Ils refusaient de se rendre à l’évidence, d’accepter la position unanime des multiples médecins consultés : soufrant d’une malformation congénitale leur petite fille ne pourrait jamais parler.

Le salut vint pourtant un jour. Lorsque un ami proposa qu’on sollicite la bénédiction du Rabbi de Loubavitch les parents, d’abord se récrièrent. Ils n’étaient pas religieux, et ne voyaient pas ce qu’une bénédiction pourrait faire, là où les meilleurs médecins s’étaient déclarés impuissants.

L’ami cependant insista : qu’avaient-ils à perdre ? Pour simpliste qu’il soit l’argument exerça peu à peu son effet. La famille se rendit donc à Brooklyn. Mais ce fut d’abord pour y apprendre que la liste était longue de ceux qui attendaient une audience et qu’il faudrait attendre plusieurs semaines. La Providence aidant, un ‘hassid compatissant les croisa et, devant la détresse de la famille, offrit de lui laisser son tour qui se trouvait devoir être le soir même.

Et c’est ainsi que la petite fille se trouva une nuit, très tard (il y avait tant de visiteurs !), devant le Rabbi, dans son bureau. Et le Rabbi après avoir écouté le récit des parents se tourna vers elle pour lui poser une simple question :

-« Acceptes-tu d’allumer les bougies de Chabbat ? »

Un lourd silence, pendant quelques secondes d’éternité, s’installa. La petite fille, enfin, répondit d’un signe affirmatif de la tête. Mais le Rabbi n’en était pas encore satisfait.

-« Ce n’est pas ce que je t’ai demandé. Si tu es d’accord, réponds moi : oui »

La petite fille semblait maintenant perdue. Elle se tourna vers ses parents. Puis vers le Rabbi qui répéta patiemment sa question. C’est alors que la parole interdite, la parole impossible transperça brutalement le silence, qu’une voix nouvelle fut entendue. La petite fille, à la question réitérée, clairement, répondit : « Oui » !