C’est une histoire que j’ai entendue de Ne’hama Haber qui habite à Crown Heights. Je ne la connais pas personnellement, mais je l’ai entendue parler lors d’un congrès de femmes Loubavitch en Floride. Elle m’a permis de partager cette expérience avec vous.
La mère de Ne’hama n’allait pas bien et avait besoin d’une personne pour l’aider constamment à la maison. Ne’hama fit appel à un organisme social qui lui envoya Marge, une femme afro-américaine, gentille, efficace et bien enveloppée… Marge s’occupa de la mère de Ne’hama avec un dévouement remarquable. Elle faisait très attention à ce qu’elle puisse respecter scrupuleusement les lois et traditions juives. Par exemple, avant de lui donner à manger, elle s’assurait que les produits étaient strictement cachers. Quand elle achetait une boîte de conserves de petits pois et carottes, et qu’elle ne voyait pas de tampon rabbinique, elle descendait en toute hâte à l’épicerie cachère la plus proche pour demander si elle pouvait donner ces légumes à la mère de Ne’hama.
A un moment donné, la mère de Ne’hama dut être hospitalisée. L’organisme social affecta donc Marge à une autre personne âgée puisque le personnel de l’hôpital s’occupait évidemment de tous ses besoins. Néanmoins, quand Ne’hama rendit visite à sa mère le lendemain, Marge se trouvait déjà dans la chambre : “ Croyez-vous que j’allais laisser ces infirmières prendre soin de votre mère ? Pas question ! ” Combien Marge était dévouée pour la mère de Ne’hama !

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Un an après le décès de sa mère, Ne’hama reçut la visite de Marge ; celle-ci lui raconta ce qu’elle avait fait depuis.
On l’avait affectée au service d’une autre vieille dame juive sur Coney Island Avenue. Le premier vendredi après-midi, Marge avait demandé à la vieille dame : “ Sarah, où se trouvent vos bougies ? ” Sarah répondit : “ Quelles bougies ? Pourquoi faire ? ” Elle ne comprenait pas de quoi Marge parlait. Mais Marge n’arrivait pas à croire que Sarah ne savait pas qu’elle devait allumer des bougies le vendredi avant le coucher du soleil. Marge insista : “ Vous êtes juive et je sais que les femmes juives doivent allumer les bougies le vendredi soir ! ”
Finalement Sarah admit qu’elle savait cela mais que ce n’était pas sa tasse de thé : “ Oh ! Je comprends ! Mais sachez que cela fait cinquante ans que je n’ai pas allumé de bougies ! ”
Pour Marge, ce n’était pas une réponse satisfaisante. Elle aida Sarah à retrouver des bougeoirs. Pour cela, malgré ses cent cinquante kilos, Marge monta sur un escabeau et, en fragile équilibre, elle fouilla le haut d’un placard où elle découvrit les bougeoirs, tous couverts de poussière. Elle les nettoya et les frotta jusqu’à ce qu’ils étincellent comme au premier jour. Puis elle se rendit dans un magasin juif pour acheter des bougies et se procurer un calendrier avec les horaires d’allumage. Elle rapporta le tout chez Sarah, trouva aussi une nappe blanche et aida la vieille dame à allumer les bougies, avec la bénédiction, pour la première fois depuis cinquante ans…
Sarah est décédée depuis quelques mois. Mais grâce à Marge, elle a allumé les bougies de Chabbat durant les neuf derniers mois de sa vie.

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Quelle leçon! Voici une personne dévouée, qui n’était pas de la famille, qui n’était pas vraiment une amie, qui n’était pas juive mais qui a réussi à ramener Sarah à ses racines spirituelles avant son décès. Elle avait choisi d’avoir une influence positive et elle y est parvenue.
Voici ce que je vous propose : j’ai préparé soixante-dix sachets dans lesquels se trouvent deux bougies – dessous de plat avec des fascicules relatifs à l’allumage : quand et comment allumer. Chacune d’entre vous en prendra un. S’il se trouve parmi vous une femme juive ou une jeune fille juive qui n’allume pas encore les bougies de Chabbat, qu’elle les utilise ce Chabbat en l’honneur de mon amie Ronnie trop tôt disparue. Pour celles d’entre vous qui allument déjà ou qui ne sont pas juives, je vous en prie, transmettez-les à une femme juive en lui expliquant l’importance de cette Mitsva : en effet, en allumant les bougies de Chabbat, elle amènera la paix dans son foyer et dans le monde. Rappelez-leur qu’il convient d’allumer dix-huit minutes avant le coucher du soleil. Une femme mariée allume deux bougies, une petite fille et une jeune fille allument une bougie. Et n’oubliez pas : “ Si vous allumez les bougies de Chabbat, je vous montrerai les bougies de Tsion ”, dans le Temple reconstruit.

Note de l’auteur. Tous les paquets de bougies furent distribués lors de cette réunion des anciennes élèves de Ronnie, juives et non-juives, car Ronnie avait enseigné dans une école publique. Les élèves juives s’engagèrent à allumer dorénavant. Certaines élèves non-juives, parmi elles des étudiantes de grandes écoles américaines, prirent un paquet qu’elles transmirent à des amies juives. Ainsi, même après son départ de ce monde, l’âme de Ronnie (Reizel Yehoudit Bat Esther) continua d’avoir une influence positive sur des gens qui ne l’avaient même pas connue.

Miriam Wolosh
traduite par Feiga Lubecki