, cela doit se manifester par l’observance de Ses commandements. Je propose que vous commenciez à veiller particulièrement à la cacheroute et D.ieu vous bénira avec une longue vie, en bonne santé !».
Inutile de préciser que, depuis lors, comme le disent nos Sages : «Une Mitsva a entraîné une autre Mitsva !» et notre famille s’est renforcée progressivement dans toutes les Mitsvot. Ma fille Ra’hel a épousé un jeune Loubavitch, Rav Yaakov Salomon de Safed.
Cela fait déjà plus de 25 ans que j’ai vu le Rabbi pour la première fois et, D.ieu merci, je n’ai plus jamais ressenti de douleur dans le dos !»

Moché Klili, Rio de Janeiro
Kfar Chabad
traduit par Feiga Lubecki