Le plaisir de prendre part à une réunion ‘hassidique,

en présence de mon fils, auquel D.ieu accordera de longs jours et de bonnes années

3ème jour de ‘Hol Ha Moéd Soukkot 5714(351),

     Je suis satisfaite de ne pas avoir écrit, dernièrement, car je n’étais pas en bonne santé. Désormais, je me sens, D.ieu merci, beaucoup mieux. Et, je ne veux pas perdre une occasion de souligner le plaisir que j’ai ressenti, hier, quand j’ai entendu mon fils, que D.ieu lui accorde de longs jours et de bonnes années, prendre la parole en public, devant plusieurs centaines de personnes(352).

     Je ne suis pas suffisamment experte pour me prononcer sur son érudition. En revanche, ce que j’ai compris m’a fait une grande impression, par son contenu riche(353). Bien entendu, je ne suis pas restée jusqu’à la fin de cette réunion. Cela m’aurait été trop difficile.

     J’ai observé, avec plaisir, le grand nombre de jeunes qui participaient à cette réunion et le grand intérêt qu’ils manifestent, pour tout ce qui concerne mon fils, auquel D.ieu accordera de longs jours et de bonnes années. J’ai constaté qu’ils le regardent avec un amour tel que l’on ne peut pas le décrire par les mots. Il suffit de les voir courir, par groupes, sortir du métro et des voitures, chacun s’efforçant de devancer son ami afin de prendre une place avant lui, pour pouvoir mieux voir et mieux entendre.

     Les participants venaient de tous les horizons, ceux qui ne sont pas des ‘Hassidim et ceux qui le sont, des polonais et des lituaniens, des vieux et des jeunes, des personnes non pratiquantes et des orthodoxes. Et, il en était de même également pour les femmes. Chacun cherchait à se placer de telle façon qu’il puisse non seulement entendre mon fils, que D.ieu lui accorde de longs jours et de bonnes années, mais aussi le voir.

     Que D.ieu, béni soit-Il, lui accorde une bonne santé et la réussite, afin qu’il puisse accomplir son œuvre et réaliser tous les souhaits de son cœur, sans être importuné, avec le repos du corps et le repos de l’esprit.

Le vingt-cinquième anniversaire de mariage de mon fils et de ma belle-fille

12 Kislev 5714(351),

     Cela fait déjà plusieurs mois que je n’ai pas écrit. Mon état de santé précaire et mon moral ne m’ont pas permis de le faire. Concrètement, ce mois-ci et notamment ces jours-ci évoquent, pour moi, de nombreux souvenirs. Mais, je ne veux pas parler de moi, à titre personnel, car je ne suis qu’un aspect relativement limité de tous les événements qui me viennent à l’esprit et dont je me souviens.

     Dans deux jours, le 14 Kislev, ce sera le vingt-cinquième anniversaire de mariage de mon fils Mendel, que D.ieu lui accorde de longs jours et de bonnes années et de son épouse. Combien d’événements se sont produits, au cours de cette période, en général comme de manière spécifique !

     Etant enfant, il était déjà grand. Je me rappelle de toutes les années en lesquelles il était avec nous. Il faisait tout d’une manière très simple, comme si cela était évident. Il y avait une telle grandeur, dans ses actions, une telle grâce, une noblesse totalement hors du commun.

     Nous avons organisé la fête de son mariage dans notre maison(354). Les sentiments de notre cœur n’étaient pas du tout agréables(355), mais nous avons pu les repousser grâce à la joie. Sans que je le veuille, j’imagine, dans mon esprit, la table et ceux qui avaient pris place à la tête de celle-ci, des personnes très proches. Il y avait, parmi eux, des jeunes, qui sont décédés prématurément, en devenant des martyrs, eux aussi, du fait des malheurs de tous.

     Ah ! Comme la réunion ‘hassidique à laquelle tous ceux-là prenaient part était belle ! Combien de vérité, combien d’abnégation a-t-on pu observer, au cours de cette réunion. Concernant certains d’entre eux, mon sentiment était moins lourd, car, après toutes ces années de souffrance, je savais, tout au moins, où ils avaient été enterrés(356). Pour d’autres, en revanche, je n’ai aucun moyen de savoir où ils l’ont été(357).

     Je ne fais pas partie de ces personnes et je remercie D.ieu, béni soit-Il, pour le plaisir qu’Il me procure. Néanmoins, certains de mes proches ont perdu la vie. D.ieu fasse qu’ils intercèdent en notre faveur, que la vie de celui pour lequel ils ont organisé cette réunion ‘hassidique, ce jour-là(358), soit emplie de succès, jusque dans le moindre détail et qu’il ait lui-même une longue vie.

L’homme qui a un souci en son cœur en parlera

     Il est dit(359) que : « l’homme qui a un souci en son cœur en parlera ». C’est ce dont je me souviens et j’espère que ma citation est juste, que je ne me trompe pas. Ce verset reçoit trois explications :

     1) Il faut oublier complètement ce souci(360). Pour l’heure, je n’en suis pas encore capable.

     2) Il faut abaisser le souci, l’écarter de soi(361). Je ne peux pas encore le faire.

     3) Il faut en parler à une autre personne(360). Je désire, très souvent, être en mesure de le faire, mais il n’y a pratiquement personne à qui je puisse m’adresser, à cet effet. De ce fait, je me permets, de temps à autre, de rédiger tout cela sur un papier, dans toute la mesure du possible.

Je suis meilleur pour toi que dix enfants,

la difficulté d’être séparée de mon autre fils, Rav Israël Aryé Leïb

28 Tévet 5714(362),

     J’ai eu, aujourd’hui soixante-quatorze ans. C’est ainsi que le temps passe. D.ieu merci, mon fils, auquel D.ieu accordera de longs jours et de bonnes années, est venu me rendre visite et il m’a souhaité tout le bien, à l’occasion de ce jour. De mon autre fils(363), j’ai reçu un télégramme, qui était signé par les membres de sa famille, avec le même contenu.

     Je ne veux pas évoquer tout cela plus longuement. Je n’ai pas écrit depuis plusieurs mois. J’ai des raisons de remercier D.ieu, béni soit-Il et mon fils, M.M. auquel D.ieu accordera de longs jours et de bonnes années, peut me dire :

« Je suis meilleur pour toi que dix enfants ! »(364).

     Je ne souhaite à personne de goûter l’absence d’un fils à une célébration joyeuse, le fait d’être séparé de lui pendant si longtemps. Nous avons supporté toute cette souffrance ensemble, moi et mon mari, dont la mémoire est une bénédiction. Mais, depuis que je suis restée seule, la douleur est beaucoup plus profonde, beaucoup plus difficile.

     J’ai pris plaisir à écrire à mon autre fils et à sa famille. De temps à autre, je recevais une réponse, de leur part. Dans un premier temps, ces lettres étaient plus longues, regorgeant de propos d’abnégation et de fidélité, puis, par la suite, elles sont devenues plus courtes. Lorsque je lisais ces lettres, j’y trouvais des mots qui me réchauffaient le cœur pour une longue période et, grâce à cela, j’étais moins seule.

     Mais, depuis plus de deux mois, on m’a conseillé de ne pas leur écrire(365). Pour ce qui les concerne, il n’est pas aisé de m’envoyer des réponses. Et, de fait, je n’ai pas reçu une seule lettre de leur part, pendant toute cette période.

De nombreux baisers à ma grand-mère

     J’ai pris un tel plaisir à lire la lettre de ma petite-fille, dans laquelle figure la phrase suivante :

« Grand-mère, je t’envoie de nombreux baisers ».

Ces bons souhaits, qui se réalisent effectivement, m’ont fait un grand effet. J’en ai été saisie, à proprement parler. Je ne parviens pas à retrouver mes esprits. Cela a eu un effet sur mon état de santé, malgré tous mes efforts pour me renforcer.

     Tout d’abord, il est douloureux qu’ils se trouvent dans une telle situation. Moi-même, je ne suis jamais allée là-bas. Que D.ieu, béni soit-Il, fasse que tout se passe bien. Autre point, lui-même me manque. Mes proches sont très peu nombreux et plus l’on vieillit, plus l’on a besoin d’eux. D.ieu m’a fait des miracles, on peut le dire. Espérons donc que cette situation s’améliorera.

     Tous mes besoins sont satisfaits, D.ieu merci, de la meilleure manière possible. Je vois que mon fils, que D.ieu lui accorde de longs jours et de bonnes années, fait plus que ce qu’il peut. Je prie pour qu’il soit en très bonne santé et qu’il connaisse la réussite en tout ce qu’il accomplit.

Comme sur le mont Sinaï,

Après la fête de Chavouot 5714(362),

     La fête de Chavouot est déjà passée. Je suis seule depuis dix ans déjà. Je pense que, si je travaillais, je me serais sentie mieux et peut-être même aurais-je pu chasser, au moins partiellement, le sentiment de manque que je ressens en mon cœur. Mais, je n’ai pas les forces nécessaires pour cela. Je ressens une fatigue profonde et je ne parviens en aucune façon à la surmonter.

     Quelqu’un, un bon ami, possédant une solide perception, vient de me communiquer les propos qui ont été tenus, durant la réunion ‘hassidique de mon fils(366), auquel D.ieu accordera de longs jours et de bonnes années. Cet ami a parlé avec une telle émotion ! Ses mots ont été :

« C’était comme sur le mont Sinaï, à proprement parler ».

Je comprends l’importance d’un tel moment et j’en perçois la valeur, de tout mon cœur.

Notes

(351) 1953.

(352) Le texte de cette réunion ‘hassidique du troisième soir de ‘Hol Ha Moéd Soukkot 5714 est imprimé dans le Torat Mena’hem Itvaadouyot 5714, tome 1, à partir de la page 43.

(353) Au cours de cette réunion ‘hassidique, le Rabbi mentionna une explication qu’il tenait de son père, comme l’indique le Torat Mena’hem, à la référence précédemment citée, à la page 61 : « J’ai entendu de mon père et maître, dont le souvenir est une bénédiction, que la Mitsva de la Soukka fait allusion à la perfection de la pratique des deux cent quarante-huit Injonctions, sans rien y ajouter et sans rien en retrancher. C’est à ce propos qu’il est dit : ‘La Soukka sera un abri et une cachette, de l’ondée (Zérem) et de la pluie (Matar)’. La valeur numérique du mot Zérem est deux cent quarante-sept, soit un de moins que les deux cent quarante-huit Injonctions, alors que la valeur numérique de Matar est deux cent quarante-neuf, soit un de plus. Le Soukka est donc un abri et une cachette pour ne pas retrancher, Zérem et pour ne pas ajouter, Matar ».

(354) La Rabbanit ‘Hanna a déjà décrit cette fête ci-dessus.

(355) Du fait de l’impossibilité d’assister à ce mariage.

(356) La Rabbanit fait ici vraisemblablement allusion, en particulier, à son père et à son mari.

(357) La Rabbanit fait ici vraisemblablement allusion, en particulier, à sa mère, la Rabbanit Ra’hel et à son second fils, Rav Douber.

(358) Le Rabbi, à l’occasion de son mariage.

(359) Michlé 12, 25.

(360) Selon l’explication du traité Yoma 75a : « Il l’oubliera… Il en parlera aux autres… ». En effet, la ponctuation des lettres de ce verset permet d’en lire les mots de trois manières différentes, qui correspondent à ces trois explications.

(361) C’est l’interprétation que les commentateurs, notamment le Ralbag, les Metsoudot et le Min’hat Chaï, donnent de ce verset.

(362) 1954.

(363) Comme on l’a déjà indiqué ci-dessus, Rav Israël Aryé Leïb avait déjà quitté ce monde, mais la Rabbanit ‘Hanna ne le savait pas.

(364) Selon les termes du verset Chmouel 1, 1, 8.

(365) Vraisemblablement pour éviter que la Rabbanit ‘Hanna apprenne le décès de son fils.

(366) Le texte de cette réunion ‘hassidique de la fête de Chavouot 5714 est imprimé dans le Torat Mena’hem Itvaadouyot 5714, tome 3, à partir de la page 14.