Rav Gavriel Yossef est un ‘Hassid de Viznitz qui habite à Monsey, non loin de New York. C’est un descendant de Rabbi Israël Baal Chem Tov.
Au mois de février 2002, il partit en voyage organisé à Lyzensk en Pologne pour se recueillir sur la tombe de Rabbi Eliméle’h. Puis, tout seul, il se rendit en Russie pour se recueillir dans d’autres cimetières avant de rejoindre son groupe dans la ville de Viznitz.
Le vendredi 25 Adar, au matin, Rav Gavriel Yossef arriva à Berditchev: au cimetière, il pria près de la tombe de Rabbi Lévi Its’hak. A trois heures du matin, il reprit la route dans un taxi en direction de Zitomir.
Après la prière du matin, il se prépara pour le long voyage de retour, environ 350 kms, vers Viznitz, où il espérait arriver à temps afin de passer Chabbat avec ses compagnons. Alors qu’il était déjà arrivé dans la région de Kaménitz Podolsk, il fut arrêté à un barrage. Un policier fit comprendre à Rav Gavriel Yossef qu’il devait sortir de la voiture et le suivre dans un bâtiment administratif, ce qu’il fit. Au début Rav Gavriel Yossef pensait qu’il s’agissait d’un poste de police local et même quand il constata que le bâtiment n’avait rien d’officiel, il se dit que c’était ainsi que les choses se passaient en Ukraine.
Le policier examina son passeport et lui posa toutes sortes de questions, certaines sans aucun rapport avec les règles de la circulation ou les lois internationales. Par chance, le policier parlait anglais, ce qui facilitait bien entendu la conversation.
Soudain, le policier saisit un pistolet. C’est alors seulement que Rav Gavriel Yossef comprit qu’il n’avait pas affaire à un policier mais à un brigand !
“L’argent !” hurla le “policier”.
Rav Gavriel Yossef sortit de ses poches tout l’argent qu’il avait emporté pour la poursuite de son voyage.
Il espérait ainsi être quitte mais le brigand avait d’autres plans.
“Si je vous libère, vous allez me dénoncer ! dit-il. Il ne vous reste qu’une minute à vivre. Priez et préparez-vous à abandonner cette vie avant que je vous tire une balle dans la tête !” dit-il sèchement.
Une sueur froide recouvrit Rav Gavriel Yossef. Tremblant comme une feuille, il tenta d’expliquer qu’il n’habitait pas la région et ne risquait pas d’aller se plaindre auprès des autorités, il n’en avait d’ailleurs pas le temps etc… Mais le tueur ne se laissa pas impressionner. Rav Gavriel Yossef le supplia:
“Vous avez l’argent. A quoi vous servirait ma vie ? J’ai douze enfants, trente petits-enfants ! Ayez pitié d’eux !”
Le brigand était inflexible: “Il ne vous reste qu’une demi-minute !”
Rav Gavriel Yossef lui proposa alors d’autres objets de valeur qui se trouvaient dans la voiture mais le bandit n’en avait cure: de toute manière, les biens de sa victime lui étaient déjà acquis.
Soudain Rav Gavriel Yossef se souvint que, lors du voyage, il avait écouté un cours de Torah sur cassette audio: la personne qui donnait des cours avait raconté que, lorsqu’on se trouve en danger, il est recommandé de mentionner le nom de Rabbi Israël Baal Chem Tov: “Israël Ben Eliézer VeSarah !”. C’est donc ce qu’il fit immédiatement, encore et encore, tout en suppliant le “policier” de le laisser en vie.
Celui-ci dirigea son arme vers le front de Rav Gavriel Yossef. Avant qu’il ne tire, Rav Gavriel Yossef tenta encore une fois de l’amadouer: “Faites-moi suivre par un de vos hommes pour vous assurer que je me rends directement à Medziboz et que je ne vais pas porter plainte à la police !”. Il avait voulu dire “Viznitz” mais sans y faire attention et parce qu’il n’avait pas arrêté de penser au Baal Chem Tov, il avait dit: “Medziboz”, qui était justement la ville de Rabbi Israël Baal Chem Tov.
C’est alors que le brigand se calma: “Vous avez dit: Medziboz ?” dit-il en baissant son pistolet. “Qu’allez-vous faire à Medziboz ?”
Rav Gavriel Yossef ne voulut pas se reprendre de peur de perdre la confiance de son interlocuteur.
“A Medziboz est enterré un grand Sage dont je suis le descendant; je désire prier près de sa tombe”.
L’Ukrainien le regarda droit dans les yeux. “Votre grand-père s’appelle-t-il le Baal Chem Tov ?” demanda-t-il d’une voix étranglée.
“Oui” répondit Rav Gavriel Yossef, de plus en plus étonné: en effet, comment ce non-Juif, ce tueur potentiel, connaissait-il le Baal Chem Tov au point qu’il prononçait son nom sans l’écorcher ?
Il avait maintenant posé le pistolet sur la table. Il sortit de sa poche les billets qu’il avait volés et les rendit à Rav Gavriel Yossef.
“En ce qui me concerne, vous êtes libre de vous rendre à Medziboz !”
Rav Gavriel Yossef était stupéfait.
“Savez-vous pourquoi j’ai brusquement changé d’avis ? demanda l’Ukrainien. Quand mon grand-père était encore en vie, il me parlait souvent d’un grand Sage juif, le Baal Chem Tov. Il disait que cet homme pouvait réaliser des miracles. Il m’avait même fait promettre de ne jamais faire de mal à l’un de ses descendants… !”
Le temps passait: Rav Gavriel Yossef calcula qu’il n’avait plus le temps d’arriver à Viznitz avant Chabbat. Il reprit son taxi et indiqua au chauffeur la direction: “Medziboz” !
Il passa la journée du Chabbat seul, en compagnie – si l’on peut dire – de son défunt aïeul. Ce fut une journée mémorable durant laquelle il ressentit une inspiration spirituelle incomparable: il put se remettre du choc et remercier D.ieu pour le grand miracle qu’Il avait réalisé par le mérite de son aïeul dont le nom était même connu d’un tueur ukrainien.

Traduit par Feiga Lubecki