H. H., émissaire du Rabbi dans une grande ville européenne, raconte:

"Le téléphone sonna soudain et me troubla dans ma réflexion. Je me demandais depuis un long moment par quel moyen je pouvais me soulager des difficultés financières que subit le jardin d'enfants que je viens d'ouvrir. La sonnerie du téléphone se fit insistante et je dus décrocher le combiné.

Je reconnus aussitôt le voix de M. A., un homme d'affaires influent de la ville, qui me dit:

"Vous savez sans doute que je viens de créer une nouvelle affaire de vêtements de mode, en association avec mon frère. D.ieu merci, ce magasin fonctionne parfaitement. Malheureusement, nous avons eu, la semaine dernière, un contrôle fiscal. L'inspecteur a examiné nos comptes pendant toute cette semaine et rien n'a échappé à son oeil attentif. A l'issue de cette recherche, il a décidé de nous imposer un redressement fiscal d'un million trois cent mille francs!

Cette somme est considérable et nous ne savons que faire. Si nous la payons, nous devrons cesser notre activité pour les deux années à venir. Je m'adresse donc à vous en tant qu'émissaire du Rabbi, car je suis convaincu qu'il peut nous aider. Pouvez-vous solliciter sa bénédiction pour nous?"

Je ne savais que faire. S'ils devaient vraiment cette somme x impôts, il était juste qu'ils s'acquittent de leur dette et quelle bénédiction pouvais-je donc demander au Rabbi. Soudain, me vinirent à l'esprit les termes de la Michna "celui qui accepte le joug de la Torah est libéré de celui des autorités", de même que récits de Justes qui purent faire disparaître les dettes de ceux ii participaient largement à la Tsédaka. Et je me suis demandé si cette communication téléphonique, qui intervenait à ce moment précis, n'était pas un clin d'oeil de la divine Providence, pour me permettre de financer le jardin d'enfants.

Je dis à mon interlocuteur:

Avouez que votre demande est surprenante. Attendez-vous du Rabbi une exonération fiscale? Néanmoins, j'ai une idée qui peut ns doute contribuer à résoudre votre problème. Nous avons ouvert un jardin d'enfants qui s'est fixé pour objectif de faire acquérir aux plus petits les valeurs fondamentales du Judaïsme. malheureusement, son budget de fonctionnement est d'ores et jà très important et je ne sais où trouver cet argent. Si vous acceptez la Mitsva de financer cette institution du Rabbi, je lui ferais part de votre décision et, dans la même lettre, je ferai également état de votre problème."

Après un instant de silence, H. H. m'indiqua qu'il souhaitait i parler tout d'abord à son frère. Il me rappela peu après et me dit :

C’est d'accord. Si ce redressement fiscal est annulé, nous prenons effectivement en charge la totalité du budget de votre jardin d'enfants."

Comme je m'y étais engagé, j'écrivis au Rabbi, lui expliquant qui s'était passé, la difficulté à laquelle les deux frères étaient confrontés et la bonne décision qu'ils avaient prise. Le secrétaire du Rabbi me transmit sa réponse, un peu plus tard:

"Il faut faire vérifier les Tefilin et les Mezouzot. J'en ferai mention auprès du tombeau (du précédent Rabbi)".

J'ai aussitôt communiqué cette réponse aux deux frères. L'un des deux, qui avait des Tefilin très anciennes, décida aussitôt d'en acheter une paire nouvelle. Le second s'engagea à faire vérifier les siennes. Et tous deux transmettraient également leurs Mezouzot à la vérification. Je leur ai donné l'assurance que, de cette manière, la bénédiction du Rabbi se réaliserait pleinement et notre contact se limita à cela.

Par la suite, un ami commun m'apprit que le fisc leur avait délégué un nouvel inspecteur. II ne savait quelle avait été sa décision mais il avait pu, en revanche, constater la joie des deux frères, après qu'il ait rendu ses conclusions. J'étais étonné qu'ils ne m'aient pas appelé pour me raconter ce qui s'était passé. Je décidai donc de prendre moi-même l'initiative de le faire.

L'un des deux frères me répondit et je lui ai demandé:

"Est-il possible que toute la ville parle du miracle qui vient de vous arriver et que vous n'ayez pas jugé bon de m'en parler? N'avez vous pas bénéficié d'une remise de dette, conformément à la bénédiction demandée?"

L'homme s'excusa de ne pas m'avoir appelé plus tôt. II m'expliqua que le second inspecteur avait effectivement réduit le montant du redressement de quatre cinquièmes. Puis, il ajouta: "Je vous charge de transmettre mes remerciements au Rabbi, à ce propos. Il s'agit, à n'en pas douter, d'un miracle qui a pu être obtenu par son intervention. Néanmoins, pour ce qui concerne l'accord que nous avions entre nous, il me semble que nous ne vous devons rien."

Je m'attendais à tout sauf à cela. J'ai immédiatement demandé:           
"Et pourquoi cela?"
La réponse me laissa interdit:

"Parce que nous avons accepté de financer votre jardin d'enfants uniquement dans la mesure où le redressement fiscal serait entièrement supprimé, ce qui n'est pas le cas. Il est seulement réduit et nous ne vous devons rien. Au revoir".

Notre conversation se termina ainsi. J'en fus très amer, d'autant que mon interlocuteur avait clairement reconnu que cette issue était miraculeuse, qu'il m'avait même chargé de remercier le Rabbi. Par la suite, je suis parvenu à oublier cet épisode.

* * *

Quelques mois plus tard, ma secrétaire me dit qu'un des deux frères m'avait appelé et qu'il souhaitait me parler au plus vite J'avoue que ma première réaction fut plutôt vive.
Encore amer de ce qui s'était passé, je répondis à ma secrétaire: "Hé bien, qu'il me cherche donc!"
C'est, en effet, ce qu'il fit et il ne tarda pas à me trouver.

H. H. me dit:

"Je voudrais, tout d'abord, vous présenter mes excuses pour ma manière de réagir, lors de notre dernier entretien téléphonique. Il est vrai que j'ai été ingrat et que mon attitude aurait dû être toute autre. Mais, je vous appelle, avant tout, pour vous dire qu'un troisième inspecteur est venu nous contrôler, ces jours-ci. A l'issue de son examen des comptes, il nous a annoncé que ses deux prédécesseurs s'étaient trompés, qu'il annulait le redressement fiscal et nous exonérait d'impôts pour les deux années à venir.

Je m'empresse, cette fois-ci, de vous raconter ce qui s'est passé, car je tiens à ce que vous l'appreniez de ma bouche. Il va sans dire que nous tiendrons notre engagement et assurerons le financement de votre jardin d'enfants."

                Depuis lors, les deux frères couvrent, chaque mois, l'intégralité des frais du jardin d'enfants et, D.ieu merci, leur réussite dans les affaires s'en trouve augmentée d'autant.

* * *

Il y a quelques temps, les deux frères, qui, peu à peu, constituent une importante chaîne de distribution, ont inauguré une nouvelle boutique. Une réception a été organisée, à cette occasion et j'y ai été invité.

                C'est alors que j'ai eu la satisfaction d'entendre l'un des deux frères dire, devant tous les convives réunis:

"Messieurs, sachez qu'un Juste dirige notre génération et que toutes ses paroles se réalisent. Si notre chiffre d'affaires a été multiplié par trois, ces dernières années, si nous sommes parvenus à ouvrir cette boutique et quelques autres encore, c'est grâce aux bénédictions que nous a accordées le Rabbi de Loubavitch."

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