Une longue queue sur le trottoir, devant la synagogue du Rabbi, 770 Eastern Parkway à Brooklyn. En attendant de passer devant le Rabbi pour recevoir de sa main un billet d’un dollar (dont on donnera l’équivalent à la Tsedaka, charité), on prie, on réfléchit à ses actions passées et futures, on bavarde…
Rav Chalom Duchman, directeur de l’institution Colel Chabad, était venu d’Israël avec le maire de la ville d’Ashkelon, M. Elie Dayan. Celui-ci ne cachait pas son émerveillement devant le nombre de Juifs prêts à patienter plusieurs heures pour avoir le mérite de passer devant le Rabbi et, peut-être, pouvoir échanger avec lui quelques mots, jouir de ses conseils et bénédictions…
Soudain M. Dayan se souvint : «De fait, j’ai déjà eu l’occasion de constater la grandeur du Rabbi et sa vision à long terme. Voici ce qui est arrivé : un jour, à Ashkelon, on nous a proposé de racheter une menuiserie. Un Juif de la ville de Kiriat Mala’hi s’intéressa à cette offre : il contacta le propriétaire, vérifia tous les détails et décida de procéder à l’achat de l’usine. Le vendeur et l’acheteur se rendirent chez le notaire pour finaliser la transaction et signer tous les documents. Mais au dernier moment, le client potentiel déclara : «Un instant ! Je ne signerai pas tant que je n’aurai pas obtenu l’accord et la bénédiction du Rabbi !»
Nous étions interloqués. Une si bonne affaire !
Mais nous savions qu’il était inutile de discuter, chacun avait droit à ses fantaisies…
Nous lui avons simplement demandé de ne pas nous faire attendre plus qu’un jour ou deux : d’autres clients potentiels s’étaient manifestés et nous ne pouvions pas nous permettre de repousser leurs propositions indéfiniment.
Un jour s’écoula puis un autre et le client de Kiriat Mala’hi téléphona : «Excusez-moi mais je n’achète pas la menuiserie. J’ai compris d’après la réponse du Rabbi que l’affaire n’était pas pour moi !»
Comment ? Une si belle affaire !
Le lendemain, un incendie accidentel éclata dans l’usine et la menuiserie fut entièrement détruite…
Regardez, expliqua encore M. Dayan, comment le Rabbi a veillé aux possessions de deux Juifs. La menuiserie était assurée mais l’assurance perdait toute sa validité si l’usine passait aux mains d’un autre propriétaire. C’est-à-dire que tant que la transaction n’était pas effective, la police d’assurance était valide.
Si l’homme de Kiriat Mala’hi avait acheté la menuiserie, il n’aurait certainement pas contracté immédiatement une assurance et l’usine n’aurait pas été assurée pendant quelques jours. Tout son investissement aurait été en pure perte, que D.ieu préserve !
Par contre, le propriétaire fut entièrement dédommagé et put monter une autre affaire !

Michpa’ha ‘Hassidit
traduit par Feiga Lubecki