L'histoire du hassidisme ne peut être contée en faisant abstraction de l'ésotérisme sous-jacent à son déroulement, puisque ses maîtres sont au confluent des mondes physique et métaphysiques. Le processus de révélation de Rabbi Israël Baal Chem Tov en tant que fondateur du mouvement hassidique passe par cet ésotérisme, comme il l'écrit lui-même dans l'une de ses lettres, adressée à Rabbi Mordékhaï le juste, membre de la confrérie des justes cachés :
«Je suis né dans la ville d'Alcop en l'an 5458 et, à l'âge de cinq ans, je devins orphelin de mes parents, qu'ils reposent en paix. Je vécus alors à la charge de la communauté qui subvinrent à mes besoins et assurèrent mon éducation. Mais les chefs de la communauté, voyant que je ne progressais pas dans mon étude, me laissèrent livré à moi-même. 
Je partis alors de ville en ville, de village en village6, jusqu'à ce que j'arrive dans la ville de Brody à l'âge de dix-huit ans où je devins maître d'école. Dans cette ville résidait mon saint beau-frère, Rabbi Guerchon de Kitov qui élevait un petit orphelin qu'il me confia pour que je lui prodigue mon enseignement. Par ce biais, je devins son beau-frère en épousant sa soeur. Je ne savais pas alors que, par le mérite de mes ancêtres, je possédais une âme élevée. Un jour, veille du Chabbath dans lequel on lisait la section « Vayéchev », à une heure de l'après-midi, je sentis une grande torpeur s'emparer de moi. Un vieillard m'apparut alors et me dit : « Sais-tu qui je suis? -Non, lui répondis-je. -Sache, déclara-t-il, que je suis un émissaire envoyé par le Ciel pour apprendre avec toi. Chaque jour, tu te rendras entre les hautes montagnes à proximité de la ville. Là, je viendrai t'enseigner et te révéler une nouvelle éthique. Cependant, garde-toi d'en parler à quiconque, même à ton épouse, car il ne faut pas que cela se sache avant que je ne t'en donne la permission. » Lorsque je lui demandai son nom, il répondit qu'il me le dirait plus tard. Le vieillard disparut et je me réveillai. Je pensai alors que ce n'était qu'un rêve auquel il ne fallait pas prêter d'importance. J'allai donc me tremper au bain rituel en l'honneur du Chabbath. Là, dès que j'immergeai ma tête - j'avais pris l'habitude de garder les yeux ouverts dans l'eau - une grande crainte me saisit et je sentis que je devenais un autre homme, animé de l'esprit divin. Pendant les prières de l'entrée du Chabbath, je sentis que les fidèles de la synagogue me fixaient du regard sans savoir pourquoi. Pendant la nuit, le vieillard m'apparut en rêve et me dit :

« Ne pense pas que tout cela n'était qu'un rêve. Non, mon cher, tout cela était vrai. La preuve en sera que tu te rendras dimanche en dehors de la ville et tu me trouveras entre la deuxième et la troisième montagne. Pour le nom de D.ieu, tu te tremperas au bain rituel avant de venir. » Puis, il disparut. Lorsque je me réveillai, je compris qu'il ne s'agissait pas de choses anodines. Ce n'était pas qu'un simple rêve mais un message céleste qui m'était adressé par le mérite de mes saints parents qui avaient dû, selon ce que je comprenais, supplier et insister auprès du trône divin pour que le Ciel me prenne en pitié et me fasse mériter un tel niveau. Lors de la prière du matin, ce Chabbath, on me fit l'honneur de me faire lire le « Maphtirm », ce qui m'étonna grandement car je n'en avais jamais eu le mérite jusque-là. Lors du troisième repas de Chabbathl I, mon saint beau-frère, Rabbi Guerchon de Kitov, m'appela et me demanda : « Isrolik, je vois sur ton visage un grand changement. Que se passe-t-il ? Serais-tu malade ? » Je ne répondis pas à sa question, comme me l'avait ordonné le vieillard. Après la prière qui marque la fin du Chabbath, lorsque je chantai la louange au prophète Élien, mon épouse me demanda pourquoi j'étais si pâle. Je ne lui répondis pas non plus. Le lendemain, la neige tombait à gros flocons mais je n'en tins aucun compte et je fis ce que je devais faire. Une heure avant midi, j'allai me tremper au bain rituel puis, je me dirigeai immédiatement vers l'endroit convenu, entre la deuxième et la troisième montagne. Le vieillard se trouvait là-bas et me demanda de le suivre. Je le suivis jusqu'à une grotte dissimulée derrière un rocher. La grotte était toute illuminée, et une table et deux chaises y étaient disposées. 
Le vieillard prit place sur l'une des chaises et me pria de m'asseoir sur l'autre. Il sortit alors de son giron un livre que je voyais pour la première fois et, lorsque je me mis à le lire, je sentis comme une seconde âme pénétrer en moi, mes yeux furent éclairés d'une lumière nouvelle qui me montraient les chemins du Ciel et les portes de la compréhension s'ouvrirent devant moi. Au bout d'environ deux heures, le vieillard me dit : « Mon fils, cela suffira pour aujourd'hui. Avec l'aide de D.ieu, nous continuerons demain. Mais prends bien garde de n'en parler à personne » Je lui demandai de nouveau son nom, mais il me dit que le moment de me le révéler n'était pas encore venu. Je tins sa main droite et nous sortîmes de la grotte. Le vieillard m'accompagna jusqu'à l'entrée de la ville. Là, il posa ses saintes mains sur ma tête et me bénit. Pendant toute une année, nous continuâmes à nous rencontrer chaque jour sans que je sache le nom de mon Maître. Un beau jour du milieu de l'été, avant que nous ne nous séparions à l'entrée de la ville, il me révéla son saint noie. Par les sentiment de crainte que me procura le fait d'étudier avec un Maître d'une telle sainteté, mes forces m'abandonnèrent et je tombai à terre. Avec l'aide du Tout-Puissant, je réussis à retrouver mes esprits et mon Maître me demanda alors de quitter la ville où j'habitais pour aller vivre dans un village. Mon saint beau-frère, Rabbi Guerchon de Kitov, m'aida dans cette entreprise et j'emménageai dans un petit village situé à proximité de la ville de Kitov. Là-bas, j'installai une auberge et, de Chabbath en Chabbath, je m'isolai et restai entre les montagnes, ne retournant chez moi que le vendredi après-midi pour y passer le Chabbath. Chaque jour de la semaine, je rencontrais mon saint Maître qui me révélait les plus grands secrets de notre tradition car aucun d'eux ne lui était étranger. Mais voilà que, le mois passé, mon Maître me déclara : «Tu sais bien, lsrolik, qu'est déjà arrivé le temps de ta révélation. Cette décision a été écrite et scellée dans les cieux : lorsque tu atteindras l'âge de trente-six ans, tu devras te révéler. » D'après ses dires, il semblerait qu'en l'an 5494 (1734), je serais obligé de me révéler, ce qui me procure une grande peine. 
En quoi suis-je meilleur que mes condisciples plus âgés que moi ? De plus, je sais que de grands scandales et une grande discorde éclateront par cela. Beaucoup s'opposeront à moi et voudront m'avaler sans raison. Bien que mon coeur ait confiance en la bonté de D.ieu qui ne m'a jamais abandonné jusqu'à aujourd'hui et qui ne m'abandonnera jamais, j'en suis sûr, pourquoi ai-je besoin de toutes ces difficultés ? Pour l'instant je suis dans une situation exceptionnelle : j'étudie en secret et j'ai le mérite de rencontrer mon saint Maître chaque jour. Alors que je suis bien loin du tumulte de ce bas monde, je vais devoir entrer dans une période terrible. »

Les craintes qu'éprouvait le Baal Chem Tov le firent pendant longtemps se dérober à sa mission. Son Maître fit intervenir feu Rabbi Éliézer, père du Baal Chem Tov, et Rabbi Adam Baal ChemI, dirigeant du mouvement des «justes cachés » dont faisait partie le Baal Chem Tov. Dans une de ses lettres, Rabbi Adam raconte :

«... Lundi, mon saint Maître m'est apparu pour me faire part de sa grande inquiétude à propos du saint juste caché Israël car celui-ci pourrait peut-être refuser d'assumer la mission qui lui a été assignée. Il ajouta qu'il avait déjà fait savoir par son père qu'il refuserait de le rencontrer avant qu'il ne se révèle. Il m'expliqua alors que la chose dépendait de moi et que je devais lui transmettre ses paroles. Or, je ne sais où il se trouve, ni où il réside et mon saint Maître m'a quitté. Aussi ai-je décidé de me rendre dans la ville de Reicha où se trouvait mon grand ami le saint Rabbi Mordékhaï le juste. Lui saura sûrement où se trouve RabbiIsraël.

Je suis donc allé à Reicha, mais, là-bas, j'ai appris que Rabbi Mordékhaï avait quitté la ville pour se rendre en Allemagne, mais nul ne savait exactement où.Telle fut la règle : en tout endroit où je décidai de me rendre pour obtenir des informations sur Rabbi Israël, ma démarche fut vaine. J'en conclus que cela provenait de D.ieu et que ce processus suivait un dessein divin qui échappait à l' homme. J'attendis, espérant que mon Maître me rende visite, mais mon attente fut vaine. Les mois passèrent sans qu'il m'apparaisse. J'entrepris alors de voyager de lieu en lieu, de village en village, en quête du saint Rabbi Israël, mais je cherchai sans le trouver. Je pris alors la décision d'abandonner ma recherche. N'est-t-il pas clair aux yeux de D.ieu que je me suis investi de tous mes membres et de tout mon être et que je n'ai pas ménagé mes forces pour mener à bien la mission que m'avait confiée mon saint Maître, mais je vois en pratique que le Ciel a décidé que je ne rencontrerais pas Rabbi Israël. Que pourrais-je donc faire de plus ? J'ai donc décidé de retourner chez moi en me disant que, quoi qu'il arrive, ce serait pour le bien car j'avais vu que la main de D.ieu était dans tout ce processus. Or, rien de mal ne pourrait provenir de Lui. Alors que je dormais à l'hôtel, mon Maître m'est apparu et me dit : « Adam, je vois que le Ciel empêche votre rencontre. La raison n'est connue que par le Tout-Puissant, Cause de toutes les causes et Raison de toutes les raisons, qu'aucune pensée ne peut appréhender. Aussi, te conseillé-je de mettre tous tes arguments par écrit et de les confier à ton fils qui trouvera sûrement un moyen de les faire parvenir. » Mon Maître répéta ses paroles et disparut.
Je me réveillai alors et je pris immédiatement la route qui me conduisit sans entraves à ma demeure où je trouvai, Dieu merci, ma famille en bonne santé. Je me mis immédiatement à écrire et, en l'espace d'une semaine, tout était prêt. Je transmis les écrits à mon cher fils au cœur pur afin qu'il puisse commencer sa recherche. Mon fils revint près de deux mois plus tard sans succès. Je pris alors la décision d'abandonner pour plusieurs raisons. Advienne que pourra ! Je n'étais aucunement responsable, à D.ieu ne plaise, de la tournure qu'avaient pris les événements puisque j'avais fait tout ce qui était en mon pouvoir. C'est alors que mon Maître m'apparut de nouveau et m'expliqua qu'il ne pouvait en aucun cas me révéler où se trouvait le saint homme. Il pouvait seulement dire qu'il s'isolait chaque jour parmi les montagnes qui bordaient la ville de Kitov. Aussi, il me conseillait maintenant d'envoyer une fois encore les écrits dans les mains de mon fils pour qu'il les dissimule sous une pierre de ce lieu. Avec l'aide de D.ieu, ils arriveraient certainement entre les mains de Rabbi Israël.

Je fus rempli de joie et je crus pleinement que je pourrais réussir dans cette entreprise et, sans attendre, j'exécutai l'ordre de mon saint Maître. Je confiai de nouveau les écrits à mon fils pour qu'il les cache sous une pierre, là-bas, entre les montagnes. Je ne cessai alors de prier Dieu pour que ces écrits arrivent entre les mains de Rabbi Israël, qu'il accomplisse tout leur contenu, dicté par mon maître et qu'il se révèle enfin. Ainsi, il purifiera par ses lèvres le monde tout entier qui sera alors rempli de la connaissance de D.ieu. De ce fait, la délivrance sen plus proche et se réalisera très rapidement. De mon humble point de vue, bien que je ne le connaisse pas, si mon saint Maître le prie de ne pas refuser, à Dieu ne plaise, c'est parce que telle est la volonté de D.ieu. S'il en est ainsi, qu'est-ce que cela changerait pour lui ? Ne fera-t-il pas, de toute façon la volonté de Dieu? En particulier, selon les paroles de mon saint Maître, la perfection du peuple juif et du monde tout entier dépend de lui.

Parmi les arguments que Rabbi Adam Baal Chem donna au Baal Chem Tov, se trouve un récit qui explique pourquoi on avait choisi le Baal Chem Tov pour accomplir une telle mission :

«En l'an 5333 (1573) vivait, dans la sainte ville de Safed, un Juif ignorant qui savait seulement prier, mais d'une grande pureté d'âme et d'une grande discrétion dans ses actions. Une nuit, alors qu'il venait de terminer le « Tikoun Hatsoth », on frappa à sa porte et, lorsqu'il demanda qui était là, il s'entendit répondre : « C'est le prophète Élie». L'homme ouvrit la porte et le prophète entra, illuminant la chambre de sa sainte lumière. Il s'adressa alors à l'homme et déclara : «Je suis venu te révéler le jour de l'avènement des temps messianiques, mais à une condition : il faut que tu m'avoues ce que tu as fait le jour de ta Bar-Mitsva car c'est grâce à cette action que le Ciel a décidé que tu mériterais ma visite afin que je te révèle de grands secrets divins.» Le Juif de Safed répondit avec sincérité : «Ce que j'ai fait, je ne l'ai fait que pour l'honneur de D.ieu. Comment pourrais-je donc le dire aux autres ? Tant pis si, pour cette raison, le prophète Élie ne me révèle pas ce qu'il doit me révéler car j'ai appris qu'un Juif doit cacher aux yeux des hommes les bonnes actions qu'il accomplit. Celles-ci ne doivent être faites que pour l'honneur de D.ieu... »
Le prophète Élie disparut et rejoignit les mondes spirituels. Là-bas, un grand tumulte s'éleva à propos de la pureté et la grandeur d'âme de ce Juif qui avait repoussé le prophète Elie et les secrets qu'il devait lui révéler pour que ses actions ne restent connues que de D.ieu. Le tribunal céleste décida alors que le prophète Élie apparaîtrait de nouveau à cet homme pour lui enseigner les plus grands secrets divins. Cet homme simple devint un juste hors du commun qui vécut dans la plus grande discrétion de telle sorte que personne ne s'aperçut de sa grandeur ni de sa sainteté. Vint le jour où ce Juif quitta ce monde. Après une discussion, le tribunal céleste décida que sa récompense serait de revenir dans ce monde où on l'obligerait à se dévoiler. Par lui, se révélerait une nouvelle voie du judaïsme qui se répandrait et purifierait le monde par un souffle de pureté et de sainteté. Une nouvelle lumière éclairerait alors le coeur de chacun. Il sanctifierait le nom de D.ieu et la terre serait pleine d'une connaissance qui hâterait la fin des temps. L'âme de ce juif de Safed était celle de Rabbi Israël Baal Chem Tov.

« Que mes cheveux se hérissent sur ma tête - écrit le Baal Chem Tov à son beau-frère, Rabbi Guerchon de Kitov - car je n'éprouve aucune envie de me dévoiler et de prendre une si lourde responsabilité. En effet, qui suis-je ? Il y a, sans aucun doute, des hommes bien plus grands et meilleurs que moi. Mais, mon bien-aimé et cher beau-frère, que puis-je faire, si c'est une décision divine? De plus, mon saint Maître approuve cette décision et m'a fait savoir qu'il ne me reverrait pas tant que je n'écouterais pas la voix de D.ieu exprimée par sa bouche. Aussi, ai-je décidé de me dévoiler à condition que mon Maître soit à mes côtés ce jour-là car, sinon, cela m'est impossible. J'attends qu'il me réponde au plus vite pour m'indiquer quel jour et en quel lieu cela se déroulera car tous les moments et tous les lieux ne sont pas également propices. Je sais pertinemment que j'aurai des détracteurs et des accusateurs qui s'opposeront à cette révélation, mais j'ai confiance en D.ieu. »

Rabbi Israël Baal Chem Tov se dévoila le 18 Elloul 5494, jour de son trente-sixième anniversaire. Six ans, nous dit le précédent Rabbi de Loubavitch, le Baal Chem Tov a refusé ce dévoilement et on lui retira pour cela six années de sa vie.