Ayal avait onze ans. Son père, un diplomate israélien, travaillait au Consulat à New York. Lors d’une réception en l’honneur du raid victorieux sur Entebbe, Ayal ressentit de violents maux de tête. Le docteur diagnostiqua un virus et recommanda le repos. Au bout de quelques semaines, les douleurs disparurent mais, un jour, Ayal se plaignit que le côté droit de sa tête le faisait terriblement souffrir. On procéda à des examens plus approfondis. Les semaines suivantes, Ayal remarqua les yeux gonflés de sa mère, l’air anxieux de son père bien qu’ils fissent tout leur possible pour lui cacher la vérité. Il insista tant et si bien qu’ils lui révélèrent qu’il avait une tumeur. Ce qu’il ne savait pas, c’est qu’il ne lui restait que trois mois à vivre, selon les médecins. La veille de Yom Kippour de cette année 1976, un collègue du père d’Ayal lui suggéra de passer le jeûne auprès du Rabbi de Loubavitch: après tout, le Rabbi avait déjà accompli tant de miracles et donné tant de bénédictions ! Un ‘Hassid qui rendait fréquemment visite au personnel du Consulat Israélien s’arrangea pour que la famille d’Ayal puisse passer le jour de fête chez une famille de Crown Heights, le quartier du Rabbi. Le Rabbi sourit d’habitude aux enfants mais, cette année-là, la veille de Kippour il ne sourit pas à Ayal ; il souhaita cependant à Ayal et à son père une bonne et douce année avec un visage grave. Comme de coutume, Ayal et son père passèrent toute la journée à la synagogue parmi les milliers de fidèles. L’après-midi touchait à sa fin, le diplomate envoya son fils se restaurer et se reposer avant la prière de Neïla, celle qui clôture la journée sainte. Yom Kippour allait bientôt se terminer. Tous les fidèles avaient les yeux fixés sur le Rabbi. Soudain, le Rabbi souleva son Talit (châle de prière), scruta l’assemblée de son regard pénétrant puis se tourna vers son secrétaire. Celui-ci annonça que tous les enfants devaient venir entourer le Rabbi sur sa plateforme à l’avant de la synagogue. Bien entendu, tous les adultes aidèrent les enfants à se frayer un chemin dans la foule pour arriver jusqu’au Rabbi. Le Rabbi regardait toute cette agitation et attendait. “Pourquoi ai-je envoyé Ayal manger juste à ce moment-là ?“ regrettait son père. “Il aurait pu se tenir maintenant, au moment le plus saint de l’année, juste à côté du Rabbi! Il est parti depuis longtemps! Pourquoi n’est-il pas encore revenu?” Des centaines d’enfants se pressaient sur la plate-forme. Le ‘Hazane (l’officiant) attendait un signe du Rabbi pour entamer l’office le plus solennel de la journée. Mais le Rabbi attendait. Soudain un dernier enfant arriva. C’était Ayal. Les ‘Hassidim l’aidèrent, le passèrent d’un bras à l’autre par-dessus les têtes et les chapeaux et il atteignit la plateforme. Immédiatement le Rabbi se tourna vers le mur et on chanta: “Avinou Malkénou”, “Notre Père, notre Roi”. Ceux qui se tenaient près du Rabbi le virent pleurer. La prière se termina. Le Rabbi sourit aux enfants, à tous les enfants. Ayal et ses parents rentrèrent manger chez leur famille d’accueil puis retournèrent chez eux. Plus tard, cette nuit-là, Ayal annonça à ses parents: “Je n’ai plus mal à la tête. Je veux que vous m’emmeniez demain chez le docteur pour des examens de contrôle!” Le rendez-vous avait été fixé depuis longtemps pour quatre jours plus tard. Mais Ayal insista pour être examiné immédiatement, afin de prouver qu’il allait bien. Son père réussit à obtenir un rendez-vous et on procéda aux examens. Quelques jours plus tard, le père d’Ayal entra en trombe dans la maison et, pleurant et riant à la fois, réussit à annoncer les résultats des examens: “Tu avais raison! Il n’y a plus aucune trace de la tumeur!”

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L’ambassadeur israélien aux Nations Unies, M. Haïm Herzog, dirigeait toute une délégation de diplomates qui rendaient traditionnellement visite au Rabbi à Sim’hat Torah. Ayal et son père étaient avec eux. Ils souhaitaient remercier personnellement le Rabbi qui leur accorda une attention spéciale. “Merci Rabbi, je me porte bien!” dit Ayal timidement. Le père d’Ayal, très ému, ajouta : “Le Rabbi a sauvé la vie de mon fils!” Le Rabbi sourit, fit un geste de dénégation pour ce commentaire et dit: “Remerciez D.ieu et souvenez-vous toujours qu’Il a fait ce miracle pour vous!”

Traduit par Feiga Lubecki