Un juif aspirait depuis longtemps à ce délice absolu : recevoir l'inspiration Divine.
Désir peut-être excessif mais auquel il s'abandonnait avec les meilleures intentions du monde, comme un homme sûr de son bon droit. D'anciens savoirs, il avait appris qu'un chemin existait qui, sans coup férir, menait à ces hauteurs. Il fallait pendant 40 jours, avoir la force de s'abstenir de proférer touts parole inutile. Notre juif sortit victorieux de l'épreuve : 40 jours d'un combat de chaque instant. Et après ? Rien ! De trace d’Esprit sain descendu sur lui , aucune ! Que se passait-il donc ? Le rabbi de Ruzhin, un immense Tsaddik, aurait sans doute la réponse.
C'est ainsi que pour la première fois, l'homme arriva à la cour du Rabbi. Cour était bien le mot, car à Ruzhin, Rabbi Israël menait un train royal, vivant dans toutes les apparences du luxe.
Le visiteur en restait éberlué. Etait-ce la les façons d'un Tsaddik ? Etait –ce la le chemin de la Torah ? Et plus il considérait ce qui s'offrait à son regard, plus grand devenait son désarroi. Tant et si bien qu'il finit par trancher d'autorité la question : il n'y avait point ici de Tsaddik. Et, cohérent avec lui-même, il décida par conséquent de s'en retourner comme il était venu.
C'est juste au moment où il allait partir que l'homme aperçut le Rabbi qui préparait lui-même un voyage. La voiture du Tsaddik était prête, déjà attelée à un superbe équipage. Quand il vit le Rabbi s'approcher de l'un des chevaux, lui donner de petites tapes (trois !) en souriant, l'homme explosa :
"Rabbi ! Quelle sorte de service de D.ieu est-ce là ? Le rôle d'un Tsaddik est-il de flatter la croupe d'un cheval ?

Et le Rabbi répondit :

« Saches une chose au moins : ce cheval n’a pas dit une seule parole inutilement depuis plus de quarante jours ! »