Appelons-le William. Il était simple soldat dans l’armée américaine qui libérait l’Europe à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Son régiment fut affecté à la garde d’un village dont il devait assurer la sécurité et où il fallait retrouver éventuellement d’anciens Nazis. Les soldats devaient également aider les habitants et les réfugiés dans leur vie quotidienne.
Un soir, William aperçut un adolescent qui courait dans un champ à la limite du village. “ Arrête ou je tire ! ” cria-t-il. Le garçon se cacha derrière un arbre. Le soldat attendit patiemment.
Finalement, pensant que le soldat avait disparu, le garçon sortit de sa cachette et se rendit près d’un grand arbre au pied duquel il se mit à creuser. Le soldat l’observait de loin et, quand l’enfant eut fini et se fut remis en marche, le soldat cria à nouveau : “ Arrête ou je tire ! ” L’adolescent courut ; William décida de ne pas tirer mais plutôt de le poursuivre. Il le rattrapa et le plaqua au sol.
Dans le combat qui suivit, l’enfant lâcha une Ménorah magnifiquement décorée qu’il tenait jusque-là précieusement contre son cœur. William ramassa la Ménorah, l’enfant tenta de la récupérer : “ Rendez-la moi, elle est à moi ! ”
Le soldat plongea son regard dans les yeux terrifiés du garçon et tenta de le rassurer : “ Moi aussi je suis Juif ! ” dit-il.
L’enfant qui avait survécu aux camps d’extermination n’avait aucune confiance dans les hommes en uniforme. On l’avait déjà forcé à assister au meurtre de son père. Il n’avait aucune idée de ce qu’était devenue sa mère.
Dans les semaines qui suivirent, le soldat William s’occupa particulièrement du jeune garçon et celui-ci, David, apprit à lui faire confiance. Tous deux avaient de longues conversations ensemble et, quand William fut libéré de ses obligations militaires, il proposa à David de l’accompagner à New York où il l’adopterait. David accepta et William s’occupa de tous les papiers.
William reprit ses activités au sein de la communauté juive de New York. Un de ses collègues, responsable du Musée Juif de la ville, vit la Ménorah. Il annonça à David que cet objet avait une très grande valeur puisque c’était une relique de l’art juif européen et que toute la communauté pourrait l’admirer : il offrit à David 50.000 dollars, mais l’adolescent refusa. La Ménorah avait été acquise plus de deux cents ans auparavant et était, depuis, restée dans la famille : aucune somme d’argent ne parviendrait à lui faire abandonner ce trésor.
Quand ‘Hanouccah arriva, William et David allumèrent la Ménorah devant la fenêtre du salon. Puis David monta étudier dans sa chambre.
William savourait le silence paisible du salon quand on frappa à sa porte. C’était une femme qui parlait avec un fort accent allemand. Elle semblait désemparée, cherchait ses mots et commença par s’excuser de le déranger. Elle se promenait dans la rue quand elle avait aperçu la Ménorah à la fenêtre.
“ Nous avions dans le temps une Ménorah semblable dans notre famille ” dit-elle dans un anglais hésitant. Elle n’en avait jamais vu un autre exemplaire. Pouvait-elle entrer et la voir de plus près ?
William la fit entrer et lui dit que la Ménorah appartenait à son fils adoptif qui pourrait peut-être lui en apprendre davantage à ce sujet. Il appela William pour qu’il explique à cette femme d’où venait la Ménorah.

* * *

Devant l’antique Ménorah où brillaient les lumières de ‘Hanouccah, David retrouva sa mère…

Traduit par Feiga Lubecki