Après un voyage soudainement décidé, il était arrivé, par une glaciale soirée d’hiver devant la pauvre maison. La porte s’ouvrit et un homme maigre et transi par le froid ouvrit. Il s’appelait Moché.
Le Baal Chem Tov entra, suivi de Rabbi David Firkus et de Rabbi David Leikus.« Nous avons très froid, dit-il. Pouvez-vous réchauffer la pièce et nous donner un verre de lait chaud ? Vous nous ferez revivre. ».Malgré son dénuement, Moché coupa du bois et alluma un feu réconfortant avant de courir à la ferme voisine pour y acheter un peu de lait.

Les invités, dont Moché apprit simplement qu’ils venaient de Mezibogh, indiquèrent qu’ils espéraient pouvoir demeurer quelques jours chez leur hôte. Moché n’avait rien à leur servir. Et pourtant, il n’entendait pas renoncer à la mitsva de recevoir des invités : il accepta donc leur demande de bon cœur. Au fur et à mesure des besoins, il prenait tel ou tel de ses maigres effets personnels, les vendait aux villageois des alentours pour acheter un peu de farine, quelques œufs et des légumes que son épouse préparait. Les invités étaient les premiers servis et la famille n’avait que les restes.

Quand, cinq jours plus tard, le Baal Chem Tov et ses disciples se disposèrent à partir, la maison était vide. Moché ne leur fit qu’une prière : « Quand vous serez de retour à Mezibogh, pouvez-vous demander au Baa Chem Tov de me bénir pour que je puisse servir D.ieu comme il faut ? » Il reçut la réponse comme un coup de tonnerre : « Maintenant je peux te le dire : je suis le Baal Chem Tov ».
Mais déjà un signe avait été fait au cocher et les chevaux étaient partis au grand galop, si vite qu’en quelques instants la voiture avait disparu.
Moché pleurait : un aussi grand Juste avait demeuré chez lui et il n’en avait rien su !

A l’intérieur de la masure, les enfants pleuraient aussi : ils avaient épouvantablement faim !Ne sachant que faire, Moché , dans un un profond soupir implora : « Maître du Monde, je Te rends grâce de m’avoir permis d’accomplir la mitsva de recevoir des invités. Je T’en prie, aie pitié aussi de mes enfants. Permets-moi de leur donner du pain ».

On frappa soudain à la porte. C’était l’un des villageois, Ivan. Il demandait un peu d’alcool pour se réchauffer. Bien sûr, Moché n’en avait pas la moindre goutte. Ivan lui tendit alors une pièce : « Prends là et va m’acheter une bouteille. Tu garderas la monnaie ». Ainsi, Moché put-il, ce jour là, outre la bouteille acheter du pain, quelques légumes et un peu de fromage pour ses enfants. Mieux, Ivan passa un marché avec son voisin juif : « Tu sais que je vis seul. Ma fille unique ne s’occupe pas de moi. Chaque jour, je te donnerai une pièce. Tu m’achèteras une bouteille et tu feras ce que tu voudras de la monnaie. Moché put alors assurer la subsistance de sa famille.

Le temps passa. Un jour Ivan se confia : « Tu te demandes d’où me viennent toutes ces pièces. Il y a longtemps, un jour, j’ai trouvé un vrai trésor. Je l’ai caché dans la forêt. Je ne veux pas le donner à ma fille, elle ne le mérite pas. Je sais que tu es un homme bon et droit. Laisse moi demeurer auprès de toi et tu en héritera ». Moché accepta.
Et le temps passa encore et Ivan déclara un jour : « J’ai vu maintenant que tu es un homme vertueux. Tu vas prendre possession de l’argent, faire construire une grande maison et acheter un troupeau. Tant que je pourrais, je t’aiderai à t’occuper de tout. »Ainsi fut fait : Moché fit construire une grande maison, pouvant recevoir beaucoup d’invités et dans laquelle une chambre avait été réservée à Ivan.

Quand Moché se rendit enfin chez le Baal Chem Tov tout lui fut expliqué. « Une grande richesse vous avait été accordée en-Haut. Mais vous vous contentiez de ce que vous aviez sans jamais rien demander et la bénédiction ne s’accomplissait pas. Nous sommes donc allés chez vous. Nous vous avons laissé démuni de tout : vous avez alors imploré D.ieu pour vos enfants et la bénédiction s’est immédiatement réalisée ».