Myriam C. désirait s'inscrire au séminaire de jeunes filles de Kfar 'Habad. Pour cela, elle devait d'abord passer le baccalauréat: ainsi elle pourrait alors se perfectionner et suivre les cours qui lui permettraient d'obtenir un diplôme. Elle savait que le Rabbi désirait que toute jeune fille 'hassidique s'occupe de la façon la plus professionnelle possible de l'éducation juive des enfants.

Pour elle, le plus difficile était l'épreuve de mathématiques qui devait se dérouler quelques jours après Lag Baomer. Immédiatement après Pessa'h, elle se prépara sérieusement : il ne lui restait que très peu de temps pour apprendre des tables d'algèbre, des théorèmes de géométrie, la trigonométrie et bien d'autres cours plus ardus les uns que les autres.
Quelques jours avant Lag Baomer, on lui demanda de participer aux préparatifs de la parade. Elle hésita car cela signifiait qu'elle devrait y consacrer beaucoup de temps et d'énergie. Du temps ! Ce dont elle avait justement tant besoin en ce moment ! Tant de tables et de formules à apprendre !
Le problème, c'est qu'elle savait que les deux options étaient très importantes aux yeux du Rabbi : aussi bien son examen d'entrée que la parade de Lag Baomer.
Après avoir bien réfléchi, elle décida de se consacrer aux préparatifs de Lag Baomer. Pour elle, il n'était pas possible que sa participation à la parade – à laquelle le Rabbi attachait tant d'importance – lui cause un quelconque dommage personnel.
Effectivement, elle consacra toutes ses forces, toute son énergie et surtout tout son temps à la préparation de cette journée : des milliers d'enfants défilèrent fièrement dans les rues de Peta'h Tikva, sous les yeux émerveillés de leurs parents et des passants, peu habitués à ce genre de manifestation paisible. Là, nulle demande d'argent, nulle revendication politique : les banderoles que les enfants agitaient sous un soleil radieux affirmaient leur fierté d'être juif, leur foi tranquille en la venue du Machia'h et des slogans appelant à une pratique plus suivie du judaïsme.
Parmi les passants se trouvait justement un vieux monsieur qui avait vécu beaucoup d'événements douloureux dans sa vie. Il regardait avec stupéfaction les enfants qui marchaient deux par deux, en chantant joyeusement. Encore une classe, encore un jardin d'enfants... L'homme avait du mal à cacher son émotion et finit par éclater en sanglots. Inquiet, un des moniteurs s'approcha et lui demanda s'il avait besoin d'aide. L'homme le remercia et expliqua en s'essuyant le visage : «J'ai déjà vu des enfants juifs marcher deux par deux. C'était il y a cinquante ans. Sans le savoir, ils se dirigeaient alors vers les chambres à gaz ! Des centaines, des milliers d'enfants ! Je les ai vu marcher, effrayés en haillons et la tête baissée...
Mais aujourd'hui, j'ai le privilège de me trouver en Terre Sainte et d'embrasser du regard des milliers d'enfants juifs marchant fièrement tout en chantant à tue-tête des versets de la Torah!». Après la parade et les discours, les enfants purent jouer dans un grand parc où il fallait, bien entendu, les surveiller. Inutile de dire que Myriam passa une belle journée mais s'écroula de fatigue une fois rentrée chez elle.
Le lendemain, elle écrivit au Rabbi pour raconter sa participation à une des fêtes les plus réussies de Lag Baomer. Puis elle demanda une bénédiction pour la réussite à ses examens : pour elle, le Rabbi était comme un père auquel on peut confier tous ses problèmes. Mais dans sa lettre elle n'établissait aucun lien entre les deux événements et elle ne racontait pas ses hésitations quant à l'emploi de son temps si précieux.
Quelques jours plus tard, elle reçut un coup de téléphone urgent de son grand-père, le regretté Rav Yehouda S. qui lui demandait de venir immédiatement car il avait reçu pour elle un télégramme du Rabbi ! Celui-ci ne comportait que quelques mots : «On peut s'appuyer sur le mérite de Rabbi Chimone !»
Si peu de mots mais que d'émotion pour Myriam ! Pour elle, cela signifiait d'abord une bénédiction pour son examen ; mais c'était aussi comme l'approbation du Rabbi : il savait certainement combien elle avait hésité mais il approuvait son choix...
Le télégramme du Rabbi fit disparaître tous ses doutes et lui insuffla une énergie renouvelée pour perfectionner ses connaissances. Le matin de l'examen, elle reconnut, néanmoins qu'elle était loin de maîtriser les mathématiques. Inutile de paniquer, se dit-elle, la bénédiction est là, il suffit de faire un effort pour la mériter : en d'autres mots, comme le préconise la 'Hassidout, il faut créer le réceptacle. Avant de partir, elle ouvrit son livre de mathématiques, choisit une page au hasard et l'apprit par cœur. L'examen se déroula sans problème. Quant aux mathématiques, il n'y avait qu'une seule question. Vous l'avez deviné: c'était justement sur le sujet qu'elle avait appris par cœur le matin même !
Oh oui ! On peut s'appuyer sur le mérite de Rabbi Chimone !

M. Zigelbaum - Sipouro Chel 'Hag
traduit par Feiga Lubecki
Le nom des personnages a été modifié
par la Rédaction