C’était un ‘Hassid expert dans un domaine bien spécifique : l’accomplissement de la Brit Mila, la circoncision des bébés juifs à l’âge de huit jours. Son honnêteté et sa sagesse étaient reconnues par tous au point que le roi lui-même le prit à son service et lui confia le ministère des finances. Sa loyauté sans faille était reconnue par le roi qui lui laissait accès à ses activités et ses possessions les plus secrètes. Bien entendu, ceci éveilla la jalousie d’un autre ministre qui se demandait comment évincer ce rival si estimé par le monarque.
Le ‘Hassid avait un serviteur en qui il plaçait sa confiance la plus absolue. Il lui confiait même parfois la clé de la pièce où le roi rangeait ses documents secrets. Le ministre jaloux décida d’acheter la complicité de cet homme. Il lui donna plusieurs centaines de pièces d’or pour qu’il lui rapporte des documents ultra-confidentiels.
Un jour, alors que ce ministre discutait avec le roi, il mentionna “ en passant ” des informations pourtant “top-secret” dont il n’aurait pas dû être informé.
“D’où connais-tu ce détail pourtant secret?” demanda le roi, furieux.
“C’est le Juif qui me l’a raconté!” répliqua “innocemment” le ministre. En son for intérieur, il jubilait déjà car il avait remarqué que le visage du roi avait changé : il réalisait que le ministre juif l’avait apparemment trahi et il le paierait chèrement.
Le même jour, le roi fit appeler le ‘Hassid et lui tendit une lettre: “Cette lettre doit être remise par toi, mon plus fidèle collaborateur, au général qui effectue des manœuvres à huit heures de trajet d’ici. Je t’en prie, remet-lui cette lettre en mains propres”.
Le ‘Hassid, accompagné de son “fidèle” serviteur se mit immédiatement en route. Ce qu’il ignorait, c’était le contenu de la lettre: “Le porteur de cette lettre doit être immédiatement exécuté. Vous devez ignorer ses protestations d’innocence et vous devez le tuer sans discuter avec lui”.
Alors qu’ils n’étaient encore qu’à mi-chemin, le soleil se coucha et les deux hommes s’arrêtèrent dans un petit village. Un Juif reconnut le ‘Hassid et courut à sa rencontre: “Chalom Alé’hem ! dit-il. Quelle chance! Quelle Providence divine! Vous arrivez vraiment comme envoyé par D.ieu ! Mon fils a aujourd’hui huit jours et le “Mohel” qui devait procéder à sa circoncision n’est pas encore arrivé et apparemment, ne viendra plus. Je vous en supplie! Accomplissez pour nous cette importante Mitsva en son temps, aujourd’hui!”
Le ‘Hassid partit voir l’enfant. La jeune mère le supplia également de rester et il accepta de circoncire le bébé. Mais il restait le problème de la lettre: le ‘Hassid demanda donc à son serviteur de la porter lui-même au général, en lui recommandant de prendre bien soin de la remettre personnellement, ce qu’il fit.
Le ‘Hassid procéda à la circoncision puis participa au repas de la fête, réexamina l’enfant et, comme la cicatrisation se passait bien, il décida de reprendre la route et arriva au campement du général. Celui-ci l’accueillit avec tous les honneurs car il savait combien le roi l’appréciait: “Pourquoi vous êtes-vous fatigué à venir jusqu’ici? J’ai bien reçu la lettre et, suivant ses instructions, j’ai immédiatement exécuté l’homme qui me l’avait apportée!”
Surpris, le ‘Hassid l’écouta bouche bée: il réalisa qu’il venait d’échapper miraculeusement à la mort. Le général continua: “J’ai des détails intéressants à vous raconter car votre serviteur a avoué tous ses forfaits avant que je ne le mette à mort. Il vous avait trahi, vous et le roi! Il a reconnu avoir reçu des pots-de-vin de l’autre ministre: celui-ci l’avait grassement rémunéré pour qu’il lui procure les documents confidentiels du roi”.
Le ‘Hassid comprit alors tout ce qui s’était passé. Le ministre l’avait faussement dénoncé devant le roi qui, estimant qu’il était un traître, l’avait condamné à la peine capitale.
Le ‘Hassid retourna dans la capitale et se fit annoncer au roi. Très surpris qu’il fût encore vivant, celui-ci lui demanda ce qui s’était passé. Posément et franchement, le ‘Hassid reconstitua alors tout le complot ourdi par l’autre ministre qui avait obtenu frauduleusement les documents confidentiels. Immédiatement, le roi dépêcha ses gardes qui se saisirent de ce ministre criminel et l’amenèrent, enchaîné, au palais. Le même jour, après avoir reconnu ses forfaits, il fut exécuté.
Le ‘Hassid avait regagné la confiance du souverain qui lui confia des responsabilités encore plus importantes. Le nom de D.ieu avait été sanctifié et honoré et le ‘Hassid remercia D.ieu de l’avoir sauvé grâce à la Mitsva de la Brit Mila.

Traduit par Feiga Lubecki