Il est arrivé qu'au cours de l'un de ses voyages, le Baal Chem Tov croise sur son chemin un enfant en pleurs.

Interrogé, l'enfant révéla la raison de sa peine. Il jouait à cache- cache avec ses camarades. Son tour était venu de se cacher. Mais la cachette était trop astucieuse : ses compagnons de jeu avait abandonné la recherche, le laissant seul. Cet humble récit est lourd d'un sens qui éclaire avec une force singulière notre modernité même.

Le monde est le lieu d'une Présence cachée. Il n'est pas dans la capacité de l'esprit humain de comprendre que la création est un acte de révélation et, qu'en même temps, dans Sa création, D.ieu est dissimulé. Que, profondément, le pouvoir de créer et le pouvoir de dissimuler ne sont qu'un. La dissimulation intervient par l'effet du tsimtsoum, le processus de contraction par lequel est occulté le flux de l'essence divine. Simplement occulté : la création n'implique aucun changement pour le Créateur. La création n' a rien "ajouté " à Son existence, " Car Moi, l'Eternel, Je ne change pas "(Malachie 3.6).

Cependant, l'effet même de la dissimulation devrait-être de provoquer la recherche, mouvement vers cette Présence qui dissimulée n'impose pas l'écrasante évidence qui interdirait autrement tout choix.

Mais qui, dans les sociétés de la marchandise et de la consommation cherche encore ? Pire encore, n'est-ce pas, à présent la dissimulation qui, dans son principe même, est cachée ? Le voile, alors, serait devenu double : le second(" la dissimulation de la dissimulation ") masquant le premier c'est l'idée même de la recherche qui se serait absentée alors, laissant les hommes comme solitaires dans un monde paraissant " vide ".

Ce propos paraîtra excessif, peut-être, à ceux qui reconnaissent qu' " Il a crée le ciel et la terre " à ceux qui accomplissent Ses commandements et étudient Sa Torah.

Pourtant, qu'en est-il lorsque, la prière récitée, il faut quitter la synagogue, lorsque, la nuit tombée sur le jour du repos, il faut s'éloigner de la sereine tranquillité du Chabbat ?

Pris dans le déluge des mots et des choses, préoccupés par toutes les affaires et tous les soucis du quotidien, avons-nous la conscience de Celui qui dans tous ces soucis et toutes ces affaires se cache et nous attend ?

" Dans toutes tes voies, est-il dit, connais-Le ". Pas simplement le Chabbat, pas seulement à la synagogue. Dans toutes tes voies, recherche-Le. Cette recherche n'a pas pour objet une ultime découverte qui viendrait la clore.

La découverte est la recherche elle-même. Par elle s'aperçoit peu à peu, encore qu'avec une précision toujours insuffisante, que jusqu'au cœur de ce monde où Il est caché, " il n'est rien d'autre que Lui ".


B. Ziegelman