D.ieu a désiré une demeure dans ce monde : telle est, enseignent les Maîtres du ‘Hassidisme, la raison d’être non seulement de ce monde mais de tous les mondes.

Après le don de la Torah au Sinaï, D.ieu a ordonné la construction d’une sorte de « demeure –témoin » : le Michkan, le Tabernacle, une structure qui montre en un lieu particulier et avec une force particulière comment Dieu peut demeurer dans ce monde matériel. Ainsi le Michkan était-il mobile, accompagnant les juifs à toutes les étapes de leur marche au désert.

Le Tabernacle est décrit avec une grande précision par la Torah. En son sein, le Sanctuaire est composé de deux chambres. La chambre extérieure abritait le Chandelier, la Table sur laquelle douze pains étaient déposés, l’Autel des encens. La chambre intérieure, « le Saint des Saints », contenait l’Arche dans laquelle était déposée la Torah. Et dans la « cour » extérieure au Sanctuaire, se dressait l’Autel sur lequel avaient lieu les Korbanot , les offrandes animales et végétales.

Lequel de ces lieux représentait-il le mieux l’intention divine d’une demeure ici-bas ? Dans laquelle de ces différentes fonctions la raison d’être de l’édifice résidait-elle ? Deux de nos plus grands Maîtres ont des positions contrastées à cet égard. Pour le Rambam (Rabbi Moché ben Maïmon ou Maïmonide,1135-1204), le Saint Temple est d’abord construit en vue des sacrifices. Pour le Ramban ( Rabbi Moché ben Na’hman, 1195-1270) sa principale raison d’être réside dans l’Arche.

Le Talmud nous enseigne que lorsque deux Sages de la Torah expriment ainsi des positions divergentes, « l’une et l’autre sont la parole du D.ieu vivant ».

Quel est donc notre rôle en ce monde : servir D.ieu avec notre corps ou avec notre âme ? Quelle est le commandement le plus important : manger cachère ou étudier la Torah ? Qui est plus proche de D.ieu : l’homme d’affaires qui reste scrupuleusement honnête ou le Sage qui se consacre à l’étude ?

Dans la demeure que chacun Lui a construite, D.ieu réside-t-Il à la cuisine ou à la bibliothèque ?

« L’une et l’autre sont les Paroles du D.ieu vivant ».

B.Ziegelman