Durant de nombreuses années, Rav Zouché Silberstein de Montréal amenait un car rempli de Juifs désireux de passer Chabbat auprès du Rabbi de Loubavitch à
Crown Heights, Brooklyn.
Lors de réunions ‘hassidiques le Rabbi encourageait ces groupes à utiliser ce déplacement pour se renforcer dans l’étude de la Torah et la pratique des Mitsvots. Il confiait même à ces participants le soin de devenir eux-mêmes des émissaires pour répandre au tour d’eux ce qu’ils avaient gagné de leur séjour à Crown Heights.

Un vendredi, alors que Rav Silberstein avait, comme d’habitude, donné au secrétaire du Rabbi la liste des participants, le Rabbi répondit avec des paroles d’appréciation pour la visite de ce groupe et écrivit qu’on lui ferait certainement parvenir, aussitôt que possible, la liste des bonnes résolutions concrètes que chacun prendrait sur soi.
Ce devint donc un des moments forts de ces groupes de rencontres: le samedi soir, chaque participant écrivait sur une feuille de papier la Mitsva spécifique qu’il s’engageait à accomplir pour fortifier sa pratique du judaïsme. Puis, le dimanche matin, en passant devant le Rabbi pour recevoir un dollar à remettre à la Tsédaka (charité), chacun lui remettait la feuille.
Souvent le samedi soir, les Canadiens discutaient entre eux des Mitsvots qu’ils avaient choisies. C’est à une de ces occasions que Max D., un homme d’affaires prospère, raconta son histoire: “Je me suis installé au Canada depuis plusieurs années et j’avais trouvé du travail dans une imprimerie. J’appris sur le tas tout ce qu’il faut puis, avec mon frère, j’ouvris ma propre entreprise. Nous avons commencé modestement mais, D.ieu merci, notre maison a réalisé des bénéfices importants et maintenant, nous employons deux cents personnes!”
“Je fis connaissance de Rav Silberstein et d’autres Rabbanim Loubavitch et je suis
devenu leur imprimeur attitré. Un jour, Rav Silberstein fit irruption dans mon bureau, me mit comme d’habitude les Téfilines puis m’expliqua quel serait le prochain travail: “Max, me dit- il, j’ai besoin de 26.000 exemplaires de ce magazine de 64 pages pour mardi matin”. Il était inutile de discuter et de lui faire remarquer qu’on était déjà jeudi après-midi parce que lui comme moi savions que le travail devait être prêt et que je ne pouvais qu’accepter, comme d’habitude. Juste avant de partir, il me rappela: “Attention! Il n’est évidemment pas question d’imprimer Chabbat!”
A cette époque, je fermais déjà l’atelier le Chabbat mais je n’étais pas encore passé à l’observance rigoureuse de ce jour.

Ce samedi après-midi, alors que je conduisais mon épouse en ville pour qu’elle fasse les courses, je ne pus m’empêcher de m’arrêter – juste pour UNE seconde bien sûr! – à l’atelier pour vérifier quelque chose d’important.
Au bout d’une demi-heure, ma femme s’impatienta et vint me rejoindre, pour savoir pourquoi je n’étais pas encore revenu. Elle s’aperçut que j’étais paniqué car j’avais constaté un gros problème: la machine à coller, contrôlée par un ordinateur, était en excellent état, mais ne fonctionnait pas.
Ni l’ingénieur, ni le technicien présents sur place ne comprenaient ce qui n’allait pas. Faisant sans doute semblant de s’intéresser à un problème qu’elle ne pouvait résoudre, ma femme regarda la machine et s’écria soudain: “Tu ne vois donc pas ce qui se passe avec cette machine? Regarde! Le Rabbi te regarde depuis la couverture du magazine!”
Pétrifié par sa remarque, je me repris et dis à l’ingénieur, le technicien et les employés de rentrer chez eux et de revenir une fois la nuit tombée. Après Chabbat, nous sommes retournés à l’usine. Mon frère et moi nous avons remis la machine en marche et elle se remit à fonctionner sans problème! “Depuis ce jour, j’ai décidé avec toute ma famille d’être plus rigoureux dans l’observance du Chabbat!”
“Alors, conclut Max, demain nous allons recevoir du Rabbi un dollar à remettre à la Tsédaka ainsi que sa bénédiction. Le Rabbi nous regardera et, cette fois-ci, droit dans les yeux, directement et non pas depuis une couverture de magazine. Le Rabbi nous donnera une mission et, en même temps, les forces nécessaires pour accomplir cette mission. Donnons-lui notre promesse que nous continuerons à perfectionner notre pratique du judaïsme et l’étude de la Torah jusqu’à amener la véritable Délivrance, avec Machia’h à notre tête!”


Yehouda Amar
Le’haïm
traduit par Feiga Lubecki