Le jeune garçon avait prévu deux feuillets : sur la première les questions qu’il voulait soumettre, suivies, comme il se doit, de son prénom et de celui de sa mère. Sur la seconde, il avait seulement recopié les questions. Ainsi, prévoyait-il, il pourrait écrire en regard de chaque question les réponses reçues, encore toutes fraîches dans sa mémoire, dès que l’entrevue serait terminée.

Mais, être très jeune et attendre, pour la toute première fois d’être introduit dans le bureau du Rabbi de Loubavitch (nous sommes en 1970 et le Rabbi recevait alors ses visiteurs pour des entretiens privés) peut être source d’une très grande émotion.

Le garçon fut en fait si troublé qu’il en intervertit les deux feuillets. Le Rabbi se trouva donc avoir devant lui celui qui ne comportait aucun nom.

Il le lut et, pour donner ses réponses et sa bénédiction interrogea : « Quel est ton nom ? ».

Chez son jeune interlocuteur, l’émotion s’était maintenant transformée en véritable panique. Il était incapable de bredouiller le moindre mot ! Mais le Rabbi insistait : « Quel est ton nom ? ». Devant le silence persistant, il ajouta : « N’est-ce pas Moché ? ». Le garçon fit un signe affirmatif de la tête. « Et celui de ta mère ? » Même silence. « N’est-ce pas Elké ? ». Nouveau signe affirmatif.

Le Rabbi répondit alors à toutes les questions et bénit Moché fils de Elké qu’il voyait pour la première fois.