" A l'âge de trois ans, Rivka (Rébecca) alluma les bougies de Chabbat "

En 1974, le Rabbi de Loubavitch lança une campagne internationale pour encourager femmes et jeunes filles juives (dès l'âge de trois ans) à allumer les bougies du vendredi soir.
Immédiatement, la branche féminine du mouvement organisa une campagne de publicité sur les ondes de la radio. Le message mentionnait que chaque auditrice qui enverrait un dollar au département " bougies de Chabbat " du Bureau Féminin Loubavitch au 770 Eastern Parkway à Brooklyn recevrait un kit avec deux bougeoirs et deux bougies.
La réaction fut immédiate : des milliers de lettres arrivèrent effectivement au Bureau Féminin mais certaines lettres furent, par erreur sans doute, adressées directement au Rabbi.
C'est ainsi qu'un vendredi après-midi, le Rabbi reçut dans son courrier une lettre d'une femme qui habitait sur Ocean Parkway à Brooklyn. Le Rabbi demanda à l'un de ses secrétaires de téléphoner à Mme Esther Sternberg, responsable de cette campagne en lui demandant de tout mettre en œuvre pour que cette femme puisse allumer ses bougies le soir-même.
Mme Sternberg n'était pas femme à traiter à la légère une demande directe du Rabbi. Il ne restait que 45 minutes avant Chabbat... Elle tenta de téléphoner à la femme mais son numéro ne se trouvait dans aucune liste. Elle réalisa alors que l'adresse indiquée n'était pas très lointaine et résolut de s'y rendre elle-même : si jamais la femme n'était pas là, elle déposerait le kit chez une voisine.
Elle prit ses deux filles avec elle dans la voiture. Elle trouva l'appartement, sonna, frappa encore et encore mais personne ne répondit. Finalement une femme qui habitait un appartement voisin apparut et expliqua que, oui, elle connaissait la femme qui avait demandé les bougeoirs mais celle-ci était âgée et entendait mal. Elle n'avait sans doute pas entendu la sonnette.
Alors Mme Sternberg, ses deux filles et la voisine frappèrent encore, toutes ensemble, et la vieille dame finit par ouvrir la porte. Elle était ravie d'avoir de la visite et encore plus contente en apprenant qu'elle pourrait allumer ce soir-là les bougies de Chabbat.
Madame Sternberg était heureuse d'avoir pu donner des bougeoirs et des bougies à cette dame mais était étonnée : pourquoi n'avait-elle pas allumé les bougies auparavant alors qu'elle semblait être originaire d'Europe de l'est où cette Mitsva avait été si populaire ? " Ne possédez-vous pas des bougeoirs ? " demanda-t-elle.
" Bien sûr ! Venez, je vais vous les montrer ; ils sont dans la cuisine ! " Effectivement deux magnifiques chandeliers en argent trônaient en haut d'un élément. " Quand mes enfants m'ont aidée à emménager dans cet appartement, ils ont placé les chandeliers tout là-haut. Ni moi, ni mes voisines, nous ne sommes parvenues à les descendre. Et c'est pourquoi je n'ai pas allumé mes bougies toutes ces années ! " (Apparemment cette femme - comme beaucoup d'autres - pensait qu'on ne pouvait allumer des bougies que dans des chandeliers rituels).
Une des filles de Mme Sternberg monta sur une chaise et réussit à attraper les chandeliers. C'est ainsi que, grâce à la tenacité du Rabbi et de Mme Sternberg, cette femme eut la possibilité dorénavant d'utiliser ses propres chandeliers pour allumer ses bougies de Chabbat.

* * *

Une autre fois, le Rabbi reçut une lettre d'un homme habitant Bowie dans le Maryland. Il demandait qu'on envoie des chandeliers pour sa fille. C'était encore un vendredi et le Rabbi fit à nouveau téléphoner à Mme Sternberg - 20 minutes avant Chabbat ! Mme Sternberg téléphona immédiatement à un émissaire du Rabbi dans le Maryland : mais celui-ci ne pouvait humainement pas se rendre à Bowie avant Chabbat car il y avait deux heures de route.
Mme Sternberg entreprit alors énergiquement de trouver le numéro de téléphone de la famille.
Ce fut la mère qui décrocha : oui, son mari avait demandé des bougeoirs ; elle-même n'était pas intéressée mais elle avait pensé que ce serait bien pour sa fille. Mme Sternberg l'assura qu'elle lui ferait parvenir des bougeoirs dès la semaine prochaine mais, en attendant elle lui expliqua comment fabriquer des chandeliers provisoires avec du papier aluminium pour sa fille mais aussi pour elle.
Elle n'eut pas besoin d'argumenter très longtemps et la mère s'engagea avec plaisir à allumer elle aussi les bougies de Chabbat. Elle nota sur un papier en phonétique le texte de la bénédiction et se conforma aux instructions de son interlocutrice de New York.
Celle-ci lui demanda alors si sa fille n'avait pas des amies qui seraient elles aussi intéressées à allumer les bougies de Chabbat. La dame répondit qu'effectivement sa fille avait plusieurs amies juives qui seraient sûrement très contentes et d'ailleurs elle-même connaissait plusieurs dames qui apprécieraient aussi certainement de recevoir des bougeoirs pour allumer des bougies.
Le vendredi suivant, Mme Sternberg reçut un nouveau coup de fil du secrétariat : le Rabbi désirait savoir ce qui s'était passé avec la jeune fille de Bowie. Elle appela alors la dame : oui, elle et sa fille avaient allumé les bougies juste avant le Chabbat précédent, oui elles avaient reçu les bougeoirs qu'elles avaient distribué autour d'elles ; toutes leurs amies avaient été ravies. Toute la ville ne parlait plus que de cela.
D'ailleurs d'autres femmes étaient intéressées : Mme Sternberg pouvait-elle... ? Oui, bien sûr, elle pouvait et elle envoya dès le début de la semaine suivante encore un plus grand paquet de bougeoirs à Bowie.
Le 3ème vendredi, elle n'attendit pas le coup de fil du Rabbi et appela d'elle-même sa nouvelle amie de Bowie. Les amies de ses amies voulaient aussi recevoir des bougeoirs et souhaitaient rencontrer ces dames de New York qui se souciaient tant de leur faire connaître le Chabbat.
On organisa un " Chabbat plein " : plusieurs femmes et jeunes filles de Crown-Heights (Brooklyn) se déplacèrent à Bowie pour un Chabbat, Chabbat durant lequel elles évoquèrent de nombreux autres aspects du judaïsme qui touchèrent les cœurs des habitantes juives de Bowie.
Une seule bougie peut allumer de nombreuses autres bougies... et illuminer la vie de nombreuses familles.

Rav Eliahou et Malka Touger
Si'hos in English
Traduit par Feiga Lubecki