Rav David Tsi Chein «était le rav de Tchernigov. Il était aussi et surtout un ‘hassid de Rabbi Chmouel de Loubavitch. Il advint cependant qu’un jour, en raison sans doute des devoirs de sa charge, il arriva trop tard chez le Rabbi pour avoir, comme il l’avait prévu, un entretien privé, une « yé’hidout ».
Embarrassé, il décida finalement d’attendre dans la pièce qui servait d’antichambre au bureau du Rabbi. Celui-ci allait sortir d’un moment à l’autre et Rev David Tsvi pourrait, rapidement, lui poser une question dont la réponse était urgente.

C’est là qu’il fut rejoint par le serviteur du Rabbi, un personnage qui semblait passablement agité et qui transportait des vêtements de rechange manifestement destinés à son illustre Maître.

« Si vous saviez ce qu’il transpire pendant les entrevues ! Ca n’est pas croyable : elles ne durent jamais beaucoup plus d’une heure, mais ce qu’il transpire ! «

La qualité première de ceux qui ont l’insigne privilège de vivre dans la proximité d’un Tsaddik est la discrétion. Notre prolixe serviteur l’avait à l’évidence oublié et Rav David Tsvi en était le premier gêné. Ce qui n’empêchait pas l’homme de continuer à s’exclamer : « Au nom du Ciel, pourquoi transpire-t-il autant ? « .

C’est à ce moment que la porte s’ouvrit, que le Rabbi apparut, qu’il s’adressa au serviteur bavard :

« Rentre chez toi . Tu y recevras chaque semaine ton salaire mais tu es démis de tes fonctions ici. Et à propos, est-il si difficile de comprendre pourquoi je transpire ? Dans l’heure qui vient de s ‘écouler, j’ai reçu vingt-cinq personnes. Si je veux conseiller chacun aux mieux, je dois me mettre exactement à sa place, éprouver exactement ce qu’il éprouve, vivre l’épreuve qu’il vit. Mais, au moment de lui donner mon avis, je ne peux pas rester dans sa condition à lui, auquel cas cet avis n’aurait aucun intérêt. Je dois redevenir moi-même ! Alors fais le compte : pour chacun de mes visiteurs, je dois me changer deux fois.
Réfléchis : quelqu’un qui, en une heure, doit se changer cinquante fois, ce quelqu’un, n’est-il pas absolument naturel qu’il transpire ? »