Face à face le Colisée de Rome et le Kotel Hamaaravi, le Mur Occidental.

Au début du mois de juillet, (le 07.07.07 exactement), des millions d'internautes ont été invités à élire les Sept Merveilles du Monde. Les admirateurs des monuments choisis ont tenu à célébrer l'événement avec faste. L'un de ces bâtiments était le Colisée de Rome. Mais tous sont-ils conscients de ce qu'il représente ? Nous vous proposons de relire un article rédigé à ce sujet il y a plus de quarante ans par le regretté Dr. Nissan Mindel, toujours actuel...

Construit comme un oeuf, le Colisée a une forme ovale et s'étale sur 200 mètres de longueur et 160 mètres de largeur. Il se dresse sur 50 mètres de hauteur. Il comptait 4 étages sans compter les couloirs et les étages souterrains. On ignore le nombre d'esclaves qui se tuèrent à la tâche pour le construire...

Le Colisée a été construit en énormes pierres de taille, en briques et en ciment. Il comptait de 50.000 à 80.000 places assises pour les spectateurs : ces places étaient recouvertes de marbre. On ne se servit presque pas de bois pour cette construction : seul le sol de l'arène était recouvert de bois, lui-même recouvert de sable rouge. Pourquoi rouge ? Parce qu'il était gonflé du sang des hommes qui avaient été contraints de s'y affronter sous prétexte de Jeux.

Le Colisée comptait 80 portes, avec des poteaux sur les côtés et un toit convexe au dessus. Deux portes étaient particulièrement surveillées : l'une pour l'empereur César et sa suite et l'autre pour les ambassadeurs et autres personnages importants.

La distribution des sièges s'effectuait elle aussi selon l'importance des spectateurs. La rangée du bas, au milieu, était réservée à l'empereur et à ses courtisans. Derrière eux, étaient assis les ambassadeurs, les sénateurs, les officiers, généraux, colonels, les simples soldats et le reste du peuple. Les rangées supérieures étaient réservées aux femmes.

Vespasien entreprit la construction du Colisée quelques années après avoir conquis la ville de Jérusalem et le Beth Hamikdach, le Temple. Il n'eut pas la joie de voir l'œuvre achevée car il mourut sept ans après le début des travaux, alors que le bâtiment n'en était qu'au troisième étage.

L'inauguration officielle du Colisée se passa sous le règne de son fils, celui que nous les Juifs ne connaissons que de trop sinistre mémoire. Titus le mauvais. Son père lui avait laissé le "sale travail "de détruire la ville sainte de Jérusalem et, par le feu, le Beth Hamikdach. Ce Titus était réputé pour être particulièrement cruel : en effet, il avait non seulement "réussi " grâce à ses légions à écraser les velléités de rébellion des Juifs restés en Israël mais on a calculé qu'à la suite de cela. il fit massacrer un million de Juifs, sans compter les femmes et les enfants !!! Des milliers de Juifs furent faits prisonniers et emmenés en captivité ou vendus comme esclaves mais il se garda pour son usage personnel des milliers de jeunes Juifs, beaux et forts avec l'intention de les faire s'affronter pour amuser le public.

Lors de la Marche de la Victoire de Titus — qui se déroula depuis Jérusalem jusqu'à Rome en passant par la Syrie — les milliers de prisonniers juifs furent menés de façon méprisante, enchaînés. A Césarée, il organisa des " réjouissances " particulières pour ses invités d'honneur à la façon romaine typique : deux mille cinq cents détenus juifs furent sacrifiés dans des « Jeux » qu'ils durent mener contre des animaux sauvages. Lorsqu'on voulut aussi forcer les prisonniers à se battre les uns contre les autres, nombre d'entre eux préférèrent se donner la mort plutôt que de tuer leurs compagnons. Titus organisa des " manifestations " similaires dans d'autres villes : le sang juif Y Coula comme des fleuves ininterrompus. Mais il réserva l'essentiel de son art dramatique» pour ainsi dire à sa capitale. Pour cela, il amena 700 jeunes Juifs particulièrement robustes avec, parmi eux, les deux chefs qui avaient mené l'insurrection contre lui : Yo'hanane de Gouch `Halav et Chimone

Bar Guiora. Ils furent amenés alors qu'on leur avait attachés de lourdes chaînes de fer aux pieds aux festivités auxquelles assistaient l'empereur Vespasien et ses deux fils, Titus et Domitien. Durant la procession, ils furent aussi forcés de porter les ustensiles dont on se servait dans le Beth Hamikdach, le Temple de Jérusalem, qui avaient été pillé par cet ennemi impitoyable et sacrilège.

Par la suite, on érigea aussi un Arc de Triomphe imposant en l'honneur de Titus. Cet arc se trouve encore de nos jours à Rome : dessus sont gravées les images de Juifs, enchaînés et portant des ustensiles du Beth Hamikdach. On peut encore bien distinguer une partie de ces gravures. Les Juifs de Rome ont pris depuis longtemps l'habitude de faire de grands détours pour ne pas passer à proximité de ce monument qui symbolise jusqu'à ce jour la cruauté d'Ésaü, la destruction du Beth Hamikdach et d'une partie importante de notre peuple.

Voici comment Titus célébra " l'inauguration du Colisée. Les combats furent d'abord organisés entre des animaux sauvages. Ensuite, on mit face à face des animaux contre des hommes et des hommes contre d'autres hommes. De toute manière, les combats se déroulaient "jusqu'à la fin ", c'est-à-dire jusqu'à la mort des deux protagonistes.

Ces " jeux" durèrent depuis le lever du soleil jusqu'à son coucher, durant cent jours. Plus de cinq mille bêtes sauvages y trouvèrent la mort ; par contre, on ne connaît pas le nombre d'hommes qui furent sacrifiés de cette façon horrible. Ce nombre n'avait pour les Romains aucune importance puis-que les esclaves n'avaient aucune valeur et que nul ne se souciait d'inscrire leur nombre ou leur identité... Durant des centaines d'années, de tels « jeux » ont été organisés dans le Colisée et des milliers d'hommes ont ainsi été sacrifiés avec la plus extrême cruauté sur l'autel de la gloire des empereurs romains. Ils ne furent définitivement abolis qu'en l'an 583 de l'ère commune. Il semble même que la terre trembla devant tant de cruauté gratuite. En 422 de l'ère commune, il se produisit un terrible tremblement de terre qui porta les premiers coups à l'orgueil du Colisée et en détruisit une partie. Par la suite, un autre tremblement de terre détruisit les deux rangées supérieures tandis qu'en l'an 1231 et 1255, d'autres tremblements de terre continuèrent l'œuvre de destruction. Le Colisée est maintenant en ruine.

Actuellement, le Colisée est devenu un lieu d'attraction pour les touristes. Ceux-ci savent-ils - ou peut-être ne veulent-ils pas savoir - que ces murs ne sont qu'une gigantesque pierre tombale du "passé glorieux" de l'empire romain, un terrible témoignage de cruauté ?

Face à face

Dans un autre endroit du monde, dans la ville sainte de Jérusalem, enfin délivrée de l'autorité d'ennemis jurés du peuple juif, il subsiste un mur, le reste d'une muraille sainte, qui date d'une époque encore antérieure au Colisée. C'est le Kotel Hamaaravi, le Mur Occidental, le dernier vestige de notre gloire passée, le Beth Hamikdach. Notre Temple a été détruit par le même Titus qui construisit par la suite le Colisée.

Combien le Kotel est différent du Colisée ! Ses pierres sont inondées des larmes des Juifs qui, depuis toujours, viennent y déverser leurs requêtes, leurs soucis, leurs souffrances qui viennent implorer D.ieu pour la reconstruction de sa Maison sainte dans laquelle la Présence divine sera enfin visible aux yeux de toutes les nations !

Le Kotel est un témoignage éternel qui atteste de l'éternité du peuple juif, malgré les persécutions, l'exil et les épreuves. Ici les Juifs ne viennent pas comme des touristes, surtout soucieux de prendre des photos mais comme des enfants revenus à la table de leur Père pour prier, lire la Torah, prendre des engagements au service du peuple juif, pour ressentir la sainteté de l'endroit, même en ruine.

Nos Sages ont affirmé. Jamais la Présence divine ne quittera cet endroit qui ne sera jamais détruit malgré toutes les tentatives de nos ennemis à travers les générations ! "Car c'est ici la Porte de Ciel ! " Si les pierres dû Colisée sont les témoins des "mains d'Ésaû ", les pierres du Kotel sont les témoins de "la voix de Jacob ". Combien les cris et les vociférations de la foule assoiffée de sang réunie par Vespasien et Titus sont vains! Ces généraux dont les empires ont depuis longtemps disparu avaient osé gravé les mots : " Judea capta ", la Judée a été Conquise!

De l'ancienne Rome et du Colisée, il ne reste que des vieilles pierres et du bois vermoulu. Mais l'antique peuple juif est vivant et existant à jamais. Même dans les pires épreuves de l'exil, l'esprit du judaïsme, l'esprit de la Torah et des Mitsvot n'a jamais été " captif " OU " conquis " !

Même aujourd'hui, quand les Juifs reviennent auprès du Kotel, du Mur Occidental, pour pleurer la destruction du Beth Hamikdach, le Temple de Jérusalem, ils sont absolument sûrs et confiants que les prophéties concernant sa reconstruction se réaliseront très rapidement, que les jours de jeûne deviendront non seulement des jours normaux mais bien plus, des jours de joie et de fête, avec la délivrance finale après laquelle il n'y aura plus d'exil, grâce à l'avènement de Machia'h !

Dr. Nissan Mindel

 Traduit par Feiga Lubecki